Christian Aubry (alias Ami Calmant)
est né à Paris il y a plus de 50 ans, communique de façon
professionnelle depuis plus de 30 ans, vit à Montréal depuis plus de 20
ans et se définit aujourd’hui comme un journaliste reporter d’images indépendant. Il s’est lancé dans le cyberjournalisme dès 1997, blogue depuis 2003, explore le nouvel univers de la Web Vidéo Communication depuis 2006 et réfléchit à voix haute à l’avenir du « journalisme Open Sources ».
Merci à abdelkader17 et Serpico pour les deux liens qui me mettent quelque peu au parfum. Et non, je ne suis pas « dans le journal ». Pour tout vous dire, j’ai quitté la France en 1988 pour ne plus y remettre les pieds qu’une fois tous les deux ou trois ans lors de simples visites familiales.
Ne m’intéressant plus à la politique française et à ses potins médiatiques depuis 20 ans, je ne savais même pas que Libé était tombé dans l’escarcelle de la Banque Rotschild. De ce ce point de vue-là, je suis vraiment à côté de la plaque — autant que vous qui ne savez probablement pas à qui appartient Le Soleil de Québec.
Ce premier billet que je publie sur Agoravox n’était pas vraiment
favorable à Libération, dont il critiquait l’apparence de « refonte »
annoncée récemment. Ce journal n’est ici qu’un prétexte pour
exposer une vision qui m’est chère — celle du « journalisme open
sources », un écosystème où l’intelligence collective, la profondeur et
l’objectivité des sources l’emporterait sur l’intelligence d’une petite
élite et la manipulation de sources invérifiables car, la plupart du temps, soigneusement occultées. Je ne parle pas de ce que je ne connais pas — la ligne politique du journal — mais de ce sur quoi je crois avoir quelque chose d’intéressant à dire — sa stratégie éditoriale et son plan d’affaires à l’ère d’Internet et de la dématérialisation souhaitable de notre économie.
Malheureusement, ce sujet n’a pas suscité l’ombre d’un début
d’enthousiasme ni de réelle conversation entre nous. Vous n’avez pas
*lu* ce que j’ai écrit, juste réagi au mot Libération
comme le taureau réagi à la couleur rouge. Vous êtes partis au quart de tour dans le registre de l’anathème et du mépris caustique. Vos réactions sont tellement méprisantes — quasi barbares, même, comme un Ben Laden peut l’être dans sa condamnation de l’Occident — que je me suis moi-même senti insulté.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai quitté la France il y a 20 ans. Certaines sont d’ordre personnel, d’autres plus universelles. Je n’étais pas heureux dans un pays hyper compétitif et socialement violent. J’étais affecté par le racisme au quotidien, les agressions verbales, le mépris à fleur de peau, les extrémismes prétendant tous détenir la Vérité et la hiérarchie érigée en Tables de la Loi. Je n’avais pas envie de passer ma vie à me défendre ou à attaquer en permanence afin d’exister. J’aspirais à une paix relative que j’ai heureusement trouvée à Montréal, Québec, Canada.
Auparavant, j’ai été un jeune journaliste et il se trouve que j’ai publié deux articles pleine page dans Libération en 1987 et 1988. La seconde fois, j’ai remis ma copie avec une heure de retard. Cela m’a valu une copieuse engueulade en pleine salle de rédaction. Ce savon était tellement disproportionné par rapport à ma faute, les
mots employés étaient tellement durs, calibrés pour blesser le plus possible, et que cela m’a
totalement écœuré.
Je n’ai plus jamais remis les pieds à Libé. J’ai préféré quitter la France et changer de métier. Jamais je ne l’ai regretté.
Au fond, ce n’est pas une très bonne idée que je revienne en terrain médiatique français, fut-il 2.0, alors que je n’ai plus l’expérience sociale nécessaire pour comprendre ce qui se passe dans ce pays. Pardon de mon ignorance et de mon déviationnisme.
@Serpico : Vos propos n’ont rien à voir avec les miens et je m’en dissocie pour plusieurs raisons.
1) Quels éléments de preuve apportez-vous à vos affirmations d’imposture (?), de glapissement et de soutien du régime Bush ? Si vous n’étayez pas ces affirmations gratuites, elles ne valent même pas les électrons qui les affichent à mon écran. 2) Rien ni personne ne mérite des crachats. Pas même vous qui semblez, à première vue, avoir l’opprobre et la haine vissée au ventre. Rassurez-moi si ce n’est pas le cas !
@Deneb : Même chose. Qu’est-ce que Rotschild a à voir avec Libé ? Sur quoi vous fondez-vous pour affirmer que ce journal diffuse une pensée unique, et non pas un échantillon à tout le moins honnête, s’il peut difficilement être impartial, de la pluralité des voix qui s’expriment dans la société française ?
Mon propos est différent. Il concerne l’avenir de la « presse » (un mot dépassé par les événements, j’en conviens) en général et non pas celui de Libé en particulier, qui n’a ici que valeur d’exemple. Je ne juge ni le contenu ni le bien fondé de cette publication, mais plutôt son modèle d’affaires et, en l’occurrence, son manque apparent de vision en ce qui concerne l’impact d’Internet sur sa production.
Tant que j’y suis, j’ai lu après avoir publié cette analyse un article de 01net qui indique qu’« une application payante très innovante permettra d’accéder à d’autres services, dont on ne connaît pas encore la teneur ». Libération n’a peut-être pas encore abattu toutes ses cartes et j’espère sincèrement qu’ils me feront mentir en allant de l’avant avec des produits beaucoup plus novateurs.
Je trouve que cet article prospectif manque singulièrement d’imagination. Une fois épuisé le recours à la publicité pour vivre, les « médias trad » n’auraient donc d’autre choix que de vivre au crochets de l’État. Ce qui me rassure, c’est que vous reconnaissez vous-même la fragilité et la maladresse de vos « pistes de solution » et que vous posez les prémisses du problème de la bonne façon : ce ne sont pas les coûts qu’il faut réduire, il faut au contraire augmenter les recettes.
Et comment augmenter les recettes sur Internet ? Simple : en vendant, plus chers, des produits à valeur ajoutée. Et de quels produits à valeur ajoutée les entreprise de presse disposent-elles ? Leurs archives ? Oui, certainement, mais ce n’est pas rare, pas très utile, donc pas suffisant. La réponse est, selon moi, évidente et je le répète depuis plus 10 ans : LES SOURCES, nom de Dieu !!!
Considérez l’information dans son ensemble comme un océan et chaque sujet comme un iceberg qui y fond tranquillement et, ainsi, l’alimente. Ce qui dépasse au-dessus de la surface, c’est le « papier », l’article. C’est beau et c’est impressionnant. Mais ce qui nourrit l’océan, ce n’est pas simplement la partie émergée de l’iceberg, c’est aussi et surtout sa partie immergée, beaucoup plus importante. Au niveau de l’information, cela s’appelle LES SOURCES.
Pour des raisons de contraintes spatiales et temporelles, puis par habitude ou par nécessité de conserver jalousement le feu qui alimente leur pouvoir magique, les journalistes des siècles passés ne publiaient pas leurs sources, même lorsqu’aucun enjeu de sécurité ou de confidentialité n’est en cause. Or, au XXIe siècle, ce comportement propriétaire n’a plus lieu d’être. Les sources viennent du peuple, qu’elles y retournent puisque ni l’espace disque ni le « temps d’antenne », désormais, ne sont limités.
Enregistrez donc en audio, vidéo ou pdf autant de sources INTÉGRALES que possible.
Puis validez-les, décrivez-les, « taxonomisez-les » et classifiez-les.
Enfin, entrez-les dans un système informatique qui me permette à moi — utilisateur final, journaliste, chercheur, étudiant, cadre d’entreprise, fonctionnaire, peu importe — de la retrouver quand j’en aurai besoin.
En complément de votre article, disponible gratuitement en ligne et maigrement financé par la publicité, vendez-moi UN ABONNEMENT DE LUXE, au moins aussi cher qu’un abonnement papier, qui me permette, SI ET QUAND CELA M’INTÉRESSE, de visiter la partie immergée de l’iceberg — toutes ces sources que vous avez trouvées pour construire votre article et traiter le sujet.
Si je ne veux pas m’abonner, offrez-moi la possibilité de consulter vos sources EN FORMULE DE MICRO-PAIEMENT.
Si je veux RÉUTILISER VOS SOURCES, ou une partie de vos sources (audio, vidéo, PDF), VENDEZ-MOI LE DROIT DE LE FAIRE et livrez les moi en haute définition afin que je puisse en inclure un extrait dans mon propre topo audio ou vidéo.
Devenez ni plus ni moins qu’une AGENCE DE PRESSE LOCALE (ou internationale, si vous en avez la portée et les moyens) et comprenez que les citoyens et les entreprises de demain deviennent peu à peu des producteurs de contenus d’information, mais que s’ils sont capables de faire flotter de beaux icebergs à la surface de l’eau, ILS ONT BESOIN DE SOURCES VALIDES POUR LES NOURRIR SOUS LA SURFACE.
Ce faisant, vous ferez œuvre sociale, vous augmenterez la valeur de l’information commerciale et citoyenne et vous aurez des recettes suffisantes pour payer correctement (1) vos journalistes d’enquête et de terrain (2) vos secrétaires de rédaction traitant non seulement l’info interne, mais également celle provenant des citoyens et des entreprises et (3) vos programmeurs-intégrateurs qui feront fonctionner et amélioreront sans cesse les systèmes d’information complexes nécessaires à l’exploitation de vos sources.
Libérez le cœur même de l’information. Ouvrez vos sources. Ne les gardez plus jalousement dans vos coffres-forts propriétaires. Permettez qu’elles
circulent librement à la manière du code des logiciels libres et ouverts. Entrez dans l’ère de l’information « open sources » et n’hésitez pas à les tarifer, si nécessaire, afin de survivre et prospérer. La démocratie a un prix que les citoyens seront prêts à payer si vous savez le leur vendre intelligemment.