• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Santé > L’Aide aux Handicapés au Vietnam

L’Aide aux Handicapés au Vietnam

Lors d’un voyage au Vietnam, nous avons pu constater combien le problème du handicap est majeur dans ce pays. Pourtant, c’est par des initiatives privées que les choses s’améliorent. Découvrons un peu mieux cela à travers un exemple

Difficile de connaître combien de personnes sont touchées par les handicaps dans ce pays. Différents facteurs et différents types de handicaps sont à citer. Depuis quelques années, on parle de l’agent orange, ce produit chimique massivement déversé par l’armée américaine lors de la guerre du Vietnam pour détruire la végétation. Il a créé des malformations durables sur plusieurs générations d’enfants. On rencontre souvent des personnes avec ce type de handicaps dans les grandes villes, vendant des tickets de loterie, moyen de subsistance officiel. Mais l’accès à des métiers rémunérateurs et à un enseignement adapté leur est difficile voir impossible pour eux. D’autres facteurs comme la pollution de l’eau ou l’hygiène peuvent aussi être à l’origine de handicaps comme la cessité, la surdité, des malformations ..., sans même parler des accidents de la vie.

Un accident de la vie, c’est ce qui est arrivé à la Soeur de Madame Nguyen Nga. C’est à sa rencontre que nous sommes allé en nous rendant à Quy Nhon, une grande ville située sur la côte du sud Vietnam. Sa soeur ayant été victime d’un accident de la route, elle a constaté alors combien il était difficile de trouver à se rééduquer, à travailler avec une infirmité. Cet évênement l’a poussé à fonder, seule, un centre dédié aux personnes handicapées.

La meilleure manière de présenter Ce Centre est encore de reprendre ce qui est indiqué sur son site :

Le Nguyen Nga Center (NNC) est une association caritative vietamienne située dans la ville de Quy Nhon. Elle s’occupe des enfants handicapés, offrant l’éducation, la formation professionnelle gratuite et l’assistance à l’embauche. Beaucoup des étudiants bénéficient d’une chambre dans le centre. Ils ont l’opportunité de s’exprimer et de s’épanouir à travers l’écriture, la peinture, le dessin, la musique ou la danse.

Le centre a été fondé en 1993 dans le but initial de « contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des enfants handicapés ». Depuis, le centre a éduqué plus de 800 étudiants avec une équipe de 28 personnes. Le centre continue à aider les enfants handicapés à oublier leur sentiment d’infériorité et à les aider à devenir financièrement indépendants.

Après plus de 15 ans d’existence, la mission est devenue : « Ameliorer la qualité de vie des jeunes handicapés dans la province de Binh Dinh, en développant leur niveau social et leurs vocations afin de leur procurer l’indépendance financière. »

Les efforts de Madame Nga ont été incroyablement fructueux, seulement parce que ses étudiants ont la détermination d’être autonome et de s’intégrer par eux même dans une communauté plus large. Les produits qu’ils fabriquent sont montrés et vendus dans de nombreux salons et boutiques à travers le Vietnam. La vente de ces produits manufacturés leur procure autant un revenu à eux , que pour couvrir les dépenses du centre NNC lui-même.

Quy Nhon ayant un lien particulier avec l’Australie et la Nouvelle-Zelande depuis la guerre, on rencontre quelques bénévoles en provenance de ces pays au sein du centre. C’est ainsi que nous avons pu nous faire présenter les activités du centre par l’une d’elle avant de rencontrer la courageuse et énergique Madame Nga (en blanc à droite sur la photo ci dessous).

Le centre actuel est réparti en plusieurs batisses dans la ville , l’une d’elle étant dans une grande rue du centre de Quy Nhon. Cette maison sert également de magasin et de vitrine pour les produits du centre. La région de Quy Nhon est riche en ateliers de scuplture, car les roches extraites y sont très recherchées. Il était donc tout naturel de trouver un petit atelier de sculpture et gravure qui permet aux étudiants d’apprendre les différentes étapes. On trouve donc aussi bien de petites sculptures que des bijoux et ornements. L’atelier est pourtant bien petit et ne dispose pas de tous les éléments de sécurité nécessaires à cette activité. Une des autres activités est le tissage. NNC a un contrat pour la fourniture de sacs à un voyagiste. La boutique permet d’acheter des produits variés allant de la chemise au sac en toile à des prix très concurentiels, montrant tout le savoir faire de ces élèves qui sont aussi hébergés dans ces modestes locaux

nnc2

On trouve également des ateliers de peinture et de musique et des bénévoles viennent aussi dispenser des cours d’anglais ou d’informatique sur le peu de moyens donc dispose actuellement ce centre. Cela permet notamment aux élèves les plus doués d’intégrer des cursus d’enseignement classique jusqu’à l’université. Car le but est de développer les compétences et l’autonomie des étudiants, la vente de la production servant à investir dans de nouveaux moyens.

nnc3

Le grand projet de Madame Nga est d’ouvrir un grand centre d’éducation dans un terrain plus proche de l’aéroport de Quy Nhon, qui serait aussi un point de passage pour les tour opérators, le NNC étant référencé déjà dans le guide Lonely Planet. Il faut savoir que Quy Nhon n’est pas une ville touristique alors qu’elle a tout d’un bijou préservé. Il faut espérer que le développement de la région se fera dans le respect de l’environnement sans aboutir à l’occidentalisation excessive de Nha Trang et sa presqu’ile, par exemple.

L’initiative de Madame Nga et de son centre est exemplaire en bien des points. Discuter avec elle permet de ressentir toute la passion et l’énergie qu’elle peut mettre dans ces nombreuses activités. Actuellement, elle négocie apprement avec les autorités locales pour obtenir le terrain dont elle rêve pour que de multiples batiments parfois vétustes, le centre devienne unique et exemplaire. Les conditions d’utilisation des matériels électriques nécessiteraient en effet des protections pour les étudiants et des installations adéquates seraient d’un grand secours.

Si vous allez un jour au Vietnam, je vous conseille de visiter son centre, d’y apporter votre aide, si vous le pouvez et pourquoi pas de créer des initiatives à cette image dans d’autres localités et d’autres pays.

Le site du Nguyen Nga Center : www.nguyennga.org


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (7 votes)




Réagissez à l'article

6 réactions à cet article    


  • asterix asterix 13 novembre 2010 12:26


    Mr Iceman75,
    Pour un type de glace, vous avez un grand coeur. De votre dernier écrit, je retiendrai les méfaits à long terme de l’agent orange, thème qui avait déjà été abordé il y a quelques jours dans un article sur la convention de Vientiane sur les bombes à sous-munitions.
    Pour le reste, tout noble qu’il soit, votre centre peut être multiplié par cent, par mille. Vous mettez d’ailleurs vous-même le doigt sur la plaie : c’est une handicapée et non les structures étatiques qui ont monté cette entreprise de survie.
    A décharge, l’handicapé est plus accepté dans toute société asiatique que chez nous. Mais voilà, la compassion ne suffit pas, Australie et Nouvelle-Zélande étant, comme toujours, l’exemple concret à suivre sur le terrain..
    Bonne chance à votre Nguyen Nga center.


    • easy easy 13 novembre 2010 17:43

      Le Vietnam a de la chance, malgré tout.

      Ce peuple fait partie des très rares à avoir démontré que par la solidarité à pieds nus, il est possible de vaincre de très grosses Tuyauteries (France colonialiste et EU impériaux)
      Du coup, ce sera sans doute le peuple le plus capable de considérer les choses autrement que par de la Tuyauterie, de la Machine, du Système.


      Ce qu’ici, par cet exemple du Nguyen Nga Center, nous prenons pour du courage et de la générosité, est perçu là-bas comme bêtement pragmatique. Depuis la nuit des temps ce peuple s’est démerdé sans Grande Machine alors il ne vient à l’esprit de personne d’attendre quelque chose de l’Etat. (Du reste, il ne vient à l’idée de personne de payer des impôts)

      Ici, parce qu’il existe un Etat Usine à gaz, on considère que les actions comme celle de Coluche ou de l’Abbé Pierre sont extraordinaires et elles le sont, effectivement puisque la Machine nous encourage au machinisme donc à tuer l’entraide directe « Les malheureux ?, Bof, la Machine s’en occupera »

      En Afrique aussi, en Inde aussi, ça fait longtemps que les femmes se sont organisées dans leur village pour y apporter quelque structure collective

      Mais pour ce qui est d’avoir confiance en la capacité d’un groupuscule à faire quelque chose d’efficace et selon une structure très simple, les Viets sont sûrement les mieux placés au regard de ce que leur histoire leur a démontré.

      Au contraire, les Français ne peuvent pas oublier qu’ils doivent leur libération, leur indépendance et leur liberté, à l’intervention d’une très Grosse Machine, non à leurs petits bras réunis.

      En plus d’avoir été libérés par la Grosse Machine, les Français ont bénéficié de sa part d’un plan Marshall. Alors que les Viets, qui ont eu à subir cette même Grosse Machine et qui ont su s’en défaire, n’ont jamais reçu ni aide ni indemnité étatique, machiniste.


      De par leur histoire, les Français et les Viets ne peuvent pas avoir le même sens de la solidarité ou la même exigence envers l’Etat-maman.
      Pour caricaturer, je dirais que là-bas, ce qu’on trouve généreux c’est le don en argent. Alors qu’ici, ce qu’on trouve généreux c’est le coup de main.


      Je ne voudrais pas qu’on se méprenne, ce n’est pas une question de gènes, mais une question d’Histoire. C’est elle qui fait la foi des peuples et leur confiance en eux. Je veux dire que si 20 millions de Français avaient vécu pendant 3 siècles au Vietnam, ils auraient une mentalité de Viet.

      En ce sens donc et parce que les Français n’ont pas pu se libérer seuls après s’être pris pour les maîtres du Monde, il leur restera longtemps des séquelles génohistoriques de ce dernier grand épisode martial (géré au mieux du possible par quelques figures de la Résistance mais pas par la masse)

      En ce sens, nos amis Ricains, s’ils en étaient restés à leurs victoires d’avant 1946, guerre fraticide de Sécession incluse, auraient sans doute plus confiance en eux. Mais comme depuis 1946, ils ont accumulé les déboires militaires et les exactions, ils se consolent en se jetant sur la bouffe.


      Les Russes aussi ont accumulé des résultats contrastés. Contre Napoléon et Hitler, ils l’ont emporté mais ils ont accumulé une telle quantité de casseroles par ailleurs que le résultat sur le génohistorique des Russes ne peut être que mitigé, douloureux.
      La résistance extraordinaire de Léningrad d’un côté, la paranoïa du Stalinisme de l’autre, ça laisse planer le doute.

      Le Vietnam a donc eu de la chance d’avoir pu se dépêtrer seul de tous ses malheurs. Cerise sur le gâteau, non seulement ce peuple n’a jamais agressé personne mais c’est lui qui a débarrassé le Cambodge du fléau Khmers rouges.


      • Defrance Defrance 14 novembre 2010 11:48

        Le Viet Nam n’est pas sorti de ses malheurs !

         Le centre est encore un paradis ( je passe 15 jours par ans a Qhy Nhon ) , par contre les villes comme Hanoï et surtout Ho Chi Minh ville deviennent invivables . Les dollars sont en train de détruire tout, le béton pousse de manière archaïque, les égouts, sont totalement obsolètes, bouchés, cassés par les chantiers , ce qui génère des inondations la ou avant on était toujours au sec !
         
         Ce qui n’est pas dit dans cet article est que l’Agent Orange continue a frapper, en particulier les jeunes femmes qui vivent dans les zones ou cette cochonneries made in USA que le juge Weinstein a déclaré comme faits de guerre, donc sans indemnités !

         En 2006, je suis allé au consulat de France pour demander comment faire pour monter quelque chose et la premiere question que l’on m’ a posé est ; :
         Combien pensez vous gagner ? ma réponse fut en fait RIEN, ma retraite me suffit encore pour vivre.

         On m’a alors répondu , ça ne nous intéresse pas ! Circulez !

         Il existe un musée a Saïgon qui présente des embryons victimes de la dioxine, visitez le, pour juger des dégâts !

         
         
         
         


        • Iceman75 Iceman75 14 novembre 2010 12:38

          Oui le musée, bien que discutable par certains aspects amène à se poser des questions sur la notion de « crime de guerre » et de « crime contre l’humanité »....sujet que je ne pouvais pas traîter en même temps.

          Oui il est triste de voir certains développement du vietnam dans le capitalisme à outrance et sombrer dans nos erreurs à nous occidentaux. Mais peut-on en vouloir à ceux qui n’avaient rien pendant longtemps de vouloir copier ce que l’on présente comme réussite et modèle ? vaste sujet...
          Il y a pour moi des pistes de valorisations des ressources naturelles de ce pays par sa population, et notamment dans le domaine de la construction. Peut être que le NNC donnera aussi l’occasion d’essayer une voie différente et de former des personnes dans une voie respectueuse de l’environnement et surtout plus efficiente.
          Un des vieux quartier pauvre de HCMC est en train d’être rasé pour construire des voix rapides et des périphériques. A sa place on retrouvera certainement de ces beaux immeubles de compagnies locales ou internationales et la population sera repoussée un peu plus loin. La ville est dans une mutation rapide et il faut tout faire en même temps.
          Quy Nhon est plus calme mais ce n’est pas le paradis pour tout le monde. Il n’y a qu’à voir les quartiers au nord de la ville, vers le canal qui longe le port, ou les maisons des pécheurs qui disparaissent du front de mer. Les vietnamiens ont cette capacité à s’adapter par eux même mais la rien n’est rose.

        • easy easy 14 novembre 2010 14:35


          «  »«  »«  »« Les dollars sont en train de détruire tout, le béton pousse de manière archaïque, les égouts, sont totalement obsolètes, bouchés, cassés par les chantiers , ce qui génère des inondations la ou avant on était toujours au sec ! »«  »«  »"

          On ne peut pas à la fois se réjouir de l’initiative individuelle à la Astérix où chacun construit sa hutte où bon lui semble et réclamer l’ordre haussmannien.

          Quel est le juste milieux entre souk et haussmann en considérant qu’en France par le seul fait d’être situé dans le périmètre, même hors vue, d’un monument historique (et il y en a ) il est impossible de repeindre sa maison en rose ?


          Je n’en sais rien, mais il me semble possible qu’en raison d’une réaction allergique au colonialisme français, les Viets en viennent à refuser presque systématiquement les alignements au cordeau des maisons et la normalisation des sampans.

          Le bétonnage ? C’est effectivement moche. Mais va loger 85 000 000 de personnes sur une surface moitié moindre que la France tout en préservant au maximum les surfaces agricoles, tout en évitant les zones dioxinées, tout en évitant les zones inondables, tout en restant près des axes de transport et des infra structures sans bétonner.

          Bétonner, au Vietnam, en tous cas dans les deux capitales, revient souvent à démolir les immeubles coloniaux. Ils ne représentent du charme que pour les Français et les nostalgiques qui aimeraient s’y retrouver en étant du côté du manche. Une villa coloniale était conçue pour un maître servi par une nombreuse valetaille. C’est comme dans nos châteaux fin 19ème, on ne peut pas y vivre normalement de nos jours.

          L’eau, les égouts, gros problème. Le riz étant la céréale nécessitant le plus d’eau, nécessitant des régions à mousson, ces moussons provoquant des orages à faire venir des baleines, il faut s’attendre à ce que la gestion de ces eaux diluviennes et précieuses à la fois, soit complexe et coûteuse.
          Le même vietnam qui devait en 1900 nourrir 30 millions de personnes, doit aujourd’hui, sans aucune machine de plus, car la riziculture ne s’y prête pas, nourrir 85 millions de personnes et exporter de surcroît pour rentrer quelques devises. Tout à la main et à pieds nus, à quelques motoculteurs près.


          Que doit-on faire des eaux qui tombent du ciel et lessivent les sols ? Prélever vite fait ce qu’on peut et laisser le reste repartir à la mer avec ses charges de dioxines ou les retenir poisons compris ? Comme je ne sais pas retirer la dioxine de l’eau polluée, je serais à laisser les pluies laver les sols, quitte à vivre des catastrophes ponctuelles.


          (Le Vietnam a toujours été un pays à inondations mais elle proviennent presque entièrement des pluies diluviennes, non de remontée de mer. Il n’y a donc pas de grandes salinisations des sols).


        • easy easy 14 novembre 2010 13:54

           ’’’’’’’’’ Le Viet Nam n’est pas sorti de ses malheurs ! ’’’’’’’’’’’

          Quand je disais que ce peuple a su se défaire seul de ses malheurs, je parlais clairement des très grands malheurs qu’ont été la mainmise chinoise, le colonialisme de la France (qui a abandonné ses fils d’Indochine aux Japonais provoquant indirectement la plus grande famine de l’Histoire du Vietnam), puis l’impérialisme américain.


          Sûr qu’une fois ces grands malheurs réglés, ce peuple en a pas mal de plus petits à résoudre. Mais en se démerdant seul, selon sa tradition.
          Et mon propos ici est de souligner que la foi acquise de cette habitude, conduit les gens ordinaires à se lancer dans des petites organisations simples et pragmatiques, à l’instar de l’exemple présenté ici.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès