« les Etats doivent contraindre les banques à financer nettement plus généreusement les PME qui ont difficilement accès au crédit tout en recapitalisant celles (des banques) qui se sont retrouvées dans une situation périlleuse de leur propre fait, tout en en prenant le contrôle au moins pendant quelques années. »
On remplace « PME » par « ménages », et on obtient les subprimes il me semble.
C’est le vrai métier de banquier que de financer les PME, en analysant la situation financière et la pertinence des projets, souvent par une relation de proximité. Réguler simplement avec des objectifs chiffrés de résultat, et on tape sur les doigts s’ils ne sont pas atteints, pourrait être pire que le laisser-faire. En revanche, il serait légitime qu’une banque qui restreint brutalement les facilités d’une PME doive s’en expliquer auprès d’un médiateur ou régulateur par exemple.
D’ailleurs, le premier rapport de l’observatoire du financement des entreprises mis en place en mai 2010 relève plutôt des inquiétudes en amont : « Les segments amont du capital développement (tout particulièrement le capital risque) peinent à lever de nouveaux fonds et se reposent aujourd’hui principalement sur l’épargne des particuliers incitée par d’importantes dépenses fiscales ou sur la place grandissante prise par des acteurs publics tels que la Caisse des dépôts et consignations, le FSI ou OSEO ».
Le gouvernement américain dispose aujourd’hui de 73 milliards de dollars de trésorerie. Ce chiffre est inférieur à la trésorerie dont dispose Apple qui détient dans ses caisses 76 milliards de dollars.
L’État français dispose d’environ 64 milliards d’euros. La société Total détient en caisse une trésorerie de l’ordre de 14.5 milliards d’euros.
Ca me rappelle l’époque où on disait avec fierté que telle entreprise nationnale avait un budget supérieur au budget d’un état africain.
« les entreprises (...) ne rapatrient plus leurs profits aux États-Unis afin d’éviter de les « dollariser » et de les voir dévaloriser par l’inflation (...) et choisissent de localiser leur profits dans des centres bancaires « off shore » »
Les groupes opèrent cette évasion fiscale notamment en fixant leurs prix de transfert pour les flux intragroupes et transfrontaliers. L’OCDE a depuis 15 ans tiré la sonnette d’alarme et fourni des recommendations pour exiger des entreprises qu’elles détaillent leur méthode de calcul des prix de transfert.
Vous affirmez « (...) et une fois blanchies ils sont réinvestis dans les pays émergents ou dans des fonds boursiers spéculatifs. » A mon avis ce n’est pas aussi exclusivement le cas, ils sont aussi réinvestis dans les pays d’origine (R&D, dividendes,...). Mais ce choix echappe complètement à l’Etat.
Si les ouvriers ont souvent peu à dire sur les produits ou la commercialisation, ils peuvent apporter de l’expertise sur les procédés de fabrication et ainsi être au cœur du processus d’innovation.
A renoncer de travailler avec eux, à ne considérer que le résultat de leur travail, l’entreprise peut passer à coté d’opportunité de croissance. Je ne parle même pas des effets à terme par les inégalités/chômage que cela engendre.
Il y a aussi les cas des multinationales délocalisant leur production (voir exemple de l’étude de l’iPhone d’Apple) qui sont complexes à interpréter uniquement avec les statistiques de balance commerciale. D’un coté, les import d’iPhone de Chine dégraderait le déficit commercial américain de 1,9
milliard de dollars (0,8 % du
déséquilibre avec la Chine). D’un autre coté les marges (énormes) d’Apple sur ses produits peuvent servir à alimenter sa R&D ou ses actionnaires, principalement aux US.
On dit maintenant que celui qui innove capte la valeur, pas celui qui produit. Peut-être vrai, mais les salariés peu ou moyennement qualifiés ont du souci à se faire en Occident. Le secteur des services sera-t-il capable de les accueillir comme au passage agriculture->industrie au XiX/Xe siècle ?