Non, The Wire n’est pas une « étude sur le trafic de la drogue » : tu n’as pas dû voir la série en entier (les 5 saisons forment une mosaïque qui dresse le portrait de la ville, faire l’impasse sur l’une, c’est tronquer le discours).
En fait, la drogue n’est que le point de départ de la série. Mais dès la deuxième saison, on parle de syndicalisme, de classe ouvrière contrainte pour survivre de fermer les yeux sur certaines pratiques (corruption, traite des blanches). La troisième saison tente de montrer que la légalisation de la drogue pourrait être une solution puis dans la quatrième saison, on s’attaque carrément au système éducatif et à la campagne électorale pour la mairie. Enfin dans la cinquième, on plonge dans l’univers des médias et leur rôle, notamment à travers un journaliste qui invente de toute pièce ses articles. Au final, un portrait fidèle, complet, morcelé mais cohérent.
Et non, dans Buffy, il n’est pas uniquement question de vampires et loups-garous : ceux-là symbolisent seulement les pulsions « bestiales » des ados en pleine puberté. Mais tous les autres démons (il y en a plus de 200 recensés dans la série) ont chacun leur particularité, leur histoire et incarnent, à la façon des contes de fée analysés par Bettelheim, une fonction de l’inconscient collectif. C’est d’une grande richesse : c’est l’une des meilleures séries produites pour la jeunesse, et de loin.
Les valeurs qu’elle défend, en particulier le fait ULTRA RARE que LES ARMES A FEU EN SONT ABSENTES OU DENONCEES, que la culture et la recherche est désignée comme pouvoir ultime, que les réponses sont également en soi, qu’une transcendance ésotérique est possible dans un monde moderne, qu’il peut y avoir plus d’un personnage féminin fort dans un casting, que rien n’est ni blanc ni noir, que les apparences sont trompeuses (la toute première scène de la série le dit d’emblée)... la liste est longue, et terriblement éloignée du discours habituel des séries américaines... dans lesquels, souvent, on se contente de dégainer son arme, proclamer son allégeance à la patrie, tuer sans se poser de question.
Toutes ces séries-là sont un danger, Buffy est un remède contre l’obscurantisme américain. L’un des épisodes a même anticipé la tuerie de Columbine.
Bonjour, merci beaucoup : j’ai en effet regardé toutes les séries de David Simon. Il n’y a que « Show me a hero » qui m’a un peu déçue... Mais cela mérite peut-être un autre visionnage...
Et Treme est excellente ! Ne serait-ce que pour la bande-son :D
même si je partage ton opinion en ce qui concerne la très grande majorité des séries produites, il en est deux, notamment, qui sortent du lot de façon magistrale, et qu’il ne faut absolument pas mélanger à l’ivraie télévisuelle.
Je veux parler tout d’abord de The Wire (Sur écoute), que tu cites rapidement, et qui pourtant est très nettement supérieure aux autres. C’est un travail d’investigation total, une description politique et sociale d’une immense profondeur de la part de ses auteurs (David Simon et Ed Burns, respectivement ex-journalite et ex-policier). Leur ambition : utiliser le storytelling pour faire bouger les choses (à Baltimore, chez eux) : « Je ne veux pas faire quelque chose qui ne sert qu’à occuper les gens dans leur temps libre » dixit David Simon.
C’est, selon moi, la seule véritable série politique (toutes les autres, House of cards... ne mettent en scène que le « spectacle de la politique »... tout comme nos politiques bien sûr).
The Wire est pour moi l’archétype de l’oeuvre de fiction qui dépasse le simple documentaire. Elle tente de montrer des idées innovantes (légaliser la drogue notamment), de dépeindre les travers à chaque échelon (même le truand se fait truander par les politiciens de la ville). Elle montre toutes les classes sociales, toutes les tranches d’âges, tous les milieux (75% des habitants sont noirs ? Eh bien, 75% du casting l’est également). Le portrait de la ville est des plus méticuleux, et à travers Baltimore, ce sont toutes les grandes villes américaines que l’on peut reconnaître, et à travers elles, toutes les grandes villes du monde : on touche bien sûr à l’universel.
C’est une série exigente, qui demande concentration (les épisodes sont longs, peu rythmés en comparaison avec le montage hyper saccadé des séries actuelles) mais elle nous en apprend plus en 5 saisons que n’importe quel documentaire, film ou livre sur le sujet. Alors oui, il existe des séries qui dépassent le simple divertissement.
Je te conseille de la revoir.
La deuxième série que je place hors du lot, c’est Buffy contre les vampires (si si).
C’est une série pour adolescent, donc je ne te la conseille pas. Mais elle est très différente des autres. C’est une série « introspective », qui parle de l’humain à un moment crucial de la construction identitaire qu’est l’adolescence, aux difficultés et aux choix que l’on doit faire. Et pour en parler, elle utilise la métaphore fantastique assez finement.
C’est une série qui remet au goût du jour les archétypes fondamentaux de la psyché humaine. Citons le rôle central du MENTOR : l’héroïne, dont le père est absent, rencontre son mentor, bibliothécaire dans son lycée, qui va la former et l’épauler tout au long de la série.
Ce mentor/bibliothécaire va surtout lui permettre de dépasser sa condition de « petite américaine superficielle » pour l’initier aux connaissances occultes ancestrales... par la lecture. Ainsi, d’épisode en épisode, la réponse se trouve toujours dans les livres. C’est tout simplement une ode à la bibliophilie.
Chaque personnage (« bon » ou « méchant ») va ainsi évoluer de manière édifiante (et ça, c’est très très rare dans les séries). Ils vont « grandir » en affrontant leurs propres démons (incarnés par tout un bestiaire mythologique : et pas seulement des vampires). Nous voyons que la société américaine est littéralement (et physiquement dans la série) construite sur de multiples civilisations, ésotériques et ancestrales, aux racines extrêmement profondes (la ville de la série est ainsi construite sur l’une des « bouches de l’enfer », qui attire à elle tous les êtres surnaturels).
A noter également : rien n’est vraiment manichéen, dans Buffy... L’ennemi d’hier, peut devenir l’allié de demain... et vice versa ! Il n’y a que dans la culture asiatique que l’on peut voir ce genre de thématique.
Non, à bien y réfléchir, cette série devrait te plaire :) Tu ne devrais pas la juger si durement, du fait notamment de son titre français. Elle n’a strictement rien à voir avec une série (d’adolescent) classique.
Je n’ai ressenti absolument aucune pression : ni pour ni contre le fait d’allaiter. Je me demande même d’où pourraient venir ces pressions...
Je ne m’étais jamais posé la question. Mais pendant ma grossesse, je me suis renseignée : j’ai lu 10 livres au moins sur le sujet, j’ai approfondi encore sur certains sites spécialisés (Leche League...).
Quand j’ai compris les IMMENSES bénéfices, je me suis donnée à fond. Car oui, ce n’est plus naturel d’allaiter, il faut de l’entraînement, des connaissances, une VRAIE volonté. Cours, lecture, témoignages et conseils de copines qui ont allaité : il faut au moins ça pour que tout se passe bien. C’est un vrai parcours du combattant : les premières semaines sont vraiment douloureuses.
D’un point de vue esthétique, ce qu’on ne dit JAMAIS, c’est que l’ALLAITEMENT FAIT MAIGRIR ET REND LES SEINS BIEN PLUS BEAUX !!! Si si, alors il faut allaiter plus de 6 mois, mais ça fait fondre les cuisses et les hanches, ça fait grossir les seins, bref, on se retrouve avec un corps de rêve ! Et je passe les bienfaits sur la santé, bien sûr.
Alors vous me direz : « 6 mois ! c’est long ! » En fait, selon l’OMS, c’est l’idéal. Vous me direz « mais vous restez à la maison ? » Non, j’ai repris le boulot très vite, tout en tirant mon lait. C’est sportif mais parfaitement faisable, il faut juste un peu d’organisation. Bien au contraire, pour une mère active qui voit son bébé éveillé 2 heures par jour, lui offrir son lait est juste EXTREMEMENT BON POUR LE MORAL. La communion opère malgré la séparation due à la vie active forcée (je n’avais pas le luxe de prendre un congé parental... à mon grand regret).
Bref, il suffit encore une fois d’INFORMER : il y a tellement de rumeurs, de peurs, de préjugés !!! J’ai lu des choses honteuses dans certains livres (sacré Rufo, va) qui osent sortir des inepties du genre « allaiter plus de 6 mois, c’est une forme d’abus sexuel »... ouais, on voit bien que vous ne savez pas de quoi vous parlez. Car l’allaitement, c’est surtout un combat, c’est douloureux et épuisant, mais tellement enrichissant, à tous les niveaux.
L’allaitement n’a rien à voir avec le féminisme selon moi : si on a l’information, il suffit de faire son choix. Et avec un peu de bon sens, on voit bien lequel est le meilleur pour la santé. Si les enjeux sont plus psychologiques, avec blocage ou répulsion, eh bien soit, l’important est de choisir en toute connaissance de cause.
Par contre, il faudrait donner des congés spécifiques pour favoriser l’allaitement (comme dans les pays du Nord, où 80% des femmes allaitent plus de 3 mois, contre 30 % en France...) Quand on voit les bienfaits sur la santé de l’enfant et de la mère, c’est une question importante de santé publique. Oui les pesticides passent dans le lait, mais pendant la grossesse et après, n’importe qui de censé mangera bio, c’est un investissement légitime je pense :)
« faire mieux que l’état » mais pour quoi faire exactement ?
Formater les élèves, les rendre « utiles » à l’entreprise, leur inculquer la résignation (« c’est le système, c’est comme ça et pas autrement, no alternative »), leur apprendre l’histoire officielle, avec interdiction de remettre quoi que ce soit en question... Bref, les rendre EMPLOYABLES. Leur inculquer la peur du chômage et de l’anti-conformisme ? Tout ça, c’est juste perpétuer l’esclavage.
Non, personnellement, ce n’est absolument pas ma vision de l’école républicaine : il s’agirait avant tout de faire des enfants des CITOYENS (car, non, on ne naît pas citoyen, on le devient), par exemple :
- savoir élaborer une constitution, au sein de la classe ou de l’établissement, pour apprendre, plus tard, à s’approprier cet enjeu majeur de la vie politique. Avoir ainsi une conscience de groupe, de société, dès le plus jeune âge et de façon ludique.
- savoir lire/écrire/compter, d’accord, mais aussi SURTOUT : savoir lire les images, apprendre le montage audiovisuel (pratique et théorie) afin de ne plus être un illettré du JT et de la télévision en général, bref, être en mesure de décrypter le lavage de cerveau opéré par les médias (je ne vois rien de plus important, à vrai dire).
- apprendre à douter et à remettre en cause, notamment l’histoire officielle (et il y a de quoi faire). Ne pas accepter un savoir « tout fait » déversé par un maître, mais plutôt une méthode basée sur la curiosité et le plaisir de découvrir par soi-même (usage de l’auto-correction...) De nombreuses pédagogies (payantes, le plus souvent) fonctionnent ainsi.
- Non nous n’avons pas tant besoin de scientifiques et d’ingénieurs, nous avons besoin de sciences humaines, de philosophes, de sociologues et d’artistes pour décrypter le monde, ouvrir les horizons et dénoncer les mécanismes mortifères néo-libéraux. Et SURTOUT, dire aux nouvelles générations que TOUT EST POSSIBLE, pas besoin d’être formaté, casé, moulé... ça, ça nous appauvrit tous. Nous devenons par l’éducation des « copies conformes » juste bonnes à être employées, donc au final exploitées. Pourquoi n’apprend-on pas à « entreprendre » à l’école, sans la peur de l’échec (inculquée elle aussi par le système de compétition, notation...)
L’entreprise n’a pas à dicter ce qu’un citoyen doit être. Le marché du travail n’a besoin que de pauvres, très pauvres compétences. L’ECOLE DEVRAIT NOUS RENDRE LIBRES, TOUS, par le développement de l’esprit critique, l’esprit de la communauté, l’ensemble et non la compétition-chacun-pour-soi. Au contraire, pour les meilleurs, elle formate, pour les moins bons, elle casse.
Soyons honnête, elle n’a JAMAIS, depuis sa création, eu ce but. Et c’est bien ça qu’il faut changer.