Prévention à deux vitesses ?
La prévention dans le domaine de la santé est l’enjeu des prochaines décennies. Cette prévention devrait permettre de diminuer le nombre de malades et surtout le nombre de traitements de pathologies lourdes comme les cancers.
Jacques Chirac, à la recherche de grands chantiers susceptibles de marquer ses deux mandats, a lancé le plan cancer :
"Un grand chantier national de lutte contre le cancer a été ouvert sous l’impulsion du président de la République le 14 juillet 2002.
Le ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, Jean-François Mattei, et la ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies, Claudie Haigneré, ont rendu publiques les propositions élaborées par la Commission d’orientation sur le cancer, le 16 janvier 2003.
Le 24 mars 2003, le président de la République a présenté le Plan cancer, dont les propositions ont pour ambition de répondre aux besoins des patients, de leurs proches et des professionnels qui prennent en charge les personnes atteintes par cette maladie."
Nous sommes tous d’accord avec cette optique qui doit permettre d’apporter des réponses aux malades et à leur proches, mais qui doit aussi mettre l’accent sur la recherche médicale. Aussi la découverte de nouveaux traitements est-elle une priorité, tant parce qu’elle prolonge la vie que parce qu’elle est une filière économique importante pour notre pays.
Or, il y a quelques heures, on pouvait prendre connaissance du communiqué suivant :
"Le premier vaccin contre les virus responsables de la plupart des cancers du col de l’utérus est commercialisé à partir de ce jeudi en France, annoncent l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) et la firme pharmaceutique Sanofi Pasteur MSD.
Disponible en pharmacie sur prescription médicale, le vaccin Gardasil cible les papillomavirus humains de types 6, 11, 16 et 18, transmissibles par voie sexuelle et responsables à eux quatre de 70 à 84% des cancers du col de l’utérus, précise Sanofi Pasteur MSD dans un communiqué. Il est recommandé pour les préadolescentes"
Il coûte 146 euros la dose, non remboursée pour l’instant, et il faut compter trois injections intramusculaires à intervalle de deux puis six mois. Le Conseil supérieur d’hygiène publique de France (CHSPF) rendra son avis en décembre sur une éventuelle recommandation vaccinale.
Ensuite, la Haute autorité de santé (HAS) pourra décider de son remboursement au premier semestre 2007. "Chaque année en France, le cancer invasif du col est diagnostiqué chez près de 3400 femmes et plus de 1000 en meurent, soit l’équivalent de trois décès par jour", rappellent les laboratoires Sanofi Pasteur MSD
Jusqu’à présent, la prévention de ce cancer féminin passait seulement par le dépistage. Tous les un à trois ans, les femmes doivent se soumettre à un frottis vaginal, à la recherche de lésions précancéreuses ou cancéreuses..."
Vous avez bien lu : il coûte 146 euros la dose, non remboursée pour l’instant, et il faut compter trois injections intramusculaires à intervalle de deux puis six mois... Ensuite, la Haute autorité de santé (HAS) pourra décider de son remboursement au premier semestre 2007 »
La première réaction est de dire : de qui se moque-t-on ? Soit le vaccin est efficace et évitera mille morts, soit il n’est pas remboursable, et là on frise l’escroquerie intellectuelle.
Où est-il, le plan cancer ? De quelle prévention nous parle-t-on ? N’aurait-on retenu que les résultats de la filière économique ?
Que la Sécurité sociale ait décidé de ne plus rembourser les cures thermales sous prétexte qu’elles relevaient du « confort de vie » peut se discuter sans problème.
Quant à penser que ne pas mourir d’un cancer est du même niveau, il faut vraiment se poser des questions sur les responsables de cette décision et sur la crédibilité du fameux plan !
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