Les nouveaux rapports parents-enseignants
Je souhaiterais commencer par la relation d’un certain nombre d’évènements dont j’ai été le témoin direct ou indirect depuis environ trois ans dans les divers établissement scolaires où j’ai exercé.
Par deux fois, tout d’abord, j’ai été confronté à des parents qui ont court-circuité ou envisageaient de court-circuiter la "voie hiérarchique" habituelle, à la suite d’un problème de discipline ou de travail touchant leur enfant. En principe, lorsque des parents ne comprennent pas le pourquoi des faibles résultats de leur enfant, ou lorsqu’ils souhaitent avoir une explication concernant une remarque disciplinaire faite dans le carnet de correspondance, il paraît évident de s’adresser au rédacteur de la remarque : l’enseignant lui-même.
Au passage, je ferai juste remarquer qu’il n’aurait jamais traversé l’esprit de mes grands-parents d’aller "demander des comptes" ou des explications à l’instituteur ou au professeur de leur village . Il allait de soi que l’enseignant avait agi pour le mieux, et qu’il était naturel d’abonder dans son sens ; on lui faisait automatiquement confiance.
A Noël, l’année dernière, donc, lors d’une soirée parents/professeurs, un couple jugeant inadmissible que je ne puisse motiver leur enfant "par les sentiments", me fit remarquer, avant de partir, qu’une faute d’orthographe, que j’avais commise sur le bulletin de leur enfant, "faisait désordre", et ils me sommèrent sur un ton "supérieur" de la corriger dans l’instant, ce que je fis. Mais le lendemain, ils jugèrent utile d’informer par téléphone le directeur de cette "terrible faute professionnelle" et de mon abord, paraît-il, trop "cassant". Il n’y a guère plus d’une semaine, dans un autre établissement, lors d’une entrevue, à la demande d’un autre couple, concernant mes remarques disciplinaires sur le carnet de leur enfant, le père finit par me dire froidement que si son enfant rencontrait de nouveau un problème avec moi, il s’adresserait au directeur, car après tout "c’était son métier de recevoir les parents".
Second phénomène constaté l’année dernière : la directrice de mon établissement du moment fut confrontée par deux fois à des démarches légales jamais rencontrées jusqu’alors dans sa carrière. Des parents jugèrent utile de faire appel à l’avocat de leur famille pour contester une sanction de "blâme" de leur enfant, et une autre famille envoya aussi son avocat comme repésentant d’un enfant lors d’une commission d’appel pour plaider la cause de l’éventuel redoublant.
Ces quatre faits traduisent, selon moi, une mutation dangereuse dans les rapports que les parents pensent pouvoir entretenir avec le système scolaire. Tout d’abord, les parents d’aujourd’hui se "permettent" d’être nettement plus contestataires et incorrects (dirons-nous) avec les enseignants, du moins dans le privé. Comme si, quelque part, ils avaient le droit de se comporter ainsi, puisqu’ils paient ! Même si cela est faux, puisqu’un enseignant du privé ne touche pas un centime d’euro de la part de l’établissement sous contrat qui l’emploie.
Ensuite, l’enseignement semble de plus en plus assimilé à un service comme un autre , un garage par exemple, duquel on attend un résultat indubitablement positif, et dont on est en droit de se plaindre si le résultat n’est pas là. On vous amène un enfant comme une voiture dont la batterie est à plat, et on vous demande de remplacer la batterie pour que la voiture fonctionne de nouveau, donc de faire d’un élève paresseux et/ou mal élevé et/ou en difficulté, un modèle de sociabilité et de réussite scolaire.
J’ignore jusqu’où cela ira, mais la direction que cela prend me paraît particulièrement nuisible, pour les enfants en particulier. En effet, de quelle autorité peut faire preuve un enseignant, si, au sein même de la famille de ses élèves, certains parents parlent et agissent en contradiction flagrante, et parfois coupable, avec l’image que l’enseignant doit dégager, celle du respect lié au savoir ?
P.S. : Malgré mes efforts, j’ai sûrement laissé traîner quelques fautes d’orthographe ou de grammaire, veuillez m’en excuser.
13 réactions à cet article
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Tout d’abord il me semble clair que certains parents ont des comportements contre-productifs (i.e. « cons »).
Court-circuiter le professeur pour des problèmes de discipline, envoyer un avocat pour défendre l’enfant, tout cela me semble totalement déplacé.
Par contre, ce serait une sérieuse dérive que d’abonder dans l’autre sens :
“il n’aurai jamais traversé l’esprit de mes grands-parents d’aller « demander des comptes » ou des explications à l’instituteur ou au professeur de leur village . Il allait de soit que l’enseignant avait agit pour le mieux et qu’il était naturel d’abonder dans son sens, on lui faisait automatiquement confiance.”
Cette attitude rappelle celle que les patients avaient envers les médecins : le médecin avait toujours raison et ses décisions étaient des ordre indiscutables.
Depuis on en est revenus :
- les malades du sida, gravement malades, mais trop jeunes pour se laisser faire par les médecins, ont été les premiers à se rebeller et à refuser d’avoir un statut inférieur et passif, parce qu’ils sont patients
- il est devenu clair que de nombreuses pratiques des médecins n’étaient pas basées sur des faits scientifiquement etayés, mais sur leurs valeurs morales et leur culture (ex : homossexualité = maladie mentale)
- un plus grand contrôle a montré que les médecins sont des humains et font des erreurs, parfois gravissimes, et que les malades ont le droit et devoir d’éviter d’en être les victimes.
Le même raisonnement s’applique aux enseignants. On estime par défaut qu’ils font bien leur travail et que leur objectif est le bien de l’élève.
Mais ce sont des humains et donc capables d’abus et d’incompétence. Ils doivent donc être responsables de leur activité et leur travail doit aussi être soumis à l’évaluation des élèves ou parents responsables.
Au cours de ma scolarité la plupart de mes professeurs étaient corrects et certains très bons. Mais j’ai eu quelques cas de professeurs aux méthodes totalement incompétentes et parfois abusifs. J’ai d’ailleurs noté qu’il était très difficile pour les élèves d’avoir une initiative efficace par rapport à ces problèmes.
Je me rappelle notamment de deux professeurs particulièrement incompétents qui n’ont jamais été inquiétés par leur hiérarchie, et qui m’ont coûté 2 et 3 ans de perte de temps dans les disciplines qui les concernaient.
Bref, il y a des problèmes des deux côtés, mais je pense qu’il est utopique de souhaiter revenir aux temps de la populace servile et sans esprit critique. Les professeurs doivent répondre de leur travail, mais ils doivent aussi être protégés d’abus et d’harcélement de la part des élèves et des parents (ce dont j’ai aussi été témoin).
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Ce que vous avez vécu est le signe d’un fait de société moderne. L’évolution des mentalités fait que, l’enfant est roi, quoiqu’il fasse, aux yeux de parents de plus en plus nombreux. D’autre part, et l’écrivain essayiste Philippe Muray a bien analysé le phénomène : pour un oui pour un non, on fait appel à l’avocat et la justice. Ce qui lui fait dire que l’envie de pénis, chère à Freud est remplacée aujourd’hui par l’envie de pénal.
Bon courage quand même, il en faut.
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Plutot d’accord avec vous sur l’abus d’avocats et le coté penible de certains parents et leur 8 eme merveille du monde, certains aspects de votre texte m’ont fait tiqué.
D’abord qu’ils soient dans le privé ou dans le public, c’est bien les parents qui vous paient, par leurs impots et TVA.
Ensuite au lieu de regretter un age d’or de la troisieme republique avec un inst qui sait tout face à un village de paysans, l’education nationale ferait mieux de prendre acte du besoin normal des parents de donner leur avis sur l’education de leur enfant.. et sur le travail des professeurs. Au lieu de resister sur le théme ’on doit me faire une confiance et en plus vous me payez pas’, l’EN ferait mieux de canaliser ces demandes, de les formaliser pour eviter le n’importe quoi actuel.
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Vous semblez oublier votre statut intouchable ! Il est bien sûr aberrant que des parents fassent intervenir des avocats dans un établissement scolaire...Mais quand on sait qu’un enseignant titulaire peut absolument tout se permettre, y compris de ne rien enseigner, sans que l’on puisse intervenir en tant que parent...Je vous assure que, face à l’incompétence de nombreux de vos collègues, plus d’une fois j’aurais été tentée de faire appel à la hiérarchie. Et je ne vois pas pourquoi on devrait vous tolérer vos fautes d’orthographe.
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J’espère chère Madame ou cher Monsieur que vous ne faites jamais la moindre erreur dans l’exercice de votre profession.
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Pour commencer, je remercis toutes les personnes qui ont posé un commentaire sur mon article, quel que soit le contenu de ce commentaire. Je vais répondre point par point à ceux-ci.
Monsieur Santos tout d’abord. Que des élèves n’aiment ou n’aiment pas tel ou tel professeur, c’est normal. Qu’au sein d’une même classe certains élèves apprécient les signes extérieurs de tel ou tel méthode par tel ou tel enseignant, c’est normal. Qu’ils critiquent en privé les manies, tiques et méthodes de tel ou tel enseignant cela s’est toujours fait.
Que le travail des enseignants soit soumis à l’évaluation de parents ou d’élèves « responsables » me paraît effrayant. Sur quels critères des parents pourraient-ils évaluer des enseignants ? Il ne me viendrait pas à l’idée de dire à mon banquier comment il doit faire son métier pour la bonne et simple raison que j’ignore tout du métier de banquier. De là à demander l’avis d’enfants dans une évaluation officielle c’est une porte ouverte à des abus hallucinants. Les élèves, quel que soit leur age, particulièrement au collège, n’ont ni la maturité, ni le recul, ni l’esprit suffisemment lucide sur eux-mêmes pour être capables d’une quelconque évaluation , surtout celle d’un adulte. J’ai déjà aussi rencontré des parents qui manquaient aussi de ces traits, ce qui expliquait sans doute l’attitude de leur enfant.
Je suis d’accord , les enseignants ont une responsabilité dans le développpement intelectuel des enfants, mais quoi de plus inconstant que l’intellect, d’un enfant à l’autre. Un enseignant sévère pourra traumatiser à vie un élève sensible mais discipliner un élève un peu turbulent qui en tirera un grand profit dans sa vie future sans en souffrir. Mais tenir compte de cela nécessiterait une pédo-psychanalise de chaque élève et une impossibilité totale de faire cours face à 29 à 33 personnalités différentes. . Des parents peuvent être à l’écoute de leur enfant très souvent.Ils le sont parfois trop souvent d’ailleurs, actuellement. Cela ce voit au fait que 30 élèves en même temps veulent tous être individuellement le seul interlocuteur et ne comprennent pas que l’on écoute pas ce qu’ils ont à dire à tout instant. Un enseignant ne peut être à l’écoute de 30 élèves en même temps pendant son cours.
Ce que vous suggérez serait, éventuellement, possible dans le cadre d’un enseignement de type précépteur privé et encore il ferait de l’élève et des parents des tyrans potentiels libres d’assouvir leurs caprices et désirs personnels sur la nature de l’enseignement qu’ils veulent voir donner à leur enfant. Mais il doit y avoir un même enseignement pour tous.
Je ne comparerais donc pas les médecins avec les enseignants, les médecins ont à faire à la vie de leur patients et il est normal d’être à l’écoute du patient sur sa souffrance.
En histoire-géographie ( qui est mon domaine ), pour les élèves de 3ème je commence à leur enseigner l’esprit critique vis à vis des documents qu’ils ont à traiter. Ils ont d’ailleurs beaucoup de mal à en faire preuve. User de ce même esprit critique contre l’enseignant dans un cadre officiel ce sera lui oter le peu de respect qu’il inspire encore.
Les parents déjà critiques et contestataires chez eux, transmettent cet état-d’esprit à leurs enfants. L’élève en est venu à contester jusqu’au savoir même qu’on lui transmet et refuse parfois catégoriquement de croire ce qu’on lui dit car ils ont lu ou vu quelque chose d’un peu différent à la télévision ou internet.
Enfin, les enseignants sont évalués par des inspecteurs d’académie, des professionnels dont c’est le travail, et des directives du ministère orientent dans les grandes lignes notre façon d’enseigner.
Merci à monsieur Weidmann pour son soutient et dont je partage le point de vue.
Daniel, il est absolument vrai que les parents nous paient, mais indirectement , comme de nombreux service fournis par l’Etat. Je souhaitais clairement faire comprendre que l’argent que des parents versent à un établissement privé sert au matériel, cadre et entretient de celui-ci. Mon salaire m’est versé par le Trésorier Payeur Général. Une élève éffrontée m’ayant déjà craché au visage que « Ses parents me payaient pour qu’elle ait des bonnes notes », il me paraissait nécéssaire d’éclaircir ce point.
Ce que les enseignants en général et moi en particulier réclamons, c’est le retour à un minimum de respect. De plus nous souhaiterions ne plus avoir à faire la totalité de l’éducation de certains enfants ( de plus en plus nombreux )en plus de l’enseignement. Nous ne devrions qu’être là pour affermir et développer une éducation dont les bases devraient déjà être là. Car de nombreux parents qui , pour de multiples raisons, ne souhaitent pas ou ne peuvent pas s’en charger, nous chargent en plus de la totalité de l’éducation de leur enfant.
Et nous sommes, nous enseignants, aussi otages et victimes des décisions et politiques du ministère souvent déconnectées de la réalité et très versatiles.
Enfin, Verdala, intouchable c’est très relatif. L’on ne peut pas faire n’importe quoi n’importe comment. Premièrement, en deça d’une minimum d’élèves (3 ou 5 je ne sais plus ) nous n’avons pas le droit légalement d’enseigner. En second, en ce qui me concerne je n’ai jamais fait grêve pendant mes heures de cours car je refuse de pénaliser des élèves pour quelque chose dont ils ne sont pas responsables. De plus « intouchable » ne veut pas dire invulnérable. La pression sociale qui s’exerce sur nous est nerveusement de plus en plus difficile à vivre : pression parentale, pression des élèves, pression médiatique et sociale ( on exige de nous d’être maintenant tout à le fois pédo-psychiatre, assistante sociale, éducateur en plus de notre métier d’enseignant ), pression légale ( un enseignant est pénalement responsable de la sécurité des élèves durant son cours et des élèves souvent jeunes ne se gènent pas pour nous narguer sur le fait que l’on a pas le droit de les toucher), pression hiérarchique ( car elle existe ) soit par trop grande complaisance vis-à-vis des parents, soit justement par absence de soutient ( certains directeurs eux aussi pénalement responsables soutiennent fort peu leurs enseignants ).
Enfin, sur la tolérance vis-à-vis des fautes, comme cela a été dis, un enseignant, il est bon de le rappeler, est un être humain en effet, faillible. Une autre pression , nous demanderait-on d’être infaillible ? Et pourtant, nous-mêmes sommes particulièrement tolérants, vu ce qui nous passe sous les yeux dans les copies. Je plains sincérement mes collègues de Français. En nous demandant d’être infaillible cela nous autorise alors aussi à être implacable. Car il est rare que les pleignants dans ce genre de cas aient des enfants 1er prix d’orthographe et de grammaire...
J’espère avoir précisé ma pensée et expliqué clairement mes raisons.
Avant tout, je suis en colère car de multiples phénomènes m’empêchent de faire correctement et efficacement mon métier. Comme j’aime mon métier, il me parait normal d’être frustré et agacé de ne pas pouvoir bien faire ce que j’aime.
ps : j’ai relu ce commentaire 3 fois, me connaissant j’ai certainement laissé trainer quelques erreurs.
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Je remercie l’auteur de ses commentaires et j’en profite pour y réagir.
Tout d’abord il me semble clair que dans une classe les rôles doivent être clairs : les élèves sont là pour apprendre, le professeur enseigne. De plus le professeur a une position hiérarchique supérieure, il a un pouvoir d’authorité sur les élèves, nécessaire pour maintenir la discipline et permettre d’établir un environement de travail efficace.
Finalement le professeur a un rôle d’évaluation du travail de l’élève, et non pas le contraire.
Je n’ai jamais prétendu que les élèves ou les parents devaient faire une évaluation du travail du professeur (bien qu’il soit déjà arrivé qu’un professeur demande une appréciation informelle sur le cours). Cela reste du domaine de l’inspection scolaire.
Par contre les élèves ont besoin de recevoir une formation, et il doit être possible pour eux de réagir si cette formation ne leur est pas donnée. Je ne parle pas d’un élève isolé qui prendrait la mouche avec un professeur, mais la constatation par différentes classes d’un professeur de manquements graves et répétés dans son travail.
Dans le cas que j’ai à l’esprit la direction de l’établissement n’était même pas forcément insensible aux réclamations des élèves et des parents, mais suivant ce que j’ai compris étant donné l’ancienneté du professeur, « il n’y avait rien à faire ». En conséquence de quoi il a fallu subir l’incompétence de ce professeur pendant quelques années, qui visiblement échappait au contrôle des inspecteurs.
Même si ce n’est pas le rôle habituel des élèves d’évaluer le professeur, ils doivent pouvoir se « défendre » si celui-ci se montre totalement incapable de mener à bien sa tâche.
Et contrairement à ce que vous suggèrez je n’ai pas à comprendre le travail d’un expert pour noter qu’il y a une anomalie dans son travail. Si l’argent de mon compte en banque disparaît, j’ai beau ne rien connaître à la banque, je sais qu’il y a un problème et je dois pouvoir y réagir, avec une aide qualifiée s’il le faut.
Ceci étant dit, ces critiques n’enlèvent rien au mérite de la grande majorité des professeurs. Et je sais que leur travail est loin d’être une synécure. J’ai vu des professeurs qui avaient vraiment souffert le martyr avec des classes indisciplinées, et je ne dis pas que leur travail soit facile.
Et je note aussi que leur travail se complique au cours du temps. Ce que je n’avais pas apprécié à l’époque de ma scolarité est que de plus en plus les professeurs doivent être considérés comme capables de repérer des anomalies comportementales de leurs élèves, et servir de premier filet de sauvegarde pour des enfants à problème ou en danger.
Ceci ne semble à première vue pas être partie du cadre de leur travail, mais étant donné leur contact prévilégié avec les enfants, ils sont de fait le premier relais étranger à la famille qui puisse intervenir de façon légitime aux yeux de la société.
Je suppose que dans des époques plus ancienne les voisins auraient pû assurer ce rôle, mais actuellement il y a peu de contact communautaire, et ceux-ci ne se sentent souvent pas légitimés à intervenir, sans compter qu’ils n’ont pas de formation en ce sens.
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Les parents en question ont eu à se supporter, avant leurs propres enfants,l’ennuyeux enseignement de tous ces professeurs titulaires des diplômes adéquats, mais sans vraie motivation, ni investissement citoyen, ni dévouement envers la jeunesse (surtout pendant leurs longues vacances), non désireux d’un vrai partage avec leurs élèves, ni d’ouverture en équipe pédagogique aux autres professeurs, distributeur de notes et de jugements etc. etc. NB. Un garagiste a autant de responsabilité que vous mais plus de travail. On aura pour lui, donc, plus de respect. Continuez comme çà ... plaignez vous encore au lieu de réfléchir, et les jeunes actuellement dans vos classes, quand ils seront parents à leur tour ...
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Il y a des professeurs démotivés, parfois désabusés ou même cyniques.
Mais beaucoup sont très enthousiastes et méritants. Quant à la charge de travail des professeurs, j’ai vu les deux côtés : des professeurs très relax, mais aussi des professeurs totalement surmenés. Et puis le mal être des professeurs n’est pas une légende de tire au flanc.
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Monsieur Santos a dit :
Finalement le professeur a un rôle d’évaluation du travail de l’élève, et non pas le contraire.
Je ne peux être qu’on ne peut plus d’accord.
Monsieur Santos a dit aussi :
....bien qu’il soit déjà arrivé qu’un professeur demande une appréciation informelle sur le cours.
C’est excessivement dangereux comme pratique... en ce qui me concerne, si un jours j’étais tenté de le faire, je ne l’appliquerais que dans une classe longtemps évaluée à l’avance pour son bon esprit, son sérieux et sa maturité.
Qu’attendez vous par là s’il vous plait Monsieur Santos :
Par contre les élèves ont besoin de recevoir une formation, et il doit être possible pour eux de réagir si cette formation ne leur est pas donnée.
la constatation par différentes classes d’un professeur de manquements graves et répétés dans son travail.
Quels seraient vos critères ?
Il y a une différence entre constater une anomalie et dire à la personne considérée comme responsable comme la résoudre. J’entends par là qu’il m’arrive de voir arriver des parents qui commencent par me dire comment je dois « m’y prendre » avec leur enfant pour que cela marche. Le problème étant qu’il me donnent une ou des solutions applicables sans doute en milieu familial mais rarement possibles au sein d’une classe de 30 élèves en espace clos. Les parents parlent en tant que parents, avec tout l’affectif chargé dans le fait que c’est leur enfant. Pour nous ce sont des enfants et des élèves, le rapport affectif doit être bien moindre voir inexistant individuellement. Sous peine de tomber dans le favoritisme ou au contraire l’acharnement. J’ai déjà vu quelques collègues s’impliquer beaucoup trop affectivement avec des résultats désastreux sur les nerfs des malheureux. D’ailleurs, par deux fois récemment, des parents inquiets sont venus me voir avec, je le sentais, l’impression que leur enfant était devenu ma « bête noire ».
Il est évident qu’il existe de mauvais enseignants, mais comme souvent, le petit groupe des « défaillants », occulte la grande masse de ceux qui essaient de bien faire leur travail. De plus il faudrait définir ce qu’est un « mauvais enseignant ». Enfin, faute de formation adéquat(on peut parfaitement avoir son CAPES et débarquer devant une classe sans jamais en avoir vu aucune avant, ce qui est hallucinant ), un directeur m’a dit un jour pour me rassurer : « Vous ne commencerez à devenir un bon prof qu’au bout de 10 ans environ. C’est seulement là que vous commencerez à maîtriser votre matière. D’ici là vos élèves essuierons vos plâtres ». Ce n’est pas une justification juste un fait.
...les professeurs doivent être considérés comme capables de repérer des anomalies comportementales de leurs élèves, et servir de premier filet de sauvegarde pour des enfants à problème ou en danger.
Premièrement nous n’avons aucune formation dans ce sens, en second il est extrêmement délicat de naviguer dans le domaine de la psyché d’un enfant et de ses rapports familiaux. Troisièmement, quand il y en a une, c’est davantage du ressort de l’infirmière qui a parfois une formation de base en pédopsychologie. Enfin, légalement, un enseignant ne peut pas faire grand chose. Nous travaillons « sans filet ». Tout ce que nous pouvons faire c’est signaler lors d’un conseil de classe tel ou tel comportement ou tel ou tel intuition. Ce que nous faisons.
Pour répondre à Un grand-parent :
l’ennuyeux enseignement de tous ces professeurs titulaires des diplômes adéquats, mais sans vraie motivation, ni investissement citoyen,
Ennuyeux, probablement, néanmoins je souhaiterai apporter une nuance : mon père, qui a été formé dans ce genre de cadre, en sait bien plus, par exemple, sur son programme scolaire de l’époque en Histoire, encore aujourd’hui, que moi sur le mien maintenant. Quand à l’investissement citoyen, il me semble qu’à l’époque, l’enseignant était un des citoyens de référence de la communauté, justement, avec le maire, le prêtre, le notaire, le médecin. On le consultait. Ce n’est pas un regret juste un fait.
Un garagiste a autant de responsabilité que vous mais plus de travail. On aura pour lui, donc, plus de respect.
En ce qui me concerne, Monsieur ou Madame ( je ne sais pas... ) je me garderai bien d’un tel jugement sur les professions d’autrui. Chaque profession a ses exigences, ses pénibilités. Se baser uniquement sur la quantité hoaraire me paraît on ne peut plus réducteur. Une quantité horaire souvent critiquée pour les enseignants sans tenir compte des heures passées en correction de copies, en conseils de classe, en concertation avec des collègues, en sorties scolaires dépassant les horaires habituels du collège, en accueil des parents lors de rendez-vous, de journées portes-ouvertes, etc.... Je vous encourage à corriger jusqu’a 125 copies de 6ème d’un coup ( j’ai eu l’année dernière 4 classes de 6ème, à chaque devoir c’était la même chose )avec 125 fois les mêmes erreurs, des écritures illisibles, une orthographe qui me fait frémir ( et pourtant je ne suis guère doué en la matière je le reconnais )... Il est possible qu’après, votre point de vue change. J’essais autant que possible de considérer avec respect toues les professions, la mienne n’est pas plus honorable qu’une autre, quoique, certaine le sont sûrement plus ( professions de santé par exemple... ). Néanmoins je souhaite qe la mienne soit traitée avec le même respect.
Enfin concernant le laetmotiv des vacances... Je ne dirais qu’une chose : Tous les élèves et parents d’élèves aussi en profitent, je pense, certains parents rognent même ( en toute illégalité ) sur les derniers jours de classe pour partir plus tôt, il semble donc que la société y trouve son compte en majorité non ? Je pourrai développer ce point avec d’autres arguments si vous le souhaitez...
Si le métier d’enseignant est si agréable et facile, comment se fait-il que, attirés par un tel Eden professionnel, les candidats aux postes ne soient pas plus nombreux ? Et comment se fait-il que sur 100% de nouveaux jeunes titulaires, entre 30 et 50% quitteront définivement cette carrière dans leur 7 premières années...
Merci à Monsieur Santos pour son soutient nuancé.
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En ce qui concerne l’évaluation informelle, ce n’était rien de bien dramatique :
J’étais dans une classe de langue totalement démotivée. Et constatant ce manque d’intérêt, le professeur nous avait demandé notre opinion sur les aspects du cours qui nous rebutaient, et comment développer des activités différentes qui nous re-mobilisent (le tout en respectant le programme prévu, bien entendu).
Donc la discution n’était pas sur la « valeur » du professeur en lui même, mais comment rendre le cours plus attractif pour les élèves. D’autre part, même si la classe était démotivée, elle n’était pas indisciplinée ou hostile, et il y avait un niveau de confiance suffisant pour avoir ce genre d’échanges.
Je suis tout à fait d’accord que c’étaient des circonstances peu communes, et d’ailleurs cela ne s’est produit qu’une fois au cours de ma scolarité.
En ce qui concerne les cas de déficiences des professeurs, les cas que je mentionnais concernaient deux professeurs de chimie et de physique, qui étaient incapables d’expliquer clairement leur cours. Leurs explications n’étaient pas seulement confuses, mais parfois contradictoires.
Ils avaient des problèmes à expliquer certains concepts, et avaient parfois de sérieuses difficultés à faire et expliquer leurs démonstrations.
Bref, une catastrophe, qu’on a dû ratrapper plus tard par nos propres moyens.
Je dirais qu’il y a un problème dans l’enseignement d’un professeur lorsque l’élève complète l’année avec succès sans avoir acquis/compris le programme prévu. Évidemment si un professeur se retrouve avec des classes qui échouent massivement, ce n’est pas un gage de succès.
Finalement ce n’est pas non plus aux élèves de dire aux professeurs comment enseigner. C’est l’école qui, face à une anomalie, a la responsabilité d’y apporter une solution.
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Rendre les cours plus attractifs est un souci qui me paraît tout à fait légitime.
En ce qui me concerne, je suis conscient d’avoir un cours par trop académique et par là probablement sec et rebutant ( on est le produit de ce que l’on a reçu comme enseignement après tout... ). J’y réfléchis et cherche quand je le peux des moyens de rendre mon cours plus vivant. Usage de cartes et de rétro-projections quand j’ai le matériel à ma disposition ( j’ai cette année acheté à mes frais de couteux classeurs contenant des transparents pour les programmes de 6ème et 5ème ), participation des élèves à des exercices les mettant en scène pour expliquer telle ou telle notion ( par ex. la densité de population ). J’ai tenté , pas plus tard que vendredi dernier, un exercice d’auto-correction par des élèves de 3ème , chaque élève devant corrigé la copie d’un camarade éloigné de lui dans la classe et en suivant mes directives. Ce fut, à mon grand regret un cuisant échec, l’agitation était telle qu’après un quart d’heure j’ai dû reprendre toutes les copies et devrais les corriger moi-même.
Ce genre de méthodes visant à rendre le cours plus vivant est malheureusement souvent considéré par beaucoup d’élèves comme un jeu et exclusivement un jeu avec la possibilité de mettre autant de désordre qu’ils le veulent. Tous ne sont pas ainsi mais il suffit d’une quart de classe ayant cet état d’esprit pour entraîner les trois quart restant.
Concernant la capacité ou non d’un enseignant à savoir se faire comprendre et à savoir expliquer : la pédagogie donc, je voudrais rappeler un constat vécu. Le concours pour être enseignant ( le CAPES ) est comme beaucoup d’autre paraît-il, un exercice sans grand rapport avec la profession que l’on exercera si on l’obtient( je suis toujours dans l’incpacité de comprendre une telle abbération ?). Dans mon domaine, l’histoire-géographie, il suffit juste d’avoir une mémoire très importante et d’être capable de lire beaucoup en très peu de temps. Ce que l’on vous demande d’apprendre dépasse de très très loin ce dont vous aurez réellement besoin face à une classe. Par contre, comme je l’ai déjà dis, vous pouvez parfaitement avoir votre CAPES et être parachuté devant une classe sans jamais avoir été confronté à cette situation. Les IUFM me direz vous ? J’y ai assisté à quelques cours, on vous y apprend soit... à réussir ce concours si peu adapté en vous disant ce que les jurys attendent de vous, soit on vous y donne des conseils théoriques qui ne seraient applicables que face à des classes parfaitement auto-disciplinées et ayant déjà un bon niveau général.
Je garde un très mauvais souvenir de mes années de FAC et je considère que le système actuel est un veritable « envoi à l’abatoir intellectuel et moral » d’un bon nombre des malheureux titulaires. Hier encore, j’ai appris sans m’y attendre mais au font sans grande surprise qu’un ami à moi, professeur de mathématique dans un collège public de banlieue parisienne, essayait de passer le concours d’inspecteur des impots, tant il était las de son travail d’enseignant, hors il a mon age. C’est on ne peut plus symptômatique.
J’ignore si vous avez vu la pièce magnifiquement jouée par Jean Piat , « Prof », mais après l’avoir vu, en sortant du théatre, j’étais très mal à l’aise tant le contenu était proche de la vérité. Et j’enseigne dans le secteur privé... théoriquement bien plus agréable... théoriquement.
Personnellement j’ai opté pour les remplacements successifs et le passage du concours interne nettement plus adapté, lui. Et je suis loin d’être le seul.
Enfin , espérer que tous les élèves d’une classe, en fin d’année , auront acquis/compris le programme prévu est un bel idéal... Toutefois je puis vous certifier que certains de mes cours ( je ne prétendrai pas qu’ils le sont tous mais... ils s’améliorent chaque année ) sont extrêmement limpides, simples et que je crois m’exprimer clairement. Cela ne m’empêche pas de rencontrer des énormités dans les copies du DST suivant.
Pour moi, le problème est essentiellement ( mais pas seulement c’est vrai.. ) dû à la psychologie des enfants actuels. Je compte d’ailleurs proposer un article sur ce thème précis.
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Bonjour,
Cher « Enseignant trentenaire »
Meilleurs voeux pour 2006,
j’ai lutté depuis presque un quart de siècle pour que l’école et les enseignants soient mieux respectés.
Mais force est de constater que les enseignants ne m’ont pas beaucoup aidé.
Comment pouvez-vous être mieux respecté si vous-même ne respectez pas les fondements de l’école, notamment,
* - confusion abusive, récurrent et généralisé entre étude et travail (voir mon article du 26-12-2005 dans la tribune libre d’Agoravox)
* - vous prétendez transmettre de la connaissance. L’école est presque le temple de la connaissance pas des croyances. Or la connaissance s’enrichit et s’approfondit par le questionnement mais pas les croyances qui sont par nature indiscutables. On croit ou on ne croit pas point ! toute discussion ou remise en cause est mal venue. Or vous ne voulez pas être remis en cause alors comment voulez vous qu’on vous respecte ? Vous ne voulez pas que les parents apprécient que son enfant a plus ou moins de bons résultats en fin d’année scolaire qu’en début. Vous abusez sérieusement sur ce point là.
* - vous rejetez la responsabilité sur les parents sans la moindre prise en compte du fait que de la maternelle jusqu’au collège, voire le lycée, les jeunes passent plus temps hors sommeil à l’école qu’avec ses parents, même si ceux-ci ne travaillent pas par chômage pour « suivre » son enfant.
Bien cordialement et avec tous mes respects.
Le vieux serviteur de l’Etat et parent de trois enfants.
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