Ne pas remplacer un lampadaire sur deux…
Non, il n’y a pas d’erreur dans le titre de mon article. C’est vrai que d’habitude le slogan s’applique aux fonctionnaires et constitue l’alpha et l’oméga de la politique de restrictions budgétaires qui s’applique aux fonctionnaires d’Etat et bientôt à ceux des collectivités territoriales.
Quel rapport avec les lampadaires, me direz-vous ?
C’est un article dans mon quotidien régional qui m’a alerté : la commune de Cesson Sévigné (15239 habitants) en périphérie de Rennes, compte 5607 lampadaires dont 2400 en mauvais état et 834 qui devraient être changés. Problème : un lampadaire neuf coûte 2000€ et certains plus de 6000€ et les remplacer d’un coup serait un gouffre financier pour la commune.
Il faut dire que cette commune a mis le paquet sur les lampadaires sous l’ancienne municipalité puisqu’on en compte près de un pour trois habitants tout de même, le « must » étant l’équipement du site de transport en site propre entre la commune et Rennes.
Le remède proposé
Actuellement, l’exploitation et l’entretien de ce parc de lampadaires sont assurés par une entreprise privée dans le cadre d’un marché public. Pour faire face au problème posé, la commune envisage d’établir un partenariat public privé (P.P.P.) qui mettrait à la charge du nouveau « partenaire » le programme d’investissements.
On connait les dérives de ce genre de contrat, déjà très utilisé par l’Etat (prisons, hôpitaux), qui n’investit plus dans la construction mais paye des loyers très élevés sur de longues durées.
Dernier scandale en date : l’Hôpital de Corbeil construit sous le régime du P.P.P., toujours pas ouvert en raison de multiples malfaçons (8000), mais dont le titulaire du contrat perçoit déjà des loyers conséquents.
Les contribuables de Cesson Sévigné doivent donc s’attendre à payer, très cher, et sur plusieurs années, les frais de ce contrat de Partenariat Public Privé, parce que la commune n’a plus les moyens de faire face en investissement… sauf peut-être à supprimer un lampadaire sur deux sur certains axes trop bien pourvus.
Pour aller plus loin
La crise financière, de l’endettement et des déficits publics justifient le discours sur la réduction du nombre de fonctionnaires.
On apprend que l’Etat pourrait contraindre les collectivités à restreindre les effectifs de personnel en modulant les concours et dotations qu’il leur verse.
Cette politique « pensée unique » de diminution du nombre de fonctionnaires empêche d’envisager ce que pourrait être une autre politique des collectivités locales visant à diminuer la dépense autrement qu’en touchant aux effectifs.
Nous avons l’illustration avec cet exemple des lampadaires que le problème n’est pas uniquement là où on veut bien nous le dire, que les politiques d’investissement des collectivités locales mériteraient d’être revues, et que les économies d’échelle sont à trouver avant tout par le regroupement des collectivités.
Ajoutons aux lampadaires, les aménagements urbains (barrières, poteaux, chicanes, ralentisseurs, etc…) dont l’entretien et le renouvellement se poseront également et qui vont grever durablement les budgets des collectivités, sans compter les ronds points dont le côté artistique peut parfois nous échapper (la France détient la moitié des ronds points de toute l’Europe).
Tout ce système a vécu, on le voit bien, et une commune comme celle de Cesson Sévigné, pourtant pas parmi les plus défavorisées, se trouve dans une impasse, et ne met pas en place la bonne réponse qui ne fera qu’augmenter les dépenses de fonctionnement et justifiera sans doute à terme des coupes sombres dans les autres budgets (du personnel, par exemple).
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