La grogne au tableau noir

La quasi-totalité des syndicats d’enseignants du public et cinq syndicats du privé ont organisé des grèves et des manifestations, avant-hier, dans toute la France.
Très sincèrement je reste totalement désemparé par la récurrence du « malaise » dans l’éducation Nationale. Je le suis d’autant plus que mes racines sociales plongent profondément dans le monde des enseignants : mes deux grand-mères étaient institutrices, puis directrice d’écoles primaires, l’une dans le privé, l’autre dans le public. Celle du public regardait avec un peu de condescendance celle du privé, mais rien de bien grave, jamais. Mon frère vient de terminer une carrière de professeur de lettres classiques, ma nièce et son époux sont enseignants à La Réunion, après l’avoir été à Mantes la Jolie et aux Mureaux, des endroits qui ne sont pas réputés pour une grande sérénité pédagogique. J’arrête là en oubliant volontairement d’autres parents proches qui n’étant pas enseignants, exercent des métiers en rapport étroit avec l’éducation : fonction administrative entre autres qui relèvent de ce grand ministère.
Désemparé, dis-je, parce que je ressens le malaise qui effectivement gagne peu à peu ces femmes et ces hommes pourtant en général dévoués et très conscients de l’importance des missions qu’ils ont à remplir. Alors ou se cache la mal ? Quel est donc cet abcès chronique ? Comment espérer l’amélioration ?
Le malaise ne date pas d’hier et n’est pas ou peu réservé à un exécutif ou un autre. Certes les manifestations étaient moins nombreuses sous Mitterrand, mais pour bien connaître le milieu, le découragement était déjà au rendez-vous ; l’incidence de la politique calmant sans doute certaines ardeurs syndicales.
Il est commun de lire que les moyens ne sont plus au rendez-vous, que l’éducation Nationale a été placé au régime maigreur des restrictions budgétaires. Cette affirmation est fausse et pour tout dire assez « malhonnête ». Le budget de l’éducation Nationale est un des rares budgets à ne pas subir de restrictions drastiques dans cette période « vaches maigres ». C’est un budget en constante augmentation, la première dépense de l’Etat : en augmentation de 1,6 % au budget 2011, l’éducation nationale représente un quart du budget de l’État. Il s’agit de son premier poste de dépenses hors charge de la dette. C’est la mission la plus importante en terme de dépenses.
Par ailleurs, on pourra peut-être contester les chiffres, mais globalement, le nombre des élèves a plutôt tendance à diminuer ou pour le dire autrement, ne connaît pas une inflation digne d’un grand boom démographique. Ainsi par rapport aux effectifs le « coût par élève » est plutôt en augmentation ou en tous les cas ne baisse pas, comme la « propagande » voudrait nous le faire croire. Enfin quant aux nombres d’élèves par classe ; il y a bien sûr des disparités parfois sensibles entre régions, mais globalement la baisse d’effectif par classe est une tendance « lourde » dans le primaire comme dans le secondaire et depuis des années. Ces données, certes « statistiques » et masquant des disparités locales, sont à peu près comparables à celles constatées en Allemagne par exemple. Les résultats « éducatifs » allemands, longtemps critiqués, semblent en revanche s’améliorer très sensiblement, alors que chez nous les résultats ne seraient pas au rendez-vous ?.
Alors ! Où est la mal récurrent, qui je le répète me désespère ?
Ces moyens alloués sont-ils correctement utilisés ? Correctement répartis ? Y a-t-il une véritable volonté de réforme chez les enseignants ? Veulent-ils vraiment prendre en compte les changements de la société ? Adaptent-ils correctement l’exercice de leur art aux besoins à la fois des enfants et de la société qu’ils sont chargés de servir ?
Il faudrait tout de même que ce divorce interminable et désespérant, ne repose pas uniquement sur une approche politicienne et puisse se régler à l’amiable, par consentement mutuel.
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