Il est désolant que certains se laissent aller l’insulte, bien que ce soit ce que nous ressentons à notre encontre depuis des mois, vous faites confiance à « Que Choisir », il est des domaines ou vous avez probablement raison, comparatifs techniques par exemples, et encore je ne suis pas qualifié pour en juger, par contre cela fait 40 ans que je constate leur incompétence notoire, ou leur malhonnêteté, dans le domaine de l’analyse des tarifications commerciales ou de services. Leurs niveau d’analise est généralement primaire et ne tient aucun compte des attentes profondes des acheteurs, ni des réalités économiques des vendeurs ou prestataires. La seule vérité à leurs yeux est basée sur des calculs de multiplicateurs qui sont d’une stupidité affligeante. Leurs idéologies basées sur un marxisme désuet (l’analyse est désuète, pas nécessairement le marxisme) et mal digéré leur fait aligner erreurs et contre vérités ? Mais pour qui à a foi toute parole est sainte, certains croient même au père Noël. Mais si une profession ne peut être accusée de corporatisme c’est bien la notre, composée principalement d’individualistes acharnés, ne parvenant que rarement à s’entendre entre eux. Continuez à nous insulter ainsi, vous venez en aide à ceux qui parmi nous tentent de faire progresser positivement la profession sur des bases confraternelles.
Face à vos idées préconçues, je me vois obligé de poster ici une réponse certes un peu longue mais détaillée, il est certain qu’une « rationalisation » de notre activité engendrerait une baisse des charges et donc des coûts de reviens, mais comme le client Français attends beaucoup, proximité, choix, accueil, écoute et j’en passe, je crains que ce gain ne permette simplement que d’assurer aux entreprises la sécurité financière dont elles sont pour la plupart actuellement privées. (niveau moyen de trésorerie des opticiens français selon la chambre des experts comptables -7% du CA en 2012). Etude portant sur le temps consacré à la gestion des dossiers clients lunettes dans un magasin d’optique traditionnel :
Prenons un client qui annonce d’emblée je veux payer le moins cher possible pour des verres unifocaux : -Accueil, lecture ordo, question sur l’utilisation prévue, 5 minutes, -choix montures dans la gamme promo, 5 minutes, -prises de mesures,rédaction du dossier informatique, 5 minutes, -choix des verres les moins chers, donc presque imposés par nous 3 minutes, -commande et réception des verres, 10 minutes, -travail d’atelier vérifications, 20 minutes, prévenir le client par téléphone, 2 minutes, -livraison des lunettes ajustage, 10 minutes, -rendu des documents factures feuilles de soins, explication des garanties offertes, 5 minutes.
Total 60 minutes, j’ai été très raisonnable sur les temps estimés qui
généralement sont plus importants. Le coût de fonctionnement HT serré
d’une entreprise est d’environs 0,80€HT la minute, on constatera donc
que dans ce cas que le seuil de rentabilité d’une telle vente est de
48,00€ HT soit 57,40€ de Valeur ajoutée. comme les médias se plaisent à
le dire, il existe sur le marché des montures et verres basiques,
originaires de contrées lointaines à bas prix, prenons donc une monture
que j’utilise pour les deuxièmes paires ou les offres forfaitaires, je
la paye 4,50€ HT (par 50), les verres acceptables les moins chers
environs 1€ HT pièce (si les corrections ne sont pas excessives) il y a
donc pour 6,50€ HT d’achat en bas de gamme, le coût de revient final est
donc pour l’entreprise de 54,50€ HT soit 65,18€TTC, la Valeur Ajoutée
de 48,00€ dégagée représente une marge de 88,1% (sachant que pour
n’importe quel comptable débutant il est connu qu’une marge est
nécessairement inférieure à 100%) et pourtant l’entreprise n’a pas gagné
un centime.
Généralement cet équipement vous sera proposé en
tant que forfait, 59,00€ (49,33HT) chez moi, donc avec une perte de
54,50 - 49,33 = 5,17€. Les opticiens sont donc bien des voleurs, dans un
tel cas il font perdre de l’argent à leur entreprise au profit de leur
client et de la TVA à l’état.
Il faut aussi considérer que le
cas cité est volontairement minoré dans le temps passé et en prenant une
valeur horaire basée sur une masse salariale faible ; si on considère un
cas plus classique dans laquelle le service au client est normal mais
en restant sur des verres unifocaux :
- Accueil, lecture ordo, question sur l’utilisation prévue, 7 minutes,
- choix montures dans l’ensemble des collections présentées, aide au
choix, -explications diverses en réponses aux questions du client,
entre 10 et 90 minutes, tranchons à 20 minutes, -prises de mesures,rédaction du dossier informatique, 5 minutes, - choix des verres explications réponses aux questions entre 5 et 15 minutes - commande et réception des verres, 10 minutes, - travail d’atelier vérifications, 20 minutes, prévenir le client par téléphone, 2 minutes, - livraison des lunettes ajustage, 10 minutes, - rendu des documents factures feuilles de soins, explication des garanties offertes, 5 minutes. Dans ce cas il y aura généralement une deuxième paire offerte, - Choix simplifié de la monture 2 minutes, - Choix simplifié des verres 2 minutes, -Saisie informatique 3 minutes, - Commande et réception des verres en plus de la première paire 5 minutes, - Travail d’atelier vérifications, 15 minutes, - livraison des lunettes ajustage, 5 minutes,
Soit un total de 121 minutes, le point de rentabilité d’une telle vente
est donc d’une marge de 96,80€ HT minimum soit 115,77€ TTC, nous serons
alors généralement sur des produits dont le prix d’achat minimum est de
40,00€ HT, souvent beaucoup plus, Une telle vente réalisée à moins de 164,00€ est donc à perte pour l’entreprise.
Pour les verres progressifs : -Accueil, lecture ordo, question sur l’utilisation prévue, 10 minutes,
-Choix montures dans l’ensemble des collections présentées, aide au
choix, -explications diverses en réponses aux Questions du client, entre
10 et 90 minutes, -tranchons à 25 minutes, -Prises de mesures,rédaction du dossier informatique, 12 minutes, -Choix des verres explications réponses aux questions entre 5 et 15 minutes prenons 10 -Commande et réception des verres, 13 minutes, -Travail d’atelier vérifications, 22 minutes, prévenir le client par téléphone, 2 minutes, -Livraison des lunettes ajustage, contrôle des qualités d’utilisation 12 minutes, -Rendu des documents factures feuilles de soins, explication des garanties offertes, 5 minutes. -Dans ce cas il y aura généralement une deuxième paire offerte, -Choix simplifié de la monture 3 minutes, -Choix simplifié des verres 3 minutes, -Prises de mesures simplifiées sur deuxième paire : 3 minutes -Saisie informatique 3 minutes, -Commande et réception des verres en plus de la première paire 6 minutes, -Travail d’atelier vérifications, 15 minutes, -Livraison des lunettes ajustage, 5 minutes,
Total 149 minutes, une vente de verres progressifs doit donc au minimum générer 143,00€ TTC de valeur ajoutée.
Il faut à cela ajouter les frais indirects, traitement des tiers
payants (environs 25 minutes par dossier) accueil des représentants pour
acheter les montures présentées à la clientèle, réception étiquetage et
mise en rayons des produits stockés, entretien des locaux, traitement
des documents administratifs et bancaires, temps d’information et de
formation, acquisition de connaissance du marché et de l’environnement
commercial (journaux pro, internet, congrès, séminaires) temps perdu au
téléphone en réclamations diverses, réponses à des appels inutiles,
temps passé à développer la communication, SAV gratuit, renseignements
divers donnés aux clients hors des achats, dépistages ou examens de vue
dans certains cas etc...
Tout cela ne tient pas compte des
demandes de devis sans suites, prenant en moyenne une trentaine de
minutes si le travail est fait correctement, et bien souvent ces devis
sans suites ont été demandés par des personnes fort gourmandes en temps,
le coût de ces devis est donc non négligeable puisque dans le même
temps l’employé ne peut être disponible pour une tâche rémunérée, dans
certains magasins, centres commerciaux par exemple, le taux de devis non
réalisés par rapport aux nombre de visiteurs peut atteindre 40%, on
comprendra donc que si la valeur ajoutée par vente ne dépassait pas
celle calculée ci avant, la viabilité de l’entreprise serait impossible.
En conclusion, le temps minimum accordé à un dossier client pour des
verres unifocaux est de plus de 2h30 dans la majorité des cas, presque 3
heures dans les cas de progressifs, chaque vente doit donc dégager au
minimum respectivement 120,00€ HT et 150,00€ HT de Valeur Ajoutée pour
financer le fonctionnement de l’entreprise, en imaginant que le temps du
personnel soit utilisé à plein. On constate également qu’en
horaire d’employés, il n’est pas possible de servir plus de 3,47 Clients
porteurs de verres unifocaux ou 2,8 clients porteurs de verres
progressifs en moyenne par jour.
Naturellement ces valeurs
sont fort variables, un renouvellement de verres peut demander moins de
temps passé auprès du client, un montage délicat peut prendre plus de 60
minutes, il n’est toutefois guère possible de tenir compte de ces
variables et la majeure partie des opticiens lissent leurs calculs
tarifaires sur l’ensemble des produits, cherchant toujours à minorer les
prix des produits d’entrée de gamme, s’adressant majoritairement à des
personnes à petits budgets, et compensant par un gain supérieur (mais à
marge souvent plus faible) sur les produits plus coûteux, on trouve ici
un exemple flagrant du rôle social de l’opticien qui par ce fait pallie
aux déficiences du système de prise en charge des frais optiques. Le
coût de la minute peut également être très variable d’une entreprise à
l’autre en fonction du loyer et des charges entre autres.
J’ai expliqué ici à deux reprise le temps consacré (malheureusement car je me passerai avec plaisir d’une grande part des tâches administratives) je vous laisse donc le soin de chercher, et trouver ces réponses, mais si le journaleux du Monde est un ignoreant, un incompétent en économie ou si sa volonté est d’appuyer une thèse préétablie sur des chiffres sortis de leurs réalités de base, ce n’est pas ma faute, si vous lui apportez crédit, c’est par contre la votre.
Effectivement, le service de nos clients, le temps passé à notre travail, le peu restant pour notre vie privée ne nous permet pas de jouer aux petits rédacteurs bénévoles, ni de se croire journalistes par la bénédiction de Saint Karl.
Mais la défense de notre profession et de sa respectabilité nous oblige à réagir à ce torrent d’immondices que nous servent malheureusement la majorité des médias ces derniers temps.
J’aime mon métier, qui était également celui de mes parents, grands parents et arrière grand père, le voir insulter ainsi me rend malade.
Pour votre gouverne, Lun’s est un échec tel que dans les mois à venir tous les magasin de cette ensigne deviendront « lynx optique », HansHanders est fort dépité du peu de succès de son implantation et à revu à la hausse les qualités et tarifs des produits proposés qui ne correspondaient pas aux attentes des Français, de même que ne correspondent peut être pas leurs délais de réalisations, plusieurs jours ou semaines quand je fournis en 24 ou 48 heures. Car Monsieur, il se trouve que, même si certains opticiens français ont été longs à la détente, nous sommes l’un des pays, avec l’Allemagne et le Japon, ou les équipements de lunettes sont à la fois les plus qualitatifs et les plus esthétiques, que les porteurs Français ne se contenteraient jamais de ce que l’on voit encore sur le nez des anglais et que si les lunettes ringardes portées aux USA reviennent à la mode, c’est parce que les jeunes ne les ayant jamais vues leur trouvent un côté « vintage » sympathique, c’est aussi parce que les « créateurs » géniaux, pour la plupart se contentent de puiser chez leurs ancêtres des idées qui remplacent celles qui leur font défaut.
Nous ne reprochons pas à nos clients désargentés de ne pouvoir acheter d’équipement à leur vue, nous proposons tous des forfaits à perte, nous jouons en permanence le rôle social que l’état et les complémentaires santé ont abandonnés (tarif CMU fixé en Décembre 1999 et resté inchangé alors que mes frais généraux, eux, ne sont pas restés exactement identiques).
L’esprit mutualiste, basé sur la participation de tous aux besoins des plus faibles est devenu le mercantilisme des assureurs privés qui proposent de ne payer que ce que l’on dépensera soi même, et, dans un même temps, mettent en place des système leur permettant de prévoir les risques réels de façon de plus en plus individualisés afin d’y ajuster les tarifs de leurs contrats (et rarement à la baisse).
Alors effectivement, lire sous la plume de petits plaisantins de votre acabit de telles affirmations, plus grotesques les unes que les autres, mais frappées de l’apparence du sérieux car faisant référence à des sources médiatiquement connues fait peur, car dans le domaine de la démagogie et du populisme méprisant, se fonder sur l’ignorance des lecteurs et leur propension à la confiance relève d’une malhonnêteté intellectuelle grave.