@ Philouie,
Votre tentative de résumé est pas mal du tout car vous n’avez pas manqué l’essentiel qui est le fait que les lectures girardiennes officielles sont comme la V.O. dans le pur mimétique, donc le conflictuel, la violence, mais hors du sacrificiel, bien sûr, dirais-je, puisque précisément, ces lectures n’arrivent pas à (conce)voir Ben Laden comme un (possible) bouc émissaire.
Notons que ces deux lectures sont unes. Elles sont indistinguables, comme calquées l’une sur l’autre. C’est dire l’étonnante « trivialité » de ces lectures girardiennes vu qu’elles ne se distinguent en rien de l’accusation portée par G. W. Bush
Ma lecture est celle d’un complotiste qui s’assume, d’un truther, je reconnais en Ben Laden un homme accusé à tort de crimes qu’il n’a pu commettre.
Dans un false flag, les victimes sont « sacrifiées » pour les besoins de la cause car elle sont tuées par leur propre camp pour servir à l’accomplissement du but.
C’est ce qui est arrivé pour les 3000 victimes du WTC. Elles permettent à tout un peuple de se vivre comme « victime », de se solidariser dans une représentation univoque, sans nuance, qui désigne un coupable bien identifié et à partir de laquelle l’action à entreprendre découle tout naturellement : on va aller en Afghanistan chercher ce salaud. Et hop, voilà comment on manipule tout un peuple au 3e millénaire, deux mille ans après J.C.
En l’occurence, Ben Laden, que les manipulateurs et tous les complotistes voient comme bouc émissaire (pas seulement moi
) n’a été ni sacrifié, ni tué (il est mort « naturellement » de maladie fin 2001). Il n’en est pas moins bouc émissaire.
Dans ce que vous proposez pour finir, je ne peux vous suivre car il y a une confusion je crois. La violence faite à la victime n’est pas perçue comme violence pour laquelle il faudrait un coupable. Au contraire, cette violence qui lui est faite est comme sainte, c’est une réparation.
S’il y a télescopage de significations sur le sacrifié en général, c’est précisément celles que le rite ancien du bouc émissaire distinguait : d’une part, il y a le pur qui est (se) sacrifie d’un côté et qui est une bénédiction pour la communauté et, d’autre part, il y a le maudit, le bouc émissaire qui, chargé de toute la culpabilité, est expulsé vers le désert, vers le sacré.
On peut supposer qu’il s’agit d’une forme évoluée en cela que ces deux significations sont clairement distinguées alors que dans, j’imagine, la grande majorité des rites, c’est l’ambivalence du sacrifié qui domine, cette ambivalence qui se retrouve dans tout le sacré.