Un plan « 75% d’électricité renouvelable » pour la France
Petite étude prospective sur une alimentation de la France en électricité avec 200 GW d'énergie solaire photovoltaïque, et 50 GW d'énergie éolienne... basée sur des données réelles et la prise en compte du stockage.
Pourquoi ce scénario ?
Les énergies renouvelables ne sont pas un effet de mode, ni un épiphénomène comme on voudrait trop souvent le faire croire. Pour en apporter la preuve, je partage ici cette petite étude prospective que j'ai basée sur des données réelles de production journalières solaires et éoliennes. En effet, la plupart des études que j'ai lues sont basées sur des ordres de grandeur, des données générales de production annuelles, amenant immédiatement une réponse des anti-EnR sur le capacité de stockage, la variabilité interannuelle, etc.
Données utilisées et hypothèses
Travaillant dans le secteur des EnR, j'ai utilisé les données de production journalières d'une de mes centrales solaires photovoltaïques en toiture, en Languedoc Roussillon, ainsi que celles d'une centrale éolienne en Auvergne. Il s'agit de données réelles, du 1er juillet 2010 au 30 juin 2011.
A noter que cette étude est un cas pessimiste, car en réalité, la production de centrales photovoltaïques au sol, par exemple, est significativement supérieure, notamment en hiver, à celles des centrales en toiture (inclinaison et orientation idéale des modules), ensuite les productions solaires et éoliennes à l'échelle d'un pays sont lissées (alors qu'ici l'extrapolation est faite sur la base d'une seule centrale, avec beaucoup plus de variabilité), et je considère la France comme isolée, alors que les réseaux électriques permettent des échanges importants avec les pays frontaliers.
En parallèle, j'ai utilisé les données de consommation mensuelle moyenne en électricité de la France. Ce sont les données 2007, mais en se basant sur une moyenne mensuelle la différence avec 2010 est faible. L'idéal aurait été de faire l'exercice avec les données de consommation journalière 2010-2011, mais je ne les ai pas.
Par ailleurs j'ai retenu, en considérant un facteur de charge moyen de 20% (15% en solaire et 25% en éolien), un stockage au niveau de chaque centrale représentant l'équivalent de 5h de production pleine puissance (soit 20% d'une journée). Cela permet donc de considérer les données de production journalières comme "lissées", c'est à dire que j'estime que la plupart des pics de production durant une journée seront absorbés par les moyens de stockage. Je peux donc considérer la simulation sur la base de données journalières comme réaliste.
J'ai effectué une extrapolation de la production de chacune de ces 2 centrales, pour une puissance installée simulée de 200 GW en solaire photovoltaïque, et 50 GW en éolien.
Cela représente :
- 1000 à 1500 km2 de modules photovoltaïques, soit la même surface de toitures couvertes (sachant que la surface de toitures disponible en France est > 8000 km2), ou encore 2000 à 3000 km2 de surface de sol occupée dans le cas de centrales solaires au sol (50% de la surface réellement couverte, du fait de l'inclinaison des modules et pour éviter des ombrages).
- 25 000 éoliennes terrestres de 2MW, ou encore une surface couverte par les centrales éoliennes de 5000 km2 (sachant que 99% de l'espace reste libre et cultivable).
Résultats : coûts et surface utilisée
En termes de coût, ceux-ci ont énormément baissé sur les 3-4 dernières années. Si l'on se base sur des centrales solaires au sol, moins couteuses, il faut compter aujourd'hui 1,5€/W, et pour les centrales éoliennes 1,2€/W. Il faut rajouter 0,75€/W pour le stockage, en se basant sur des batteries (type sodium-soufre, air-zinc, bref composées d'éléments abondants, non toxiques, et recyclables), avec un coût de 150€ par kWh de capacité de stockage (j'anticipe un peu la baisse future dans ce domaine où la R&D est florissante... mais ces coûts sont d'ores et déjà annoncés). L'investissement total serait donc de 550 milliards d'euros (soit 25% du PIB 2010). Si l'investissement s'étale sur 25 ans, cela représente seulement 1% du PIB annuel.
La surface utilisée représenterait, pour le solaire, 0,5% de la surface au sol, et pour l'éolien, 1% (en comptant l'espace inter-éoliennes). Bref 1,5% du territoire serait dédié à la production d'énergie (dont les 2/3 resteraient cultivables), cela est tout à fait envisageable quand on sait qu'aujourd'hui plus de 6% du territoire est couvert de routes, parkings ou bâtiments. La surface occupée par les batteries de stockage est négligeable.
Résultats : production jour après jour
3 hypothèses sont retenues : la capacité de stockage permet de lisser la production à l'échelle de la journée (cf. plus haut), en cas de surproduction les centrales renouvelables en surplus sont arrêtées ou limitées, et les centrales dispatchables (fossiles, hydraulique, biomasse... je considère le nucléaire inexistant) sont utilisées uniquement quand la production d'électricité éolienne et solaire est insuffisante.
Bilan :
- 68% de la consommation électrique sont fournis par les centrales solaires (pour 47%) et éoliennes (pour 21%), et seuls 32% sont fournis par des centrales dispatchables (hypothèse : 20% hydraulique et biomasse, 80% gaz/charbon/fioul). On arrive donc à 75% d'énergie renouvelable, 25% d'énergie fossile... et 0% d'énergie nucléaire !
- Seuls 10% de la production d'électricité renouvelable fluctuante sont perdus par surproduction.
- Tout cela pour un coût de 1% du PIB sur 25 ans.
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