Je ne suis pas Charlie
Je vous présente mes vœux. Mais ce sont de Charb. Ses derniers vœux !
Notre réaction collective me choque.
Première réaction sur toutes les ondes, dans la bouche de tous les hommes et femmes politiques : "Surtout pas d'amalgame". Comme si la première des mesures était la préservation d'un statu-quo de façade, plutôt que la réflexion sur les mesures à prendre.
Vaine incantation d'un unanimisme républicain qui ne veut plus rien dire, car ces deux mots n'ont aucun sens : "unanimisme" sans réalité, sauf à espérer un totalitarisme de la pensée qui fasse qu'une pensée unique soit acceptable, ce qui s'appelle la "political correctness". "Unanimisme" quand tant de jeunes, sur les "réseaux sociaux" comme dans les salles de classe se réjouissent de cet attentat contre ces mécréants "qui l'ont bien cherché".
Et "républicain", un de ces mots valises où tout le monde et chacun peut fourrer sans réflexion ses désirs, ses fantasmes et ses craintes. Sans ajouter la remarque de Houellebecq dans sa dernière interview au Nouvel Obs : "La République est morte". Sans ajouter que les tenants de cette "political correctness", de cette pensée unique, ont cloué au pilori sans réflexion cet affreux Houellebecq (écouter Ali Baddou dans sa violente diatribe contre l'auteur de "Soumission" !), comme ils l'ont fait juste auparavant avec Zemmour. Comme ils l'avaient fait précédemment avec Philippe Val, Caroline Fourest et tous les caricaturistes de Charlie Hebdo, à la suite de la publication des caricatures du Prophète Mohamed, qui avaient été considérés et traités par les "bons" medias et les "bons" intellectuels comme des renégats ayant rejoint la pensée du Front National. A l'époque, Philippe Val avait été trainé dans la boue, stigmatisé comme un vrai islamophobe ayant effectivement rejoint l'extrême droite ! Il faut avoir entendu Jeannette Bougrab, compagne de Charb pointer du doigt ceux qui ont accusé plusieurs fois Charlie Hebdo d'islamophobie. "Je pense qu'il y a une responsabilité." Elle évoque notamment "certains mouvements de gauche", "les indigènes de la République sont coupables". "Quand, sans arrêt, on vous dit : Vous stigmatisez l'islam... Mais, aujourd'hui, qui est mort ? Il n'y a pas d'imam qui est mort. Ce sont eux, des combattants pour la liberté." Il faut avoir entendu Caroline Fourest qui, même très de gauche, a dû supporter l'ostracisme qu'elle subit encore aujourd'hui !
Nous sommes en guerre, mais le dire est considéré par la même pensée unique comme inacceptable. Pourtant, nous le sommes, car la guerre a été déclarée par ces gens que l'on a d'abord qualifiés de "déséquilibrés" ! Qui se sont entrainés militairement. Qui s'habillent comme des militaires, des "ninja" en Algérie, comme l'atteste ce pauvre fournisseur de l'otage imprimeur actuellement, expliquant sur toutes les radios qu'il avait pris les deux assassins comme des policiers, puisqu'ils étaient habillés comme les policiers du GIGN.
La même Jeannette Bougrab a tenté d'expliquer : "On a oublié Merah, ces enfants qui ont été tués devant une école juive, et je me dis : Est-ce que, cette fois, on prendra la mesure de ce qui s'est passé en France, c'est-à-dire qu'une guerre est déclarée ?" Une guerre contre notre civilisation, ce que la bonne pensée considère comme insupportable, ces bons medias qui lancent actuellement une nième polémique contre cet atroce Sarkozy qui a proféré une telle abomination !
Et cela rejoint ma deuxième réaction par rapport à notre attitude collective et individuelle : Nous avons tous, sauf moi !, écrit, communiqué, proclamé que nous étions Charlie ! Qu'est la vraie signification de cette affirmation, au-delà de "Charlie vit et vivra" ? La vraie signification entendue par les terroristes, est "Nous sommes tous potentiellement des Charlie !".Des victimes, des victimes potentielles, voilà notre avenir, notre revendication, notre manière de réagir. Venez nous égorger comme vous avez abattu ces douze caricaturistes et journalistes !
Qu'aurait-il fallu faire ? Qu'auraient du faire tous les journaux qui ont affiché "Je suis Charlie" ? La réponse est toujours : "que pouvons-nous faire ?". Répartie équivalente à une reconnaissance d'impuissance, qui ne se résout que dans de vaines protestations et l'exigence ridicule au cours de manifestations symboliques que les terroristes cessent. Comme cette réaction presqu'indignée du grand présentateur de TF1 Gilles Bouleau qui ne comprenait pas que Jeannette Bougrab se soit refusée à demander à Charb de s'autocensurer pour sauver sa vie ! Elle déclare que, dégoutée par la France, sa complaisance et son aveuglement, elle souhaitait s'exiler avec Charb qui refusait.
Je n'ai entendu que Brice Couturier dire à quel point il était choqué. Comme moi ! J'aurais souhaité que tous les journaux impriment les caricatures qui sont à l'origine de la mort des ces douze héros, de ces personnes qui ont osé, qui ne se sont pas renié, qui ont bravé les fanatiques. J'aurais aimé que les dizaines de milliers de français qui sont sortis comme des moutons qu'on pourrait amener à l'abattoir portent chacun les caricatures de héros de Charlie Hebdo, et les caricatures de Mahomet. C'est ce que je ferai à Strasbourg à la manifestation dimanche. Pour bien marquer que cette manifestation est un geste de combat, pas un geste de soumission !
Je vous représente mes vœux. Mais ce sont de Charb. Ses derniers vœux !
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