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Accueil du site > Actualités > Santé > Alain Minc : cadeau à l’œil et brèche irréversible

Alain Minc : cadeau à l’œil et brèche irréversible

Retour sur une polémique ancienne qui pourrait resurgir à l’occasion du débat qui s’ouvre sur le financement de la dépendance. La fin de vie se monnaie-t-elle ?

Alain Minc, à 61 ans et demi, agace parce qu’il est un peu partout dans le paysage médiatique, et malgré ses airs de bon élève, il est capable de faire beaucoup de provocation. Économiste, conseiller de nombreux dirigeants d’entreprise et d’hommes politiques (en particulier Nicolas Sarkozy), il se présente volontiers comme une boîte à idées à l’influence non négligeable.

Critiqué, il est pourtant un fort en thème : ingénieur des Mines Paris, Science Po Paris et sorti major de l’ENA (promo Léon Blum). Collègue de Jean-Paul Cluzel à l’Inspection des Finances, il est bien introduit dans les médias (il a longtemps présidé le conseil de surveillance du journal "Le Monde") et publie environ un livre par an, essentiellement des essais (trente-deux à ce jour).

Sa mère Lisa a disparu en 1999 et son père Joseph vient de s’éteindre discrètement il y a quelques jours. Il avait écrit en 2006 avec son fils son autobiographie : "L’Extraordinaire histoire de ma vie ordinaire" (éd. Le Seuil).

La vie de Joseph, originaire de la communauté juive polonaise de Brest-Litovsk (qui était alors russe), fut assez exaltante. Elle l’a fait quitter la Pologne avant la Seconde guerre mondiale, contraint à l’exil en raison de son engagement au Parti communiste polonais en 1924 (il était né en 1908), et adhérer au Parti communiste français qu’il a quitté en 1967. Pendant la guerre, il a été soldat dans l’armée polonaise en France, puis résistant au sein de la Main d’œuvre immigrée. Il a rencontré entre autres Ramon Mercader (l’assassin de Trotski) ainsi que Menahem Begin (Premier Ministre israélien).

Pourquoi évoquer la mémoire de Joseph Minc ?

Parce qu’Alain Minc l’avait en quelque sorte instrumentalisé pour développer une idée à faire bondir, sur France Info le vendredi 7 mai 2010, qu’on peut réécouter sur la vidéo (à la vingt et unième minute).

Voici la réflexion d’Alain Minc : « Il y a un quatrième problème dont on ne parle jamais, mais pour lequel nous en sommes là où nous en étions sur les retraites en 1990 lorsque Michel Rocard avait commandé le livre blanc, c’est l’effet du vieillissement sur la hausse des dépenses d’assurance maladie et la manière dont on va le financer. Je vais vous l’illustrer à travers un exemple qui me fascine et où je vais tenir un propos peut-être plus progressiste que ce que vous avez vous-mêmes en tête. En tout cas, c’est ce que m’a dit un jour un syndicaliste. Moi, j’ai un père qui a 102 ans. Il a été hospitalisé quinze jours dans un service de pointe. Il en est sorti. La collectivité française a dépensé cent mille euros pour soigner un homme de 102 ans. C’est un luxe immense, extraordinaire, pour lui donner quelques mois ou, je l’espère, quelques années de vie. Je trouve aberrant que quand le bénéficiaire a un patrimoine ou quand ses ayants droits ont des moyens, que l’État m’ait fait ce cadeau à l’œil. Et donc, je pense qu’il va falloir s’interroger sur le fait de savoir comment on récupère les dépenses médicales sur les très vieux, en mettant à contribution ou leur patrimoine, quand ils en ont un, ou le patrimoine de leurs ayants droit. Et ça, j’attends de voir dans le programme socialiste. Ce serait au programme socialiste de dire ce genre de choses. ».

Notons entre parenthèses que le "Livre blanc sur les retraites" commandé par le Premier Ministre Michel Rocard fut publié le 24 avril 1991. Un peu plus tard, un rapport sénatorial sur la question des retraites datant du 25 juin 1999 encourageait le Premier Ministre Lionel Jospin à réformer au plus vite (rapport Vasselle).

Ces paroles d’Alain Minc sont des propos violemment polémiques qui viseraient à rompre l’égalité des personnes devant la sécurité sociale (égalité proclamée par l’ordonnance du 4 octobre 1945). À partir de quel âge la collectivité devrait-elle refuser la prise en charge ? Des propos qui sont d’ailleurs assez stériles puisque les dépenses de la sécurité sociale ne dépendent pas de l’âge des patients mais de leur maladie : la plus grande partie des dépenses se fait dans la dernière année de vie, quel que soit l’âge (représentant 8% de la dépense totale d’une vie).

L’excellent journaliste et médecin de France 2, Jean-Daniel Flaysakier, l’a très bien écrit dès le 8 mai 2010 sur son blog : « En dehors d’un acharnement thérapeutique aussi inutile que dégradant, il n’y a pas de raison de refuser de soigner un individu en se fixant sur sa seule date de naissance, à moins d’instituer une politique eugéniste. » et ironise ainsi : « Et pourquoi se limiter à la date de naissance ? Un patient atteint d’un cancer du poumon inopérable avec des métastases et qui fait une infection pulmonaire sévère devrait-il payer aussi de sa poche s’il est, par exemple, PDG d’une entreprise et qu’il a fumé deux paquets par jour pendant dix ans ? ».

Et il a bien pointé les conséquences : « Cette proposition [d’Alain Minc] est extrêmement dangereuse, car elle crée une brèche dans un système imparfait et ruiné, certes, mais qui reste encore fondé sur la solidarité. » en craignant une évolution très insidieuse : « Parce que j’y ai vécu, je n’ai aucune envie de voir le système des États-Unis s’imposer ici peu à peu. Voir des personnes atteintes de cancer ne pouvoir avoir un scanner ou une IRM ou devoir renoncer à la radiothérapie faute d’argent, par exemple. ».

C’est aussi l’avis d’Éric Taillandier, un militant associatif : « Si un politique donnait suite à cette proposition (…), cela constituerait un précédent, une brèche irrémédiable. ».

Dans ses déclarations, Alain Minc n’était pas exempt de mauvaise foi et même de malhonnêteté intellectuelle pour étayer son interrogation : le coût des soins de son père a été volontairement majoré d’un ordre de grandeur. C’est lui-même qui l’a reconnu le 10 mai 2010 à Mourad Guichard, journaliste de "Libération" : « Écoutez, c’était illustratif. Ce montant est sans doute plus élevé que la réalité. (…) Seize jours de service de pointe, ça doit être vingt ou vingt-cinq mille euros (…). J’ai délibérément pris un chiffre qui frappe ; le montant que j’imaginais qu’on puisse me réclamer. ».

Autre inexactitude dans les statistiques, le fait que ce sont les "très vieux" qui coûteraient le plus cher. Les rapports du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (à télécharger ici) constatent au contraire que les dépenses de soins pour les personnes âgées de plus de 85 ans sont équivalentes aux dépenses pour les enfants de moins de 10 ans.

Le pire, c’est que sous prétexte de vouloir faire payer les riches, l’argument pourrait en effet être repris par certaines personnalités politiques. Ainsi, le 8 mai 2010, l’ancien Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté et à la Jeunesse, Martin Hirsch, a affirmé : « Alain Minc, à partir de son cas personnel, pose une question intéressante pour l’assurance maladie. Faut-il que la prise en charge des soins soit la même quel que soit le revenu ? Et question encore plus fondamentale, faut-il que ce qui reste à payer de la poche du malade soit le même, quel que soit le revenu ? ».

Et d’en profiter pour ressortir son projet de "bouclier sanitaire" : « Si Alain Minc veut bien donner un coup de main, cela pourrait aider. D’autant plus que le bouclier sanitaire me semble plus que jamais utile. Utile pour mieux protéger les malades modestes. Utile pour contribuer à la maîtrise des déficits publics. ».

Le journaliste médical Jean-Yves Nau a bien compris la manœuvre qu’il a qualifiée le 13 mai 2010 de « bonne stratégie de cheval de Troie » : « Postulat populiste : ceux-là [ces malades très vieux et très riches] ont suffisamment joui de la vie pour que le prix du prolongement de leur existence terrestre n’incombe pas à la collectivité des plus jeunes et des plus pauvres. On ne pourrait qu’applaudir s’il ne s’agissait là de la première lézarde irréversible dans le principe de l’égalité à l’accès et à la prise en charge des soins médicaux, l’un des derniers ciments encore solides de l’identité de la collectivité nationale française. ».

Cheval de Troie, c’est aussi ce qu’en pense Luc Brossy, un élu local socialiste, qui a évoqué un coup monté : « La sortie d’Alain Minc était suffisamment préparée pour ne pas croire deux secondes à une improvisation malheureuse de sa part. Sur fond de crise, ses propos n’avaient qu’un seul objectif : préparer les esprits à une prochaine loi sur la dépendance qui fera appel au patrimoine des personnes âgées dépendantes. ».

Comme on le voit, l’argument comptable peut resservir avec plusieurs sauces : celle de la fin de vie (à quoi bon pour quelques mois à vivre ?) et celle d’aider les plus modestes (faisons payer les riches pour payer les soins des pauvres) sans penser que, dans les deux cas, il faudrait bien fixer des critères arbitraires (âge, seuil de revenus) qui pourraient dangereusement évoluer au fil du temps et au fil des inquiétudes comptables.

Cette polémique pourrait sans doute polluer le nécessaire débat sur le financement de la dépendance et, dans une moindre mesure, l’éventuel débat sur l’euthanasie.

Au final, comme le dit si bien Jean-Daniel Flaysakier : « Je n’ai pas envie de voir des personnes âgées plus mal traitées que des chiens et voir des médecins manier la calculette en même temps que le stéthoscope. ».

Calculette et stéthoscope, c’est tout le défi des prochaines années pour fonder le cinquième pilier de la Sécurité sociale, celui de la dépendance.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (14 janvier 2011)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :

Vidéo de l’émission "Parlons net" du 7 mai 2010 avec Alain Minc.
Le blog de Jean-Daniel Flaysakier.

Le blog de Mourad Guichard.

Le blog de Martin Hirsch.

L’article de Jean-Yves Nau.

Le rapport Vasselle du 25 juin 1999.

La tribune de Luc Brossy.

Le rapport sur la dépendance.

Sur l’euthanasie (bientôt).

Les rapports du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (2008, 2009 et 2010).

L’ordonnance du 4 octobre 1945 portant sur la création de la Sécurité sociale.

Le Livre blanc des retraites (24 avril 1991).




Parlons Net Alain Minc, la crise et la rigueur
envoyé par FranceInfo. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

 

Documents joints à cet article

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30 réactions à cet article    


  • Massaliote 14 janvier 2011 10:58

    Sur l’euthanasie le projet de loi est en cours (proposition de loi socialiste visant à légaliser l’euthanasie en France) Le texte ne parle pas d’euthanasie, mais d’ « aide active à mourir » ; c’est une dissimulation de la réalité de l’acte qui consiste à mettre fin aux jours d’une personne malade ou dépendante et désespérée. L’euthanasie envisagée pourra être administrée à « toute personne majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée et qu’elle juge insupportable. » Cela signifie que cette euthanasie ne se limiterait pas à des personnes en fin de vie, mais à toute personne gravement malade ou dépendante, et qu’il suffirait qu’elle se considère comme endurant une souffrance psychique insupportableAu Pays-Bas (la politique d’épuration des vieux ), en Belgique et en Suisse, les scandales et dérives se multiplient  : euthanasie des mineurs, développement de l’euthanasie clandestine en marge de la loi, mises en garde de l’ONU contre ces outrances, et même émigration de certaines personnes âgées dans des pays limitrophes (en Allemagne notamment) qui craignent pour leur existence.

    Arguments en défaveur de l’euthanasie dans cette tribune du Figaro,et cette lettre ouverte

    Sur le recouvrement des frais de la dépendance sur le patrimoine ça suivra. Il ne faut pas s’imaginer que seuls les gros possédants seront touchés. Celui qui aura travaillé toute sa vie pourra être supprimé dès lors qu’il n’est plus rentable et coûtera à la sécu et celui qui aura épargné (c’est la plupart du temps le même) pour laisser une maison a ses enfants les verra spoliés dès qu’il tombera gravement malade. Le meilleur des mondes.


    • ZEN ZEN 14 janvier 2011 10:59

      Où Minc passe, le Monde trépasse...
      JD Flaysakier a raison : cet homme pense avec une calculette


      • Daniel Roux Daniel Roux 14 janvier 2011 11:12

        Alain Minc est le symbole de la décadence de l’occident. C’est une machine à brasser le vent placer au milieu d’un incendie.

        Si j’étais méchant je le comparerais à un tic qui suce le sang de l’organisme auquel il s’accroche jusqu’à ce que ce dernier dépérisse.

        Ce triste sire est un des idéologues des néo cons français. C’est dire le niveau de cette idéologie.

        Une question à Minc ? Pouvez vous justifier les destructions dont vous êtes responsables par quelques richesses que vous auriez produit ?


        • grosminique 14 janvier 2011 12:17

          Entièrement d’accord avec vous (hormis « placer » à remplacer par « placé ») car je trouve ce personnage absolument détestable, jouant les modestes alors qu’il est imbu de lui-même à un point sidérant.

          Je ne suis pas étonné qu’il ait l’oreille de NS, ils font une belle paire tous les deux : je les imagine bien, lors de leurs rencontres, se hisser frénétiquement sur leurs ergots de petits coqs, cherchant à tout prix à paraître chacun un peu plus grand que l’autre.

        • kemilein 15 janvier 2011 02:45

          « Alain Minc est le symbole de la décadence de l’occident. »

          décadence s’accorde bien trop souvent à conservatisme (le mauvais) rétrograde, tel que la religion chrétienne considérait l’antiquité décadente du fait de la libération des moeurs.

          selon moi l’occident n’est pas décadent mais esclave d’un dogme totalitaire imposé de force : l’individualisme et l’égoïsme dresser en progrès ultime civilisationnel, le marchandage et la prostitution comme seul espoir de vie.

          doucereuse symphonie macabre de servilité aveugle.


        • agent orange agent orange 14 janvier 2011 13:14

          Si les riches s’acquittent de leurs impôts et paient un pourcentage supérieur que l’imposable lambda, pourquoi ne devraient ils pas bénéficier de l’égalité de la sécurité sociale ?
          A vrai dire, c’est un faux débat. Nous savons bien que la plupart des riches vont se faire soigner dans le privé et paient de leur poche. Ce n’est pas Mme Bettencourt qui démentira.

          Minkowski, le sayanim de Wall Street ne trouve pas aberrant que la collectivité française a dépensé des milliards d’euros pour renflouer les banques qui ont joué au casino de la bourse.
          C’est un luxe immense, extraordinaire de prolonger la vie de ces établissements improductifs. Il faudrait s’interroger comment récupérer ce cadeau offert à ces parasites qui nous appauvrissent.

          Et ça, j’attends de voir dans le programme socialiste. Ce serait au programme socialiste de dire ce genre de choses.


          • jpm jpm 14 janvier 2011 13:34

            Evidemment les riches paient de leur poche les suppléments imposes par les cliniques privées... mais je ne pense pas qu´ils oublient de se faire rembourser par la sécurité sociale leurs frais d´hospitalisation... parfois très coûteux. Donc il est malhonnête de dire que les personnes riches ne profitent pas... un peu... de la solidarité nationale.

            Je pense même qu´ils en profitent plus que les autres... dans la mesure ou certaines cliniques sont très confortables... et qu´il est bien agréable d´y faire quelques séjours... pour un check-up complet au moindre petit bobo... ou quelques corrections esthétiques.


          • paul 14 janvier 2011 13:45

            Je ne crois pas que l’histoire de la famille juive de Minc soit intéressante pour expliquer sa proposition idiote d’euthanasie pour raison économique, par contre elle est éclairante sur
            l’entourage que s’est constitué sarko .

            Bien d’autre éléments seraient intéressants sur le personnage .Comme par exemple sa sortie
            sur le pape allemand qui n’aurait pas le droit de critiquer la politique sécuritaire (affaire des Roms), en raison de son origine qui en fait un héritier du régime nazi ... !
            Abonné au Diner du Siècle,mensuel, avec son amie de l’ENA Martine Aubry, c’est un fervent
            atlantiste et mondialiste, qui choisira le cheval (de Troie) DSK si le canasson actuel se prend
            une gamelle en 2012 .


            • joelim joelim 14 janvier 2011 14:02

              Bon Alain t’as plus qu’à faire un gros don à l’hôpital public.

              Ah bon, tu l’a pas fait ?

              C’est juste du bavardage alors ?

              T’es un richissime parasite comme les autres alors ? smiley 

              • Cocasse cocasse 14 janvier 2011 15:12

                Il a une tête et des propos à jouer dans « la chute ».


                • Redj Redj 14 janvier 2011 15:34

                  Si Minc le désire tant que ça, on peut monnayer, non pas la fin de sa vie (quoique), mais au moins la fin de ses interventions, ça nous fera des vacances.


                  • dogon dogon 14 janvier 2011 18:39

                    Alain Minc, un homme d’idées !!!
                    Une girouette qui se prostitue avec le vent. Un politiquement correct pour son portefeuille. Donnez-lui du fric et il se laissera enc... par n’importe quelle MST.
                    Combien de personnes lui doivent leur chômage ?


                    • lemouton lemouton 14 janvier 2011 18:45

                      je pense qu’il va falloir s’interroger sur le fait de savoir comment on récupère les dépenses médicales sur les très vieux, ....tça, j’attends de voir dans le programme socialiste. Ce serait au programme socialiste de dire ce genre de choses. ».

                      marrant le monsieur, il pond des questions complétement connes et désigne qui doit y repondre.. smiley
                      et s’il commençait déjà lui par y répondre... quel clown... triste en plus..

                      en plus je ne vois même pas où est la source de la question ?? 102ans ?? trés malade ?? famille bourgeoise ??
                      je dirais :« et alors... » , c’est bien une assurance maladie non ??
                      faudrait y ajouter des malus ?? smiley


                      • epapel epapel 15 janvier 2011 22:53

                        Entièrement d’accord avec cette analyse mais qui ne s’applique pas à la proposition de Minc bien au contraire. Si on applique ce raisonnent et qu’on l’additionne à la proposition de Minc, ça donne : seuls ceux qui ont les moyens de payer plus de 100.000 seront soignés, et nous avons là un système de soins à deux vitesses et c’est justement ce qu’on veut éviter.

                        La limitation des soins en fonction des coûts-bénéfices est une piste d’étude qu’il faut bien considérer, mais à condition de poser au préalable l’interdiction des soins et de l’assurance de ces soins pour dépassement du coût fixé par la société même si la personne propose de payer de sa poche, c’est à dire le contraire de ce propose Minc.

                        Car, si jamais la proposition de Minc était acceptée, l’étape suivante serait la limitation des frais à engager par la société pour un traitement donné et les plus riches seraient gagnants sur toute la ligne : ils n’auraient qu’à cotiser à une assurance privée tandis que les prélèvements obligatoires diminueraient de façon importante étant donné que l’immense majorité ne bénéficierait pas de ces soins.


                      • epapel epapel 16 janvier 2011 00:00

                        Et nous on parle du système français, donc si vous affirmez que le système Suisse n’a rien à voir avec le nôtre, inutile d’en parler.


                      • epapel epapel 16 janvier 2011 00:06

                        Mais en Suisse, les dépenses publiques de santé sont de 55% pour coût global supérieur à la France, conséquence du poids plus élevé du secteur privé.

                        Renseignez-vous : http://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/combien-coute-la-sante-55493


                      • epapel epapel 16 janvier 2011 13:03

                        Il a posé un vrai problème, mais il a apporté une fausse solution.


                      • epapel epapel 16 janvier 2011 14:10

                        jusqu’à quel pourcentage de son budget national, un Etat peut-il pousser les dépenses de santé ?

                        Réponse : 15,5% si on prend comme référence les USA, or la France n’en est qu’à 10,5% donc il y a de la marge.

                        Et nous avons d’autant plus de marge que dans le même temps les USA consacrent 6,5% de leur PIB aux dépenses militaires alors que la France n’en consacre que 1,5%, soit un écart supplémentaire de 5% de PIB. C’est remarque est également vraie - aux écarts près - pour les dépenses d’éducation, de justice et de maintien de l’ordre.

                        Globalement les USA dépensent plus sur toutes les postes qu’on nous de demande de réduire, la différence c’est qu’une grande partie est privatisée aux USA. Comme vous le dites très justement une dépense pour X ne peut pas servir à Y, mais mettez vous bien dans la tête que le fait que le financement soit public ou privé n’y change rien.


                      • epapel epapel 16 janvier 2011 19:00

                        Mais, alors à quoi ça vous sert de poser une question si vous niez qu’on puisse y donner une réponse ?


                      • epapel epapel 16 janvier 2011 19:01

                        Donnez la vôtre qu’on puisse en débattre.


                      • epapel epapel 16 janvier 2011 19:03

                        Sinon, on peut prendre la Suisse : 11,6% du PIB soit 1 point de plus que la France.


                      • epapel epapel 17 janvier 2011 11:23

                        C’est ce que je voulais démontrer.

                        Je vous remercie de votre sincérité.


                      • ddacoudre ddacoudre 15 janvier 2011 00:09

                        bonjour sylvain

                         encore un qui croit que la vie se comptabilise, il est de son temps.
                        j’espère qu’il mourra dans de grandes souffrances et qu’en souvenir de ses brillantes idées les médecins refuseront de le soigner s’il est trop vieux.
                        cordialement.


                        • epapel epapel 15 janvier 2011 22:58

                          A condition de considérer la totalité des dépenses de santé dans l’effort consenti par la société :
                          - prélèvement obligatoires
                          - assurances privées
                          - paiement direct par les personnes

                          Sinon, ça s’appelle un système de santé à deux vitesses et non solidaire dont l’archétype est le système des USA.


                        • epapel epapel 15 janvier 2011 23:07

                          D’ailleurs à propos des chiffres

                          France :
                          - prélèvements obligatoires : 75%
                          - assurances privées : 25%
                          - poids total dans le PIB : 10,5%

                          USA (le système Minc) :
                          - prélèvements obligatoires : 45%
                          - assurances privées : 55%
                          - poids total dans le PIB : 15,5%

                          Au final, le système Minc coûte plus cher tout en soignant plus mal.


                        • epapel epapel 15 janvier 2011 23:13

                          J’ajouterais que les chiffres du système Suisse sont très proches de ceux du système français.

                          D’accord pour la maîtrise des coûts de la santé sous contrôle de la société, mais contre le transfert vers les assurances privées qui n’est qu’un moyen déguisé de passer à une médecine à deux vitesses mais ne règle pas - bien au contraire - le problème des coûts réels et croissants de la santé.


                        • epapel epapel 15 janvier 2011 23:35

                          Cette histoire et ces analyse me font penser à la réorganisation de la carte hospitalière qui ignore le secteur privé bien que celui-ci est soutenu de fait par les cotisations sociales.

                          Personne se pose la question de savoir si une maternité privée doit faire plus de 300 accouchements/an ou une clinique faire plus de 1500 interventions chirurgicales/an et pourtant proportionnellement il y en a plus que d’hôpitaux. Ce qui prouve que l’argument de la sécurité est fallacieux et que c’est l’argument économique qui guide la démarche.

                          Quand on fait la comparaison public/privé en ne regarde que le coût unitaire des interventions mais personne ne s’interroge sur leur utilité et pourtant il y a 15% de césariennes de plus dans le privé et des taux de pose de prothèse beaucoup plus importants.
                          Pourquoi il en a plus ? Tout simplement parce l’intérêt d’une entreprise privée est d’augmenter son chiffre d’affaire et de maximiser l’emploi des ses ressources, donc dans le cas où un arbitrage est posé il se fera en faveur de l’intervention la plus coûteuse alors que pour l’hôpital l’arbitrage se fera en faveur de l’intervention la moins coûteuse étant donné qu’il a budget contraint.

                          On fixe aux hôpitaux un budget à ne pas dépasser, mais on le fait pas pour le privé parce que le privé est supposé rentable, mais rentable pour qui ? Certainement pas pour la société.

                          Le résultat à terme de cette réorganisation de la carte hospitalière, ça sera inéluctablement le remplacement des services hospitaliers fermés par le renforcement des cliniques privées, car si les gens ont le choix entre aller à la clinique la plus proche ou faire 100km ça sera vite vu. Il n’y a jamais de débat sur le fonctionnement des cliniques privées sauf pour dire qu’elles ont une rendement supérieur aux hôpitaux alors que ce qui compte c’est le service utile rendu par rapport à son coût.


                          • Francis, agnotologue JL 16 janvier 2011 09:54

                            Bonjour,

                            On sait qu’un problème bien posé est à moitié résolu, et je dirais que mal poser une question, c’est quelque part, mal dire les choses, ce qui revient à ajouter aux malheurs du monde.

                            Pour tous ceux que ce sujet intéresse, je les invite à lire cet article qui apporte un éclairage indispensable pour bien considéréer le problème réèllement posé ici :

                             : Dépendance : les nouveaux gisements des industriels de l’« or gris »  : « Voici venu le temps de l’« or gris », métaphore des profits juteux du marché de la dépendance. « Le business du cacochyme est devenu au fil des ans presque aussi juteux que le casino de Monte Carlo. Une fois les investissements immobiliers amortis, le taux de rentabilité dépasse facilement les 25% et c’est quand même pas mal » note à ce titre le journaliste Daniel Mermet [1]. Et ce n’est qu’un début. Dans les colonnes du Zinc, Julie Morange revient sur les nouveaux gisements des industriels de l’« or gris ». »

                            Au sujet du père d’Alain Minc, curieusementon trouve dans ce texte de S. Rakotoarison le même passage que dans cet autre article publié sur mcbeulogue qui n’est pas sans rapport avec le sujet, et que je vous invite également à lire :

                            « On constate finalement qu’en France, aujourd’hui, la condamnation des propos ne s’applique pas à ceux qui appellent à la haine et à l’exclusion doctrinaire d’une partie de la population, mais à ceux qui défendent la paix et le respect des lois internationales. Volonté de détruire coûte que coûte les acquis du CNR : un exemple qui fait froid dans le dos  »




                            • epapel epapel 16 janvier 2011 13:39

                              D’accord à 100%.

                              Minc pose d’autant plus mal le problème qu’il s’est cru autorisé ou obligé de multiplier par 10 les coûts du traitement de son père.

                              Une idée qui a besoin du mensonge pour être acceptée est une idée fausse.

                              Avant d’en arriver là, il y a beaucoup d’économie à faire sur les « mediator » et abus de prescription ou de soins de toutes espèces.

                              L’dée de Minc consiste en fait à déporter les coûts sur les particuliers et surtout sans toucher au business médical. Et aujourd’hui la méthode appliquée est claire, il s’agit de privatiser la santé et non d’en diminuer le coût.


                            • epapel epapel 16 janvier 2011 13:56

                              Quant à la dépendance, les chiffres et les projections montrent que le problème n’existe pas. Selon Jacques Attali qu’on ne peut soupçonner de gauchisme et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie :
                              - le nombre de personnes dépendantes va passer de 1,1 millions en 2010 à 1,5 millions en 2050
                              - le coût actuel est de 21 millards €/an et le coût estimé en 2050 est donc de 30 millards €/an
                              Pas de quoi en faire tout un fromage en terme de financement.

                              Les vrais enjeux ce sont :
                              - la privatisation qui permettra au assurances de s’engraisser encore plus
                              - le financement par les seuls retraités et non plus par la solidarité nationale

                              Le gouvernement compte faire passer ça en jouant sur la peur, et si ça marche l’étape suivante sera de faire payer de plus en plus par les retraités leurs soins de santé.

                              Le plus fort c’est que gouvernement présente comme sociale une réforme qui est fondamentalement anti-sociale et les médias gobent et relaient (à part l’Express et Marianne).

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