Cher Paul Villach
Je souscris entièrement à votre analyse . Si j’ai le temps , je finirais un article en préparation sur cet excellent film .
Une question se pose : Vous dites : " le formalisme stérile du savoir que leur diffuse la professeur de Français avec son prétendu cours sur « Le Bourgeois Gentihomme » de Molière, n’est pas de nature à les convaincre de l’importance du savoir pour leur vie future . " Mais ce cours sur le Bourgeois Gentilhomme et son formalisme ne fait-il pas partie du programme officiel de l’éducation nationale ? Un problème se pose à ce moment . Soit l’on considère que l’école est la même pour tous ( principe du collège unique ) et se pose la question : peut-on encore étudier Molière au collège , sachant que pour dix à vingt pour cent de la population collégienne , Molière restera incompréhensible , soit l’on renonce au mythe du collège unique , et à ce moment on rétablit ce qui existait lorsque j’étais enfant : il y avait les " C.E.S " ( collèges d’enseignement secondaires ) qui étaient un prélude au lycée, pour les élèves qui " suivaient " , et les " C.E.G " et " C.E.T. " ( collèges d’enseignement général / technique ) dans lesquelles se retrouvaient ceux qui étaient incapables de suivre au collège " normal " ,mais pouvaient apprendre des notions pratiques, et qui étaient un prélude à l’apprentissage ou au lycée technique .
A noter que le collège unique est, même actuellement , partiellement un mythe . On a très fortement insisté pour que mes enfants , à l’école primaire , prennent l’’option " allemand première langue " . Les élèves moins bons étaient mis dans les classes beaucoup plus nombreuses " d’anglais première langue " .
Arrivés au collège , les " allemands première langue " se retrouvent dans des classes homogènes d’assez bon niveau et sans perturbateurs .
Un des passages importants du film est la pulvérisation par Sonia Bertignac du mot " respect " , dont l’actuelle utilisation généralisée , abusive et hors de propos devient insupportable , au point qu’on aimerait presque le voir rayé de la langue française . Ce mot est l’un des mots préférés des maffieux en tout genre ( on imagine Marlon Brando alias Don Corleone demander à son protégé : " on t’a manqué de respect ? ..." ) . Au fond , la classe décrite dans ce film est noyautée par un petit groupe d’adolescents dont le comportement est tout simplement celui de maffiosi !