Du iPod au iCrime
Le très convoité iPod en serait-il pour autant un pousse-au-crime ? Oui, selon une étude menée sur trois ans aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH200/ipod_trip-5e089.jpg)
Dans leur rapport intitulé « Is there an iCrime wave ? », John Roman et Aaron Chalfin - chercheurs au Urban Institute, think tank washingtonien apolitique - décrivent le iPod comme un facteur crimogène car :
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aisément repérable avec ses fameux écouteurs et son long câble de couleur laiteuse,
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utilisable longtemps après la déclaration de vol car dépourvu de dispositif d’anti-vol ou de blocage distant,
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hautement valorisé et valorisant auprès de « l’i-génération » et donc remarquablement coté sur le marché noir,
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amoindrissant la vigilance de son porteur du fait d’une écoute stéréo qui accapare son ouïe (contrairement au téléphone mobile).
Une théorie couramment admise considère qu’un crime survient lorsqu’un agresseur suffisamment motivé rencontre une victime adéquate avec des chances élevées de s’en sortir à bon compte. Un joujou branché à 150-400 dollars sans la moindre sécurité, porté par un urbain « à fond dans son trip » musical remplit ces critères à la perfection. En outre, malgré son prix pas si abordable, le très populaire baladeur s’est répandu à quasiment toutes les couches sociales.
L’électronique nomade en général et le iPod en particulier sont la cause d’une réaugmentation sensible des vols avec coups et blessures qui, selon le FBI, ont sursauté de 3,9 % et 6,8 % respectivement en 2005 et 2006 ; tandis que les statistiques de viols diminuaient et celles de crimes violents stagnaient... Dans la même période, le iPod s’est vendu de 42 à 90 millions d’unités dans le monde et les arrestations de jeunes i-criminels sont passées de 11 % à 21 %.
Les polices de New York, Washington, San Francisco et Los Angeles indiquent que de nombreux iPod sont dérobés incognito ou manu militari dans les transports urbains qui affichent depuis peu la mention « Earphones are a giveaway. Protect your device ». Le plus souvent, ces vols sont commis par des adolescents qui ne sont pas nécessairement des délinquants patentés, mais affectionnent le bijou techno soit pour leur usage personnel, soit pour une prochaine revente. Disposant de données empiriques plus détaillées, le Home Office britannique a abouti à des conclusions similaires : le iPod devance les marques concurrentes, les téléphones mobiles et les baladeurs GPS en matières de vols commis en environnement urbain et d’agressions violentes afférentes.
La théorie « i-criminelle » suscite de nombreuses réserves et interrogations dans la presse anglo-saxonne, John Roman et Aaron Chalfin recommandent d’ailleurs de l’appréhender avec d’infinies précautions. Néanmoins, ils estiment que les corrélations observées ne sont point le fruit d’une accumulation de coïncidences et suggèrent aux audionautes d’exiger des dispositifs de désactivation distante auprès des fabricants de baladeurs. En effet, nous constatons amplement que les onéreux super-gadgets deviennent monnaie courante et constituent nécessairement des cibles de choix chèrement revendables.
Jusqu’ici, Apple n’a guère réagi à cette étude. Peut-être qu’au prochain salon Macworld, Me Steve Jobs nous présentera deux grains de matériaux audio-intelligents directement incrustables dans l’oreille, 600 dollars seulement... Tôt ou tard, vous céderez aux incantations de ce gourou de l’informatique qui a plus d’un pod dans son sac.
Source : Is There an iCrime Wave ? de John Roman et Aaron Chalfin
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