Le téléchargement est-il vraiment illégal ?
En faisant une analyse juridique pointilleuse et volontairement polémique, on s’aperçoit que les censeurs et moralistes qui partent en guerre contre les « pirates » du net ne sont pas aussi assurés sur le bien-fondé de leurs remarques qu’ils le prétendent.
Le téléchargement, l’échange de fichier et le Peer-to-Peer sont-ils illégaux par nature ? C’est ce que le discours ambiant tendrait à nous faire croire puisque le mot Peer-to-Peer ramène immanquablement aux mots "vol" et "pirate", rien de moins !
Pourtant, soyons pointilleux et pour tout dire casse-co..., euh pointilleux : lorsque vous achetez un CD (légal) ou un DVD (légal aussi) on vous a assez dit que vous n’achetiez pas le contenu de l’œuvre (encore heureux !) mais uniquement le droit d’écouter ou de regarder ou de lire cette ouvre dans un cadre privé. En effet, vous n’êtes pas propriétaire du contenu ni du support ni du mode d’encodage, etc.
Ah bon ?
Cela signifie donc que ce que vous ne pouvez pas faire, c’est de "regarder" ou "d’écouter" une œuvre si vous n’avez pas les droits pour le faire.
Donc, juridiquement et tâtillonnement, posséder un fichier numérique d’un film, d’une musique, que vous avez téléchargé n’est pas illégal, ce n’est pas du recel, tant que vous ne l’écoutez pas ou ne regardez pas l’œuvre qui est dessus.
Le seul moment où vous seriez dans l’illégalité, c’est si vous vous mettiez à regarder le film ou écouter la musique téléchargés sans en posséder les droits.
Mais tâtillonnons davantage : quels sont donc ces droits à regarder une œuvre dans le cadre privé ?
Vous aviez déjà acheté le CD ou le DVD ou le VCR ou le Laservision ou le V2000 de l’œuvre mais votre support est devenu inutilisable : vous conservez malgré tout vos droits, donc vous pouvez regarder l’œuvre quel que soit (en gros) le support.
Vous aviez enregistré le film à la téloche ou la musique sur une radio. Vous avez le droit de regarder et d’écouter l’œuvre.
Autrement dit vous ne deviendriez coupable que si "on" vous attrapait en train de regarder un film ou d’écouter une musique dont vous n’auriez aucune copie déjà chez vous, achetée, en morceaux, inutilisable ou prêtée par un ami ou par une médiathèque ou par un voisin ou par le pape.
La solution des censeurs serait donc de déclarer tout échange de fichier illégal par la loi. Sera-ce la prochaine "bourde" de notre président ? Messieurs Mesdames les godillots de l’Assemblée nationale, à vos bulletins.
Solution, vraiment ?
Pas sûr : en effet, chaque microbit de mémoire achetée vous fait payer une taxe au profit des auteurs et autres "ayant droits". En dehors des boutons que vous pourriez attraper en sachant que vous donnez de l’argent ainsi à Pascal Obispo, Zazie ou Florent Pagny (ou autres), cette taxe est censée vous permettre la "copie privée". Or cette copie privée est impossible légalement sur les DVD puisqu’ils possèdent une protection numérique et analogique empêchant une copie dans de bonnes conditions. Peut-on donc aller faire la queue devant les tribunaux pour "vol", ou, mieux, devant les sièges sociaux des "majors" pour être remboursé d’une taxe qui n’a pas de contrepartie ?
Et si, finalement, nous regardions de l’autre côté de l’Atlantique, où les "majors" assises dans leur confortable conformisme ont subi une grève de plusieurs mois de la part des scénaristes qui voulaient quelques miettes de l’énorme gâteau que les "gardiens de la culture mondiale" ne voulaient pas leur distribuer.
Nous sommes de ce côté-ci de l’Atlantique, nous ne sommes pas tous scénaristes, mais nous pourions nous passer d’acheter ces dispensables galettes durant quelques jours, semaines ou mois pour obtenir une écoute plus franche de la part des "majors" et "ayant droits" et une analyse plus juste du problème "pirate".
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