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Accueil du site > Actualités > Société > La formation des maîtres mise à mal

La formation des maîtres mise à mal

Depuis de nombreux mois, la formation des maîtres est dans le collimateur du gouvernement avec le processus de « mastérisation ». Cette réforme aura des conséquences graves puisqu’elle aura pour effet de dégrader la formation des enseignants dans le seul but de réaliser quelques économies. Visiblement, nos dirigeants ont une drôle de manière de hiérarchiser les priorités puisqu’ils n’hésitent pas à dépenser 16,6 millions d’euros en une journée (soit près de 10% du coût total de la présidence française de l’Union européenne) pour organiser une petite bouffe entre amis... Retour sur une réforme qui va participer à modifier dangereusement et fondamentalement notre système éducatif.

Un manque de concertation évident

Peu de temps après son élection, Sarkozy décide unilatéralement d’engager le processus de mastérisation. Cela fait suite à la mise en place, par le gouvernement, de la LRU (loi relative à l’autonomie des universités). Un puissant mouvement de refus a alors mobilisé les personnels et les étudiants des universités et de certains IUFM.

Le mouvement demandait notamment l’arrêt de la réforme pour se donner le temps de la réflexion et de la concertation. L’engrenage de la mastérisation a alors été temporairement arrêté puisqu’aucune maquette de master « métiers de l’enseignement n’a été habilitée ». La commission « Marois-Filâtre » et des groupes de travail ministériels sont mis en place.

En juin 2009, le ministère passe outre les travaux de la commission et des groupes de réflexion et présente au vote du Conseil Supérieur de la Fonction publique des décrets sur la mastérisation des personnels enseignants et d’éducation. Toutes les organisations syndicales de fonctionnaires CFDT, CGT, FO, FSU, Solidaires et Unsa refuseront dans un premier temps de siéger. Certains décrets seront ensuite adoptés pendant les vacances scolaires.

En juin 2009 toujours, le bureau de la CPU (conférence des présidents d’universités) et le président Daniel Filâtre décident de suspendre leur participation à la commission de concertation et de suivi de la formation des maîtres. Ils décident de continuer à réfléchir de leur côté avec les conférences de directeurs d’IUFM, de lettres et de sciences.

Un risque important de précarisation des personnels enseignants

Pour devenir enseignants avec titularisation dans la Fonction publique, il faudra réussir au concours et avoir un master 2. Au vu de la tendance à la suppression des postes de fonctionnaires et de la baisse du nombre de postes au concours, il y a fort à parier que l’on se retrouve avec de plus en plus de personnes formées aux « métiers de l’éducation » et détentrices d’un master mais qui n’ont pas le concours. Cette « main d’oeuvre » pourra alors venir gonfler les rangs de l’agence nationale de remplacement avec des contrats précaires...

Une formation dégradée et inégale

Lors des années de master, les périodes de stage sont réduites de manière drastique. Avant la réforme, le cumul des heures de stage pour les enseignants-stagiaires était d’environ 340 heures. La réforme ne prévoit pas plus de 108 heures pour les étudiants en master 2 (B.O. 31 du 27/08/09). De plus, comment les étudiants pourront-ils profiter pleinement de ces stages en préparant, parfois la même année, un master et un concours ? Comment envisager durant l’année de M2 que les étudiants puissent préparer le concours, se former au métier, à la recherche par le biais de l’écriture d’un mémoire, et se former professionnellement ? Cela relève du délire. Une formation post-concours est bien prévue mais à l’heure actuelle la réforme n’en précise ni le volume, ni les formateurs. Une solution pourrait être une formation initiale professionnelle rémunérée après le concours, avec un statut de fonctionnaire stagiaire, sous la responsabilité des IUFM, et une formation post-concours en alternance avec 1/3 du temps pour la prise en charge de classes en responsabilité, 2/3 pour l’analyse de pratique et les autres modes de formation.

La LRU suppose l’autonomie financière des universités qui gèreront la masse salariale des personnels mais aussi les moyens en postes. Elles pourront donc faire des choix politiques et l’on peut craindre que l’éducation qui ne rapporte pas beaucoup ne soit pas une priorité pour les universités.

De même, avec la LRU, chaque université peut mettre en place sa propre formation, son propre cursus et sa propre diplômation. Le risque de disparités dans la formation des enseignants est donc grand.

Les problèmes posés par la « mastérisation » sont donc nombreux et lourds de conséquences. Cette réforme ne sera pas accompagnée d’une revalorisation pour tous puisqu’elle ne sera applicable qu’aux enseignants qui passeront le concours à partir de 2010. Cette réforme ne nous convient donc pas. D’autant plus que de trop nombreuses questions restent en suspens. Dans quelles conditions se déroulera l’année de formation post-concours ? Quel sera l’avenir des IUFM et de leurs personnels ? L’unité des formations sera-t-elle garantie ? Les moyens destinés à la formation des enseignants seront-ils préservés ? Quelle sera l’articulation entre concours et masters ? Dans quelles mesures le gouvernement va-t-il poursuivre sa route vers la précarisation du corps professoral ? Pour l’instant, nous n’en savons rien...

Stéphane Guinot

 

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23 réactions à cet article    


  • DIMEZELL 28 décembre 2009 10:52

    Très juste.
    Votre article pose un problème de fond peu retenu par les médias. Il faut dire qu’il y a Johnny, la grippe et les crampes de Besson...

    Depuis la venue du nouveau maître de ce pays, certaines de ses marionnettes font bien le sale boulot dans le domaine de l’Education : faire vite, très vite, sans le temps nécessaire de la réflexion et de la concertation. Faire également passer des textes qui sont présentés comme des réformes à l’opinion publique.
    C’est ainsi que la semaine de travail des élèves du primaire a été bouleversée et qu’on a imposé des programmes très rétrogrades à la fois incohérents, très lourds et inadaptés aux enjeux du monde d’aujourd’hui. Des programmes concoctés par quelques extrémistes qui préfèrent ignorer la pédagogie et imaginent l’école à l’image d’un passé fait d’estrades, de maximes de morale et d’uniformes uniformes.
    Les premiers à en pâtir sont malheureusement les élèves les plus défavorisés qui ne possèdent ni le langage ni le soutien familial. Ce seront encore ceux-là auxquels on posera problème avec des professeurs non formés dont l’origine sociale ne permettra pas de construire une nécessaire communication.
    Il y a un vrai combat à mener désormais ; celui-ci ne doit pas s’arrêter à la lutte pour préserver l’intelligence et le partage mais également pour relancer un véritable axe de l’education pour tous.


    • Stéphane GUINOT 28 décembre 2009 12:42

      Merci pour cette réaction,

      Il est vrai que ce problème, comme les nombreux problèmes que rencontre l’Education nationale aujourd’hui, peu relayé par les médias, touche aux fondements de la démocratie.

      Ceux qui s’intéressent à ce projet de réforme de la formation des maîtres tente d’informer et de mobiliser... Mais dans une société de plus en plus individualiste, cela est difficile... Dans le métier, les néo-titulaires se sentent sauvés car ils pensent que la réforme ne les concerne pas (or, à mon sens, elle va nuire à la crédibilité de tous les enseignants, elle va entraîner une migration école publique vers école privée, donc des suppressions de postes dans le public, et elle signe l’arrêt de mort de la formation continue (en plus de la formation initiale) des enseignants). Idem pour ceux qui sont titulaires depuis plus longtemps.

      Beaucoup de parents (pas tous ! mais beaucoup...) ne se sentent pas concernés non plus. Dans tous les cas, pas au point de se mobiliser... Du moment qu’il y a quelqu’un pour garder gratuitement les enfants pendant qu’ils bossent... Ce n’est heureusement pas le point de vue de tous les parents mais cette idée est largement répandue... 

      Les PE2 (enseignants stagiaires pas encore titularisés, en formation initiale) se sentent sauvés car ils viennent d’avoir le concours.

      Seule une poignée de PE1 (étudiants à l’IUFM qui préparent le concours 2010) se mobilise. Je dis une poignée, car à l’IUFM de Bourgogne, une journée a été banalisée pour communiquer et discuter de ces réformes. A Dijon, seule une trentaine de PE1 s’était déplacée (sur environ 130 PE1). Les PE2 se comptaient sur les doigts d’une main alors qu’ils sont prêt de 115 au centre IUFM de Dijon. Les autres ayant préféré rester au chaud chez eux. Nous étions une cinquantaine à manifester au centre ville de Dijon un mardi d’avant les vacances.

      Je trouve cela scandaleux.

      De mon côté j’essaye d’informer l’opinion publique avec mon blog ( http://ecole-education.over-blog.com ) et mes articles. Pour cela, je m’informe. Je vaisrégulièrement voir ce qui se passe du côté de l’IUFM. Je monte à Paris pour participer à des assises... Cette énergie dépensée est-elle justifiée au vu du manque d’intérêt des collègues, des étudiants et des parents ? Tant pis je continue. Je ne le fais pas pour mes collègues, ni pour les parents... mais pour les enfants auxquels on tente d’imposer un projet de société dans lequel ils n’auront qu’un rôle de marionnette... Et pour tous ceux qui rejettent eux aussi ce projet de société.

      Stéphane Guinot
      http://ecole-education.over-blog.com
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      J’essaie d’informer au mieux suivant les info dont je dispose. J’essaie aussi d’être clair et de ne pas utiliser un vocabulaire tirant sur le « jargon professionnel », histoire de vulgariser l’information.
      Si vous trouvez mon blog bien foutu, n’hésitez pas à le recommander à vos amis (pas de pub sur mon blog donc je ne perçoit aucun bénéf !!!)
      N’hésitez pas non plus à commenter les articles en apportant vos réflexions.
      Enfin, vous pouvez me faire parvenir des propositions d’articles (mon adresse mail est au bas de mon blog) car si je veux tenir mon blog à jour régulièrement, cela demande beaucoup d’énergie et de temps. Autant en faire un espace participatif.



    • Stéphane GUINOT 28 décembre 2009 13:48

      merci pour cette réaction. Me permettez-vous de la publier sur mon blog ?

      Stéphane Guinot
      http://ecole-education.over-blog.com


    • DIMEZELL 29 décembre 2009 12:26

      pas de souci pour votre blog....


    • Stéphane GUINOT 28 décembre 2009 14:20

      Bonjour,

      Voici une pétition à l’initiative des personnels et des usagers de l’IUFM de l’académie de Dijon intitulée « Enseigner, un métier qui s’apprend ! ». Elle concerne la réforme de la formation des enseignants.

      Vous pouvez la consulter et la signer en ligne en cliquant sur le lien suivant.
      http://lapetition.be/en-ligne/petition-5764.html

      2169 signatures au moment où j’écris cet article... C’est loin d’être suffisant !

      Merci de votre contribution.

      Stéphane Guinot

      P.S. : Je vous rappelle que vous pouvez contribuer au blog http://ecole-education.over-blog.com en commentant les articles en ligne et en envoyant vos propres articles à mon adresse mail qui figure en bas du blog.


      • Leo29 Leo29 28 décembre 2009 14:36

        Il s’agit là en effet d’une déterioration du système éducatif français qui ne date malheureusement pas de ce gouvernement. Déjà en 1990, moi-même étudiant j’avais posé la question à un professeur d’Ecole Normale de la pertinence d’une licence pour savoir enseigner à des élèves de primaire ;« L’acculturation des maîtres, m’avait-il répondu, sera bénéfique aux élèves.... »il ne restait déjà plus que 2 ans de formation au lieu de 3 avant. car du temps où on recrutait les futurs instituteurs fin troisième, ils avaient 3 ans de formation sanctionnés par le bac ; et ces instituteurs étaient bien formés et proches des gamins.
        Aujourd’hui le système suit sa logique, la charge de travail des enseignants s’est accrue et les salaires restent et resteront aussi bas puisque les 2 ans d’études de masters font qu’ils commenceront avec 115 euros de plus comme un ancien qui avait sa licence avec un an d’ancienneté puisque les deux premiers échelons sont gravis après.......1 an.
        Donc il n’y aura aucun avantage , ils auront le même salaire que les professeurs des écoles avec licence.

        le problème principal c’est que la demande parentale s’oriente non vers une instruction de leurs enfants mais vers un souhait de prise en charge journalière de ces derniers.....une sorte de garderie, car ils ne croient plus fondamentalement aux valeurs de l’école républicaine pour trouver un travail....bref ce n’est pas gagné loin de là. Et comme la plupart des médias préfèrent parler de starlettes plutôt que des problèmes fondammentaux, Châtel et Pécresse s’en donnent à coeur joie sans qu’il y ait beaucoup de médias relayant cette de mascarade de mastérisation....


        • Stéphane GUINOT 28 décembre 2009 14:47

          Merci pour cette réaction. Puis-je me permettre de la publier sur mon blog qui traite de l’actualité de l’école primaire ? ( http://ecole-education.over-blog.com )

          Stéphane Guinot


        • Arnes Arnes 28 décembre 2009 17:20

          Le recrutement des enseignants ne devrait pas être basé uniquement sur leurs connaissances mesurées par une licence, un master ou un concours, mais surtout sur leur capacité à transmettre cette connaissance et leur capacité à travailler en équipe ; ces 2 derniers critères aussi importants que les connaissances.

          Ensuite, il faudrait une vraie gestion des ressources humaines : évaluation des enseignants, non par cette absurde visite d’inspecteurs, mais par un contrôle continu de la valeur ajoutée apportée à chaque élève. Recadrage et accompagnement des enseignants les moins performants, et licenciement s’ils n’arrivent pas à assurer.

          Notre système est moribond : de plus en plus inefficace tout en coûtant de plus en plus. Prenons modèle sur la Suisse ou la Finlande où ces systèmes de gestion des ressources humaines enseignantes ont été mises en place et ont prouvé leur efficacité.

          L’éducation de nos enfants est trop importante pour être laissée sous la seule responsabilité de personnes ayant réussi un concours à 20 ans et plus remis en question jusqu’à leur retraite.


          • Stéphane GUINOT 28 décembre 2009 18:20

            Merci pour votre réaction. Je ne suis pas d’accord avec vous sur tous les points :

            « Le recrutement des enseignants ne devrait pas être basé uniquement sur leurs connaissances mesurées par une licence, un master ou un concours, mais surtout sur leur capacité à transmettre cette connaissance et leur capacité à travailler en équipe ; ces 2 derniers critères aussi importants que les connaissances. »

            Effectivement, les enseignants ne doivent pas être seulement recrutés sur le niveau de leurs connaissances. Les connaissances et la culture générale sont importantes pour enseigner, mais comme vous le dites, cela ne suffit pas. Vous dites qu’il faut qu’un enseignant sache transmettre des connaissances et travailler en équipe. Concernant la transmission des connaissances, il faut faire très attention. Car le métier d’un enseignant n’est pas de transmettre des connaissances. L’enseignant doit guider l’élève vers la réflexion, vers l’analyse. Il doit contribuer à développer l’esprit critique et d’analyse de l’élève. Plus que transmettre des connaissances, l’enseignant doit aider l’élève à développer des savoir-faire.
            Concernant le travail en équipe, cela n’est pas si évident. Le travail en équipe ne se décrète pas. Certaines personnes pourront s’intégrer plus facilement dans une équipe que dans une autre...

            « Ensuite, il faudrait une vraie gestion des ressources humaines : évaluation des enseignants, non par cette absurde visite d’inspecteurs, mais par un contrôle continu de la valeur ajoutée apportée à chaque élève. Recadrage et accompagnement des enseignants les moins performants, et licenciement s’ils n’arrivent pas à assurer. »

            Comment mesurer et contrôlée la valeur ajoutée à chaque élève ? Tout est-il quantifiable ? Tout est-il mesurable ? Les élèves ne sont pas des objets qu’il suffirait de peser avant et après pour savoir ce qu’on leur a enlevé ou apporté. Certains élèves auront plus de mal à intégrer ce qui se fait en classe. Cela n’est pas seulement le fait de l’enseignant. Cela peut-être le fait d’une déficience mentale, d’un blogage psychologique de l’élève, d’un contexte social ou familial compliqué, de parents qui ne prennent pas (ou ne peuvent pas prendre) le temps de travailler avec leur enfant les notions abordées en classe. De plus, les leçons, les moments, les expériences, vécus par un élève avec un professeur peuvent prendre effet des années après... Dans l’apprentissage, tout n’est pas instantané. Comment mesurer l’apprentissage du respect des autres ? Comment mesurer l’apprentissage de la confiance en soi ? L’apprentissage de la notion de partage ne s’apprend-t-elle que par la division ? Comment mesurer les effets de l’apprentissage de la tolérance ?

            vous parlez d’un recadrage et d’un accompagnement des enseignants les moins performants. La performance d’un enseignant ne pouvant se mesurer, je parlerais plutôt d’une formation continue pour tous les enseignants. Par effet boule de neige, la réforme de la formation initiale des enseignants va entraîner une disparition de la formation continue.

            Concernant le licenciement, je signale qu’un enseignant peut être licencié. Cela se voit tous les ans. Je pense qu’il ne faut pas banaliser le licenciement dans l’Education nationale car cela remettrait gravement en péril la liberté pédagogique de chaque enseignant. Cela conduirait à de graves dérives où des petits chefs pourraient dire à leurs subordonnés : « si tu ne fais pas comme ça, je te vire. ». Cela n’est pas souhaitable car chaque enseignant a ses méthodes de travail. Il n’existe pas UNE façon d’enseigner. Il en existe autant qu’il y a d’enseignants.

            « Notre système est moribond : de plus en plus inefficace tout en coûtant de plus en plus. Prenons modèle sur la Suisse ou la Finlande où ces systèmes de gestion des ressources humaines enseignantes ont été mises en place et ont prouvé leur efficacité. »

            Sur quoi vous basez-vous pour dire que les systèmes éducatifs Suisse et Finlandais sont plus efficaces que le nôtre ? Pour pouvoir les comparer, il faudrait que cest pays soient identiques sur plusieurs plans : par exemple, le structure sociale de la population, la langue... Ce qui est loin d’être le cas. Je pense que vous faites référence aux évaluations PISA qui se basent sur des compétences assez mécanistes et qui négligent la capacité à réfléchir, à analyser, etc... Ces évaluations négligent également les difficultés liées à la complexité d’une langue. Il est plus difficile d’apprendre à lire en France car le français est une langue complexe. Donc il est également plus difficile d’apprendre à écrire en France. La langue a aussi une importance fondamentale dans l’apprentissage des mathématiques, notamment pour la compréhension du système décimal. Est-il facile pour un élève français de comprendre que le mot douze renvoie à un nombre égal à 10+2 ? que vingt = 2 dizaines ? Cela est plus facile à comprendre pour un élève chinois car dans sa langue, onze se dit « dix un », douze se dit « dix deux », vingt se dit « deux dix ». Rien que par la langue, l’enfant chinois a deux ans d’avance sur l’enfant français dans l’apprentissage de la numération décimale.

            « L’éducation de nos enfants est trop importante pour être laissée sous la seule responsabilité de personnes ayant réussi un concours à 20 ans et plus remis en question jusqu’à leur retraite. »

            Je connais énormément d’enseignants qui se remettent en cause tous les jours... Chaque année, le nombre de demandes de stages de formation continue est largement supérieur au nombre de places... Ces stages sont bien entendus facultatifs donc rien n’oblige un enseignant à les demander...

            Stéphane Guinot
            http://ecole-education.over-blog.com


          • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 28 décembre 2009 17:24

            L’Education nationale irait sans doute mieux si l’on entendait un peu plus les associations de professeurs par disciplines et un peu moins les syndicats.


            • Stéphane GUINOT 28 décembre 2009 18:23

              L’exemple est très mal choisi car concernant la formation des maîtres, le gouvernement n’a pas du tout écouté les syndicats qui sont pour une toute autre réforme. Le point de vue que je développe dans mon article est d’ailleurs très proche de celui de certains syndicats.

              Stéphane Guinot
              http://ecole-education.over-blog.com


            • Krokodilo Krokodilo 29 décembre 2009 00:57

              Comme remarqué par Leo29, autrefois, il était possible à des enfants de familles modestes de présenter tôt l’examen pour devenir instit par les Ecoles Normales, grâce aux bourses. Maintenant, le gouvernement réalise un transfert de charges de cinq années de formation sur les familles, alors que les facs sont déjà engorgées !
              D’un autre côté, pas sûr qu’il y ait foule pour défendre les IUFM, hauts lieux du pédagol, des circulaires obscures qui ont même donné matière à des livres, du vécu (je n’ai plus le titre en tête). Ces IUFM n’ont pas été capables de s’attaquer au tabou du niveau des instits en français, à mon avis inférieur à ce qu’il était du temps des EN. Ils n’ont rien dit quand l’anglais a été imposé à l’école primaire, je dis bien imposé (pas de choix organisé), n’ont pas anticipé les travers de cette réforme improprement appelée initiation aux langues, n’ont rien dit quand ces travers sont devenus évidents, n’ont rien dit sur le temps perdu dans les IUFM à valider une langue (majoritairement l’anglais) alors que c’est tout à fait accessoire dans leur métier, etc. etc.
              La solution que vous signalez, proposée par le syndicats, semble néanmoins un bon compromis.


              • Stéphane GUINOT 29 décembre 2009 12:50

                « Ces IUFM n’ont pas été capables de s’attaquer au tabou du niveau des instits en français, à mon avis inférieur à ce qu’il était du temps des EN. »

                Encore une fois, sur quoi vous basez-vous pour dire que le niveau des enseignants du primaire est moins bon aujourd’hui quavant ? Cela est-il réellement mesurable ?
                Personnellement, j’entends de nombreux maîtres formateurs reconnus et confirmé dire que les partiques des enseignants ont plutôt beaucoup évolué et dans le bon sens ces dernières années. Je ne dis pas que les IUFM sont parfaits, loin de là. Je pense qu’ils ont du potentiel et que ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas parfaits qu’il faut les détruire. A mon avis, il serait préférable de développer leur potentiel.

                Quant à l’anglais à l’école primaire, je partage votre avis. 


              • Krokodilo Krokodilo 30 décembre 2009 23:16

                J’ai bien dit à mon avis. Mes parents étaient instits (formés du temps des EN), mes enfants sont passés par le primaire public relativement récemment, et il me semble que la comparaison est défavorable aux PDE. A mon avis, on leur demande trop de choses, on se disperse. De plus, j’ai entendu une émission de radio il y a un an ou deux où une pédagogue assez connue évoquait la question (ne me souviens plus de son nom). mais d’accord avec vous que ça reste subjectif.


              • Stéphane GUINOT 31 décembre 2009 11:32

                Expliqué de cette manière, votre commentaire prend une toute autre tournure. Aujourd’hui, avec une semaine scolaire amputée de 2 heures, on demande aux professeurs des écoles de faire la même chose qu’avant avec en plus de l’informatique, des langues vivantes, de l’histoire des arts. En plus, certaines compétences ont été avancées dans le temps. Est-ce bien pertinent d’apprendre la technique opératoire de la division en CE2 ? Le problème est là. Je pense qu’il faut des programmes allégés, 26h (ou 24h tout dépend comment sont allégés les programmes) de classe par semaine. L’important est que ces heures soient réparties sur 5 jours (et non 4). L’urgence est également d’alléger la journée de classe quitte à réduire les grandes vacances. Il est illusoire de penser que les élèves peuvent rester concentrés et attentifs 6 heures par jour... Je pense qu’il vaut mieux faire doucement et bien que rapidement et mal. Sortons de cette logique productiviste ! Il nous faut une démarche plus qualitative. Pour cela, il n’y a pas 36 solutions, il est nécessaire :
                - d’alléger la journée de classe
                - de revenir à 9 demi-journées de classe par semaine (contre 8 aujourd’hui)
                - d’alléger les programmes

                Stéphane guinot 
                http://ecole-education.over-blog.com 


              • Leo29 Leo29 29 décembre 2009 10:08

                EVIDEMMENT, le niveau des instits en français est bien moins bon qu’avant puisque depuis la réforme de 1989, on a privilégié des gens diplômés en sciences même s’ils ne savaient pas écrire correctement le Français.....C’était pour améliorer le niveau des enfants en sciences.....échec !
                Maintenant la priorité c’est l’Anglais... Tous les instits doivent avoir ce laisser -passer pour être considérés par leur hiérarchie.... au dépend du reste qui parait secondaire.
                Ce ne sont pas les enseignants qui sont à blâmer dans l’histoire, c’est le Ministère de l’EN qui dans un but électoraliste détruit le système éducatif français.
                Certains s’en réjouissent, mais ce seront les premiers à en subir les conséquences.... 


                • Stéphane GUINOT 29 décembre 2009 13:01

                  Il me semble que les épreuves du concours ne privilégient en rien les diplômés en sciences.

                  Avec la réforme, les masters seront presques exclusivement disciplinaires et les épreuves du concours également, ce qui laisse peut de place à la partie didactique et pédagogique primordiale dans le métier d’enseignant.

                  Le concours, qui ne triait à mon sens déjà pas sur les bons critères, le fera encore moins.

                  Peut-on juger de l’aptitude d’un candidat à enseigner uniquement sur ces connaissances, en maths, en sciences, en français, en histoire, en géo, etc... Je ne le pense pas. Une personne peut avoir le front bourré de connaissance sans pour autant être un bon enseignant.

                  Stéphane Guinot
                  http://ecole-education.over-blog.com


                  • Krokodilo Krokodilo 30 décembre 2009 23:20

                    A mon avis, les aptitudes pédagogiques ne sont pas plus mesurables que les qualités humaines en médecine. Heureusement, la diversité des spécialités et des postes permet une grande variabilité de ce point de vue. Moins pour les PDE.


                  • Leo29 Leo29 29 décembre 2009 13:29

                    Entre 1991 et 2000 date où j’ai fréquenté les IUFM, les PE2, donc ayant obtenu le concours CRPE, avaient eu une licence en sciences et seulement environ 15 pour cent avaient eu une licence de lettres ou langues......


                    • Stéphane GUINOT 29 décembre 2009 13:56

                      ok, j’ai fréquenté l’iufm dans les années 2000. Dans mon entourage, il n’y avait que très peu de scientifiques. Beaucoup de littéraires, de sciences de l’éduc, de psycho... ou autre. J’ai moi-même fait des études d’économie et de gestion. N’étant pas du tout scientifique, j’ai, pour le concours, choisi la dominante histoire géographie. Du coup, les sciences n’ont représenté qu’une partie infime des épreuves :
                      - coeff 2 pour hist-géo + sciences sur 14 coeff au total (pour les épreuves d’admissibilité)
                      - pas de sciences du tout pour les épreuves d’admission

                      Stéphane Guinot
                      http://ecole-education.over-blog.fr



                        • Stéphane GUINOT 29 décembre 2009 14:05

                          je me reprends :

                          Coeff our les épreuves d’admissibilité :
                          - Français : 3
                          - maths : 3
                          - H-G et sciences : 2 (donc sciences = moins de coeff 1 pour moi car j’ai choisi la dominant H-G)

                          Coeff pour les épreuves d’admission :
                          - entretien prépro : 2
                          - littérature de jeunesse : 2
                          - LV : 1
                          - EPS : 1

                          Le concours 2005 ne favorisait donc pas spécifiquement les scientifiques.

                          Stéphane Guinot
                          http://ecole-edication.over-blog.com


                          • Krokodilo Krokodilo 30 décembre 2009 23:33

                            Ca m’est revenu, je crois que le témoignage que j’avais lu il y a qq années sur les IUFM, c’est celui-ci : "Journal d’une institutrice clandestine, virulent et souvent drôle ou plutôt grinçant.

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