Eloi, vous écrivez que les énergies renouvelables ne seront pas crédibles avant la conception d’une éolienne flottante dont la durée de vie est de 60 ans, que sinon les énergies renouvelables n’ont aucun avenir. Vous avez une définition très personnelle de la crédibilité, mais c’est votre droit. Ceci dit je suis désolé de vous décevoir, mais votre propos n’est pas crédible. Monde réel :
Eloi : « Couvrir 3,6% de la surface de la France, soit le quadruple de la surface déjà urbanisée, de pylônes d’acier de 170 m de hauteur n’est manifestement pas, et ne sera jamais, écologique. » --- 1 - L’éolien a un excellent bilan sanitaire et environnemental dans les études multicritères (Jacobson 2010), il arrive en position numéro 1. Le nucléaire a au contraire un bilan aussi médiocre que le charbon (classés 9ème à égalité dans l’étude scientifique mentionnée, avec la mention « à vraiment éviter »). 2 - Le béton est obtenu avec des matériaux naturels abondants et l’acier est recyclable. 3 - Il est complètement erroné d’utiliser l’expression « couvrir 3,6% de la surface de la France » était donné qu’il s’agit de la surface totale, c’est à dire y compris les espaces laissés vierges entre les éoliennes où il est possible de cultiver. La surface réellement « couverte » est inférieure à 4 km2. Moins de 4 km2, pour produire 90% de l’électricité française, c’est bien entendu TRES écologique étant donné que cela permet d’éliminer une filière dangereuse et sale, le nucléaire. Moins de 4km2, ceci alors que la surface agricole utile française est supérieure à la moitié du territoire national (550 000 km2). Une étude de l’université du Colorado vient d’ailleurs de démontrer que le brassage de l’air par les éoliennes contribuait à la croissance végétale et favorisait la diminution des infections fongiques. 4 - « Donc, pour le moment, abandonnez les considérations oiseuses sur les “réflexes NIMBY” et construisez-nous donc une éolienne flottante de 5 MW à 1€/W qui dure 60 ans. Ce qui serait le minimum (et je dis bien le minimum) pour qu’on puisse à l’avenir en reparler. Bonne chance. » Donc pour le moment allez aider : - les populations japonaises qui souffrent de l’arrogance et du cynisme du lobby nucléaire . - les pompiers qui ont été appelés à la rescousse sur le site de Fukushima pour tenter de réparer avec des lances à incendie (la honte pour les crânes d’oeuf nucléocrates qui osaient affirmer que le nucléaire est une industie très sûre) les dégâts de types qui ne pensent qu’au fric et qui en ont strictement rien à foutre des questions sanitaires et environnementales. Bonne chance.
Eloi : « Assimiler le démantèlement à coût d’installation payable aujourd’hui est une GRAVE erreur de raisonnement. » --- Les centrales construites il y a 30 ans (appelons-les « cycle 1 ») sont à démanteler aujourd’hui, pas dans 60 ans. Dans les 10 années à venir une bonne partie des centrales françaises seront à démanteler car elles vont toutes franchir l’âge de 30 ans. Or il n’est pas acceptable de faire tourner des centrales âgées pour des raisons de sécurité (vous n’êtes pas d’accord sur ce point mais j’ai le droit de penser cela, comme beaucoup de citoyennes et citoyens français). Une demi douzaine de centrales devraient d’ailleurs déjà être démantelées aujourd’hui, et ce n’est pas encore fait. Il est donc parfaitement justifier d’intégrer ce coût de démantelement au cycle 2 étant donné que cela n’a pas été fait dès le départ durant le cycle 1.
Si cela vous intéresse, je viens de mettre en ligne une nouvelles version de mon diaporama, très différente de la première : http://www.slideshare.net/OlivierDanielo/wws-france Cette fois-ci en partant de l’expérimentation allemande KombiKraftWerk.
Le 100% énergies renouvelables ? Voici une animation allemande pour bien comprendre comment ça marche. Cliquer sur « animation starten » pour lancer l’animation : http://www.kombikraftwerk.de/fileadmin/flash/kk_jahresstatistik_06.swf Il est possible de cliquer sur les différents boutons pour paramètrer l’animation (choix du mois de l’année etc.). « Solar energie » signifie énergie solaire, « wind energie » signifie énergie éolienne, « biogas énergie » signifie électricité provenant du biogaz, « speicher energie » signifie centrales de pompage-turbinage. La courbe rouge, c’est la puissance appellée par les consommateurs. Les parties violettes correspondent aux importations/exportations d’électricité :
L’essentiel est, pour reprendre la formule américaine, d’être d’accords sur nos désaccords.
Point d’accord : 1 - le coût du watt d’une STEP de type Okinawa 100 GWh.
Points de désaccord : 2 – Coût du watt éolien. Vous préférez retenir les données du passé (2008-2009). Je retiens pour ma part les données d’aujourd’hui (2010-2011), soit 0,98€/W : “Global turbine contracts signed in late 2010 for delivery in H1 2011 and H2 2011 display very aggressive pricing, with average values at €0.98m/MW ($1.33m/MW). This is a 7% decrease compared to contracts signed in 2009 (€1.06m/MW) and 19% down from peak values in 2007-08 (€1.21m/MW).” http://bnef.com/PressReleases/view/139 Ensuite, je considère pour ma part qu’il convient de développer les filières qui ont non seulement un bon classement dans les études multicritères environnementales et sanitaires (c’est le cas de l’éolien, du solaire et des thalasso-énergies, en fort contraste avec le charbon et le nucléaire, voir l’étude Stanford déjà mentionnée), mais qui ont aussi du sens sur le plan économique. Et cela conduit alors à privilégier deux énergies renouvelables : l’énergie marémotrice (moins de 5 centimes le kWh ; potentiel de 100 TWh en France selon Hydrocoop, études disponibles sur le site de l’association ; mais impact environnemental à étudier sérieusement, et c’est pour cela que je ne mets pas en avant cette filière) et l’éolien terrestre, en premier lieu sur les sites ayant de bons gisements éoliens, principalement en secteur littoral. 200 GW d’éolien, à raison de 10 MW/km2, c’est 3,6% de la surface française métropolitaine. Il n’y a donc pas d’obstacle physique pour installer ces 200GW. Les obstacles sont de nature socio-politiques (règlementations non adaptée comme par exemple la loi littoral etc.). Ces obstacles sont sérieux (réflexes NIMBY etc.), mais il me semble important de bien identifier leur nature et de ne pas chercher à faire croire qu’il s’agit d’obstacles physiques. 3 – Coût du watt nucléaire. Vous préférez, comme EDF, retenir une hypothèse très basse du coût du démantèlement. De mon coté je retiens l’hypothèse des experts non liés à l’industrie nucléaire. Sans prendre en compte le démantèlement, l’EPR (1,6 MW) de Flamanville coûte 5 milliards d’euros, et celui de Finlande 6 milliards d’euros, ce qui fait une moyenne de 5,5 milliards d’euros, soit 3,44€/W. Le coût du démantèlement est estimé (il s’agit bien d’estimation) à environ 1,66€/W. Total : 5,1€/W. Bien entendu, on peut anticiper une baisse des coûts par effet d’échelle (mais alors il convient de raisonner de la même manière avec les énergies renouvelables). J’ai retenu dans mon document pour le nucléaire une hypothèse de 4,6€/W (3€/W + 1,6€/W). Enfin, voici un fait : plus une centrale nucléaire vieillit, plus les risques augmentent. Vous faîtes partie de ceux qui sont prêts à accepter de prendre le risque de maintenir des centrales âgées de plus de 30 ans, et c’est votre droit. Je suis de mon coté pas disposé à accepter ce risque, et c’est mon droit.