Sanofi : l’essentiel c’est la santé ... financière
L'été sera chaud pour le numéro 1 français de la pharmacie. Christian Lajoux se lance dans un spectacle de marionnettes qui à défaut de faire rire les enfants, fait pleurer les parents. Sa main droite explique via le LEEM qu'il dirige (le syndicat représentant toutes les firmes pharmaceutiques) que la situation du médicament est grave et sa main gauche met en oeuvre un gigantesque plan social au sein du groupe Sanofi qu'il dirige également. Pour le plus grand bonheur des actionnaires !
Dans la Lettre Pharma du 29 juin 2012 n°402, nous pouvions lire :
Le président du LEEM n'est pas seulement un acteur du médicament, il représente aussi une entreprise. Et c'est d'ailleurs grâce à elle qu'il occupe ses fonctions de président. "Je pense sincèrement que le président de l'organisation doit être issu d'un laboratoire qui n'est pas seulement une entité commerciale. Dans l'idéal, il faut que cette entreprise ait sur la France un site de production, un site de R&D, et qu'il entretienne des partenariats avec des organismes publics dans la recherche. Dans le cas contraire, il me semble difficile de pouvoir anticiper et connaître parfaitement les problématiques liées à ces activités et incarner d'éventuelles solutions".
"Il ne faut pas croire que je passe 80% de mon temps au Leem et que je ne suis chez Sanofi que pour récupérer mon courrier ! Loin s'en faut. et je serais prêt à sortir mes emplois du temps des 10 derniers mois si cela pouvait lever certaines réticences".
Bref, un patron qui assume, un patron qui bosse, un patron un vrai !
Mais ses prises de positions "prudentes" vis à vis de l'ancien ministre de la santé Xavier Bertrand ont fragilisé le secteur. (Lire : Gueule de bois pour les Entreprises du Médicament).
Une semaine plus tard, non sans un certain cynisme, la Direction Générale de "Sanofi qui n'est pas seulement une entité commerciale" annonce une réorganisation de ses activités.
Selon les syndicats, entre 1200 et 2500 postes sont concernés chez Sanofi France par cette restructuration.
Selon Thierry Bodin, responsable CGT, entre 2009 et 2011 4.000 postes ont déjà été supprimés en France. « Economiquement, il n'y a pas de justification puisque la direction reconnaît que Sanofi fait 8,8 milliards de profits et va verser 4,5 milliards aux actionnaires », a conclu, amer, le responsable CGT.
4,5 milliards d'euros, il faut les trouver ! Ce plan d'économies de 2 milliards devrait mettre du beurre dans épinards ... des actionnaires.
"L'entreprise qui doit avoir un centre de production en France, un site de R&D" selon les propres mots de son président France, mais cette fois-ci prononcés en tant que patron du LEEM, devrait fermer notamment son centre de recherche amont et son unité vaccin.
Quelle réaction du président Lajoux "qui n'est pas chez Sanofi que pour récupérer son courrier" ?
"Nous voulons faire en sorte que notre recherche produise plus de nouveaux médicaments qu'elle ne le fait actuellement et donner une nouvelle dynamique à la recherche de Sanofi en France", a expliqué à l'AFP Christian Lajoux, ce qui passerait "sûrement par une spécialisation des sites". [Comprendre : A défaut de chercher de nouvelles molécules, nos chercheurs gavés de 35 heures et de RTT vont aller se chercher un nouveau job !]
"La question des effectifs n'est pas du tout abordée, car, à ce stade, ce serait prématuré". [Comprendre : Allez bosser, ce ne sont pas vos oignons, on viendra bientôt vous dire qui reste, et qui dégage !]
Interrogé sur les conséquences sociales d'un tel projet, M. Lajoux a affirmé qu'une fermeture de centre de recherche "n'est pas à l'ordre du jour", tout en parlant de "réflexions". [Comprendre : nous vous gardons le temps de finaliser quelques accords avec des biotechs.]
Indiquant n'avoir pas encore de "plan finalisé", Christian Lajoux compte aborder des discussions plus précises en septembre. [Comprendre : il me reste 3 semaines avant de partir en vacances, ne venez pas me pourrir mon mois de juillet]
Il y a quelques jours, en tant que patron du LEEM, Christian Lajoux préparait le terrain (mauvaise conjoncture, crise grecque, la gauche au pouvoir, le Médiator et pourquoi pas le divorce de DSK...) à l'immense plan social qu'il organisait au sein de l'autre structure qu'il dirige : Sanofi.
Déjà les syndicats se retournent vers le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg. Mais y a-t-il seulement quelque chose à redresser dans une entreprise qui dégage près de 9 milliards de profit ? La morale peut-être.
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