Le médecin victime ou complice de l’industrie pharmaceutique ?
On peut légitimement se poser la question de savoir si le médecin est bien informé sur les thérapeutiques qu'il est appelé à prescrire à ses malades, s’il agit en toute indépendance, ou s’il n’est que le dernier élément d’une vaste entreprise dont le but est de vendre à tout prix du médicament, s’en faisant ainsi le complice involontaire. L’information sur les produits qu’il va prescrire est essentiellement le fait des laboratoires, par le biais des visites médicales ou des séminaires auxquels il est convié. Il peut bien sûr parfaire sa formation à l'aide de revues indépendantes ou de participation à des congrès ou colloques, cependant les informations sur les dangers où contre-indications de ces médicaments, ne lui sont révélés la plupart du temps, que plusieurs mois, voire plusieurs années, après la mise sur le marché de médicaments qu’il aura déjà largement utilisés.
La mise sur le marché de nouvelles drogues ne donne pas lieu à un document officiel, établi par des autorités compétentes et objectives, qui serait fourni au médecin, ce sont les laboratoires qui informent le praticien des nouveautés, en ne valorisant bien sur que les effets positifs, et en minorant voire en occultant des effets secondaires pouvant être néfastes. C'est ce qui est arrivé avec l’anti inflammatoire « Vioxx » des laboratoires Merck. Ce médicament mis en service en 1999, fut présenté à l'époque quasiment comme un remède miracle. C'était un anti-inflammatoire qui ne possédait pas les inconvénients des autres. Il était sensé ne pas avoir d’effets secondaires néfastes sur le plan digestif, ce qui lui procurait un avantage notable sur ses concurrents. On pensait donc pouvoir l’utiliser sans crainte dans toute les pathologie inflammatoires et rhumatismale. Le laboratoire se gardait bien de signaler que ce produit possédait aussi une toxicité cardiaque importante, connue, mais minorée, révélée par des études qui avaient été menées en le comparant à d'autres anti-inflammatoires tels que le naproxène (étude VIGOR). Les visiteurs médicaux qui présentaient ce produit étaient très certainement de bonne foi, et ignoraient sans doute ces effets secondaires dont on avait du éviter de leur parler dans l'argumentaire de vente du médicament. Il aura fallu d’autres investigations telles que l’étude « Aprove », et quelques morts et plus, pour que le médicament soit enfin retiré du marché en raison de sa toxicité cardio-vasculaire.
Le Vioxx n'est pas le seul exemple, on pourrait en citer beaucoup d'autres avec lesquels les médecins furent abusés, et prescrirent en toute bonne foi des médicaments qu'ils estimaient utiles à leurs patients sans qu’ils fussent informés de leurs effets pervers. Le médecin recherche le meilleur médicament possible, la drogue idéale qui alliera l’efficacité au minimum de désagréments pour le malade, en tenant compte des effets secondaires connus. Effets secondaires dont hélas, il n’a pas toujours connaissance ! Combien de temps faudra-t-il attendre pour révéler les éventuels effets secondaires des vaccins que l'on administre aux nourrissons, et qui contiennent tous maintenant des sels d’aluminium, sels que l'on soupçonne de s'accumuler dans l'organisme, d’être toxique pour les neurones, et de favoriser la maladie d'Alzheimer. Résultats dans 50 ans ou plus ! Faudra-t-il attendre aussi plusieurs dizaines d'années pour s'apercevoir des effets néfastes des statines, ces médicaments que l'on prescrit pour abaisser le taux de cholestérol, qui sont semble-t-il, au vu des dernières enquêtes épidémiologiques, inutiles à un grand nombre de ceux qui en prennent, tout particulièrement chez les femmes et les personnes âgées.
Ces exemples ne sont pas isolés. Il suffit de prendre du recul vis à vis de l’information des industriels, de chercher d’autres sources d’information et de lire la littérature scientifique pour en découvrir des dizaines d’autres. C’est ce que devrait faire tout médecin ! Mais, hélas, dans un emploi du temps souvent surchargé, il lui est plus facile de s’en tenir au discours proposé par les délégués médicaux, qui viennent lui vanter les mérites de leurs produits à domicile, ou lors de réunions organisées dans des lieux sympathiques, que de faire des recherches personnelles sur le bien fondé des argumentaires de vente. Ces argumentaires ne peuvent que reprendre les données qui ont été avalisées par les autorités de surveillance ayant autorisé la mise sur le marché, alors pourquoi se méfier ! Les arguments avancés sont réels, et ont fait l’objet d’études dont la méthodologie est le plus souvent irréprochable, mais on oublie de citer les études moins favorables, et on minimise, ou on passe très vite sur les effets secondaires, s’ils sont connus. Le discours est forcement biaisé. Hélas, compte tenu du poids économique que représente l’industrie pharmaceutique, il est peu probable que cette façon de présenter l’information sur les remèdes aux professionnels de santé change rapidement.
Dr. J-M Lacroix 12 sept. 12
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