Désespéré par la nature abjecte de certains humains, émerveillé par la profonde humanité d’autres Homo sapiens, j’aime finalement les humains dans tous leurs états.
Votre désinformation est agréable à lire car courtoise mais cela reste de la désinformation, premièrement la France n’est pas uniquement un grand champ cultivé, la surface arable ne représente qu’un tiers environ du territoire. Et toutes ces terres arables ne sont pas cultivées en betterave ou luzernes nécessitant un labour de 25 cm en moyenne. Vous dites que les travaux agricoles peuvent détruire des sites, c’est exact seulement les agriculteurs exercent leur métier et quand le site est d’intérêt, des pratiques non destructrices leurs sont fortement conseillées. L’utilisation de la sous-soleuse est très rare et se pratique de moins en moins car chaque cm de profondeur représente une quantité de carburant non négligeable. La tendance est de limiter au maximum la profondeur des labours et de préférer le griffage. Vous dites aussi que les engrais détruisent les artéfacts métalliques, là encore cela montre votre manque de rigueur. Il n’y a aucune étude taphonomique sérieuse qui le démontre scientifiquement, et même si cela était vrai dans certains cas, considérer de manière indifférenciée les sols est ridicule car les sols n’ont pas la même acidité, la même composition et donc des terrains sablonneux se comporteront différemment de terrains argileux etc…Généraliser l’impact d’un engrais est totalement anti-scientifique, mais cela ne semble pas être une des premières préoccupations des détectoristes.
Monsieur, votre avis n’est pas conforme à la réalité du terrain. Vous avez pu constater, si vos propos sont vrais, que les artéfacts sont rarement isolés comme vous tentez de le faire croire dans votre dernier paragraphe. Si les détectoristes étaient si passionnés par l’histoire, pourquoi ne demandent-ils pas les autorisations ad hoc ? pourquoi ne déclarent-ils pas les artéfacts ? Pourquoi ne font-ils pas de la réelle archéologie en respectant les règles scientifiques et administratives inhérentes à cette activité ? L’archéologie est une science ouverte à tous et accessible à toutes les bonnes volontés, des centaines de fouilles sont organisées chaque année et reçoivent de nombreux amateurs. Pourquoi les détectoristes veulent-ils s’affranchir de tout cela ? Je vais vous répondre simplement : l’immense majorité veut faire de l’archéologie facile uniquement pour récolter des artéfacts, pour les mettre dans leur vitrine ou pour les vendre aux enchères. Voilà la réalité, si certains (très peu malheureusement) veulent collaborer ils peuvent le faire grâce aux autorisations préfectorales mais ils ne veulent pas. Voilà le problème, regardez les réactions sur les fora de détection lorsque la fnudem a émis l’idée d’un permis pour détectoriste ! Ils ne veulent pas se plier aux contraintes légales et scientifiques et donc par définition ils pillent le patrimoine commun. Ne croyez pas que ces dispositions légales ne sont faites que pour embêter le monde, elles ont été créées afin de ne plus détruire inutilement des sites archéologiques, il faut les respecter car elles sont justes. Maintenant devant le rejet de se plier aux règles, les autorités ne peuvent que durcir les lois et empêcher les gens de se procurer ces machines si destructrices sans autorisation préalable.
voilà notre proposition : comme avec les armes à feu, on ne pourra en acheter que si on est titulaire d’un permis, seules les personnes légalement autorisées pourront acheter un détecteur sous peine de lourdes sanctions pour le vendeur et l’acheteur.
Merci Manuel de votre intervention, je souhaiterais tout de même informer notre ami photographe que nous connaissons parfaitement la situation de l’archéologie autrefois dite de sauvetage et qualifiée aujourd’hui de préventive, ce qui est différent. La situation grecque m’est aussi parfaitement connue pour avoir de nombreux amis au sein des Ephorats ainsi que des collègues dans les écoles américaines et même françaises ! La Grèce, comme les autres pays européens, applique la convention de la Valette sur la préservation des sites archéologiques face aux aménagements. Un aménagement n’est pas forcément impactant sur un site archéologique, ce serait nier l’archéologie urbaine que de le dire...il n’y a pas obligatoirement un sous-sol allant jusqu’au socle rocheux dans tous les aménagements, je dirais même qu’une couche de bitume ou de béton préserve certains sites archéologiques des attaques des pilleurs (c’est un véritable fléau en Grèce comme ailleurs). Une fouille est destructrice et irrémédiable, c’est une évidence, c’est pourquoi nous nous devons de la documenter au mieux de nos possibilités pour les études actuelles et futures. La conservation des tessons non muséables est très importante pour la recherche scientifique, pour avoir travaillé sur des collections plus que centenaire, je vous assure que des études en collection peuvent livrer des données originales.
Les musées ont obligatoirement un rôle de conservation, car il s’agit de l’objet de leur collection, ils doivent obligatoirement privilégier l’accès de leur collection aux différents chercheurs, parfois comme au MNHN, le musée a aussi une vocation scientifique car que serait une collection entomologique sans spécialiste capable de déterminer les insectes en collection ? tout comme une équipe de recherche en médecine sans patients dans des hopitaux ? Le CNRS possède assez peu de laboratoires propres, la recherche en France est menée le plus souvent dans des laboratoires mixtes (cnrs/université ou cnrs/autre établissement public
Voyons monsieur le photographe, comment pouvez-vous dire autant d’inepties ? en tant qu’archéologue je peux vous assurer que ces tessons seront analysés, étudiés ! Nous travaillons bien avec des collections des siècles passés, il ne faut pas croire que si ceux-ci ne sont pas étudiés de votre vivant, ils ne le seront jamais, voilà pourquoi il sont classés, ragés, étiquetés et surtout que toutes les annotations contextuelles ont été conservées dans de moultes rapports !
La Grèce empêche la construction dans certaines zones pour protéger les vestiges, ils seront eux-aussi fouillés, un jour par les étudiants des étudiants de nos étudiants, dans 100 ans ou 500 ans ! Il s’agit de reserve pour les générations futures, car avec le progrès, les techniques de fouilles seront forcément nettement plus performantes que les notres (il suffit de voir celles des années 50)
Merci M. Atreide pour cet excellent exposé sur ce sujet si douloureux pour les amoureux du patrimoine. Je souhaiterais aussi vous informer que le modèle visé, celui de nombreuses institutions muséales nord-américaines, fait la part belle aux marchands d’art. Nous avons bien vu récemment que de nombreux musées achètent le fruit de pillages archéologiques, ils favorisent ainsi la destruction de notre propre patrimoine culturel. Le récent retour en Italie d’oeuvres majeures d’origine douteuses issues du J. Paul Getty Museum, du Metropolitan Museum of Art in New York, du Museum of Fine Arts in Boston, et du Princeton University Art Museums, etc... a fait l’objet d’une grande médiatisation, une grande exposition est organisée en ce moment à Rome sur ce sujet ( www.beniculturali.it/sala/dettaglio-comunicato.asp ). Nous craignons donc que les musées français agissent de la même manière, en achetant certaines oeuvres illicites et ce au dépend de leurs propres collections.
Quand allons nous appliquer UNIDROIT ( www.unidroit.org/french/accueil.htm ), qui régit tout cela ? La France a signé en 1995 ce traité mais il n’est toujours pas transcrit dans les textes français, uniquement parce que Chirac était trop proche des marchands d’art (justifier le pedigree réel des objets sous peine de restitution aux pays d’oigine, voilà l’enjeu de ce texte !)