Fusillade en pleine ville à Tarbes sur fond de guerre des cités
Un jeune homme de 29 ans a été grièvement blessé samedi vers 21 h 30 à Tarbes au cours d’une incroyable fusillade en pleine ville avec ballet de voitures sur fond de guerre des cités entre les quartiers de Laubadère et Solazur. Cette fusillade, survenue dans le quartier de Laubadère, a été suivie d’une expédition punitive à Solazur. L’enquête n’a pas permis pour le moment de trouver les auteurs de la fusillade ni leurs motifs. Les témoins craignent de parler et se taisent. En revanche, l’expédition punitive sur Solazur a donné lieu à des condamnations avec sursis.
Un jeune homme de 29 ans a été grièvement blessé samedi vers 21 h 30 à Tarbes au cours d’une incroyable fusillade sur fond de ballet de voitures, qui a éclaté dans le quartier de Laubadère sur le parking du siège de la communauté d’agglomération du Grand Tarbes.
Tel est le récit, fait par témoin à La Dépêche, d’une incroyable fusillade sur fond de ballet de voitures survenue en pleine ville de Tarbes.
Un peu plus tôt dans la soirée, une bagarre entre deux bandes rivales avait éclaté sur ce même parking du Grand Tarbes. Pour se venger d’avoir reçu des coups, plusieurs jeunes gens de la cité Solazur ont organisé une expédition punitive sur de Laubadère en allant chercher du renfort . Ils sont revenus quelques instants plus tard, avec des complices, à bord de plusieurs voitures. Un témoin raconte : « Elles se sont mises à tourner autour du parking de manière très menaçante » A cette heure de la soirée, il y avait encore beaucoup de monde sur les lieux, des adolescents, des mères de familles et des jeunes adultes.
Selon plusieurs témoins, plusieurs coups de feu ont été tirés tous azimuts sur la foule depuis l’une des voitures. À l’incrédulité, a succédé un climat de panique générale. Les autres voitures ont pris la fuite. Au moins sept impacts de balles ont été relevés par la police judiciaire sur place. Une des balles, sans doute la dernière, a transpercé la chemise d’un jeune homme sous son aisselle gauche avant de toucher l’épaule de son camarade qui était placé juste derrière. Grièvement blessé, ce jeune homme de 29 ans, animateur de quartier, a été évacué au centre hospitalier de Tarbes puis transféré à l’hôpital de Pau. Mais ses jours ne sont pas en danger.
Cette fusillade fut suivie d’une nouvelle expédition punitive en sens inverse, de Laubadère vers Solazur. Elle impliquait au moins trente jeunes, et de nombreux véhicules ont été dégradés.
« Je suis catastrophé. Nous avions la chance d’avoir depuis plusieurs années sur ce quartier un climat paisible, notamment grâce aux efforts de la municipalité. Cette affaire est malheureuse », a réagi l’adjoint au maire Eugène Pourchier.
S’agit-il d’un règlement de compte de bandes rivales sur fond de trafic ou violences urbaines gratuites ? L’enquête judiciaire n’a pu le déterminer jusqu’ici.
Les policiers du commissariat de Tarbes et leurs collègues de la police judiciaire de Pau ont recueilli de nombreux témoignages, confus, voire contradictoires. Difficile, dans ces conditions, d’effectuer des recoupements fiables. Les enquêteurs tentent notamment de savoir s’il y a eu un ou plusieurs tireurs. Rappelons que sept impacts de balles ont été retrouvés. On a tiré sur la foule - de nombreuses familles se trouvaient sur les lieux - avec une ou plusieurs armes de poing, du calibre 7,65.
Les policiers recherchent notamment la Mercedes noire à bord de laquelle un témoin a vu au moins une personne sortir une arme et tirer sur les gens. Même si le véhicule - volé ou non - peut fort bien ne pas appartenir au tireur.
En revanche, trois jeunes gens ont été arrêtés à l’occasion de l’expédition punitive, et jugés en comparution immédiate.
L’importance de l’expédition punitive fournit à l’avocat de la défense un paradoxal argumentaire : « Il y avait au moins 30 jeunes présents à Solazur et de nombreux véhicules ont été dégradés. Ces trois-là ne doivent pas être des boucs émissaires de ce contexte de violence liée à la fusillade de Laubadère. Ce n’est pas la guerre des cités. On ne se trouve pas en banlieue parisienne », a plaidé Me Miren Lipsos-Lafaurie, conseil des trois prévenus.
La gravité des affrontements a-t-elle aussi servi à tirer les condamnations vers le bas ? D’après La Dépêche, "Dans un souci d’apaisement, afin de ne pas rallumer la mèche dans les cités, le tribunal a fait preuve de clémence. Il a condamné les trois jeunes de Laubadère à 2 mois avec sursis, 2 ans et 18 mois avec sursis, mise à l’épreuve avec obligation d’avoir un logement et d’avoir un travail ou de suivre une formation."
Quarante-huit heures après les faits, Laubadère a repris l’apparence des jours tranquilles. Ce n’est pas tout à fait le cas du côté de Solazur.
La journaliste de la Dépêche qui a voulu enquêter sur ces quartiers s’est heurtée à une ambiance d’omertà. « Je n’ai pas envie de raconter et de me faire démolir avec 30 mecs qui me tomberaient dessus »
Fred, qui habite à seulement quelques mètres, ne l’a su, dit-il, que le lendemain. « Sur le coup, on n’a pas percuté. On a cru que des gosses s’amusaient avec des pétards. Des gens croyaient aussi que c’était l’arrosage du match Espagne-Paraguay. »
Il y a aussi ceux qui sont fermé leurs volets, sentant le coup venir.
De leur côté, Patrick et Lucie ne se disent pas étonnés. « Dans la rue, même en voiture, un regard peut provoquer une réaction agressive, déplorent-ils. Pas un jour sans qu’on entende des cris de fous. » Il paraît que même dans le voisinage, « les gens n’osent pas trop en parler. Ils ont peur des représailles ».
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