Le sujet des moyens dans les
EPHAD en regard des enjeux de dignité et de respect dans le soin des personnes
âgées est particulièrement d’actualité. La grève du 30/01/18 en atteste.
Certes, le constat issu de la
mission de M. Iborra sur les EPHAD auprès du gouvernement montre la nécessité d’un changement dans la
reconnaissance du métier d’aide-soignante. A contrario de l’Europe du Nord, la
France tend à négliger à ce jour leur capacité – numérique déjà – à soigner à
partir du moment où les moyens sont adéquats.
En cela, un ultra-libéralisme économique et politique est plutôt un
frein.
N’oublions pas que la dignité
intrinsèque de toute personne humaine quel que soit son âge et sa vulnérabilité
prend tout son sens si la valeur conférée socialement au patient demeure une
réalité au quotidien.
Face à
une ‘logique artificielle’ ou une seule mesure de QI, soit l’homme réduit ses capacités analytiques et
conceptuelles peut sombrer dans un désenchantement, soit son regard l’attire
vers un monde intérieur plus vaste.
N’est-ce pas cette dernière option en l’homme qui peut ‘cultiver’ son
être par une éducation adéquate ? En ce sens, un approfondissement du cœur
de la connaissance ne peut être que bénéfique. La considération de différents
niveaux de réalité – sans en omettre l’articulation- selon une authentique
transdisciplinarité, pourra favorablement façonner nos êtres pensants au-delà
du seul univers cartésien : à cet
effet, on pourra s’inspirer, par exemple, de la pensée du philosophe H.
Bergson.
L’émission d’Arte sur les ‘Bébés
sur mesure’ le 10/10/17 met certes l’accent sur la génétique et l’exploitation
faite par les PMA. Toutefois, le moratoire européen de ce mois-ci sur les
expérimentations anglaises de PMA ‘à 3 parents’ - par interférences génétiques
hors du commun - invite à mesurer les risques d’une technique dont l’excès côtoie aussi l’eugénisme. En
effet, une focalisation sur la santé parfaite exclue d’ores et déjà parfois des
profils d’embryons susceptibles de développer, adultes, de potentiels cancers.
Ceci voudrait laisser penser à un déterminisme, alors que les critères de dépistage relèvent de la statistique avant
de les appliquer à des cas isolés et que le mythe du ‘tout génétique’ est
pourtant dépassé du fait du rôle reconnu des conditions environnementales à la
grossesse (épigénétique).
Par ailleurs, pour rappel, une
PMA est un acte médical palliatif et non curatif à l’efficacité médiocre de
l’ordre de 20% ; elle ne saurait être une solution à l’abri de réserves
éthiques d’autant que de véritables études sur les causes d’infertilité
constitueraient un apport précieux en termes de prévention. Au lieu de creuser
ces pistes explicatives, le recours à des cellules souches pour obtenir des
gamètes –spermatozoïdes ou ovocytes – occulte largement le sens particulier
qu’ils ont pour les générations suivantes. Ce risque de flou sur ce qu’est
notre humanité concerne aussi l’utilisation de ciseaux génétiques (CRIPSR-Cas9)
sur des cellules embryonnaires dès lors que les phénomènes de mutation génétique
induits ne sont pas maitrisés.
Ces différentes voies exploratoires pour transformer
l’horizon de la procréation ressemblent parfois à une chasse à l’imperfection,
évoquant des slogans des protagonistes du transhumanisme pour lesquels les
‘gens normaux sont toujours-déjà handicapées’. Ainsi, une médicalisation
sophistiquée assujettie au seul désir – ici, parental – invite d’autant plus à
une vigilance éthique où le sens-même de la personne soit central.
La mission de M. Villani invite
légitimement à une vigilance à ce que l’ampleur de l’IA reste mesurée. A ce
titre, il serait fort opportun d’une part de scruter les conséquences d’une IA
amplifiée mais d’autre part de ne pas oublier de travailler sur le fond qui
sous-tend les courants transhumanistes favorables à une IA plus omniprésente.
En fait, outre l’empirisme
logique qui caractérise les maths – spécialité de M. Villani, le champ de la
connaissance est bien plus riche que ce seul socle numérique où se focalise
l’IA.
L’homme, loin d’être un objet
soumis au flux des performances, est porteur d’un sens plus profond que la fascination ou la consommation
effrénée de technologies. L’unité de
notre être n’intègre-t-elle pas l’accueil d’un donné naturel – en nous et par le cosmos – que nos
capacités d’intuition ou d’analogie, au-delà de tout ‘deep learning’, feront
fructifier ? Ce cheminement cognitif inclue une vision globale où les niveaux de réalité attestent
des limites du monde des lois analytiques : des découvertes telles que la
physique quantique ne nous convient-t-elles pas à cette quête éthique ô combien
plus féconde que la ‘logique artificielle (au lieu de IA)’ en vue d’un homme
augmenté ou plutôt diminué ?