Elargissons alors notre angle de vue sur l’orientation prise par ce groupe de travail. Si aucune étude scientifique ne peut avancer de caractères raciaux liés à la dangerosité potentielle du canidé domestique, on peut toutefois avancer qu’une morphologie puissante (concerne de nombreuses races), associée à des circonstances particulières constituent bel et bien un potentiel de dangerosité. Mais ce potentiel ne peut se réduire à ces seuls éléments.
Elargisons le sujet comme je le proposais, et interrogeons-nous sur les études scientifiques qui viendraient étayer le postulat, soutenu actuellement par le gouvernement, que l’éducation canine inhiberait ou réduirait les conduites agressives... malgré la gigantesque variété d’éléments déclencheurs possibles dans le quotidien d’une famille et de leur animal favori.
En toute équité on ne peut pencher vers l’un ou l’autre de ces points de vue, qui pour l’un ne veut pas considérer une race comme potentiellement dangereuse (pourtant les critères morphologiques de puissance ne peuvent être niés)parce qu’aucune étude sérieuse et scientifique n’ait été menée à ce sujet, mais qui pour l’autre se dépareille de tout esprit critique pour considérer l’éducation canine comme le chainon manquant à la bonne cohabitation et pour laquelle pourtant aucune étude scientifique n’atteste mieux ou plus d’une réactivité individuelle moindre en des circonstances propices à la morsure.
Les propostions de loi récentes font entrevoir une situation peut-être encore plus dangereuse que celle qu’il nous est donné de constater aujourd’hui. Mettre à charge des propriétaires une évaluation comportementale, des cours d’éducation canine, la formation et la délivrance d’un certificat capacitant, etc. va inévitablement initier une grande retenue à évoquer les morsures en milieu familial (qui même superficielles sont le résultat d’une situation à ne pas négliger), voire même à l’auto médication puisque le praticien sera tenu de déclarer la morsure... au Maire qui engagera la procédure à assumer financièrement par les personnes qui n’en ont peut-être pas les moyens...
Citation : « Que se passe-t-il alors dans la tête de l’animal ? Difficile de le savoir. N’oublions jamais qu’un chien reste un animal doté d’un instinct sauvage et dont on ne peut pas prévoir systématiquement les réactions. C’est là que rentrent en scène l’importance de l’éducation et la nécessité du rôle de dominant pour le maître dès le plus jeune âge de l’animal ; le chien doit obéir en toutes circonstances. »
Commentaire : Peut-être serait-il intéressant de préciser ces éléments contradictoires... Un comportement instinctif est irrépressible, donc l’éducation (le dressage en fait) ne peut faire disparaître cette coordination héréditaire entre un organisme et son environnement. Voici aussi comment la belle fable du « dominant » continue d’être distillée à tout va dès que l’on évoque le chien dans sa relation avec l’Homme. Et si l’on considérait tout simplement deux espèces qui, à l’invitation de l’homme, esssayent de cohabiter ? Les liens de sécurisation et d’attachement sont primordiaux pour entrevoir un apaisement mutuel, et cela ne convoque en rien à exercer une prétendue et improbable dominance sur l’animal. Au contraire, ce pourrait être le meilleur moyen d’hypothéquer toute chance à vivre en bonne intelligence avec son toutou. L’éducation est réduite (mais oui !) à exercer un contrôle sur les déplacements du chien, et elle est importante dans la facilité et le confort à le faire par les propriétaires. Elle n’est en rien un élément réprésentatif et inhibant dans une situation de conduite agressive. ET enfin obéir ... les capacitiés cognitives d’un chien rendent impossible son « obéissance ». Tout au plus il est capable de reconnaître un signal et répéter une réponse à ce signal par apprentissage, si tant est que le contexte est identique et sans éléments nouveaux. Je vous en prie cessez de croire à ces idées reçues et à les répandre, peut-être pourra-t-on enfin éveiller son regard vers le chien pour qui il est et non pas pour qui on le prend. Certes, des chiens, si tous les critères approfondis d’analyse sont réunis pour l’affirmer, peuvent posséder un potentiel de dangerosité, mais on est bien loin encore de la dangerosité liée à la délinquance routière.