Pour un Congolais, c’est hélas là le double jeu apparent des puissances occidentales engagé plus explicitement au début des années 1990 qui visait à installer dans la région une « pax americana » à la conquête notamment du pré-carré français…
Double jeu dans le sens que le projet réel de cette imposition est noyé dans les préoccupations non moins réelles et nécessaires de la pacification de la Région et de la responsabilisation de leurs dirigeants… C’est dans ces dernières où paradoxalement le M23 que cette CI, après avoir démontré sa gestion criminelle et épinglé ses ténors dans leurs listes noires (multiples rapports de l’ONU et des ONG de défenses des droits et libertés, voir le cas Ntaganda…) veut replacer dans le circuit au lieu de l’en écarter raisonnablement… C’est ce biais nocif qui est contenu dans l’Accord d’Addis et la résolution 2098 qui ont légitimé les négociations de Kampala et la signature de Nairobi achevant de réhabiliter le M23 !
Vaste marché de dupes qui en faisant rentrer le loup dans la bergerie risque de nous éloigner de la pacification, et la responsabilisation qu’on nous promet…
Alors ; « La Monusco veut-elle « relancer » le M23 ? » ; elle a assurément pris le risque ou sciemment décidé pour son propre agenda d’en faire une solution alors qu’il est la face bien émergée du problème dans la Région ! Jusqu’où ?
A qui la faute ?
D’abord à notre impuissance organisée, traîtresse sinon complice à la tête du pays ; par notre déficit de mobilisation, les partis politiques notamment d ’opposition, la société civile et la population…
Comment en sortir ?
Puissions-nous autour d’une contestation de la révision constitutionnelle encore plus active atteindre cette capacité d’une mobilisation critique qui impose au pouvoir d’écouter la voix du peuple et à la CI d’être davantage convaincue de franchir le Rubicon en imposant à son tour une étape nouvelle à notre démocratie dont elle a aussi besoin que nous apparemment…
Et la demande de Kobler de réintégrer le M23 apparaîtra d‘autant comme une dangereuse manœuvre d‘apprenti-sorcier !.
Mon interrogation est davantage du registre « pragmatique » bien plus d’ailleurs que de la seule « realt politik » parce qu’après tout vitale !
Les Congolais ne semblent pas toujours inconscients du mobile profond intéressé des Etats-Unis peut-être moins de l’Onu : les appels pas seulement opportunistes au droit et au respect de notre liberté de souveraineté jalonnent notre histoire mais les actions n’ont pas toujours suivi...
Ma préoccupation : si nous sommes impuissants à empêcher l’ingérence nocive par nature des puissants chez-nous, de quelle fenêtre de tir pouvons-nous disposer pour tirer quand même un certain profit de leur présence... Ou si vous voulez : n’avons-nous aucune latitude à mieux faire pour notre pays dans les limites de l’autonomie sous tutelle qu’ils nous laissent ? Si oui, comment mieux y arriver ?
C’est là où votre second terme de l’équation, notre part propre dans l’échec criminel de nos Nations prend tout son sens... Si pas rêver d’en terminer miraculeusement d’un coup avec nos « médiocres politiciens du ventre », quelle relation on ne peut plus profitable peuvent-ils nouer avec ces puissants dominateurs ?
C’est bien plus complexe ; la réponse n’est pas unique, elle est au mieux sectorielle et à l’occasion je vous ai lu proposer des attitudes pratiques dans des domaines particuliers n’empêche que dénoncer la domination nocive ne suffira pas...
Comment gérer à notre meilleur profit l’impérialisme ambiant n’est pas, à mon avis, une question académique ou utopique mais bien réaliste et hautement pratique ! Certains « émergents » déclarés ou futurs, présents même en Afrique, réussissent tant bien que mal dans ce même système et pourtant ils n’étaient pas naturellement plus outillés au départ que le Congo qui dispose de potentialités humaines et matérielles plus avantageuses ? Que manque au Congo pour mieux faire ; comment devrait-il agir pour réussir autant dans ce monde globalisé régenté par les puissants ?
L’Amérique ne veut pas du bien au peuple congolais ou plutôt poursuit au Congo d’abord ses intérêts qui ne sont pas souvent compatibles à ceux des Congolais, « le peuple africain qui a sûrement été le plus martyrisé par sa politique étrangère » ; mais lui arrive-t-elle parfois à nous fournir une "aide de bonne foi ? Si oui, quand alors et comment ou à quel prix pour les Congolais ?
Je me permets de poser cette question ne fût-ce qu’on trouve des Congolais qui passent volontiers par pertes et profits cet impératif réfléchi, assumé et
maintes fois mis en action par les Etats Unis, celui de la défense de leurs intérêts et de l’imposer partout, et leur trouvent à eux comme à l’Onu qu’ils pilotent, un
bénéfice du Congo à leurs actions chez nous !
A
propos vous avez peint ici un tableau synthétique de leur présence
comme d’ailleurs vous avez eu à le souligner dans vos précédentes
analyses mais vous serait-il possible de brosser de façon plus
exhaustive et plus ciblée un tableau croisé des actions de
l’Amérique et de l’Onu à l’attention des Congolais pour leur
démontrer que quand bien même eux comme l’Onu sont venus chez nous pour de bonnes raisons, maintien de la paix, aide apparente au maintien territoriale et étatique du pays, actions humanitaires..., ce primat était
toujours présent depuis l’Onuc aux premières heures de notre
indépendance et nous était préjudiciable... Il en est encore aujourd’hui question quand l’administration
Obama prend fait et cause pour le respect des prescrits
constitutionnels électoraux... Et comment il serait plus judicieux
de gérer cette présence intéressée dans un monde globalisé où
les puissants dirigent davantage le pays faible et surtout l’État
failli qu’est encore le Congo ?
Quant
à l’Africom contre la LRA, l’intérêt de l’Amérique pour
l’éradication de ce mouvement n’est pas nouveau ; on peut
penser qu’au début leur parti-pris pour le Soudan Sud contre le Soudan musulman n’était pas absent dans le mobile de leur engagement contre la LRA... Aujourd’hui, c’est sûrement cette inertie plus que pour de nouveaux
intérêts purement matériels directs sauf que le Sud Soudan fait
partie des pivots voulus par l’Amérique en Afrique de l’Est
(volontiers appelée aujourd’hui l’Afrique des Grands Lacs) avec ses
voisins, l’Ouganda, l’Éthiopie, le Rwanda … Intérêts géostratégiques !
Là
aussi à mieux la gérer le Congo ne tirerait-il pas quelque bénéfice
pour sa sécurisation de la présence de l’Amérique via l’Africom
pour autant qu’on espère qu’une balkanisation significative est déjà
évitée ? Trop "avocat du diable ou trop naïf lorsqu’on
sait que le boy yankee ne prend pas le risque de fouler le sol
d’un pays tiers pour des prunes, lorsque la guerre n’importe laquelle fera d’abord que des morts congolaises ?
La
lecture de votre brillante analyse a suscité en moi quelques
interrogations, d’ailleurs des réflexions que je me fais à
haute voix plutôt que des questions que je vous poserais !
1°
Lorsque vous envisagez un après-Kagame béni qui va voir enfin
éclater la nouvelle vérité officielle où Kagame sera enfin
reconnu "commanditaire de l’attentat déclencheur du génocide, ce qui
ajoutera sa responsabilité à celle des Interahamwe qui avaient usé
des machettes« ... ; où sera enfin confirmé »que la majorité des
victimes furent des Hutu et non des Tutsi (600.000 ou 800.000 contre
200.000)... ; moi pessimiste ou juste méfiant me demande
comment y arrivera-t-on pleinement ? En effet je regarde ce
monde (civilisé) où le crime de génocide porte aujourd’hui à
juste titre une telle charge morale, émotionnelle et juridique que
toute critique, honnête et sérieuse soit-elle, sur ses circonstances
subit facilement les soupçons de négationnisme, ne nous faudra-t-il
pas alors accompagner la vérité scientifique (historienne) des
actes juridiques forts officiellement et internationalement reconnus
signés par les instances judiciaires des NU et associées (CIJ,
CPI...) ? Comment cette validation pourra-t-elle avoir lieu de
manière à annihiler les résistances des anti-révisionnistes
professionnels et ainsi "battre définitivement en brèche la version
officielle actuelle du génocide rwandais" auprès des opinions
internationales ?
2° De même quelle réponse définitive à
réserver à votre interrogation sur ce qui a permis à Kagame "à
mettre dans sa poche grands médias, éminents dirigeants politiques,
respectables institutions internationales, grands universitaires,
associations, Ong... ; ce qui a permis à Kagame et à ses
parrains à berner le monde entier en détournant son regard de la
frontière ouest du Rwanda où s’étend l’ancien Zaïre de Mobutu
avec ses immenses gisements miniers", leur véritable horizon
stratégique si encore une fois n’est validée en plus une réponse
juridique internationale officielle qui contraigne les chancelleries,
leurs différentes administrations, leurs instituts scientifiques,
leurs organes de presse, leurs associations militantes à tenir
compte de leurs actes documentés, à les accepter et à les
diffuser ?
3° Du côté du Rwanda, les textes officiels
décrètent aujourd’hui une société « sans ethnies », plus ni Hutu ni
Tutsi rien que des Rwandais tandis que les faits nous dévoilent une
autocratie quasi-monoethnique Tutsi qui continue à accuser « tous » les
Hutu de génocidaires et les somme de demander pardon au nom des
leurs. Une révision de l’histoire officielle du génocide y
provoquera, à ne point douter, un bouleversement avec des risques de
tensions violentes entre communautés ; les unes exigeant
justice et réparation ou agissant pour se venger, les autres assises
sur leur ancienne posture de victimes ne voudront accepter les
nouvelles vérités quand bien même la réalité du génocide des
Tutsi ne serait contestée mais seulement ramenée à sa juste
proportion en face notamment des massacres des Hutu... Un pouvoir
après-Kagame même pluriethnique et démocratique aura alors à
gérer une situation conflictuelle. Comment se préservera-t-il de
cette perspective angoissante et de la difficulté de l’exercice pour
ne pas obérer l’avènement de cette vérité unanimement admise et
la réconciliation censée à en sortir ? Rien n’est moins
évident entre la part propre des Rwandais et l’apui des
instances internationales qui nous ont offert un TPIR vandalisé par
les soutiens de Kagame !
4° Enfin pour le Congo, le pillage mafieux
démontré, quelle justice et quelle réparation en attendre ?
Là encore il faudra bien aussi l’aval des instances
internationales ! Un TPIC est-il encore possible ? Pourquoi
ne pas rouvrir l’instruction arrêtée contre le Rwanda à la CIJ ?
Des plaintes à l’endroit des particuliers à la CPI sont plausibles
car bien des méfaits se sont poursuivis après 2003, date du début de son mandat...
Autant de questions que je me pose sur l’avènement d’une nouvelle vérité après Kagame et sur le génocide et sur son pillage du Congo !
Ann
Garisson pose une question dans le titre de son article qui vaut réponse : " Second
Genocide in Rwanda ? Slow, Silent, and Systematic ? What is happening in Rwanda ? And, is the UN turning away ? " Il n’ y a que ceux qui n’ont jamais voulu voir
et continuent à fermer les yeux, en l’occurrence les puissants de ce
monde en tête desquels les Usa et ses alliés anglo-saxons qui
influencent largement les décisions et actions de l’Onu pour ignorer
encore que Kagame n’a jamais eu en tête une démocratie pluripartite
et pluriethnique au Rwanda ! Kagame a pris le pouvoir d’abord
pour instaurer une autocratie qui rehabilite l’aristocratie féodale
tutsi. Ses palinodies d’un Rwanda sans ethnies ont été vite
éventrées même dans sa bouche : tout hutu est un (présumé ?)
génocidaire qui doit demander pardon pour le génocide
des Tutsi que les siens ont un jour perpétré http://www.jambonews.net/actualites/20131211-rwanda-ndi-umunyarwanda-un-virage-dangereux-emprunte-par-le-fpr/ ... Qui ne peut comprendre alors qu’à ses yeux les Hutu resteront éternellement les ennemis des Tutsi et par dessus tout ceux qui doivent être gouvernés par les Tutsi ?Sa
personnalité mégalomaniaque et son exercice autocratique au pouvoir
ont bien provoqué des divisions en sa tribu, il reste que « lentement, silencieusement » mais « systématiquement » il entend diminuer par tous les moyens même par l’assassinat de masse le
pouvoir démographique, politique et intellectuel des Hutu...Qu’attendent
les puissances de la fumeuse CI pour percevoir et arrêter le danger
d’un génocide lent, silencieux et systématique qui provoquera encore un
accès d’apocalypse au Rwanda et dans la Région ? Cette CI n’en
subira pas moins les contrecoups... Kagame
et son pouvoir sont les pires criminels au pouvoir en ce monde, de
tels (apprentis ?) sorciers n’ont jamais servi personne à terme !