Service minimum1 - Droit de grève 0
Face au Sénat, le ministre du Travail, Xavier Bertrand a défendu « un projet de loi qui n’entend nullement (...) remettre en cause » le droit de grève. Selon lui, il s’agit (...) tout simplement « de trouver un point d’équilibre qui fasse également toute leur place à d’autres droits à valeur constitutionnelle ».
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En France, le droit de grève est un principe à valeur constitutionnelle. Seulement, il s’exerce quelquefois au dépens d’autres droits de même portée : la continuité de l’accès aux services publics, la liberté du commerce et de l’industrie, la liberté du travail et la liberté d’aller et venir. Selon le ministre du Travail Xavier Bertrand, c’est pour "trouver un point d’équilibre" entre tous ces droits que le gouvernement a élaboré le projet de loi "sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs", autrement appelée loi sur le service minimum.
Les syndicats, eux, sont d’un tout autre avis. Ils considèrent que ce texte constitue une véritable entrave au droit de grève.
Pour mémoire, le droit de grève n’est pas absolu. Aux termes de la constitution, il "s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent". Dit autrement, le législateur est compétent pour y apporter des restrictions qui seraient justifiées par l’intérêt général.
Des syndicats désarmés !
Plus contraignants que les manifestations, la grève dans les transports publics reste un des plus efficaces moyens de pression sur le gouvernement. On comprend dès lors que ce dernier cherche à en réduire l’impact. Pour ce faire, le texte impose un délai de négociation, en plus des traditionnels jours de préavis. Plus qu’une mesure dilatoire, Xavier Bertrand y voit un véritable levier de prévention car, "lorsqu’on amène les entreprises et les partenaires sociaux à s’asseoir autour d’une table pour discuter, il y a tout simplement moins de conflits". La CGT, de son côté, exige que ce délai ne soit pas systématique, "notamment lorsque le motif du conflit est externe à l’entreprise".
Le projet de loi prévoit également une obligation pour tout salarié d’informer sa hierarchie quarante-huit heures avant, de son intention de se joindre au mouvement. L’intérêt de cette déclaration est de permettre à l’employeur de réaliser un planning fiable. Ainsi, l’usager ne se contentera plus de "savoir si un train sur deux ou sur trois circulera". Mieux, il saura, selon les termes du ministre, "si le train de 6 heures 44 circulera ou non". Force ouvrière, à l’opposé, n’y voit qu’une mesure qui "mettrait le salarié sous les pressions de sa hiérarchie".
Par ailleurs, le texte prévoit une consultation des salariés après huit jours de conflit et rappelle que les jours de grève ne seront pas payés. Autant on peut se réjouir des autres dispositions du projet de loi, que l’on peut s’interroger sur la nécessité de cette dernière mesure. Il en émane des relents de provocation et, au reste, elle peut donner à penser que l’objectif du texte n’est pas réellement de résoudre les conflits par la négociation - ainsi que le suggérerait l’intitulé de la loi -, mais de les dissuader par tous moyens.
Affaire à suivre.
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