Médine a deux papas : Ramadan et Dieudonné
Médine est un personnage éminent dans la France contemporaine. Enseigné au lycée, en classe de Terminale, aux côtés de nos plus grands poètes, il donne aussi des conférences à l'École normale supérieure de Paris. Lui-même se compare volontiers à Georges Brassens. Une différence cependant : Brassens était mécréant, Médine est un islamiste prosélyte. Taquin, il aime aussi faire des quenelles de 175. Il fait la synthèse des enseignements de Tariq Ramadan et de Dieudonné. Une créature de notre République, en pleine crise d'identité.
La polémique
De nombreuses voix s’indignent depuis près d'une semaine de la venue, en octobre prochain, du rappeur Médine au Bataclan (salle de spectacles parisienne décimée par la barbarie islamiste le 13 novembre 2015). En cause : les paroles du morceau « Don’t Laïk », sorti en 2015, une semaine avant la tuerie de Charlie Hebdo. On peut en effet y apprécier le couplet suivant :
Dieu est mort selon Nietzsche
« Nietzsche est mort » signé Dieu
On parlera laïcité ente l’Aïd et la Saint-Matthieu
Nous sommes les gens du Livre
Face aux évangélistes d’Eve Angeli
Un genre de diable pour les anges de la TV Reality
Je porte la barbe j’suis de mauvais poil
Porte le voile t’es dans de beaux draps
Crucifions les laïcards comme à Golgotha ».
Ou encore ces douces paroles :
« Le polygame vaut bien mieux que l’ami Strauss-Kahn (...) / J'mets des fatwas sur la tête des cons / Je me suffis d'Allah, pas besoin qu'on me laïcise ».
C'est cette boite à rots qui va souiller les morts du Bataclan ? 🧐#PasDeMedineAuBataclan pic.twitter.com/rNozoLw3KE
— sosraciste (@sosowaciste) 10 juin 2018
Également en cause : un album, sorti en 2005, qui s’appelait Jihad, le plus grand combat est contre soi-même. Sur la pochette, la lettre « J » est formée par un sabre.
Parole à l'accusé
Aux Inrocks, en janvier 2015, le rappeur expliquait le sens de sa démarche :
« Je voulais absolument parler de la façon dont est manipulée aujourd’hui une valeur républicaine comme la laïcité alors que dans son esprit et sa lettre, la laïcité est faite pour réunir les gens ».
Il prend l’exemple de la journaliste et essayiste Caroline Fourest, qui selon lui, fait partie des gens qui « prennent en otage la laïcité pour diaboliser l’islam ».
Sur le « Crucifions les laïcards comme à Golgotha », en particulier, qui fait référence au lieu où Jésus a été condamné à mort selon les Évangiles, Médine s’était justifié sur le plateau d’Arrêt sur images en janvier 2016 :
« Crucifions les laïcards comme à Golgotha, c’est clairement un oxymore, dans ce qui est proposé comme image. On ne crucifiait pas les laïcards à Golgotha. Et d’ailleurs, il ne s’agit pas de crucifier à proprement dit les laïcards. Il y a un déroulé d’absurdités, d’oxymores jusqu’à la fin du morceau, qui amène vers l’exorcisme de la laïcité. Et c’est ça qui est le plus important. Parce qu’à la fin, je rappelle que la laïcité est possédée par un certain nombre de gargouilles de la République ».
Dans le dernier couplet de la chanson, on peut en effet entendre :
« Que le mal qui habite le corps de Dame Laïcité prononce son nom
Je vous le demande en tant qu’homme de foi
Quelle entité a élu domicile dans cette enfant vieille de 110 ans ?
Pour la dernière fois ô démons, annoncez-vous ou disparaissez de notre chère valeur
Nadine Morano, Jean-François Copé, Pierre Cassen et tous les autres, je vous chasse de ce corps et vous condamne à l’exil pour l’éternité ».
« Il faut le juger comme un morceau de rap et non pas comme un pamphlet islamiste, ajoutait-il sur LCI. Il s’agit non pas d’une critique de la laïcité, mais plutôt de ce qu’on en fait, et de ce qui devient de plus en plus de la propagande anti-religieuse ».
Dans le passé, Médine s’est plusieurs fois exprimé sur ses chansons aux paroles volontairement choquantes et provocatrices. « En tant qu’artiste, je dénonce toutes formes de violence, terrorisme et autres apologies immorales. "Don’t Laïk" est aux fondamentalismes laïques ce que les caricatures de Charlie Hebdo sont aux fondamentalismes religieux », se défendait-il dans une tribune parue dans L’Obs en janvier 2015.
En mars 2017, lors d’une conférence à l’École normale supérieure de Paris, Médine, venu expliquer ses textes et ses références, avait toutefois formulé une forme de mea culpa, selon des propos rapportés par Les Inrocks :
« La provocation n’a d’utilité que quand elle suscite un débat, pas quand elle déclenche un rideau de fer. Avec Don’t laïk, c’était inaudible, et le clip a accentué la polémique. J’ai eu la sensation d’être allé trop loin. »
Tous unis contre le fanatisme
Les défenseurs de Médine soulignent que ses textes s’en prennent au prosélytisme islamiste. « "J’crois que tu t’es pris les deux Nike Air dans le tapis d’prière/Viens pas recruter dans mon quartier c’est pas ta pépinière/T’as jamais mis le pied dans une classe et tu veux suivre les quatre écoles », rappe-t-il dans le morceau #Faigafatwa, sorti en 2015.
Quant au choix du titre Jihad pour l’un de ses albums, il s’en était expliqué sur Clique TV en 2017 :
« J’ai intitulé mon album Jihad, d’abord avec un sous-titre 'Le plus grand combat est contre soi-même', et ensuite c’était en 2005, dans un autre contexte […] Mon message à ce moment-là s’adressait à ceux qui seraient tentés de partir combattre et à ceux qui ont une définition de ce terme complètement galvaudé ».
D'ailleurs, Médine figurait en novembre 2015 parmi les signataires de la tribune « Nous sommes unis », publiée dans Libération et qui dénonçait « la folie meurtrière motivée par une idéologie mortifère et inhumaine ».
Pour finir de nous convaincre de sa bonne foi, le rappeur a réagi, le 11 juin sur son compte Twitter, à cette nouvelle polémique. En ces termes :
« Avant tout, afin de lever toutes ambiguïtés, je renouvelle mes condamnations passées à l’égard des abjects attentats du 13 novembre 2015 et de toutes les attaques terroristes (...) Voilà 15 ans que je combats toutes formes de radicalisme dans mes albums ».
Patrimoine français ou culture au rabais ?
Pour se rassurer sur les intentions de Médine, on peut se dire que le rappeur est étudié dans les manuels scolaires pour les élèves de terminale, et que l'Éducation nationale sait ce qu'elle fait : dans sa grande sagesse, elle ne donnerait jamais en exemple à la jeunesse un obscur militant islamiste, n'est-ce pas ?
Comme on le voit ici, un extrait d’une chanson de Médine apparaît dans un manuel scolaire d’Histoire destiné aux élèves de terminale.
@Medinrecords dans nos manuels d’histoire pic.twitter.com/cYVwe3fNbZ
— excel (@Paricileskoufar) 9 janvier 2018
Une page entière (dans la partie guerre d’Algérie) est consacrée à l’apprentissage du texte de son morceau “17 octobre”, un texte engagé qui traite du massacre du 17 octobre 1961, issu de son album Table d’écoute paru en 2006.
Médine enseigné aux futurs bacheliers du troisième millénaire... on se pince quand même pour y croire.
Même les Inconnus, pourtant audacieux, n'étaient pas allés aussi loin dans leur parodie d'anticipation sur ce qu'allait devenir le monde de la culture (le sketch qui suit se situe en 2025, pour les 50 ans de l'émission Apostrophes, créée en 1975) :
D'ailleurs, Médine intervient régulièrement devant des enfants, comme, en 2012, au centre socioculturel des Minimes, à Châtellerault. Il avait alors été invité dans le cadre de la Semaine de la solidarité, un événement au cours duquel de multiples actions avaient été entreprises pour permettre, dixit, « un mieux vivre ensemble. »
Médine était l'invité du « Café philo » au collège René-Descartes. Une soixantaine d'élèves étaient réunis pour discuter avec lui de l'islam. A propos des meurtres de Mohamed Merah à Toulouse, le rappeur avait lancé :
« La réaction des médias est à vomir. Ils ont stigmatisé les musulmans. Ils en font l'ennemi numéro un. Cet événement détruit toutes les passerelles construites. Les musulmans vont devoir porter un poids supplémentaire. »
Un "dérapage" selon la presse locale...
L'ami du Premier ministre ?
Si l'on veut encore se rassurer un peu, on pourrait se dire que son amitié supposée avec le très modéré Édouard Philippe est un gage de sa propre modération.
Luc Ferry a en effet affirmé que Médine était un ami du Premier ministre :
Luc Ferry révèle que le rappeur islamiste Médine est un ami du premier ministre Édouard Philippe qui l’a reçu plusieurs fois quand il était maire du Havre. pic.twitter.com/3toZKMDL26
— Alex (@AlexLeroy90) 13 juin 2018
Tout porte cependant à croire que l'ancien ministre de l'Éducation nationale n'a fait que colporter une rumeur, Édouard Philippe ayant eu l'occasion de décrire Médine comme un "pourfendeur de la laïcité républicaine" (qu'il défend pour sa part).
En revanche, en 2016, la mairie du Havre, alors dirigée par Édouard Philippe, avait bel et bien accordé 14 290 euros au club de boxe « Don’t Panik Team », fondé par Médine : 13 530 euros sous forme de « prestations en nature » et 760 euros sous forme de « subventions de fonctionnement », détaille un document officiel municipal (page 164), révélé sur Twitter, mercredi, par l’activiste identitaire et membre du blog Fdesouche, Damien Rieu.
⚠️💰 @Medinrecords remercie @EPhilippePM pour les 14290€ de subventions accordés à son équipe de boxe "Don't Panik Team" en 2016, quand il était Maire de @LeHavre. On comprends mieux pourquoi le 1er Ministre défend "la liberté d'expression" de #Médine au #Bataclan... pic.twitter.com/SwIMk9PhAF
— Damien Rieu (@DamienRieu) 13 juin 2018
Quelques mois plus tard, le club saluait la nomination du maire du Havre à Matignon sur son compte Facebook : « La Dont Panik Team tient à féliciter le nouveau premier ministre Edouard Pilippe et lui souhaite bon courage dans sa mission #PassionBoxe ».
Sur la photo, qui accompagne le message, Édouard Philippe, lui-même pratiquant, pose avec Amina Zidani, membre de l’académie de Médine et sacrée championne de France en 2016.
Contacté par Valeurs actuelles, Matignon reconnaît seulement l’attribution d’une subvention de 760 euros au club de Médine, une parmi d’autres accordées à 87 associations sportives par la ville du Havre, en 2016, considérant que les 13 530 euros versés sous forme de « prestations en nature » ne sont pas... une subvention.
« Le Premier ministre assume pleinement d’avoir subventionné ce club de renom, qui a pignon sur rue, est parfaitement légal, n’a jamais eu maille à partir avec la justice et joue un rôle important dans la ville du Havre », affirme ainsi un conseiller de Matignon.
Dans son ouvrage Des hommes qui lisent, publié en 2017, Edouard Philippe qualifie Médine de « figure havraise », qu’il a connu grâce à un ami commun. « Il est attaché à sa ville et il a écrit un morceau qui en témoigne avec une certaine tendresse », écrit-il. Et de conclure :
« Oui, la scène du rap est diverse et le rap lui-même est plus complexe qu’on ne dit (et Médine aussi, probablement) ; non, il n’est pas fait uniquement de messages de haine et d’appels à la violence. Mais surtout – oublions un instant les messages qu’il porte, il a marqué un formidable retour du texte travaillé et écrit dans la production musicale française. »
Comme l'écrit Le Figaro, on ne saurait dire si ce dernier avis s'applique aussi à l'œuvre clivante de Médine. Médine, nouveau Brassens ? Si le Premier ministre n'oserait peut-être pas une telle comparaison, le rappeur, lui, n'a pas froid aux yeux. « Comme Brassens, je ne fais pas de la musique pour qu
Ambassadeur d'une officine islamiste... et menteur
D'abord, Médine est un proche de Tariq Ramadan, comme celui-ci l'a clairement reconnu :
Tariq Ramadan :
"Medine, c'est quelqu'un que je connais personnellement et de très très proche, qui suit mes enseignements et avec lequel on a beaucoup discuté"...#Medine #PasDeMedineAuBataclan #TariqRamadan #Bataclan pic.twitter.com/xxn22a4HzU— David dobsky (@dobsky33) 10 juin 2018
L'islamologue, proche des Frères musulmans, accusé par ses détracteurs d'être un adepte du double discours, modéré pour les médias et fondamentaliste pour son public, appelle d'ailleurs le rappeur "petit frère" :
Quand #TariqRamadan partage une publication de @Medinrecords et l'appelle "petit frère" (référence à son appartenance au Frères musulmans ?). #Bataclan pic.twitter.com/NXvje4MmYj
— Damien Rieu (@DamienRieu) 13 juin 2018
Ensuite, et c'est plus gênant, et sans doute révélateur, Médine a menti sur son implication au sein d'une association islamiste, proche des Frères musulmans, "Havre de Savoir". Implantée dans la ville d’Edouard Philippe, cette association est l’organisation frériste la plus active sur les réseaux sociaux grâce à la jeunesse.
Le chercheur Romain Caillet a pu remarquer que plusieurs fatwas avaient été publiées sur le site de l’association, signées Youssef al Qaradawi, théologien de référence des Frères musulmans, ou Fayçal Mawlawi, numéro 1 des Frères musulmans au Liban.
Voici un panel des personnes auxquelles l'association Havre de Savoir donne une tribune : le Cheikh Qaradawi, Hani Ramadan, Hassan Iquioussen, Nabil Ennasri. Pour ceux qui ne les connaissent pas, faisons les présentations. pic.twitter.com/DaK0W2KzIc
— Marylin Maeso🕯 (@MarylinMaeso) 14 juin 2018
Contacté par Libération, Médine a assuré n’avoir jamais été ambassadeur, ou même adhérant de cette association. Il a seulement reconnu avoir été programmé pour une conférence en 2013 à propos de ses engagements en tant qu’artiste.
C'est un gros mensonge de la part du rappeur, qui est bel et bien un compagnon de route des islamistes...
... et l'ambassadeur officiel de l'association islamiste "Havre de Savoir".
Sur Twitter, une vidéo, postée dans la soirée du 13 juin, montre Médine déclarer il y a vraisemblablement quelques années :
« Je suis désormais l’ambassadeur de « Havre de savoir » lors de mes déplacements, de mes concerts à l’extérieur. J’essaye toujours de placer un mot pour promotionner l’association ».
Taqîya ?
Ce soir @Medinrecords a menti, comme tout bon islamiste, en cachant sciemment devant la presse son appartenance à l’asso « Havre de Savoir », dont on sait qu’elle est d’obédience Frères Musulmans,est parmi les plus intégristes des associations islamistes qui sévissent en France pic.twitter.com/ETuv3DX4Mj
— Waleed Al-husseini (@W_Alhusseini) 12 juin 2018
Incitation à la haine
On peut comprendre Médine d'avoir tenté de masquer, face à la presse de gauche, qui lui est a priori favorable, ses liens profonds avec une association qui promeut (entre autres fanatiques) le prêcheur Youssef Al Qaradawi. Un homme qui rejette la laïcité, appelle à ne pas respecter la loi sur les signes religieux en France, justifie le terrorisme et les attentats-suicides en Israël, et fait l'apologie des exactions nazies contre les Juifs.
Pour l’association que parraine Médine, les Yézidis génocidés par Daesh sont des « adorateurs de Satan ». En effet, en 2015, Moncef Zenati, membre actif de l’UOIF et patron de l’association Havre de Savoir, édite sur Youtube une vidéo intitulée « Les Yazidites : Les adorateurs de Satan ». Qualifier les Yezidis d’ « adorateurs de Satan » n’est pas anodin. Il s’agit d’un qualificatif très péjoratif, utilisé par les islamistes sunnites, dont Daesh, pour signaler que les Yézidis sont « mécréants » et justifier les massacres dont ils sont victimes. Comme l'écrivent Carla Parisi, Fiammetta Venner, sur Ikhwan Info, le génocide a été préparé en amont par une campagne de déshumanisation des Yézidis, considérés par des prédicateurs islamistes comme indignes de respect.
En diffusant en France, les justifications théologiques de la déshumanisation des Yézidis, les Frères musulmans français les ont importées en France. Selon l’Association des Yezidis de France, un jeune lycéen Yézidi réfugié en France a été repéré par ses camarades et menacé comme « sataniste » quelques semaines après la diffusion de la vidéo. Moncef Zenati met l'accent sur les points du yezidisme qui constituent un blasphème dans la religion musulmane. En faisant cela, il sait parfaitement qu'il les condamne à mort. Si ce sont d'anciens musulmans qui se sont convertis, la sentence est irrévocable : leur extermination.
Pour se prémunir de toute accusation de complicité de crime contre l'humanité, Moncef Zenati déclare : « on entend ce qu'il se passe en Irak, ils sont persécutés, chassés, tués, etc, on appelle pas à ça » (23.45), « nous c'est dans un but scientifique d'instruction ».
⚠️🔴 #Médine et Moncef Zenati (traducteur de Qaradawi) :
➡️Lisez cet article sur Zenati expliquant que le peuple Yézidis génocidé par Daesh est sataniste : https://t.co/tCD4Oj3GdV …
➡️ Regardez cette vidéo où @Medinrecords dit que Zenati est son prof pic.twitter.com/TWNQP1ZbWE— Damien Rieu (@DamienRieu) 14 juin 2018
Il se trouve que Moncef Zénati est le "professeur" de Médine...
⚠️OUPS : l'islamiste Zenati, spécialiste de Qaradawi (prédicateur radical connu pour ses propos sur les juifs, les homosexuels, recherché par interpol...), revendique sur son profil fb être le professeur de #Médine... et efface. Heureusement on a capturé 👀#Bataclan pic.twitter.com/utwfPTy9My
— Damien Rieu (@DamienRieu) 13 juin 2018
L'image du rappeur modéré en prend un sacré coup. Et ce n'est pas fini.
En 2015, Médine fait la promotion du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens, classé terroriste au Canada et aux États-Unis, car il sert à ramener de l'argent au Hamas ; l’association est également accusée de terrorisme par l’État d’Israël.
Nouvelle révélation sur les liens entre #Médine et des associations islamistes 🔽
En 2015, il fait la promotion du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens, classé terroriste au Canada et aux USA car elle sert à ramener de l'argent au Hamas.#PasDeMédineAuBataclan pic.twitter.com/HZq5SzeKfF— Antoine Baudino (@AntoineBaudino) 14 juin 2018
Le 18 janvier 2017, Médine se compare à Ahmed Deedat, prédicateur islamique dont les écrits ont été interdits en France « en raison de sa tonalité violemment anti-occidentale et de l’incitation à la haine raciale qu’elle contient ». Deedat a multiplié les vidéos antichrétiennes, antisémites et anti-hindoues.
Médine fréquente encore Hassan Iquioussen, un prédicateur cultivant la haine anti-juive, qui a tenu des propos complotistes et pour qui les attentats sont de « faux problèmes ».
1️⃣ Faire des conférences avec le prédicateur Iquioussen qui explique que « les attentats sont de faux problèmes ».
2️⃣ Organiser un concert au #Bataclan et s’étonner que ça choque les familles des victimes et les Français. pic.twitter.com/mUUQcZzMYH— Damien Rieu (@DamienRieu) 13 juin 2018
Complotisme anti-juif
Médine avait tenu, on s'en souvient, des propos polémiques sur Mohamed Merah devant des enfants. Or, il se trouve que l'association dont il est l'ambassadeur a diffusé un article sur la "présomption d'innocence" de Mohamed Merah :
« Pourquoi parle-t-on de Merah comme s’il avait effectivement été le responsable de tous ces meurtres ? Que je sache, la justice n’a pas encore rendu son verdict ? En parlant d’“assassin“, de “monstre“ et de “tueur“, comment les plus hautes autorités de l’Etat peuvent se permettre à ce point de fouler aux pieds la règle élémentaire de la présomption d’innocence ? Parce qu’en l’occurrence le présumé avait tout pour être désigné comme le coupable idéal ? » (…)
« Comment expliquer que Christophe Barbier nous dise, quelques jours avant ces tueries abominables, que « seul un cataclysme capable de fédérer les Français autour de son président peut offrir une chance de réélection à Sarkozy » ? Pourquoi tout cela arrive un mois avant l’élection présidentielle ? Pourquoi, alors que Merah était fiché et surveillé, il ait pu se doter d’un arsenal de fusils, kalachnikov et explosifs alors même que son casier judiciaire était déjà bien fourni ? »
On sent poindre ici le complotisme qui déresponsabilise les coupables, dont Tariq Ramadan, comme Dieudonné, son autre mentor, sont coutumiers.
Car, comme le rappelle Marie Peltier, auteur d'un ouvrage sur le conspirationnisme, Médine est un soutien de l'humoriste controversé :
Médine est un authentique maître quenellier, comme le montre cette photo prise dans les locaux de la radio Skyrock :
Pour la nouvelle année, en 2014, Médine choisit encore de faire une superbe quenelle (geste antisémite selon Le Monde) :
Bref, Médine est un serial quenelleur...
Il avait d'ailleurs rencontré le racialiste noir Kémi Séba en 2014 à la Main d'Or, le théâtre de Dieudonné, avant de le retrouver, quelques jours plus tard, à Bruxelles :
⛔️ Autre exemple pour comprendre la méthode Médine ? 2014, critiqué pour sa chaleureuse rencontre avec Kémi Seba chez Dieudonné il se dit incompris et se défend de tout soutien #OuinOuin ! Sauf qu'une semaine après cet article on le retrouve où ? https://t.co/Dq0LueLTJA pic.twitter.com/C0AUPO6tVZ
— salima parsovaci (@parsovaci) 14 juin 2018
Le 10 décembre 2017, Conspiracy Watch n'a pas manqué de remarquer qu'un "slogan complotiste anti-juif", « Pour la séparation du CRIF et de l’État », avait été largement diffusé en 2014 par l’association "Havre de Savoir"...
... et par Tariq Ramadan lui-même, le "grand frère" de Médine :
Selon l’historien Samuel Ghiles-Meilhac, auteur de Le CRIF. De la Résistance juive à la tentation du lobby. De 1943 à nos jours (Robert Laffont, 2011), « le développement d’un tel slogan entretient l’idée de la toute-puissance du Crif » :
« Ceux qui le relaient tentent de choquer les esprits. En fait, ils s’inscrivent dans le discours du livre d’Anne Kling, Le CRIF, un lobby au cœur de la République, paru en 2010 et vendu aujourd’hui sur le site d’Alain Soral. L’auteure s’appuie sur l’idée qu’il existerait une emprise et un entrisme juif au sein de la République. Ce thème de la “séparation” renvoie à l’idée qu’il faudrait couper quelque chose qui empêcherait l’Etat de respirer, d’être vraiment indépendant de toute influence. C’est une rhétorique porteuse de violence potentielle ».
N'allez pas croire que Médine soit pour autant en odeur de sainteté chez E&R, l'officine de Soral ; bien au contraire, celle-ci dénonce sa tiédeur, consistant à "se plaindre de l’hypocrisie de la laïcité et de la République sans en nommer le véritable commanditaire et bénéficiaire. Le pouvoir sioniste peut ainsi dormir tranquille".
Cerise sur le gâteau : Médine, avec un zeste d'homophobie, nous explique ce que sont l’intégration et l'assimilation, et pourquoi ils les refusent (les connaisseurs auront encore reconnu, dans la référence aux cheveux défrisés des Noirs, l'influence de Dieudonné) :
« Intégrer ça veut dire renoncer à ses origines, sa religion... en gros ressembler à M. tout le monde... que tu sois un noir qui se défrise les cheveux et qui fasse un peu tarlouze.... »
Médine, avec un zeste d'homophobie nous explique ce qu'est l’intégration et l'assimilation.
[...]Intégrer ça veut dire renoncer à ses origines, sa religion... en gros ressembler à M. tout le monde... que tu sois un noir qui se défrise les cheveux et qui fasse un peu tarlouze.... pic.twitter.com/zc1O0FoQNT— L'Amicale des Jeunes du Refuge (@AmicaleRefuge) 13 juin 2018
Voilà donc ce que l'on a pu apprendre sur Médine ces dernières heures... et qui défrise quelque peu.
Mais, au lieu de répondre sur le fond, tant Matignon que le rappeur esquivent. Le communiqué de Matignon met en cause « les rumeurs de la fachosphère ». Quant à Médine, il conclut son propre communiqué en posant la question suivante : « Allons-nous laisser l’extrême droite dicter la programmation de nos salles de concerts voire plus généralement limiter notre liberté d’expression ? ».
Les censeurs de droite et d'extrême droite
S'il est vrai que, comme souvent dans ce genre d'affaire, l'extrême droite identitaire est à la pointe de la dénonciation, elle n'est pas seule. Le spectre de l'indignation est beaucoup plus large, comme on va le voir.
Ce matin, nous étions devant le #Bataclan pour dire NON au concert de #Médine ! Les islamistes ont assassiné 90 personnes dans cette salle, nous ne laisserons pas un militant des "Frères Musulmans" y chanter !#PasDeMedineAuBataclan pic.twitter.com/WkddByf1p1
— Romain Espino (@RomainEspino) 14 juin 2018
La venue du rappeur au Bataclan a d'abord été dénoncée par des identitaires, comme Damien Rieu, qui explique dans cette vidéo ce qu'il reproche à Médine et à l'association islamiste qu'il soutient :
L'écrivain identitaire Laurent Obtertone a, lui aussi, pris la parole sur un problème qu'il juge de première importance :
Comme un autre écrivain de la même mouvance de droite, Paul Fortune, qui a écrit cette lettre pour demander l'annulation du concert du rappeur :
« Madame, Monsieur,
Vous êtes mieux placé que quiconque pour comprendre le symbole que constitue le Bataclan depuis qu’il a été ensanglanté par un attentat islamiste le 13 novembre 2015, attentat revendiqué par l’organisation terroriste islamique connue sous le non de Daesh.
Le rappeur connu sous le nom de « Médine » est programmé au Bataclan pour les 19 et 20 octobre prochains. Cet individu, qui n’hésite pas à s’afficher avec un t-shirt portant l’inscription « jihad » au milieu duquel figure un sabre islamique, se réfère explicitement à Daesh dans l’un de ses morceaux lorsqu’il déclare « J’arrive sur tous les sites comme un djihadiste de Daesh ». Il fait ainsi directement référence à l’organisation terroriste qui s’est rendue coupable de crimes horribles aussi bien en Europe qu’au Levant.
Le concert de cet individu dans un lieu aussi symbolique que le Bataclan constitue une provocation ouverte et un manque de respect intolérable à l’égard des victimes de l’attentat du 13 novembre 2015, dont certaines ont été éviscérées, énuclées ou ont subi des mutilations génitales, comme le mentionne l’audition d’un policier ayant pris part aux événements devant une commission d’enquête parlementaire.
Le sujet est plus sensible que vous ne semblez le croire et une grande partie de la population française serait probablement très choquée qu’un tel concert puisse avoir lieu.
Je vous demande donc de reconsidérer la programmation de ce concert et, dans un esprit d’apaisement et de concorde, de l’annuler.
Si cependant ce concert devait être maintenu, il est bien évident qu’à titre personnel, je ne remettrai jamais les pieds au Bataclan et que j’inciterai mon entourage et relations à faire de même. De plus, je ne manquerai pas d’écrire aux artistes susceptibles de se produire au Bataclan afin de les informer de la situation.
J’en appelle à votre sens des responsabilités, et je suis persuadé que vous comprendrez la gravité du symbole.
Je vous remercie de m’avoir lu. »
Une page Facebook et une pétition en ligne, lancée par un cadre du Rassemblement national (RN), appellent au boycott du rappeur et à l’annulation des deux concerts de Médine, prévus les 19 et 20 octobre dans la salle où 90 personnes ont été tuées le 13 novembre 2015 par un commando djihadiste.
Marine Le Pen, la présidente du RN, a estimé dimanche « qu’aucun Français ne peut accepter que ce type aille déverser ses saloperies sur le lieu même du carnage du Bataclan ». « Les familles des victimes ne sont pas respectées… », a ajouté le maire de Béziers Robert Ménard.
Aucun Français ne peut accepter que ce type aille déverser ses saloperies sur le lieu même du carnage du #Bataclan.
La complaisance ou pire, l’incitation au fondamentalisme islamiste, ça suffit ! MLP #PasDeMédineAuBataclan pic.twitter.com/Xqu4JLwz6t— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 10 juin 2018
Mais la droite classique a aussi réagi. Plusieurs élus LR, dont les députés Éric Ciotti et Valérie Boyer, ont publiquement condamné le rappeur, de même que le président du parti Laurent Wauquiez : « Au Bataclan, la barbarie islamiste a coûté la vie à 90 de nos compatriotes. Moins de trois ans plus tard, s’y produira un individu ayant chanté "crucifions les laïcards" et se présentant comme une "islamo-caillera". Sacrilège pour les victimes, déshonneur pour la France ».
Au #Bataclan, la barbarie islamiste a coûté la vie à 90 de nos compatriotes. Moins de trois ans plus tard, s'y produira un individu ayant chanté « crucifions les laïcards » et se présentant comme une « islamo-caillera ». Sacrilège pour les victimes, déshonneur pour la France.
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 10 juin 2018
Bruno Retailleau, sénateur LR, en appelle même à Gérard Collomb. Il lui demande d'utiliser « contre ce rappeur les mêmes armes que celles utilisées contre Dieudonné ».
Même indignation et même appel à la censure de la part de Nicolas Dupont-Aignan :
Il prévoit d’aller chanter « Crucifions les laïcards comme à Golgotha » et promouvoir son album #Jihad au #Bataclan, symbole de la barbarie #islamiste.
Français, battons-nous pour que #Medine ne salisse pas la mémoire de nos morts.
#PasDeMédineAuBataclan pic.twitter.com/bkyhLWOr8Q— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 10 juin 2018
Vive émotion parmi les modérés et les familles de victimes
La vague de protestation dépasse largement les rangs de la droite dure. Elle atteint le très modéré Jean-Pierre Raffarin :
Le Bataclan ne sera jamais une salle de spectacle comme les autres. Sa programmation doit être respectueuse de la cicatrice ouverte à jamais.
— Jean-Pierre Raffarin (@jpraffarin) 11 juin 2018
La députée LREM Aurore Bergé a aussi exprimé son malaise. « Ses paroles sont, ni plus ni moins, un appel au meurtre. Cela s'appelle un constat. Maintenant préparons nous aux procès d'intention et à la victimisation », écrit-elle.
Cette affiche est une insulte à ceux qui sont morts au #Bataclan.
Ses paroles sont, ni plus ni moins, un appel au meurtre.
"Crucifions les laïcards comme à Golgotha."
Cela s'appelle un constat.
Maintenant préparons nous aux procès d'intention et à la victimisation. pic.twitter.com/O5iHf6NZSl— Aurore Bergé (@auroreberge) 10 juin 2018
Condamnation et inquiétude chez Brice Couturier, journaliste à France Culture :
Les avocats Bernard Benaïem et Caroline Wassermann, qui défendent une dizaine de familles victimes de la tuerie du Bataclan, ont lancé un recours pour faire annuler les concerts, en vertu du risque de « trouble à l’ordre public » et de la notion d’« ordre public moral ».
#Bataclan : @Medinrecords, le rappeur qui "crucifie les laïcards"
"Les familles des victimes ne peuvent pas comprendre que, dans ce même lieu qui a été le théâtre des horreurs islamistes, ce rappeur se produise" Caroline Wassermann, avocate de victimes pic.twitter.com/pNzr9kgkzo— i24NEWS Français (@i24NEWS_FR) 10 juin 2018
« [Elles] ne peuvent pas comprendre ni supporter que quand on a un fils ou une fille qui est mort ou blessé au Bataclan, que dans ce même lieu – qui a été le théâtre des horreurs islamistes – […] on permette à quelqu’un qui chante ‘Je porte la barbe, je suis de mauvais poil, crucifions les ‘laïcards’ comme Golgotha’ » de se produire, a indiqué Caroline Wassermann sur i24NEWS.
« On est choqués, on se demande comment on a pu laisser passer une chose pareille », s’est indignée l'avocate, qui a précisé qu’elle allait écrire « au préfet de police de Paris pour qu’il puisse […] prendre des mesures ou un arrêté pour interdire ce spectacle ». « Il est prévu également d’alerter officiellement le ministère de la Culture et différentes instances nationales », a-t-elle ajouté.
La mère d'une victime du Bataclan a directement livré un point de vue similaire :
La mère d'une victime du Bataclan : "je pense que ce concert n’a pas sa place, ce lieu a été baigné de sang » ; si tout n'est pas perdu dans ce pays, il faut espérer que la voix des victimes du Bataclan fera taire la voix du rappeur Médine dont un album s'intitule "djihad "... pic.twitter.com/AsyJJo1cBQ
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 11 juin 2018
Soutien de l'extrême gauche
En dépit de cette levée de boucliers, le rappeur a reçu des soutiens, à commencer par la députée de la France insoumise Danièle Obono ; interrogée lundi matin sur ses concerts à venir, la députée LFI a répondu sur BFMTV :
« Pourquoi ça me choquerait ? C’est un chanteur qui se produit dans une salle de spectacle. Et voilà. »
On aura aussi relevé le soutien appuyé du jeune Insoumis Taha Bouhafs, qui s'était déjà fait remarquer dans l'affaire de la rumeur de Tolbiac :
Marxistes "don't laïk" pic.twitter.com/7aj5NEIaDy
— Gabriel Robin (@gabirobfrance) 10 juin 2018
Soutien sans faille également des jeunes communistes du Havre :
Mais aussi du journaliste Daniel Schneidermann (Arrêt sur images) :
A tous ceux qui ont des opinions très arrêtées sur #Médine sans le connaître, écoutez-le parler ! https://t.co/UbIzQgTigy #Bataclan
— Daniel Schneidermann (@d_schneidermann) 10 juin 2018
Quant à Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, il avait en 2016 soutenu que Charlie Hebdo disait "bien pire" que Médine appelant à "crucifier les laïcards" :
« Charlie Hebdo dit bien pire, Charlie Hebdo dit bien pire pour les catholiques, pour les musulmans, pour les intégristes et ils ont bien le droit de le dire, on est dans un régime de libertés. »
Jean-Louis Bianco oublie simplement un petit détail, que rappelle Marianne :
« C’est justement parce qu’ils étaient considérés par des illuminés comme de dangereux "laïcards", dévoyant la laïcité pour stigmatiser l’islam, que les dessinateurs de Charlie ont été crucifiés. A la kalach. »
Les défenseurs de la liberté d'expression
Il existe enfin une dernière catégorie, peut-être la plus intelligente : celle des adversaires politiques de Médine, qui défendent néanmoins sa liberté d'expression et donc son droit à se produire au Bataclan, aussi choquant que cela puisse leur paraître.
C'est le cas du militant laïque et féministe Naëm Bestandji.
La choquante programmation de #Medine au #Bataclan ne peut pas être interdite. La liberté d'expression est à ce prix. Nous ne pouvons pas brandir cette liberté pour nous-mêmes et la refuser pour nos adversaires, aussi immondes soient-ils. Mon article :
https://t.co/rWurWrFkVq pic.twitter.com/405LwrxiQc— Naëm Bestandji (@BestandjiNaem) 13 juin 2018
Voici ce qu'il écrit, très lucidement :
« Le militant islamiste Médine, qui aime entre autre voiler occasionnellement sa petite fille pour la préparer au statut qui l'attend, a fait du rap son support de prédication politico-religieux. Depuis que son passage au Bataclan a été annoncé, de nombreux articles et publications sur les réseaux sociaux ont apporté tous les éléments qui montrent sa radicalité religieuse et politique.
Emule de Tariq Ramadan et de nombre de prédicateurs Frères Musulmans, il est, selon ses mots, "officiellement l'ambassadeur de Havre de Savoir". Cette association est une des vitrines des Frères Musulmans en France et ne s'en est jamais cachée. Elle considère par exemple Youssef Al-Qaradhawi (le plus important théologien de la Confrérie encore en vie) comme une référence absolue et regrette son interdiction de territoire. Ce théologien ultra sexiste, homophobe et antisémite considère l'Europe comme une terre de conquête : "L'islam s'installera de nouveau en Europe. La conquête doit-elle se faire par l'épée ? Non, pas nécessairement. Il y a ce qu'on appelle une conquête pacifique. L'islam reviendra sans passer par l'épée. La conquête se fera par la dawa et la prédication."
C'est exactement ce qu'applique Médine. Son support, le rap, est un des meilleurs outils pour cela, et c'est pour cela qu'il est mis en avant par la Confrérie. Les résultats ne se sont pas fait attendre : ce militant d'extrême droite est soutenu, comme toujours dans ces cas-là, par une partie de la gauche. Il flatte aussi l'extrême droite traditionnelle qui trouve encore un prétexte pour diaboliser tous les musulmans, puisque Médine serait un "musulman lambda". Parallèlement, Médine se victimise en dénonçant "l'islamophobie de l'extrême droite". Tous ses détracteurs sont ainsi assimilés au fascisme. Comme je ne cesse de le dire, ces deux extrêmes droites ont besoin l'une de l'autre.
Il est normal que son passage annoncé au Bataclan choque toute une partie de la population. Comme montré plus haut, il est le représentant juridiquement acceptable de l'idéologie mortifère qui était passée au même endroit en novembre 2015 et qui fit près de 130 morts et plus de 350 blessés. Peut-être est-ce une nouvelle forme de quenelle de la part de Médine. Devrait-on interdire son passage pour autant ? Non. Si les paroles pourraient être juridiquement condamnables, alors des plaintes doivent être déposées et ce sera à la justice de trancher (...). Philosophiquement également, Médine a le droit de s'y produire, aussi choquant que cela puisse être. La liberté d'expression est à ce prix. Nous ne pouvons pas brandir cette liberté pour nous-mêmes et la refuser pour nos adversaires, sauf encore une fois si ces adversaires tiennent des propos hors la loi. (...) »
Même point de vue chez l'éditeur militant Jean Robin, éternel défenseur de la liberté d'expression, sans la moindre restriction. Au nom de nos valeurs, dit-il, nous devons laisser Médine s'exprimer où il le souhaite, et ne surtout pas le laisser se victimiser.
Même avis chez le journaliste au FigaroVox, Alexandre Devecchio...
Comme pour Dieudonné, l'interdiction de #Médine au #Bataclan ne ferait que le victimiser. Le plus inquiétant est que la salle sera très vite pleine. Symptôme inquiétant de plus de la montée en puissance d'une idéologie antifrançaise qui doit être nommée et combattue au quotidien.
— Alexandre Devecchio (@AlexDevecchio) 10 juin 2018
... ou encore chez le prof de philo (comme il aime à se désigner) Raphaël Enthoven :
Le Printemps républicain a également réagi. Par un communiqué, le mouvement laïque a regretté une "provocation" du rappeur tout en rejetant l'idée d'une interdiction de son spectacle. "Une telle interdiction offrirait une formidable occasion à ce rappeur de s'ériger en victime de la censure", peut-on lire dans ce texte relayé sur les réseaux sociaux.
Logique commerciale... ou idéologique ?
Ce qui ne l'empêche pas d'interpeller les programmateurs de la salle parisienne : "Nous nous interrogeons néanmoins sur la responsabilité de la direction de la salle [...] Dans un tel lieu de mémoire, la logique purement commerciale ne peut s'imposer, seule, quant au choix des artistes invités à se produire sur scène."
[Communiqué du Printemps Républicain 📢]
Médine au Bataclan : ni censure, ni injure ! pic.twitter.com/GoHLxzpsg0— PrintempsRépublicain (@printempsrepub) 10 juin 2018
La chroniqueuse Françoise Degois se demande, elle aussi, si les proprétaires du Bataclan ne sont pas tombés sur la tête :
Je ne connais pas le rappeur #Medine mais accepter une telle affiche , ne serait ce que visuellement , c’est insupportable ! Tout simplement . Les propriétaires du #Bataclan sont il tombés sur la tête ? pic.twitter.com/oy3tPFbCMN
— francoise degois (@francoisedegois) 10 juin 2018
Pour tenter d'expliquer que le Bataclan permette à Médine de se produire, Jean-Yves Le Gallou (TV Libertés) a fait sa petite enquête, pour découvrir que la salle de spectacle était la propriété du groupe Lagardère, dont le principal actionnaire est... le Qatar (qui a peut-être quelque intérêt à promouvoir les idées de Médine) :
Le propriétaire du #Bataclan c’est le groupe #Lagardère dont le principal actionnaire est le ...#qatar https://t.co/Z8VyfqqDKi
— Jean-Yves Le Gallou (@jylgallou) 10 juin 2018
Le respect scrupuleux de la loi
De son côté, Édouard Philippe a justifié mardi l'absence d'intervention du gouvernement à propos de la demande d'annulation des concerts du rappeur Médine prévus au Bataclan. Il a invoqué le respect "scrupuleux" de "la loi" et de la "liberté d'expression".
« On peut se fixer comme règle simple (...) de vouloir en toute matière respecter la loi. Et la loi s'agissant d'un concert (...) est très simple : elle ne permet d'interdire que lorsque la programmation causerait un trouble manifeste à l'ordre public » en cas d'« incitation à la haine raciale », a déclaré le Premier ministre devant le Sénat en réponse à un parlementaire.
« Voilà les deux seuls fondements qui pourraient justifier une mesure. Nous respecterons donc scrupuleusement et la liberté d'expression, et la loi », a-t-il encore insisté en s'estimant « aussi attachés au respect de la loi qu'à la mémoire de ceux qui ont trouvé la mort ou qui étaient présents ce soir-là ».
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