Je t’aime Salim Lamrani ! C’est magnifique d’écrire des choses pareilles...
Bon, que contient cet article : la reprise d’une déclaration de la banque mondiale, reprenant elle-même une statistique fournie par l’état cubain.
A part ça, rien de rien sur ce qu’on peut voir dans le pays.
Que donne l’observation de la réalité cubaine ? Une baisse constante du niveau des élèves, il suffit d’aller sur les forums internet où s’expriment les cubains (dont beaucoup sont partis récemment) pour voir la dégradation de l’orthographe... Dans la pratique quotidienne, je ne connais pas un seul parent d’élève à La Havane qui ne fasse pas suivre de cours du soir (souvent donnés par des enseignants retraités qui n’ont pas de quoi manger) à ses enfants pour compenser les graves lacunes de l’enseignement donné dans les écoles et lycées.
Pour faire face à la baisse dramatique des vocations (quand l’état a décrété que les membres de l’éducation nationale ne pourraient quitter le pays, il y a environ 10 ans), la formation des maîtres a été raccourcie à un tel point que certains enseignants ont à peine l’âge de leurs élèves et guère plus de compétences.
Autre raison de cette désaffection : un enseignant a peu de moyens d’accroître ses revenus en se servant sur son lieu de travail comme dans les centres de travail où circulent de l’argent et des marchandises...
L’absentéisme dans la profession est considérable : j’ai souvent demandé à des enfant cubains pourquoi ils n’étaient pas à l’école : « el maestro no vino » il est parti dans sa province pour plusieurs jours... Le seul jour où l’enseignant a une chance de récupérer des avantages en nature est le 22 décembre, « dia del maestro » les parents savent qu’il faut faire un cadeau pas trop nul s’il veulent qu’on accorde un peu d’attention à leur enfant.
Alors, où passe cette manne dont parle l’article ? Dans les bâtiments, aussi dégradés que le reste du pays... ? Dans les salaires, aussi dérisoires qu’ailleurs... ? Dans la nourriture des élèves, tellement insuffisante que les parents préparent un vrai repas pour compenser le simulacre donné à l’école... ?
J’ai un peu de mal à imaginer où passe ce formidable effort financier... Peut-être que les écoles de la police et de l’armée sont prises en compte ?
Dans le domaine de la recherche, notamment médicale, Cuba a toujours un excellent niveau, mais pour combien de temps ?
Depuis plusieurs années il y a des scandales portant sur la vente de sujets d’examens ou même de diplômes.... a un tel point que même les médias officiels en ont parlé lors de l’arrestation de ceux qui s’étaient fait prendre.
Dites donc, ça devient de plus en plus difficile de faire l’éloge du magnifique régime cubain.
Avec les nouvelles déclarations de Fidel, qui confirment ce que n’importe qui peut voir à Cuba, sauf Salim Lamrani et quelques aveugles professionnels, il devient de plus en évident que la fin est proche pour ce gouvernement qui préfère la fidélité à la compétence.
Si Fidel se permet de reconnaître que « modèle cubain ne fonctionne plus » c’est que la banqueroute est vraiment au coin de la rue. Le Vénézuela ne va pas garder Chavez comme président et le dernier robinet va être coupé, les chinois ont aussi dû annoncer qu’ils allaient cesser de livrer aux petits cadres du parti des voitures qui seront en ruine avant même d’avoir été payées.
Pour l’instant on ne sait pas comment les cubains sont informés de cette déclaration, mais ce qui est sûr c’est que l’information doit circuler partout dans l’île, faisant tomber l’une des dernières barières qui justifient l’immobilisme absolu d’un état qui n’arrive même plus à faire semblant de croire aux balivernes qui emplissent les médias officiels depuis bien longtemps.
Je vous pose la question, à vous qui soutenez de l’étranger cette révolution momifiée, comment analysez-vous ces mots du compañero Fidel ? Est-il manipulé par la CIA ? Est-ce une ruse pour recevoir de l’aide internationale ? Fidel va-t-il être jugé pour dissidence ?
Dommage, le titre était attirant, le sujet intéressant, mais le contenu très convenu.
Amateur de musique cubaine depuis bien longtemps (mon premier choc fût le concert des Van-Van à l’Elysée Montmartre en 1986), habitué des salles de concert de la Havane depuis un temps où Wenders n’avait pas mis les pieds dans l’île, j’avais très envie de savoir pourquoi la musique cubaine était au plus haut... à une heure où une vague nommée reggaetton lamine la créativité des musiciens cubains, s’attaque à leurs revenus et pourrit les oreilles de l’ensemble de la population.
Plusieurs lecteurs attentifs et érudits ont recadré l’auteur, notamment sur le rôle de Juan de Marcos qui a bien manipulé Ry Cooder et le reconnaît dans le film de Wenders au cours d’une brève interview où il montre une grande maîtrise du teque (la langue de bois cubaine), je ne peux quand même laisser passer sans le relever cet amalgame de clichés intégrant quelques références à de vrais créateurs (Omar Sosa, Chucho Valdès...) mais aucune à la situation de la musique dans l’île aujourd’hui.
Il y a pourtant une chose dont le régime actuel peut se vanter, c’est bien la qualité de la musique et de son enseignement, avec quelques réserves sur l’aspect « militaire » et intensif de cet enseignement et surtout sur son accès limité aux « enfants de », surtout des enfants de musiciens d’ailleurs. Si vous creusez la question, vous trouverez que les racines de la spécificité musicale de Cuba remontent au 18ème siècle, le colon espagnol ayant décidé de donner une formation musicale classique à ses travailleurs originaires d’afrique (on voit bien la différence avec la Jamaïque voisine, où la formation musicale est restée assez empirique et limitée).
Donc, je ne dirais même pas « bien tenté », j’attends toujours un article sur la musique à Cuba aujourd’hui...
Une précision à la précision, je ne dis pas que les cubains ne payent pas le café en moneda nacional, mais simplement qu’en cet été 2010, il y a une pénurie de café dans les bodegas (là où l’on se rend avec sa libreta pour acheter des produits de base en pesos cubains).
Dans ce cas, la seule solution est de « morirse en la shopping » c’est à dire de payer le prix ultra fort en CUC, ce qui arrive régulièrement pour l’huile, par exemple.
La nécessaire disparition du capitalisme ne doit pas masquer l’échec quasiment total de la politique castriste.
A l’heure actuelle, (aujourd’hui 26 juillet, jour de fête nationale) les cubains ne se demandent pas si c’est un grand bonheur que Fidel apparaisse de nouveau en public, ils attendent simplement de savoir si le café va revenir dans les bodegas.
Le mois dernier le ministre du sucre a été viré pour cause de plus mauvaise récolte depuis un siècle, le prix des denrées en pesos cubains grimpe bien plus vite que les salaires, et je ne parle pas de ces produits « en devises ». Toujours le café (produit à Cuba) qu’on peut acheter à 14 CUC le kilo, soit près d’un mois de salaire moyen.
Au cours des 10 dernières années j’ai passé en tout plus de 2 ans à Cuba et votre « article » digne de Granma ou de la mesa redonda n’a rien à voir avec la réalité cubaine. Je connais des cubains depuis assez longtemps pour avoir vu des évolutions dans leur vocabulaire. Au début ils disaient « la revolucion » puis c’est devenu « el gobierno » et maintenant ce n’est pas rare qu’on entende (dans les maisons, mais pas à voix basse) « la dictadura ».
J’ai vu à La Havane (avec mes yeux, pas sur internet ni des on-dit) des hommes se faire tabasser avec une rare violence pour avoir crié en public qu’ils ne supportaient plus la situation et leur leader.
Je n’arrive pas à comprendre que vous défendiez sans faillir ce régime qui n’arrive même plus à soutenir le niveau de vie ultra-basique des cubains. Cuba est sous perfusion étrangère et malgré le pétrole vénézuélien, le courant est régulièrement coupé, l’alimentation provient à 80 % de l’extérieur, et sans l’envoi d’argent de tous les cubains « traîtres » qui ont quitté le pays plus rien ne fonctionnerait.
Et encore, je passe beaucoup plus de temps à La Havane que dans les provinces les moins bien loties. L’ambiance de délation permanente qui règne à Santiago de Cuba est hallucinante : chacun surveille son voisin dans l’espoir de recevoir une petite récompense, un téléphone (authentique, pour mieux dénoncer, sans doute) pour avoir informé la « révolution » que les gens de la maison à côté ont réparé leur toit avec des matériaux provenant du marché noir. L’autre possibilité est d’attendre l’aide de l’état, ce qui se traduit très souvent par un « derrumbe » de plus, une maison remplacée par un tas de gravats.
Oui, c’est sûr, les cubains ont le sens de l’humour et de la fête, il faut bien ça pour tenir le coup. Mais affirmer que si l’on n’est pas « 100 % d’accord avec la revolucion on est un agent des USA » n’a pas de sens dans un pays comme le nôtre où l’on peut se déplacer et savoir ce qui se passe.
Allez, une petite dernière : oui, les cubains ont une relation particulière avec Fidel, dans leur immense majorité ils seront tristes le jour de sa mort, mais en même temps ils se sentiront soulagés de n’avoir plus à vivre en fonction de ses rêves si éloignés du réel.