Enquêtant sur des affaires d’État, les
juges anti-terroristes se trouvent toujours à la frontière du droit et
de la raison d’État. Mélangeant les genres, la France s’est dotée d’une
juridiction d’exception pour traiter de ces affaires. En deux décennies,
le juge Jean-Louis Bruguière a
multiplié les instructions-spectacles, les arrestations de masse, et les
déclarations à l’emporte-pièce. Mais ses conclusions ont souvent été
désavouées par les magistrats du siège tandis que les vraies solutions
se négociaient politiquement en secret.
« L’astrologie ne peut se comprendre que d’un point de vue ésotérique »
C’est le point de vue ou l’astrologie qui est ésotérique ? Définition d’ésotérique : compréhensible uniquement par des initiés.
« il faut simplement admettre que l’être humain (microcosme) est un système solaire (macrocosme) en miniature »
Et bien, admettez, mon cher « système solaire miniature »... Mais comment savez vous que « les anciens » (lesquels ? ou ? quand ? tous ?) le comprenaient intuitivement. Tiens, au fait, pour « les anciens », ce n’était pas ésotérique ? Étaient ils « intuitivement initiés » :
En septembre 2010, le Center for Security Policy (CSP) a publié un livre intitulé Sharia : la menace contre l’Amérique. Un exercice d’analyser compétitive, rapport de l’Equipe B2. Ce document est en train de devenir un outil de travail pour les promoteurs de la « guerre des civilisations ».
Le Center for Security Policy est le continuateur du Committee on the
Present Danger et donc l’héritier de la fameuse « Equipe B » qui, en
lien avec George Bush Sr. (alors directeur de al CIA), réévalua la
menace soviétique. Il s’agissait alors pour le complexe
militaro-industriel de démontrer que les analystes de la CIA avaient
jusque là minoré la puissance de l’URSS et qu’il y avait urgence à
relancer les programmes d’armement. Les historiens ont montré que les
travaux de l’« Equipe B » n’avaient rien de scientifique, mais visaient
uniquement à établir un argumentaire pour justifier un choix politique
pré-déterminé.
Cependant les Etats-Uniens étant ignorants des recherches
historiques, le Center for Security Policy se vante aujourd’hui de
rééditer son exploit en créant une « Equipe B2 » chargée de réévaluer la
menace islamiste. Sans surprise, ses conclusions sont que le danger a
été minoré jusqu’ici et qu’il est temps de faire face militairement.
La composition de l’« Equipe B2 » est en soi un poème. Il suffit de
relever qu’elle fut présidée par William G. “Jerry” Boykin. Le général
Boykin, qui fut un des responsables du fiasco de l’opération Eagle Claw
(sauvetage des espions US détenus à l’ambassade des Etats-Unis à
Téhéran), ne s’est jamais remis de cet échec. Il s’est illustré depuis
par toutes sortes de déclarations anti-musulmanes, dont la plus célèbre
(relative à la supériorité du Dieu de la Bible sur celui du Coran), le
contraignit à renoncer à ses fonctions de sous-secrétaire adjoint au
Renseignement militaire (en pratique : responsable du Renseignement
militaire en Irak).
Le lecteur de Sharia, la menace contre l’Amérique ne sera pas
déçu : l’ouvrage, étayé de nombreuses citations hors contexte et de
toutes aussi nombreuses références, reflète une ignorance crasse de
l’islam et de sa diversité. Pour les auteurs, l’islam se résume à une
idéologie suprématiste qui entend dominer le monde par la guerre sainte.
Le rapport fait une fixation sur les Frères musulmans tout en les
amalgamant à d’autres organisations pourtant fort différentes comme le
Hezbollah ou le Tablighi Jamaat.
Aucun risque à débiter de telles âneries : si les Etats-Uniens
ignorent leur propre histoire au point de ne pas connaître les travaux
historiques sur l’« Equipe B », il y a peu de chances qu’ils connaissent
mieux l’islam et réagissent au contenu grotesque de ce livre.