- Un dossier PPRT
rendu par une usine est par nature (et c’est voulu) fait pour être énorme
(soi-disant très complet) et donc illisible. Les informations étant noyées dans
une masse d’explications, tant concernant les risques chimiques et
technologiques que les études environnementales.
Là encore on voit bien que vos connaissances sur le PPRT
sont très limitées. Et je doute que vous ayez lu beaucoup de dossiers de ce
genre. Pour preuve tout dossier PPRT comporte un résume non technique
indépendant du reste du dossier et autoportant. Il résume l’ensemble des
résultats y compris la hiérarchisation des scenarios et les cartes des zones de
danger (et non de risque). Pour rappel le PPRT est disponible à la consultation
du public et le résumé non technique est justement là pour être facilement
accessible aux personnes non initiées.
NOTE : J’ai profité
de l’accès à ce logiciel pour « simuler » le scénario AZF (nitrate
d’ammonium). Les résultats obtenus étaient plus faibles que la réalité. (En
plus d’utiliser des modèles minorants les risques, le logiciel lui-même était
minorant)
Alors la ça devient vraiment très intéressant. Je serais
curieux de voir le fichier PHAST sur lequel vous avez fait vos calculs. Quelles
étaient vos hypothèses et quel modèle d’explosion avez-vous utilisé ? Je vois
beaucoup, dans les commentaires, des gens dire que vous apportez des « preuves
», ici en l’occurrence j’aimerais bien les voir ou au minimum connaitre vos
hypothèses de calcul. Et expliquez-moi sur quelles bases vous avez comparés vos
résultats de modélisations avec ce qu’il s’est réellement passé à Toulouse. Là
encore vous jouez beaucoup sur la sensibilité des gens mais vos paroles sont du
vent…
- Certaines usines
ne sont pas soumises au PPRT car elles fermeraient directement, même en
utilisant des modèles de calculs « négociés » (C’est le cas des
raffineries de TOTAL, qui, au passage, ne payent pas non plus la taxe
carbone…). Cela ne signifiant pas que ces usines ne font pas ces études pour
leur usage interne…
Etes-vous bien au courant de la réglementation sur le
PPRT ? D’après vous les raffineries de Total ne sont pas soumises au PPRT ?
Déjà pourquoi uniquement celles de Total ? Le PPRT concerne TOUTES les
installations Seveso seuil haut en France. Certains commentaires montrent que
vous avez tort, exemple du PPRT de la Mède. Maintenant donnez-moi un seul
exemple de site Seveso seuil haut non soumis au PPRT en France… un seul… Total
ou pas Total d’ailleurs…
Avançant dans mon
étude, je remarquais rapidement que les scénarios « négociés » entre
l’administration française et cet exploitant minimisaient largement les risques
(au moins par un facteur 4). Sans compter la non prise en compte des effets
dominos… En avisant mon responsable, je constatais que celui-ci était
parfaitement au courant.
Que signifie pour vous « diminuer le risque par 4 » ? Et
comment avez-vous estime ce facteur ? Le risque est la combinaison d’une
probabilité et d’une sévérité. Il peut par exemple s’exprimer en probabilité de
mort par an. La réglementation française n’est pas encore très familière avec
l’approche probabilistique du risque et dans l’esprit des gens le risque est
souvent assimilé, à tort, au danger (approche déterministe). Dans ce cas-là on
dissocie les conséquences d’un évènement de sa probabilité d’occurrence.
L’approche probabiliste est beaucoup plus intégrée dans la réglementation
anglo-saxonne et hollandaise. On parle alors de contour de risque. Par exemple
la limite acceptable de contribution au risque d’une installation industrielle
sur le public est de 10-6/an. Cela signifie que l’on accepte qu’une activité
engendre un risque additionnel de décès de 10-6/an. Cette valeur peut augmenter
s’il on retire des bénéfices directs de cette activité. Pour preuve le risque
tolérable pour un employé de cette activité est de 10-5/an. Car l’employé est
directement bénéficiaire de l’activité. Je vais m’arrêter la sur le cours de
Risque. Mais tout ça pour dire que diminuer le risque par 4 n’est pas forcement
significatif. En effet si le risque est estimé à 1.2x10-7/an et qu’il est en
réalité sous-estimé d’un facteur 4 cela signifie qu’il devrait être de 4.8x10-7
soit toujours sous la limite des 10-6/an. A titre de comparaison, en général
l’ordre de grandeur d’une réduction de risque par l’implémentation d’une mesure
complémentaire de sécurité est d’environ 10-1soit un facteur 10. Ou alors vous
vouliez dire que les distances d’effets étaient normalement multipliées par 4 ?
Ça peut effectivement arriver quand on laisse quelqu’un qui ne comprend rien
manipuler PHAST…
D’habitude, ces
calculs (2500€/calcul) sont réalisés par des sociétés de conseil extérieures
(sous traitance), et ce pour ne pas engager la responsabilité de l’industrie
concernée.
Qu’entendez-vous
par « calcul » ?Si vous sous-entendez que les consultants extérieurs facturent
2500€ la modélisation des conséquences d’un seul scenario vous êtes loin de la
réalité… Le cout moyen d’un calcul des conséquences d’un scenario est aux
alentours de 500€ à 1000€suivant la complexité du cas. Mais bon peu importe… Le
plus grave c’est de dire que l’industriel fait appel à un consultant extérieur
pour se désengager de ses responsabilités. C’est absolument faux. L’industriel
est responsable de son dossier EDD et PPRT du début à la fin. C’est d’ailleurs
lui qui le présente en son nom à l’administration. Je vous rappelle que le
directeur du site est d’ailleurs responsable au pénal en cas d’accident. Le consultant lui n’a aucune
responsabilité en cas d’accident. Pour lui le risque est éventuellement un
impact réputationnel vis-à-vis de sa prestation s’il est effectivement passé à
côté de quelque chose.
Cette mission m’a
été confiée (sous contrat de stage…) pour économiser le précieux budget de mon
employeur (crise économique oblige).
Confier des
modélisations à un stagiaire (même issu d’une « Grande Ecole » comme cela a été
sous-entendu dans les commentaires) est une mauvaise pratique d’après moi. Sauf
si le stagiaire est bien encadré. C’est là que je ne comprends pas la logique
de l’industriel. La licence pour PHAST coute environ 20k€ à l’achat et le
renouvellement coute dans les 5k€ minimum tous les ans (par poste !). Donc si
l’industriel a ce logiciel à disposition c’est qu’il a des gens compétents sur
le site qui l’utilisent régulièrement. Donc vous deviez être bien encadré.
Enfin pas suffisamment en fait… vu les énormités que vous sortez sur PHAST…
Exemple de carte des aléas pour un site chimique (ici
isolé)
Cette carte des
aléas est une blague… vous auriez pu trouver un exemple plus parlant…
La tâche qui m’avait été confiée était de modéliser ces
scénarios en utilisant un logiciel édité par la société américaine DNV et nommé
PHAST. Ce logiciel permet de simuler sur ordinateur des scénarios de dispersion
toxiques, explosifs, de feu, de surpression etc… Il prend en compte
l’environnement direct (installation, bâtiments…), le climat (Température,
vent), les produits chimiques engagés (Chlore, solvants, acides…), leurs
quantités et leurs propriétés physiques (température, pression, toxicité,
limites explosibilités…).
C’est ici que l’on
prend pleinement conscience du peu de connaissance que vous avez dans le
domaine… DNV est l’acronyme de Det Norsk Veritas : ça ne sonne pas trop
américain, si ?... C’est en effet une société Norvégienne mais j’imagine que
mettre un grand groupe américain derrière tout ça donne un petit côté complot
international. Mais là n’est pas le plus important. PHAST ne prend pas en
compte l’environnement extérieur comme vous semblez le penser. C’est un modèle
2D qui considère tous les rejets en champs libre. Ce qui le rend généralement
majorant par rapport aux réelles conséquences attendues en particulier pour les
sites très compacts comme les raffineries ou les sites pétrochimiques.