Je n’ai rien contre les Français, je n’ai rien contre les Africains, ni contre les Juifs. Saupoudrer un peu d’humour dans les réactions d’Agoravox. Je n’ai rien contre les pauvres, je n’ai rien contre ceux qui payent beaucoup d’impôts, ni contre ceux qui n’en payent pas. Rien contre les pour ni contre les contres.
"Aujourd’hui l’excision constitue une atteinte à la personne. Elle entre dans le cadre des violences ayant entraîné une mutilation permanente,
délit passible de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende
dans le cas général. Lorsque la victime est mineure de 15 ans, cela
devient un crime passible de 15 ans de réclusion criminelle, 20 ans si
le coupable est un ascendant légitime (Art 222-9 et 222-10 du Code pénal). Une interdiction du territoire d’une durée de cinq ans peut également être prononcée (Art. 222-47 du Code pénal)."
Ces lois sont elles appliquées ?
Très bien de voter lois sur lois, mais appliquons déjà celles qui sont en cours. Car sinon tout cela n’aurait l’air que d’une élucubration de plus au service de sa majesté !
Il est vrai que si l’on appliquait toutes les lois à la lettre, les puissants impuissants auraient beaucoup de mouron à se faire.
Assis, avec un carton écrit « pouvé vou me dépané de... » style je sais
pas écrire, ayez pitié. Ou bien je suis cardiaque, peux pas travailler.
À la fin des années 70, à Aix en Provence j’ai assisté au premier
carton « j’ai faim » tout court. Le gars se faisait trois cent francs tous
les matins de marché ! Une vraie industrie. À l’époque le SMIC était à
1100 francs. Taper le carton, tel était l’intitulé de ce métier.
Et puis il y a ce qu’on appelle la manche « à la rencontre ». C’est à
dire en marchant interpeller le passant : "petite pièce s’il vous
plaît". Cela marche assez bien, à condition de n’être pas trop
tristounet, et si vous pouvez faire rire ou sourire les gens, ce n’est
que du bonus. Le seul hiatus c’est quand il gèle ou quand il pleut, ils
ne sortent pas trop les mains des poches. Quand c’est un couple, un
petit « bonjour les amoureux » comme accroche facilite la transaction.
Qui est le plus heureux ? Celui qui donne ou celui qui reçoit ? Vous
offrez un cadeau à Noël à vos enfants, votre joie de donner est aussi
forte que la joie qu’ont vos enfants à recevoir. La pitié n’a rien à
voir dans tout cela.
Et puis la manche à la guitare, que j’ai pratiquée également. Eh oui,
se mettre au coin d’une rue avec une guitare et chanter c’est aussi
faire la manche. Là l’échange est plus flagrant. Et ça marche. Le seul
hic est de trouver un endroit sans vigiles pour vous expulser. Car les
commerces alentours se disent que l’argent que l’on vous donne ne
rentrera pas dans leurs caisses. Ou aux terrasses des cafés, régaler le
consommateur de deux-trois bonnes vieilles chansons en échange de
deux-trois bonnes vieilles pièces. Oui, cela est aussi la manche.
Et je ne vois pas où est la honte.
Là ou je dis que c’est vicieux, c’est qu’il faut avoir le toupet pour
pratiquer la chose. Alors, on se revigore le mental pour oser. À coup
de rouge ou de rosé par exemple. Et là, c’est l’engrenage. Le premier
euro gagné sert à acheter un litron qui vous débloquera les
zygomatiques, qui vous rendra la voix plus chaleureuse. Qui vous fera
oublier votre condition de clochard. Et comme par miracle les pièces
tomberont, vous aurez de quoi vous fournir en carburant pour réchauffer
votre pauvre cervelle d’écervelé. Vous aurez le sourire, vous n’aurez
plus envie de cracher dans la soupe...
Et le lendemain pareil, le surlendemain aussi, vous êtes pris dans le
cercle vicieux. Chaque jour, c’est quarante, cinquante, soixante euros
qui tombent. Parfois cent, j’ai déjà eu. Et affinités si plus. Le tout
est de n’être pas pleurnichard, vous êtes dans le caca, ce n’est pas la
peine d’en reporter les conséquences sur tout le monde.
Le seul (et non des moindre) problème c’est que dans tout ça vous
devenez alcoolique. Il vous faut le starter pour démarrer. Comme à
d’autres du champagne pour briller en société. Mais vous êtes modeste,
vous vous contentez d’un Côte du Rhône à un euro la bouteille. (pour
commencer la journée)
L’autre cercle vicieux c’est que si vous avez su y faire, vous vous
retrouvez tous les jours avec au moins une cinquantaine d’euros pour
subvenir à votre existence. Et encore, si vous êtes sympathique et
assidu, c’est plutôt cent euros. De quoi se payer une modeste chambre
d’hôtel, sa nourriture, sa barrette, et évacuer la honte de sa
condition. Et vous commencez à vous dire que la situation n’est pas
si terrible après tout. Et hop, vous êtes englué dans cette mécanique.
L’alcool aidant, vous n’avez plus envie de connaître autre chose. Tout
va bien, manger, dormir au chaud, fumer, boire un coup. Si vous savez
vous entretenir, question hygiène et santé, pourquoi pas une petite
copine qui comme vous est paumée et réceptive à votre amour et votre
tendresse. En vous mettant ensemble à quémander, vos gains seront
doublés. Le problème c’est que grâce à l’alcool vos fréquences de
disputes seront également doublées.
La manche c’est un métier, si on sait faire on gagne à tout les
coups. Le plus dur c’est d’en sortir. Le plus dur dans la rue c’est la
solitude qui vous donne tendance à vous mêler avec n’importe qui sans
discernement.
Mais dans cette rue aussi j’ai vu de l’amour, de l’entraide, des
clochards qui vous tendaient la main pour vous sortir du trou où tout le
reste de la société vous enfermait. Des gens bien il s’en trouve de
partout. Même « chez ces gens là ».
La manche on ne la fait pas de gaité de cœur. Chacun a son parcours
qui parfois aboutit pour une raison où pour une autre à une impasse.
Ne jugez pas, vous ne savez pas ce qu’il en est des problèmes de celui qui vous demande. Pourquoi est-il là, et parfois pour lui le geste est plus important que la pièce.