Ex-officier de police, devenu professeur de Lettres Classiques, farouchement opposé à l'idéologie du totalitarisme mercantile.
En dépit de penchants iconoclastes, profondément attaché au principe républicain, et tout particulièrement à la laïcité.
La langue française est bien mise à mal, et le danger le plus immédiat est de ne plus se comprendre, et de ne plus comprendre notre littérature patrimoniale, si difficile à se former, comme l’avaient bien compris les grammairiens de la Renaissance et des auteurs comme du Bellay. L’appauvrissement vient de partout : lexique restreint, néologismes sur le sens desquels personne ne s’accorde vraiment, anglicismes appauvrissants (prenons seulement le verbe « impacter », certes d’origine latine, mais utilisé à tout bout de champ dans son sens anglo-saxon pour recouvrir un grand nombre de nuances, comme « toucher » « affecter » « frapper » « être victime de »...). Enfin l’écriture dite « inclusive », que chacun pratique à sa sauce, qui ignore superbement des notions élémentaires de linguisitique, comme l’arbitraire du genre (un homme est une recrue, une sentinelle...), le soleil et la lune n’ont pas le même genre dans certaines langues, et surtout que ce qu’on appelle improprement le masculin n’est en fait que la fusion du masculin et du neutre après la chute des déclinaisons latines, ou encore des terminaisons épicènes de la 3e déclinaison.Encore faudrait-il que ceux qui pérorent sur ces questions idéologiques aient un soupçon de connaissance de l’histoire du français, des rudiments -soyons fous— de latin, ou à défaut lisent de temps en temps les recommandations et analyses de l’Académie.
Voilà pour les faits. Maintenant il y a aussi la volonté politique et les pratiques : faute de candidats aux concours enseignants (et on comprend la fuite des étudiants) il est désormais recommandé de ne plus tenir beaucoup compte du français dans les recrutements au Capes, et désormais même dans les Capes de lettres. Un adulte devant des classes est le mot d’ordre, la garderie doit être assurée. Les contenus, c’est secondaire. Il y a très loin de la parole aux actes, et finalement le français, aucune importance pour les marchands chargés de faire de la France un simple rayon dans le supermarché mondialisé.
Le bilan de Hollande est une catastrophe, il prépare le terrain à la droite dure, qui va terminer le travail. Ce gouvernement , avec ses ministres incapables et arrivistes, aux mains des pédagogistes, et a donné un grand coup de hache dans l’école de la République, en la régionalisant sous couvert de réforme des rythmes scolaires, avec la calamiteuse réforme du collège qui diminue les heures de cours, supprime de fait les langues anciennes, foule aux pied les programmes nationaux, transforme les enseignants en animateurs, et du reste continue de les mépriser ouvertement. Les conférences de la vraie maître-d’oeuvre de tout ça,la DGESCO, sont des chefs-d’oeuvre d’insulte et de mépris envers les enseignants, que du reste on peine à recruter tant ce métier devient une purge. J’ai voté Hollande pour éviter Sarkozy, j’ai été trahi , je voterai contre le PS, comme beaucoup de mes proches, comme énormément d’enseignants qui vivent tous les jours la « réforme » et qui ne voient plus de sens à leur métier. On va continuer à en baver des ronds de chapeau, mais au moins l’ennemi est déclaré, et il faut que le PS disparaisse pour rebâtir une vraie gauche.la Grèce a réussi à en finir avec le Pasok, la voie nous est montrée.
Il faut voir le comportement des élèves français pour bien comprendre. Le nier ne pourvoira pas les postes, d’autant que le cadre A le moins payé de France est le professeur qui doit supporter de se faire insulter, et ce dès le primaire. Il vaut mieux ne pas s’user sur les bancs de l’école, comme vous dites, pour rien, et passer d’autres concours. Ce que font les jeunes, qui suivent finalement votre conseil, ce qui devrait vous satisfaire. Attention à la lame de fond dans deux, trois, quatre ans : les facs se vident d’étudiants préparant les concours, les filières qui mènent essentiellement à l’EN aussi (lettres, histoire) pur ne pas se retrouver piégé.
Quant aux pays du Nord, très à la mode en ce moment, ils ont d’une part cassé le thermomètre pur faire baisser la température (niveau du collège très bas, donc réussite) , mais ont des difficultés avec leurs élèves par la suite, et sortent peu d’étudiants d’excellence.
Oh si, le système est celui qui gagne hélas toute la fonction publique : créer des managers intéressés, leurs intérêts allant contre ceux des personnels, voire du service public, mais dans le sens des politiques qui se servent des institutions comme d’un outil à leur service. Prenons l’exemple des établissements invivables et des conseils de discipline qui n’ont pas lieu : les chefs d’établissement ont consigne de faire savoir que les décisions venues d’en haut, « ça marche », donc ça adoube des politiques, des recteurs etc. Tout va bien , pas de sanctions. Il faut aussi remonter les notes au passage. Ainsi , les primes tombent, et surtout on peut passer dans la classe d’établissement au dessus. En laissant des établissements exangues, car l’impunité rend les élèves les plus durs infernaux. Pour les projets, même question d’image, de communication . D’ailleurs, pour qui a vu une fiche de « projet », une des premières cases à renseigner concerne l’apporte « en terme d’image ». Il va de soi que pour les professeurs, c’est bénévole.
S’il y a des classes « difficiles », c’est que les élèves sont difficiles, on ne peut pas leur enseigner, ils n’ont pas été éduqués, refusent de l’être comme d’être instruits, et n’ont rien à faire où ils sont. Il faudrait donc arrêter le passage d’office sans niveau, l’octroi de diplômes dévalués , mais qui les rend arrogants, sévir contre les incivilités en cessant r de mettre le couvercle sur la marmite comme le font beaucoup trop de chefs d’établissement, pour être bien vus (« il ne se passe rien, tout va bien ici... ») et toucher leurs primes.