Réforme de l’école : la méthode Darcos
Pourquoi de nouveaux programmes pour les écoles élémentaires et maternelles ?
Ceux de 2002, modifiés en 2007 ont-ils été remis en cause après un bilan approfondi de leur application dans les écoles ?
Non, ils n’ont pas été analysés, aucun bilan n’a été dressé.
La décision découle de la volonté politique de supprimer la classe le samedi.
Bien, nombre de départements fonctionnent sur 4 jours avec le même volume annuel que les autres : vacances raccourcies et travaux certains mercredis matins. Une analyse des expériences existantes a-t-elle conduit au choix de généraliser cette expérience ?
Non. La décision fut de réduire le temps de classe pour tous les élèves, faisant passer le temps moyen hebdomadaire de 26 heures à 24 heures.
Pourquoi supprimer la classe le samedi matin ? Des études sur le rythme de l’enfant, sur les processus d’apprentissages ont-ils montré que concentrer la classe sur 4 jours serait bénéfique pour l’apprentissage ?
Non,aucune étude ne l’indique.
La raison est simple, comme l’a expliqué X.Darcos en octobre 2007 : 2 sondages successifs ont montré que 82 % des parents y étaient favorables. Il n’est pas question de réformer l’école pour mieux y apprendre, mais pour faire plaisir aux parents.
Dont acte.
Bien entendu, réduire le temps de classe n’est pas envisageable sans en revoir les programmes. Donc voici une nouvelle réforme.
Les nouveaux programmes arrivent, ils sont prêts, les manuels sont imprimés, nous sommes fin février 2008. Et maintenant commence la concertation. Et oui, voici la nouvelle méthode de concertation : on fait d’abord, on demande leur avis après.
Les enseignants, les pédagogues, les associations de parents donnent leur avis de façon quasi unanime : personne ne veut de ces programmes. La conclusion de la synthèse des inspecteurs de l’éducation nationale de Loire-Atlantique est un exemple éclairant : « À vouloir tout contrôler, tout surveiller, tout cadrer, on veut construire une école où le formatage prime sur le développement de la personne et de son intelligence ».
Forts de cet encouragement, les nouveaux programmes version 2 arrivent fin avril. Ils intègrent quelques modifications de façades et reprennent l’essentiel de ce qui a été critiqué.
Que contient cette réforme ? Quelques phrases de Bernard Collot en donnent un raccourci éclairant : Voilà une réforme ... qui consiste à supprimer trois heures de classe pour la majorité pour les faire subir à une minorité, à rajouter des contrôles et des évaluations à tous les coins de la scolarité comme on rajoute des caméras de vidéosurveillance à tous les coins de rue, à pondre un ennième programme, à instaurer des « stages » pour ceux que le système aura ou loupé, ou abimé, stages animés par les mêmes, à proclamer une liberté pédagogique qui a toujours exister et qu’on aurait bien du mal à supprimer puisqu’on ne sait pas comment les enseignants pourront bien arriver à remplir les objectifs annoncés aux micros, tout en obligeant lesdits enseignants à pratiquer des méthodes officielles ... Bref, faire croire au « peuple » qu’on a tout réformé quand on ne réforme rien du tout et qu’en fait de réforme on revient à toute allure à la préhistoire de l’école.
Concernant plus spécifiquement la maternelle, X.Darcos explique en mars 2008 : « S’agissant de l’école maternelle, sa finalité est de préparer les élèves à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. ». Ce qui contraste de façon saisissante avec les finalités de 2002 : « L’école maternelle a pour mission d’aider chaque enfant à grandir, à conquérir son autonomie et à acquérir des attitudes et des compétences qui permettront de construire les apprentissages fondamentaux. » !
A réduire sa fonction à préparer le CP, on est en droit de douter de l’utilité de 3 années de maternelle pour y parvenir. Les autres pays d’Europe semblent très bien s’en passer. La spécificité française n’est elle pas remise en cause de façon implicite par ces nouveaux programmes ? Certes, ce n’est pas encore pour demain matin, mais faire de la politique consiste aussi à préparer l’avenir.
Et vous, voulez-vous, pour l’école de vos enfants, de l’avenir qui se dessine ?
Liens :
Article « Ecole primaire : les raisons de la grogne »
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