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Accueil du site > Actualités > Société > Suicides chez France Télécom : mise au point

Suicides chez France Télécom : mise au point

Vingt-cinq salariés de France Télécom ont mis fin à leurs jours. L’émotion suscitée par cette série noire est légitime. Cependant, elle ne doit pas conduire à l’erreur de diagnostic.

Le risque est grand, en effet, de focaliser le débat sur "l’entreprise" (au sens de "société privée", ou soumise à un processus de privatisation, et dans laquelle les conditions de travail se dégraderaient du fait de la recherche effrénée du profit).

Les phénomènes de stress et de harcèlement moral au travail peuvent avoir des causes multiples, et ils ne sauraient être mis systématiquement sur le compte d’une pression exercée sur le salarié pour qu’il augmente sa "productivité". La volonté de dominer l’autre, dans le cadre d’une relation de supérieur à subordonné, le refus d’une personnalité qui dérange, parce qu’atypique, la crainte de la mise au jour d’irrégularités par un employé scrupuleux, l’intolérance ou l’envie : voilà autant de facteurs déclanchants (et nous pourrions en énumérer bien d’autres). Aussi la question du mal-être dans la vie professionnelle peut-elle survenir sur des lieux où il ne s’agit pas forcément d’engranger des bénéfices.

Sans pour autant retourner les choses en occultant les abus liés au management dans le secteur privé, il conviendrait à cet égard de ne point trop idéaliser le service public. La logique des "missions" fait que l’agent y est souvent considéré comme un simple pion qu’on déplace sur une case, avec l’impossibilité de faire valoir un avis. Certes, le fonctionnaire possède la sécurité de l’emploi. Mais elle recèle ses effets pervers : comme il s’avère particulièrement difficile, voire impossible, de licencier un salarié, les pressions destinées à pousser un "indésirable" au départ se révèlent parfois plus violentes qu’ailleurs. Le système étant très hiérarchisé, un subordonné qui rencontre un problème avec un supérieur peut du reste immédiatement se trouver confronté à l’ensemble de la pyramide bureaucratique, prête à l’écarter sans ménagement. Dans l’Education nationale, des enseignants se suicident, et des livres comme celui de Véronique Bouzou (Ces profs qu’on assassine, Jean-Claude Gawsewitch, 2009) devraient amener à se poser les questions qu’on se pose bien pour France Télécom. Losqu’un inspecteur d’académie martèle "incident isolé" ou "aucun lien n’est établi avec le travail", en quoi se montre-t-il plus humain qu’un certain Didier Lombard parlant de "mode des suicides" ? On vit également des situations insupportables dans les commissariats, dans les hôpitaux, etc. Le secteur privé est loin d’avoir le monopole sur la maltraitance du travailleur :

"L’enquête [réalisée par l’auteur sur le harcèlement moral au travail] nous donne un taux de réponses identique dans le secteur privé et le secteur public, ce que confirment toutes les autres enquêtes, avec :

- 50 % pour le public (42 % titulaires, 2 % contractuels, 6 % dans des entreprises nationalisées) ;

- 50 % pour le privé.

Mais, étant donnée la répartition inégale du public et du privé dans la population active (l’Etat gère environ un actif sur quatre), on peut en déduire une prédominance du harcèlement moral dans le secteur public.

[...] On y voit bien que le harcèlement moral n’est pas lié à la productivité, mais à des enjeux de pouvoir. Dans ce cas, on ne peut pas déresponsabiliser les personnes en incriminant le profit lié au capitalisme et à la mondialisation, on ne peut que le ramener à une dimension psychologique fondamentale, la pulsion d’emprise qui amène les individus à contrôler l’autre et à vouloir l’asservir." (Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement moral dans la vie professionnelle. Démêler le vrai du faux, Paris, Syros, 1998, pp. 152-153.)

Paul Moreira, qui intervient lui aussi sur le site du Nouvel Observateur*, insistait voilà peu sur la nécessité de "libérer la parole" dans "l’entreprise". A juste titre. Encore faudrait-il se rappeler que le fonctionnaire, lui, est soumis à un "devoir de réserve" qui restreint précisément sa liberté d’expression.. Un agent qui voudrait témoigner d’une situation de harcèlement dans le cadre de son service risquerait d’être sanctionné par sa hiérarchie... ce qui ne ferait qu’amplifier le processus. D’où la difficulté de mener une enquête sur le sujet dans la fonction publique, où l’on a essentiellement pour interlocuteurs les responsables (qui à les entendre ne sont jamais responsables de rien) qui ont précisément intérêt à étouffer les affaires qui dérangent...

Une mesure concrète pour "libérer la parole" ? Lever le "devoir de réserve", éventuellement légiférer pour le supprimer.

 

Daniel Arnaud

Retrouvez cette note dans sa version originale sur http://generation69.blogs.nouvelobs.com/

 

* Et qui vient de publier, avec Hubert Prolongeau, Travailler à en mourir (chez Flammarion).

 


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35 réactions à cet article    


  • manusan 19 octobre 2009 10:23

    on redonne les chiffres une énième fois puisqu’aucun article ne les livre, ils sont pourtant bien connus et trainent sur le net :

    2000 : 28 suicides pour un effectif de 130 000 (taux de suicide : 0,21%)
    2001 : 23 suicides pour un effectif de 122 000 (0,18)
    2002 : 29 suicides pour un effectif de 116 500 (0,24)
    2003 : 22 suicides pour un effectif de 116 000 (0,19)
    2004-2007 : n.c.
    2008 : 12 suicides pour un effectif de 92 000 (taux de suicide : 0,13%)
    2009 : 12 suicides à la date du 1er octobre

    Que se passe-t-il entre 2004 et 2007 ? Mystère. De sources syndicales, on avance le chiffre de 34 pour la seule année 2007. Mais alors 2008 et 2009 marqueraient plutôt un net recul des suicides ? Difficile de l’affirmer compte tenu du trou statistique de quatre ans, mais la tendance est clairement et heureusement à la baisse.

    La « com », c’est pas de l’info. La preuve par France Télécom.

     

    • Ropi 19 octobre 2009 15:59

      Ces pourcentages de suicides que vous citez concernent-ils effectivement des suicides directement liés - de manière avérée - aux conditions de travail dans l’entreprise ?


    • manusan 20 octobre 2009 13:33

      « Il n’y a pas de vagues de suicides » à France Télécom, affirme ainsi René Padieu, inspecteur général honoraire de l’Insee, président de la commission de déontologie de la société française de statistique. « En 2007, on avait pour la population d’âge d’actif (20 et 60 ans) un taux de suicide de 19,6 suicides pour 100.000 », explique-t-il. « 24 suicides en 19 mois, cela fait 15 sur une année. L’entreprise compte à peu près 100.000 employés. Conclusion : on se suicide plutôt moins à France Télécom qu’ailleurs. Et semble-t-il, moins qu’il y a quelques années ».


    • manusan 20 octobre 2009 13:43

      @ ropi

      Depuis le début (2000) on parle de suicides d’employés travaillant chez FT sans prendre en compte si la raison est personnelle ou professionnelle, on cumule les chiffres, point barre.

      Quand bien même, on se suicide moins chez FT qu’ailleurs (chiffre source INSEE), et de moins en moins (source FT, direction et syndicat).


    • Redj Redj 25 octobre 2009 22:44

      Il est gentil le statisticien en chef qui sort ces chiffres, mais son raisonnement est faux, étant donné que l’échantillon n’est pas le même. Sur la tranche des actifs qu’ils comptabilise, il prend aussi en compte les chomeurs, les retraités, bref, tout ce que la france compte en age de travailler.
      Autant comparer des poires et des tomates, on arriverait à des résultats plus justes !!

      Je suis quand même étonné qu’un statisticien aussi chevronné se plante sur une des premières évidence que l’on apprend en stat.
      A moins que son but, en sortant son étude bidon, soit d’enterrer le débat.


    • Robert Biloute Robert Biloute 19 octobre 2009 11:07

      Votre article apporte des nuances que je trouve pertinentes. La pression dans une entreprise public prend effectivement une forme détournée du fait même de la sécurité de l’emploi.

      J’ajouterais que dans certaines, on cumule les inconvénients : aspect rigide et centralisé du fonctionnariat + méthodes de management sur les résultats (ou disons plutôt les fameux indicateurs). Et là ça peut faire vraiment mal : on se retrouve dans une espèce d’URSS livrée à la loi du marché.. en chine en somme ??


      • Le Hérisson Le Hérisson 19 octobre 2009 13:29

        A l’auteur,

        Quelque soit le lieu, l’entreprise, etc. le suicide (ou la dépression) signifie que le salarié se trouve, à un moment donné, dans « une impasse » psychologique.

        Par exemple, pour ce qui est de France Telecom, il me semble que beaucoup de salarié ont mis en avant le fait qu’ils étaient sans arrêt mutés, sans forcément que ces changements d’affectation aient du sens avec leurs compétences.

        Cette méthode de management donne alors au salarié le sentiment qu’il se trouve dans un labyrinthe professionnel, exactement comme un labyrinthe de jeu où l’issue serait devenue invisible à celui que l’on fait passer de chemin en chemin.

        A partir d’un certain moment d’épuisement à errer dans ce labyrinthe, l’impasse dans laquelle il se trouve s’impose alors totalement dans le psychique. Il n’a réellement plus aucune issue, excepté l’arrêt de travail, la dépression, ou encore le suicide.

        Par conséquent, le remède me semble, outre de redonner la parole, de montrer des issues professionnelles possibles et valorisantes.

        Il semble que l’on en soit encore loin !


        • Le Hérisson Le Hérisson 19 octobre 2009 13:29

          excusez moi pour les quelques fautes, mais je n’ai pas trouvé le moyen de corriger l’article avant de l’envoyer !


          • maxime vivas maxime vivas 19 octobre 2009 15:05

            Je réagis ici un peu tard, mais j’ai travaillé à France Télécom sur les questions des conditions de travail, de la sécurité et de l’efficacité (les trois étant liées dans l’exercice de mon métier d’ergonome).

            J’ai vu monter à la fin des années 80 les dégradations sociales dues à des méthodes de management folles. Et qui n’ont cessé de s’aggraver depuis.

            J’ai raconté cela sur le Net avec des exemples effrayants à l’appui. L’article est trop long pour le reproduire ici en commentaire. Il est intitulé « Hier, j’ai vu France Télécom semant des graines de suicide ». On le trouve sur le site ironiquement baptisé Le Grand Soir :

            http://www.legrandsoir.info/Hier-j-ai-surpris-France-Telecom-semant-des-graines-de-suicide.html

            Je laisse le lecteur curieux aller y voir.


            • french_car 20 octobre 2009 11:08

              En lecteur curieux je suis allé voir.
              Je connais le cadre sup qui a été mis en préretraite à 55 ans qui accompagna tous les changements, on lui a fait comme on dit « un pont d’or » - n’étant pas fonctionnaire il pouvait être licencié - et il est très heureux de pouvoir voyager, jardiner, profiter de la vie, pas du tout suicidaire.
              Pour ce qui est du fond :
              - les suicides sauf un ne concernent que des techniciens fonctionnaires, en fait une population dont l’emploi a disparu au même titre que celui des mineurs ou des ouvriers de la métallurgie. En majorité des techniciens réseaux qui ont accompagné le développement du réseau sur le territoire français.
              - le licenciement économique n’étant pas possible il a fallu leur trouver un nouveau métier et les diriger vers les call-center. Cela implique une remise en cause à 50 ans ce qui n’est certes pas évident mais courant. Maisce que FT avait mal anticipé c’est que cette population avait été suprotégée pendant toute sa carrière et que ce brusque rappel aux réalités de ce qui fait la vie de tout un chacun allait entrainer des catastrophes.
              S’agissant finalement tout au plus de 2 ou 3000 personnes sur un total de plus de 100 000 il eut peut-être mieux valu en faire un traitement « social » c’est à dire les affecter à des tâches à faible rentabilité plutôt que de prendre le risque de détruire des vies.


            • Julius Julius 19 octobre 2009 15:16

              Et vous n’êtes pas gêné par le fait que les données contredisent votre théorie ?


              • Ropi 19 octobre 2009 16:03

                ça peut être aussi l’inverse...


              • Daniel Arnaud Daniel Arnaud 19 octobre 2009 17:40

                @ Julius

                Je n’ai pas bien compris le sens de votre intervention. Concerne-t-elle l’article, le commentaire qui précède le vôtre ? Et de quelles « données » s’agit-il au juste ?

                Les « données », d’ailleurs, qui les donnent ? Un enquêteur indépendant ? L’administration qui peut faire pression sur le salarié pour le dissuader de témoigner ?


                • Daniel Arnaud Daniel Arnaud 19 octobre 2009 17:41

                  « ... qui les donne ? », bien sûr.


                  • drlapiano 20 octobre 2009 09:43

                    N’importe qui peut constater qu’il n’y a pas plus de suicide à F.T. que dans le reste de la population ... pas moins aussi hélas. C’est donc un non évènement.
                    Ce qui est un évènement c’est la récupération et l’exploitation de cette misère humaine pour raison syndicale ... là on est vraiment dans des comportement limite qu’on aimerais ne pas et ne plus voir.

                    Quand au développement publique pris par cette affaire ... on est comme le rappelle une excellente tribune libre dans La Croix de ce jour en plein dans un délire ... « croire en l’existance de quelque chose qui n’est pas est ce qu’en psychiatrie on apelle un délire »

                    Assez donc la dessus. Et si FT se casse la gueule à cause d’une gestion débile, il y aura d’autre société plus intelligemment gérées pour s’emparer des dépouilles ... le client ne verra rien et c’est tant-mieux : son problème c’est qu’un service de qualité et innovant lui soit rendu. point.


                    • Ropi 20 octobre 2009 10:17

                      drlapiano

                      Pas tout à fait d’accord avec vous :

                      - peut-être n’y a-t-il pas plus de suicides à FT que dans le reste de la population, mais quand un suicide est directement lié aux conditions de travail, c’est très grave ; c’est un évènement, et il faut le souligner.
                      On a pas le droit de pousser les gens à la mort uniquement par soucis de rentabilité.
                      Les gens ont assez d’autres raisons de tomber dans la déprime ; il n’ont pas besoin qu’on leur en ajoute d’autres au boulot...
                      ...boulot où ils sont obligé d’aller pour « gagner » (c’est un comble) leur vie.

                      - du coup, oui, c’est un délire, en effet... de croire que ceci est normal.

                      - mon problème n’est pas uniquement « qu’un service de qualité me soit rendu » (si tant est que l’on puisse appelé « service de qualité » ce que fourni orange en ligne ADSL...)...
                      Mais je ne veux pas faire l’autruche :
                      un service de qualité - dans le sens « qui fonctionne bien » -, mais dispensé par des salariés dans des conditions qui les pousse à des extrémités telles qu’ils en arrivent à mettre fin à leurs jours, je n’appelle pas ça un service de qualité ! !
                      Peut-être que le client ne verra rien - en tout cas celui qui ne veut pas voir - mais je trouve cela bien... dommage.


                    • Panzerfaust 20 octobre 2009 11:04

                      Comportement limite ! Vous êtes encore trop mesuré dans vos propos !

                      Les salariés et les syndicats de FT exploitent ces suicides sans doute dans le secret espoir de retourner dans le giron bien douillet de l état. Pourtant à bien y regarder cette entreprise n est que pseudo privatisée : l état y conserve le quart des parts et surtout les 3 quarts des employés sont restés fonctionnaires. Je crois que ces gens devraient faire un tour dans le privé pour comprendre ce qu est vraiment le stress : c est à dire à avoir un job ou non seulement on est bousculé dans ses habitudes tous les jours, mais encore ou il faut s attendre à être viré à tout moment.

                      Ah oui bien sur j oubliais, tout ca se sont des propos de vilains jaloux et dans le monde plein de mansuétude et de lucidité politique d Agoravox tout le monde a bien évidemment le droit à la sécurité de l emploi et à une cellule de support psychologique et lorsque les peuples opprimés de France voudront bien se réveiller se sera chose faite.


                    • french_car 20 octobre 2009 11:10

                      Panzerfaust vous n’avez pas tort, mais doit-on toujours s’aligner sur le moins-disant social ? La dégradation des conditions de travail est-elle vraiment un mal nécessaire ?


                    • Panzerfaust 20 octobre 2009 11:43

                      French_car, je ne dis pas qu il faut toujours s aligner sur le moins disant social, je dis simplement qu il faut donner à TOUS les mêmes avantages sociaux principaux. Mais quand ce n est pas possible, comme par exemple pour la garantie de l emploi, avantage social énorme aujourd hui, la on doit s aligner sur le moins disant social. Je n ais jamais, même chez le plus démagogue des gauchiste entendu proposer sérieusement le droit à l emploi opposable.


                    • jps jps 20 octobre 2009 13:07

                      exactement drlapiano

                      il n’y a pas plus de suicide chez France telecom que dans certaines autres entreprises :

                      le président de la commission de déontologie de la société française de statistique affirme en s’appuyant sur un constat statistique simple : en 2007, a été observé un taux de suicides de 19,6 pour 100.000 habitants parmi les actifs français. Rapportés sur une année, « les 24 suicides observés en 19 mois » chez France Télécom donnent un taux de suicides de « 15 pour 100.000 salariés ». Selon René Padieu, les cas de suicides sont donc moins fréquents à France Télécom que dans la moyenne nationale.


                    • Jean-Fred 20 octobre 2009 11:01

                      Bonjour,

                      Concernant le stress, le harcèlement et les suicides qui ont lieu dans les entreprises (phénomène nouveau), je vous conseille fortement d’écouter l’intervention du médecin psychiatre Christophe DEJOURS : le travail c est la santé ?

                      Regardez surtout la seconde partie qui explique en grande partie les problèmes que nous connaissons tous aujourd’hui en entreprise.

                      En gros, il démontre que l’évaluation individualisée des performances est une calamité car le travail est avant tout subjectif, il ne peut être évalué de manière objective.
                      Il explique aussi que la qualité totale mis en avant par les normes ISO obligent les gens à mentir et que le contrôle totale n’est pas possible en faisant référence à AZF.

                      A voir absolument !!!


                      • french_car 20 octobre 2009 11:13

                         Bonjour Jean-Fred, ce que vous soulignez est vrai mais on est l àhors sujet car il s’agit d’une population de technicien à qui on ne demande absolument pas de tenir des objectifs mais simplement de répondre à des appels commerciaux ou techniques.
                        Les stress vient principalement du changement de boulot et probablement aussi de la nature conflictuelle de certains appels puisque si vous appelez une hotline en général c’est que vous avez un souci et que le souci peut dégénérer en conflit.


                      • Jean-Fred 20 octobre 2009 11:49

                        @french_car,

                        Regardez la vidéo dans son intégralité et pas seulement mes deux lignes de résumé.
                        Au XIX Siècle, les conditions de travail était autrement plus difficile qu’aujourd’hui, les salariés ne suicidaient pas pour autant. Qu’est-ce qui a changé ??

                        La différence vient principalement de la perte de la solidarité qui régnait entre les salariés et qui permettait d’encaisser énormément.
                        En introduisant la concurrence entre les salariés, la solidarité s’efface, les mécanismes de défense ne peuvent plus jouer leur rôle, les salariés se retrouvent de fait isolés et bien incapable de gérer correctement le harcèlement et le stress.


                      • pigripi pigripi 20 octobre 2009 11:32

                        sujet déjà traité ici http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/a-propos-des-suicides-a-france-63294?debut_forums=20#forum2273434

                        Et je suis étonnée de constater qu’on retrouve dans ce fil les mêmes commentaires et données erronées, en particulier sur les suicides au travail et sur le lieu de travail à FT comparés aux autres entreprises françaises. Oui, ils sont supérieurs à FT !

                        SUR LE QUESTIONNAIRE :

                        Le questionnaire aux employés de FT : une manœuvre répugnante !

                        C’est tout ce qu’a trouvé le pdg de FT Didier Lombard pour faire semblant de se préoccuper de la santé et du bien-être de ses employés : confier à un cabinet d’étude (sans doute un copain de copains) l’élaboration d’un questionnaire sur la souffrance au travail et son dépouillement afin d’en tirer des conclusions et des recommandations.

                        Toutes les grandes entreprises ont des réunions obligatoires, CE et surtout CHST auxquels assistent les représentants de la direction y compris le DRH, les représentants élus du personnel et les délégués syndicaus. Assistent au CHST l’assistante sociale de l’entreprise, le médecin du travail, l’infirmière et éventuellement des experts pour éclairer sur un problème particulier.

                        Il est impossible que des informations sur les conditions de travail et le climat de l’entreprise ne soient pas remontés à Lombard. Il sait parfaitement que ses employés souffrent au travail car toutes les personnes qui sont à leur contact, en particulier le médecin du travail, les élus et les délégués syndicaux qui sont sur le terrain, observent ce qui se passe. Sans compter les travaux déjà anciens comme l’ouvrage du psychiatre Chritophe Dejours « la souffrence au travail ».

                        Lombard n’a pas tenu compte de ces informations, il a délibérément ignoré la souffrance de ses employés mais comme l’affaire a pris une dimension nationale, qu’il a été convoqué par le gouvernement, il doit montrer qu’il fait quelque chose et le montrer publiquement. De là le fameux questionnaire dont tous les médias causent.

                        Tous les manipulateurs politiques et dirigeants d’entreprise font semblant de consulter les masses mais en réalité, la décision est prise depuis longtemps de ne pas tenir compte de l’avis du peuple et des salariés. C’est une manière de détourner l’attention, de temporiser et de botter en touche.

                        SUR LA PROPAGANDE FT RELAYEE PAR LES MEDIAS

                        Les journalistes qui nous gavent tous les jours sur le questionnaire de Lombard ne font pas leur boulot, ils répètent la communication de FT, celle ci n’étant pas de l’information mais de la propagande institutionnelle.
                        Pourquoi les journalistes ne resituent pas le questionnaire dans son contexte à savoir que les employés de FT sont institutionnellement sondés, observés et entendus à travers le médecin du travail, l’assistante sociale, la DRH (qui observe en particulier les congés maladie et leur durée), les élus du personnel et les représentants syndicaux, les CHSCT et l’entretien annuel d’évaluation ?


                        • pigripi pigripi 20 octobre 2009 11:49

                          LE MANAGEMENT PAR LE STRESS

                          Dès les années 80, le « management par le stress » était la politique managériale avouée de l’entreprise FT
                          C’était sensé rendre les employés plus efficaces

                          Belle réussite en effet avec 25 suicides liés aux conditions de travail, un certain nombre réalisés sur le lieu de travail

                          Est-ce que la productivité de FT a été améliorée grâce au stress provoqué chez ses agents ?

                          Très difficile à mesurer car FT est l’opérateur historique qui a faussé la concurrence, au grand dépit des nouveaux entrants parce que FT s’est accroché à ses prérogatives, possédait un énorme fichier de prospection avec ses abonnés, que ses abonnés lui sont en majorité restés fidèles, qu’il était propriétaire de toutes les infrastructures de communication qu’il louait aux nouveaux opérateurs, qu’il a fauss la concurrence grâce au soutien de l’ART qu’il avait contribué à créer, parce que l’Etat y est resté majoritaire et l’a soutenu dans la concurrence par ses marchés captifs, parce qu’il a freiné les dégroupages en tardant à concéder les lignes à Free notamment et en renvoyant la balle chaque fois qu’il y avait un problème technique, parce que le Minitel a encore rapporté beaucoup d’argent pendant les années post déréglementation grâce aux professionnels du porno et de certaines professions comme les avocats et juristes, etc. etc.

                          Vu les avantages de l’opérateur historique de fait je défie quiconque de prouver que la réussite d’Orange et de FT en général est la résultante des « bienfaits » du management par le stress sur la productivité ...


                          • pigripi pigripi 20 octobre 2009 12:02

                            SUR LA MISE AU PLACARD DES FONCTIONNAIRES

                            Vous avez raison de souligner que, comme on ne peut pas virer un fonctionnaire, on doit lui trouver une autre position de travail ou tout simplement le mettre au placard.

                            Les deux solutions sont extrêmement difficiles à vivre mais pour autant, alors que les mises au placard se sont toujours pratiquées, elles n’ont pas engendré des masses de suicides sur le lieu de travail.

                            Le déplacement d’office d’un technicien dans un centre d’appel ou dans une boutique n’est pas en soi la mort assurée, à condition qu’elle soit accompagnée d’une formation digne de ce nom et que l’agent y trouve des compensations et des avantages éventuellement financiers, matériels et humains.

                            Contraindre un technicien (qui a eu une pratique quasi affective avec les usagers en ayant l’impression de leur rendre service), à faire du chiffre, à atteindre des objectifs théoriques est un véritable viol de sa conscience et de ses pratiques de services public.

                            Personnellement, je crois fortement dans le potentiel humain, dans la capacité des gens à intégrer les changements nécessaires et à s’adapter. Encore faut-il les accompagner correctement et sérieusement dans ces changements et non pas les traiter comme des esclaves et les contraindre avec des menaces diverses, voilées ou directes, à modifier leur comportement.

                            C’est vrai qu’il y a des fonctionnaires paresseux, plan plan, bornés comme des bûches et stupides mais pour qui a eu affaire aux techniciens de FT, c’est à dire à peu près tout le monde, c’était loin d’être le cas.


                            • pigripi pigripi 20 octobre 2009 12:10

                              @Jean Fred
                              En introduisant la concurrence entre les salariés, la solidarité s’efface, les mécanismes de défense ne peuvent plus jouer leur rôle, les salariés se retrouvent de fait isolés et bien incapable de gérer correctement le harcèlement et le stress.

                              Oui et non avec votre commentaire
                              Oui, lorsque la concurrence entre salariés est forcée, non gratifiée et non encadrée avec humanité

                              Non lorsque comme dans les entreprises anglo saxonnes les exigences sont dures mais les résultats sont encouragés par toutes sortes de gratifications : avantages matériels, conditions de travail confortables, rémunération et carrières évoluant en conséquence du rendement, respect et écoute par l’encadrement, etc
                              Un patron anglo saxon laisse la porte de son bureau ouverte, reçoit sans rendes vous, descend rgulièrement de son perchoir pour discuter avec les employés sur leur poste de travail, prend en compte leurs initiatives et leur créativité, etc.
                              Incentives, incentives, incentives...

                              Bien sà»r, si vous ne faites pas l’affaire, vous êtes viré sans égards ...Mais la mise au placard, ya pas.

                              Je tiens ces faits de personnes travaillant dans des entreprises ango saxonnes ...


                              • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 20 octobre 2009 13:08

                                Il y a moins de suicides à France Télécom que dans la France entière en moyenne.

                                http://www.la-croix.com/article/imprimer.jsp?docId=2398353&rubId=53401&imprim=true


                                • Gazi BORAT 20 octobre 2009 13:41

                                  Selon certaines études, il apparaitrait aussi que le nombre de victimes de la Shoah ait été exagéré.. Isn’t it ?

                                  Le négationnisme, c’est simple : il suffit d’oser !

                                  gAZi bORAt


                                • VDJ VDJ 20 octobre 2009 13:46

                                  je suppose que « la France entière en moyenne » inclut les chomeurs, les jeunes (fort taux de suiicide), les SDF, bref, toute une panoplie de « catégories » fragiles. 

                                  Nous parlons ici de France Télécom, une société nationale, vous savez, où travaillent des « privilégiés ».

                                  Fallait-il vraiment comparer l’incomparable ?


                                • Le Hérisson Le Hérisson 20 octobre 2009 13:42

                                  Bonjour,

                                  Les propos de ce statisticien ne laisse pas de m’interroger, d’autant que j’ai moi-même étudié ce domaine.

                                  Dans La Croix, René Padieu déclare : « population d’âge actif (20 à 60 ans) un taux de 19,6 suicides pour 100 000 » et il en conclut que l’on se suicide moins à France Télécom qu’ailleurs...

                                  Certes, mais cette population d’âge actif comprend, par exemple, les chômeurs. Or, l’on sait que le taux de suicide chez les chômeurs est particulièrement important (certaines études parlent d’un taux de 85 sur 100 000« . Or cette population est dans »la population d’âge actif" et, malheureusement, particulièrement importante.

                                  Dans l’ensemble de la population en âge d’être actif, si les chômeurs font grimper le taux de suicide à 85, cela signifie que pour la population en âge d’être actif réellement en situation active, c’est à dire, dans une entreprise, le taux est bien plus bas que 19,6...

                                  Il faudrait donc comparer le taux de suicide de FT à la population active, réellement en entreprise. Et là, je pense que les résultats seraient bien différents.


                                  • pigripi pigripi 20 octobre 2009 20:18

                                    C’est toujours étonnant ces gens qui ne veulent pas voir les réalités en face et consacre leur temps àdémontrer le contraire des évidences.
                                    25 suicides FT c’est une monstruosité, un drame, comme chez Renault ou ailleurs.

                                    Que ce soit statistiquement inférieur àla moyenne nationalr, on s’en fout< ;

                                    25 personnes aui se suicident dont certaines sur leur lieu de travail, c’est inadmissible : cela représente des jours de souffrance, des nuits sans sommeils, des familles enfants, parents, frères, soeurs, oncles et tantes, cousine et cousine, amis et collègues, des centaines de gens malheureux.

                                    Je trouve indécent de vouloir àtout pris relativiser ces donnes de souffrances et de malheurs et d’ergoter sur leur relativité statistique.

                                    Alors les gens qui prétendent que c’est pareil dans toutes les entreprises, que les agents fonctionnaires de FT le méritent parce qu’ils sont privilégiés, que c’est tant pis pour leur gueule car ils sont pas sympas avec les clients, que comme tous les petits fonctionnaires ils foutent rien et s’engraissent sur le contribuable ou le cochon de payeur (je rappelle que pendant des années les bénérices de FT allaient dans les caisses de l’Etat), ces raisonnements qui visent àse voiler la face, àexprimer son agressivité contre tout et n’importe qui, je trouve cela indigne d’une citoyenneté digne de ce que l’humanité a de meilleur.

                                    La première chose àfaire est d’exprimer ses condoléances aux familles et amis des suicidés, àleurs collègues et de manifester de la compassion pour des gens dont la souffrance est une réalité indiscutable.

                                    Il est certain que le suicide est multicausal, qu’il concerne les plus fragiles qui sont aussi les plus courageux (se donner la mort n’est pas facile) mais on ne peut inier qu’on passe àl’acte sous l’effet d’un facteur déclenchant.
                                    La souffrance au travail est évidemment un facteur déclenchant du suicide.


                                    • Daniel Arnaud Daniel Arnaud 20 octobre 2009 23:15

                                      Je reviens sur cette question des « chiffres » et des « données », et sur la difficulté à en obtenir de fiables, en particulier dans la fonction publique. Pourquoi dans cette dernière ? Parce que, lorsqu’on est amené à quitter une entreprise (privée), on n’a plus de compte à rendre à son patron ; alors que, lorsqu’un fonctionnaire mute à l’autre bout du pays, il reste asservi à l’Etat. Son dossier administratif le suit, comme le fameux « livret » que dénonçait Marx suivait l’ouvrier au XIXe siècle. S’il a eu un conflit avec un supérieur, tout le reste de la chaîne administrative, par esprit de corps, tend alors à ruiner sa carrière. Et même s’il a été victime de harcèlement, l’institution n’hésitera pas à emboîter le pas à l’agresseur afin de ne pas se désavouer. Dans ces conditions, qui est en mesure de réaliser des statistiques fiables ? Marie-France Hirigoyen, que je cite dans l’article, a certes réalisé sa propre enquête. Mais dans son ouvrage, elle insiste également sur l’opacité de l’information concernant les « affaires qui dérangent », et s’inquiète des pressions qui pourraient être exercées par l’administration pour les étouffer. Dans une telle perspective, les décomptes macabres avancés par certains intervenants pour clore le débat par un « on se suicide de moins en moins », ou « pas tant que ça », me semblent déplacés, voire indécents. Derrière les « chiffres » et les « données », qu’ils soient revus à la hausse ou à la baisse, peu importe, il y a des réalités humaines. Le harcèlement, heureusement, ne débouche pas toujours sur un suicide : il peut s’agir d’une dépression, d’une démission, etc. Quoi qu’il en soit, cela ne doit pas empêcher la réflexion sur les conditions de travail, dans le privé comme dans le public...


                                      • BA 25 octobre 2009 13:34

                                        Quelle opinion avez-vous de chacune des 30 plus grandes entreprises françaises ? A cette question, l’entreprise France Télécom s’effondre dans l’opinion publique. France Télécom est 29ème sur 30.

                                         

                                        Lisez cet article :

                                         

                                        L’image de France Télécom plonge dans l’opinion publique.

                                        Moins vingt places en cinq mois : France Télécom a dégringolé à l’avant-dernière place, sur trente, du baromètre Posternak-Margerit, un sondage réalisé avec l’Ipsos qui classe 30 des plus grandes entreprises françaises en fonction de l’opinion qu’en ont les Français.

                                        http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/25/l-image-de-france-telecom-plonge-dans-l-opinion-publique_1258562_3224.html


                                        • Sybille 25 octobre 2009 20:43

                                          A FT comme dans toutes les grandes entreprises dirigées avec les méthodes de management néolibérales on constate l’individualisation et l’objectivation à outrance pour les salariés, et de l’autre le pilotage à vue, le flou artistique en termes de management avec des dirigeants rivés sur les indices du CAC40, dans l’incapacité de définir et d’expliquer la moindre stratégie.

                                          Nous avons partout des chiffres donnés en pature en guise de sens !

                                          Nous constatons partout la froideur, la cruauté et finalement la vacuité des objectifs individuels qui se démultiplient comme pour mieux occulter l’absence de perspectives collectives et la disparition des enjeux d’intérêt général.

                                          De Bruxelle à Paris, de l’OMC au FMI, c’est jusqu’à la notion de service publique qu’on s’emploie à juguler.
                                          On supprime des fonctionnaires, on les déporte en masse, on les remplace par des vacataires sans statuts et sous payés, on organise la guerre entre castes de privilégiés et castes de sous-prolétariat, on file des pans entiers de « buziness » aux potes du privé (mediverif, pôle emploi, etc...) même si c’est moins performant et que ça coûte encore plus cher aux contribuables, on organise les conccurences déloyales entre salariés avec la complicité des syndicats, on organise l’externalisation et la délocalisation (voir RATP), en s’appuyant par exemple sur des Tartufferies du code du travail comme le délit de marchandage), etc, etc.

                                          Et pour finir lorsque les salariés ne « s’adaptent pas » à la déshumanisation du travail, à l’absurdité des objectifs et des consignes, et sous-pretexte qu’ils peuvent en plus avoir des soucis personnels (avec leur conjoint, leurs enfants), on nous sort la tarte à la crème du STRESS ou des risques psycho-sociaux.

                                          Mais moi qui ne suis pas encore suicidée, qui ne suis pas fonctionnaire, je vois , je ressens et finalement je souffre de ces évolutions et vous affirme que je ne suis ni stressée ni psychoticosociopath.

                                          Tout simplement j’accuse ces méthodes néolibérales de déstructurer et de déshumaniser la société entière ! 

                                          PS : Je ne suis ni communiste, ni socialiste, ni fasciste, ni rien en iste, bêtement républicaine, mais je commence à en avoir vraiment ras la caisse !

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