Amour et rencontre : état des lieux
L’univers de la rencontre en ligne est en plein développement, internet a transformé la manière que nous avons de nous rencontrer. Des vacances pour célibataires aux sites de rencontre en passant par les agences matrimoniales, comment a évolué la rencontre ? Pourquoi allons-nous sur les sites de rencontre, qu’y cherchons-nous, quelles sont nos véritables attentes ?
Mariage et unions arrangées
Le mariage a été instauré à une période où l’espérance de vie atteignait péniblement 25/30 ans.
Avec les conditions austères et rudes de l’époque, où l’on travaillait
en moyenne 12 heures jours, il n’y avait pas vraiment le temps pour le
questionnement existentiel, pour remettre l’harmonie du couple en
question... et pour se poser même la question du couple : n’était-il pas
d’abord une manière de faire perdurer un patrimoine ?
Au début du XXe siècle, la plupart des mariages étaient encore des mariages arrangés,
et personne n’avait vraiment son mot à dire sur l’union. L’état
d’esprit de l’époque faisait que rares étaient les contestataires. Les
schémas de vie étaient plus ou moins définis à l’avance et peu
cherchaient à les remettre en cause.
Dans la génération de l’après-guerre, la libération progressive des moeurs aidant, le libre arbitre a fait son apparition
dans le choix du conjoint même si l’avis de la famille était un élément
primordial. Nombreuses sont les personnes de cette époque qui optaient
pour un mariage de circonstance, ce qui ne les empêchaient pas de
connaître l’amour avec un grand A en marge de cette union déclarée.
Puis la société de consommation et la globalisation se sont développées apportant avec elles de nouvelles valeurs : l’individualisme,
la liberté d’expression, le développement personnel, la rationalisation
de la vie quotidienne, le “market yourself”. La sphère des
possibles s’est alors considérablement développée entraînant une forme
de liberté inimaginable pour nos anciens. Cela a conduit à renforcer la théorie du constructivisme,
où chacun est en quelque sorte l’artiste de sa vie, où il peut la
dessiner comme il le souhaite, lui donner les formes, tons et couleurs
qu’il désire.
Cela a eu pour effet de renverser les schémas établis depuis des
siècles, les loisirs et distractions prennent le pas sur le respect des
conventions. Mais cet individualisme a fait apparaître ou du moins
renforcé la notion de solitude.
Apparition du célibat de masse
On assiste dans les années 70 et 80 à une explosion du nombre de célibataires.
Les premiers voyages pour célibataires et clubs de rencontre font leur
apparition. Les célibataires, autrefois marginalisés et rejetés sont
regardés avec attention par les marketeurs voyant là une nouvelle cible
de consommateurs.
Le phénomène se poursuit et s’intensifie dans les années 90, les
plats cuisinés pour une personne envahissent les supermarchés. La
baisse du poids et du rôle de la famille fait que cette institution
n’est plus compétente pour organiser et/ou décider du mariage. Ce
rôle est désormais attribué à une autre institution incarnée par l’agence matrimoniale, censé être composée d’experts aptes à nous permettre de rencontrer le partenaire de notre vie.
On s’aperçoit alors que malgré l’abolition des barrières espace-temps censées élargir le champ possible des rencontres, jamais la solitude n’a été aussi forte.
Et nombre de personnes doivent s’en remettre à ces institutions, même
s’ils sont fréquemment jugés par leurs proches estimant que l’amour
réside dans le hasard des rencontres et qui n’apprécient point le
caractère organisateur de ces prêtres d’un nouveau genre.
Puis vient internet. S’achève alors une révolution bien entamée qui nous conduit à la société de l’information, de la communication, de l’ultra-médiatisation
et qui finit d’élargir notre sphère des possibles. Internet donne
l’illusion de la relation, nous avons des dizaines, voire des centaines
d’”amis” sur ces fameux réseaux sociaux, cela nous donne l’impression
de faire partie d’une “communauté” et assouvit notre besoin
d’appartenance.
Et pourtant, la solitude est bien réelle, engendrant stress et angoisse, nouveaux maux de notre société moderne.
Internet et sites de rencontre
Avec internet, naît le concept du site de rencontre,
différent de l’agence matrimoniale dans le sens où l’on a cette fois
devant soi des milliers de personnes face à nous, ou plutôt face à leur
écran. On retrouve cette notion d’illusion du choix faisant les slogans des sites de rencontre qui affichent fièrement un important nombre de membres, souvent erroné.
Mais l’on se retrouve de nouveau perdu face à cette profusion de membres. Les logiques opportunistes se développent,
la technique du “copier coller” permet aux personnes d’envoyer des
milliers de fois le même message en espérant une réponse positive. La
logique du zapping se répand, on passe d’un profil à
un autre, plus simplement encore que l’on change de chemise. Et puis on
se dit que l’on trouvera toujours mieux, on se met en recherche de la
perle rare, simple projection de l’esprit, puis l’on reste des mois
abonnés à ces sites en adoptant toujours les mêmes comportements,
consciemment ou inconsciemment.
La frustration est grandissante lorsque l’on se rend compte que la
plupart de ces marchands d’amour (ou de sexe pour beaucoup) n’ont que
faire de notre personne et qu’ils n’ont que des impératifs business en
tête. Les sites de rencontre se gardent bien d’ailleurs pour la plupart
de communiquer sur le nombre de personnes qui ont réellement trouvé
l’amour grâce à leur site. Seul Parship s’ose à ce type de statistique
en indiquant fièrement un taux de 34 %. Ce qui signifie que près des deux tiers des personnes ont payé sans avoir eu satisfaction.
La rencontre : un marché pas comme les autres
Aujourd’hui, il apparaît clairement que le site de rencontre est le moyen le plus adapté pour les personnes d’avoir une chance de rencontrer l’âme soeur.
Le modèle de l’agence matrimoniale est renvoyée aux oubliettes, en
raison principalement de son prix prohibitf eu égard au service offert.
Mais encore faut-il que les dirigeants à l’origine de ces sites
aient des valeurs un peu plus étendues que la simple rentabilité. Il
est certes tentant de faire de l’amour et de la misère affective un
marché, mais il convient d’être vigilant quand à une marchandisation excessive. Peu de marchés sont aussi obscurs que le sont les sites de rencontre, or rares sont les marchés aussi impliquants.
L’amour est une des valeurs fondamentales, si ce n’est la valeur
fondamentale de l’existence humaine. Il convient donc d’avoir un sens développé de l’éthique et une conduite irréprochable.
Car à mon sens, les personnes seraient prêtes à payer le prix pour
rencontrer l’âme soeur, bien plus cher encore que les tarifs des sites
de rencontre aujourd’hui. Mais encore faut-il que l’on sente une
démarche sincère, transparente et juste. Je pars du principe que
lorsque l’on met du coeur à l’ouvrage, que l’on pense en priorité à la
qualité du service apporté alors la rentabilité suit puisque les personnes seront toujours prêtes à mettre la main au portefeuille pour un service qui assouvisse réellement leurs attentes.
Mais ce n’est visiblement pas la logique des sites de rencontre actuels...
Voir aussi la problématique de la gratuité et de la rencontre amoureuse
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