On vous ment sur le mécanisme du délai de carence
Quelques fonctionnaires ont manifesté récemment pour demander, entre autres, que la décision de Nicolas SARKOZY d’instaurer, pour eux, un délai de carence d’une journée, en cas de maladie, soit rapportée. Cette mesure a pris effet au 1er Février 2013. Rappelons que les personnes salariées du secteur privé subissent, pour leur part, un délai de carence de trois jours quand elles se trouvent dans la même situation. Précisons aussi qu’une fois le délai de carence passé ces mêmes salariés du secteur privé passent sous le régime de la sécurité sociale qui leur verse alors des indemnités journalières (IJ) égales à 50% de leur salaire de base avec toutefois un plafond (fixé à 2574€ en 2012).
I Historique sommaire
C’est en découvrant, au fil des années, que le coût global des indemnités journalières versées par la Sécurité Sociale pour des absences de courte durée, atteignait des sommets que les gouvernements successifs on petit à petit décidé d’instaurer un délai de carence qui atteint aujourd’hui trois jours. Donc les petits rhumes et la goutte au nez ne donnaient désormais plus lieu au versement de la moindre indemnité aux salariés du secteur privé. Par contre rien ne fut jamais entrepris pour aligner ce système de moindre protection en cas de courte maladie aux fonctionnaires de toutes sortes.
A peine ces mesures mises en place, les Entreprises riches ont commencé à accepter de signer des accords pour prendre elle-même en charge le maintien de l’intégralité des salaires pour ces trois jours. Elles ont été immédiatement suivies par des branches entières où les syndicats ont réussi à négocier les mêmes avantages pour les salariés de tout un secteur. Nul doute, qu’avec des trémolos dans la voix, les syndicalistes de tous bords ne vous expliquent qu’ils ont fait là une grande conquête sociale et que nous sommes désormais dans le domaine des droits acquis imprescriptibles.
Mais il faut avoir l’honnêteté de constater que de nombreuses branches d’activités, en général les plus pauvres, là où souvent l’on travaille toute sa vie au SMIC, sont restées évidemment sans le moindre accord d’Entreprise ou de branche. Evidemment aucun Gouvernement n’a jamais voulu passer dans le droit commun du Travail, l’instauration générale de la prise en charge par les Entreprises des 3 jours de carence en cas de maladie.
Il faut avoir été DRH dans ce genre d’Entreprise pour pouvoir témoigner et dire que l’on a vu habituellement des salariés très fiévreux et même gravement malades venir quand même au travail pour ne pas perdre de journées de salaire ! Quelqu’un osera-t-il me démentir ?
Cette évolution vers une meilleure protection de certains salariés seulement va non seulement à l’encontre de ce qui avait été voulu : à savoir la lutte contre un absentéisme de courte durée. Par ailleurs, elle a officialisé l’inégalité de traitement entre les salariés. C’est tout à fait anormal ! car, une fois de plus, ce sont les salariés des secteurs les plus en difficulté et percevant les plus bas salaires qui sont anormalement touchés. Comme par hasard ce sont encore les mêmes qui servent dans des Entreprises où il n’y a pas de mutuelle avec participation de l’employeur à la cotisation ( même si l’on nous a indiqué aller prochainement vers les mutuelles obligatoires partout avec des cotisations à 50% Employeur et 50% salarié)
II Le nouveau système
En créant, à partir de 2013, pour les fonctionnaires un délai de carence d’une seule journée seulement au lieu de trois, Nicolas SARKOZY a cru faire un progrès vers une égalité de traitement entre public et privé. Il s’est lourdement fourvoyé car, en principe aucun fonctionnaire ne bénéficie comme dans le privé, d’accords spécifiques de Branche ou d’Entreprise (70%environ) permettant de compenser la mesure en question.
Nous avons les oreilles rebattues de ces querelles public/privé animées par les syndicats, où chacun regarde en permanence dans la gamelle de l’autre pour dénoncer ensuite les inégalités de traitement. C’est très à la mode en ce moment ou certains estiment mériter plus que leurs petits camarades (cf : éducation nationale) au sein même de la fonction publique où la valeur du point est bloquée.
III Direction à prendre courageusement
Il est grand temps dans un souci d’égalité de traitement d’aligner totalement les régimes de la protection en cas de maladie du privé et du public. Je suggère que, pour ne pas grever le budget de la Sécurité Sociale, une loi pose le principe d’un délai de carence de 2 jours pour tous et interdise tout accord de branche ou d’Entreprise qui viendrait annihiler une telle mesure.
J’entends d’ici le cœur des vierges et les cris d’orfraies de certains de nos syndiqués (8% des travailleurs du privé) qui vont venir hurler contre un tel projet portant atteinte à leurs droits imprescriptibles acquis de haute lutte contre les patrons…évidemment toujours voyous ou assimilés.
Notre pays traverse une crise profonde c’est peut-être l’occasion de mettre fin à d’inacceptables inégalités dans notre pays… au moins dans ce domaine de la santé.
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