« Ce serait un peu trop long a vous expliquer, mais, »en fait« après 35 ans d’expérience de ces régions, je peux vous confirmer qu’elles ont très exactement connu un »socialisme réel« a tous les sens que l’on peut prêter a ce mot. »
Je veux bien vous croire, cher ami, mais pour cela il vous faudra faire une démonstration un tant soit peu plus étayée que votre « ce serait un peu trop a vous explique ». Mon article avait pour dessein entre autres de démontrer que les applications concrètes de ce que l’on appelait « socialisme réel » relevait plus du « capitalisme d’Etat » que d’une forme de socialisme stricto sensu. Maintenant libre à vous de ne pas souscrire à mes conclusions et de me proposer une contre-démonstration reposant cette fois sur des arguments concrets, moins evasifs et conjecturaux.
Sauf qu’il ne s’agit pas ici de nier la « nature humaine » en tant que telle (et encore moins de créer « l’Homme nouveau »), mais de souligner qu’elle est une notion autrement plus complexe que les divers laudateurs du système actuel ne le prétendent. A vous entendre la fameuse « nature humaine » ne se réduirait qu’à la cupidité, l’avidité et la mégalomanie. A vous entendre encore, seuls l’inné et la génétique seraient à l’origine de la nature humaine. Autrement dit (pour aller très vite) les humains naîtraient cupides, avides et mégalomanes et / ou généreux, altruistes et philanthropes. Comme si l’acquis (via l’environnement dans lequel vivent les humains) n’avait qu’un rôle mineur dans la fabrication des humains. Or tous ces arguments reposent sur des théories fumeuses maintes fois contredites à ce jour. Pour un exposé plus étayé sur la question, je vous suggère de lire le texte suivant, extrait d’un article rédigé par François Châtel. Bonne lecture !
Dernier point : l’URSS, dans sa volonté de générer l’Homme nouveau, est parti du postulat (inspiré en cela de Rousseau) que l’Homme naissait naturellement « bon » et « généreux » mais était corrompu par un environnement qui le rendait « mauvais ». Pour ma part (et pour bien d’autres), je pense qu’on naît ni bon ni mauvais, mais qu’on le devient car ce sont les circonstances et l’environnement qui, en grande partie, fabriquent l’Homme.
Par ailleurs vous semblez oublier qu’au nom de la « nature humaine » et ses aspects les plus pernicieux - tels la cupidité et l’égoïsme - et les plus salutaires - tels le talent et la générosité -, établis de façon subjective et arbitraire, qu’il convenait d’éradiquer ou d’exalter, crimes et abus ont également été commis (et le sont encore aujourd’hui) :
- Crimes perpétrés par certaines puissances religieuses, telle l’Inquisition hier ou la République islamique d’Iran aujourd’hui.
- Abus perpétrés par le capitalisme néo-libéral qui tend à exalter les « bons » et les « mauvais » côtés de la « nature humaine », alors qu’il serait plus judicieux de les pondérer afin d’aboutir à une société plus équilibré et solidaire. Entre autres exemples : le talent artistique, sportif ou commerciale est bien souvent « surrécompensé » par le système ; de même, la cupidité, l’avidité et l’égoïsme sont encouragés par le système, de par les profondes inégalités, la compétition à outrance et l’absence de frein à l’enrichissement personnel qu’il permet, avec les conséquences que l’on connaît...
Merci Jaja pour ces précisions fort intéressantes.
Connaissez-vous l’économie distributive ? Si tel n’est pas le cas, voici un lien qui vous renseignera sur les idées forces de cette théorie, au demeurant très peu connue. N’hésitez pas, par la suite, à émettre votre point de vue sur celle-ci.
« La cupidité et l’avidité, la mégalomanie de ceux qui détiennent le pouvoir, n’ont pas été pris en compte ».
C’est aussi à partir de ce constat qu’il faut tirer les leçons de l’histoire, la question étant : comment faire pour juguler (et non les éradiquer totalement) les aspects pernicieux de la « nature humaine » ? A cette interrogation, les partisans de l’économie distributive apportent des éléments de réponse. Ci-dessous un lien qui débouche sur une bonne synthèse de leurs propositions (ainsi que leurs réponses aux objections légitimes qu’on leur adresse souvent).
Par ailleurs, je pense que la notion de « nature humaine » est autrement plus complexe que vous ne le laissait entendre, et sert souvent de prétexte pour rejeter et disqualifier toute proposition visant à dépasser le système actuel.
A mon sens, l’Homme ne naît ni bon ni mauvais ; c’est l’environnement dans lequel il vit qui bien souvent détermine son comportement social. Je n’ai malheureusement pas le temps de développer davantage. Je vous suggère donc de lire (voir le lien ci-dessous) le texte de François Châtel sur la question, texte fort intéressant et bien étayé. Bonne lecture.