Olivier, affirmer que c’est sans danger est faire preuve d’optimisme précoce teinté de naïveté. Il est important de relativiser la communication faite autour de cette technologie, de même nature que celle déployée pour le nucléaire « traditionnel » : sans danger, propre, voire verte...
Cette filière est encore largement expérimentale, et bien qu’il semblerait qu’elle exclue certains risques majeurs, tous sont loin d’être écartés, et ne semblent pas prêts de l’être.
Je me demande dans quelle mesure, au lieu de chercher à produire à n’importe quel prix des quantités gargantuesques d’énergie, il ne serait pas plus pertinent de revoir le modèle socioéconomique dominant...
Olivier, je peux faire preuve d’humour, mais ce n’était pas le cas ici, non plus que de vouloir vous égarer
Je n’ai pas vu les données officielles, mais le plus vraisemblable est une valeur de 0,22µS/h mesurés à Tokyo le 27, bien que cette valeur soit à mon sens plus proche de 4 fois la normale que de 6.
Au sujet de votre seconde question, je crois que la réponse est d’un ordre plus philosophique que technique, et renvoie à la question plus générale : pourquoi ne sommes-nous pas tous égaux face à la vie (bien en dépit de la fort jolie charte des droits de l’homme) ? J’ignore si le moral joue là-dessus, mais je sais que leDr. Bernie S. Siegel a écrit “ Montrez-moi un malade qui aime la vie, je vous montrerai quelqu’un qui vivra longtemps ”
Techniquement, je vais revenir plus précisément sur le SIevert. J’ai écrit que cette unité mesurait la « dose radioactive ». Il s’agit en fait de la quantité d’énergie transmise à l’organisme (Joules/kilogramme) par le rayonnement émis par une source radioactive. Dans le corps cette énergie se transforme en arrachement d’électrons (ionisation), ce qui modifie l’équilibre électrostatique et donc moléculaire de ce corps. Imaginez comment (une infime partie de) l’énergie cinétique d’une voiture lancée à 100km/h se transforme au contact d’un piéton... Quelle molécule sera touchée ? Comment va-t-elle se transformer ? ça relève de la statistique. Si une molécule d’ADN est touchée et que la cellule qui l’abrite ne parvient pas à la réparer puis réplique cet ADN buggé, c’est la porte ouverte au cancer. Si cet ADN buggé est dans un gamète et que celui-ci participe à une fécondation, c’est une progéniture buggée qui viendra au monde. Impossible à prédire en d’autre termes que de probabilités. Ces probabilités augmentent bien sûr avec l’importance de la contamination (plus de désintégrations donc de « projectiles » lancés), de la nature des isotopes, du temps d’exposition, des organes touchés, et d’autres facteurs que j’ignore...
Pour limiter les effets de la radioactivité, il convient de :
- S’éloigner le plus possible des sources radioactives, par conséquent ne pas respirer / ingérer de particules radioactives, ou le moins possible.
(l’effet du rayonnement diminue avec le carré de la distance qui sépare de la source)
- Privilégier une alimentation dont on sait qu’elle n’est pas ou peu contaminée.
- Etre en bonne santé générale, avoir une bonne hygiène de vie
- le corps répare plus facilement les dégâts qui lui sont causés
- les carences alimentaires peuvent causer la fixation de radionucléides dans certains organes suite à une contamination interne, causant une exposition de contact plus longue : Iode131 => thyroïde, Strontium90=>système osseux, Césium137=>un peu partout... Ce phénomène de fixation allonge considérablement la demi-vie biologique qui représente le temps que met le corps à éliminer la moitié d’une substance.
Olivier, merci pour votre précision. Je réagissais au fait que vous disiez mSv = microsievert = chou vert = vert chou...
Les milli (m) micro (µ), pico (p), ou kilos (k), méga (M),... ne sont que des préfixes représentant des ordres de grandeur de l’unité de mesure qui les suit : kg = kilogramme.
Pour les Sievert, je vais essayer de résumer, probablement que ceci aidera certains lecteurs
Sievert : unité de mesure de la dose « radioactive » absorbée par le corps humain. Cette valeur est pondérée en fonction de la nature du rayonnement (alpha, beta ou gamma), et, dans le cas de la dose efficace, de l’organe atteint par ces rayonnements (un rayonnement ionisant ne produit pas le même effet sur la peau que sur les testicules).
Sievert/heure : débit de dose horaire, donc la quantité de Sievert qu’on prend en une heure.
Sievert/an : débit de dose annuel = débit horaire x 24 x 365
Le débit de dose horaire convient pour représenter les effets d’une courte exposition (généralement à des rayonnement relativement élevés), tandis que le débit de dose annuel convient mieux pour représenter une longue exposition à de plus faibles rayonnements. Dans le cas de Fukushima, il serait d’ailleurs plus pertinent de représenter le débit de dose de leurs flaques en Sievert/minute ou Sievert/seconde...
D’autre part, il a été remarqué qu’une courte exposition à de forts rayonnements produit des effets différents d’une longue exposition à des rayonnements moins intenses, les premiers seraient plus subvresifs. En effet, le modèle « Hiroshima » n’a pas pu être appliqué à Tchernobyl en termes de conséquences sanitaires.
Pour compliquer un peu les choses, on entend parler d’activité volumique, mesurée en bequerels par mètre cube (Bq/m3). Il s’agit du nombre de désintégrations (la désintégration est matérialisée par le bip entendu sur un compteur geiger) pour un volume donné (de gaz comme l’air, de liquide comme l’eau, de solide comme le minerai d’uranium), et éventuellement pour un radioisotope donné. Et les Japonais fournissent ces données (lorsqu’elles sont disponibles) en Bq/cm3, au lieu de Bq/m3 comme sont représentées les « limites acceptables ». La différence ? 100^3, soit 1 million... Attention à l’interprétation des données !