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Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Lettre à René Girard sur le 11 septembre 2001


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 21 septembre 2013 09:50

Bonjour Philouie,

-A vrai dire quand j’ai lu vos arguments, et en particulier celui qui dit « qu’en vouloir un autre signifie vouloir le même », j’ai souri, au point d’avoir pensé qu’il n’était pas utile d’en débattre.


C’est la manière habituelle de se détourner de la vérité qu’on ne veut pas voir : on commence par la tourner en dérision


-Pourtant je crois vous avoir répondu clairement,

Non, je vous assure que non.
La manière que vous avez de répondre vous pemet de rester sourd à ma demande.
Je la reformule donc plus explicitement encore quitte à ce que cela fasse « obsessionnel » sur les bords smiley :
  1. Acceptez-vous le fait que dans la phrase « j’en veux un autre » le terme « autre » veut dire « même »  ? OUI NON  ? Et si non, pourquoi ?
  2. Acceptez-vous le fait que, de manière générale, le terme « autre » désigne un élément distinct d’un précédent au sein d’un même ensemble  ? OUI NON  ? Et si non, pourquoi ?
  3. Acceptez-vous le fait que le terme « autre » fasse donc référence à ce qui permet de distinguer des semblables ? OUI NON  ? Et si non, pourquoi ?
  4. Acceptez-vous le fait que des entités physiquement distinctes puissent aussi être aussi semblables que possible (au point, parfois, de n’être distinguables que par l’identification qui leur est attribuée (numéro, nom, etc.) ? OUI  NON  ? Et si non, pourquoi ?
  5. Acceptez-vous le fait que cette identité distincte des semblables ne permet aucunement de nier leur similitude ? OUI NON  ? Et si non pourquoi ?

-nous ne sommes pas dans le même plan.
 

Oui, c’est exactement cela. Je vois la similitude et l’altérité, vous ne voulez voir que cette dernière.


-Sans doute n’avez vous pas compris ce que venait faire là l’allusion à Copernic, et pourtant, lorsque nos aïeux mettaient le totem au centre du village, ce n’était pas seulement en signe de vénération mais parce que le totem représentait le centre du monde.

Le centre du monde était au centre du village et ce fait ne faisait que rendre compte de cette réalité humaine que d’un point de vue subjectif , le centre du monde c’est le moi.



Oui, c’est ce qu’on appelle l’égocentrisme.


-il semble que vous achopper sur cette vérité humaine, très humaine, simple et même évidente, que le fait d’être un sujet pensant défini instantanément l’altérité.


Je n’achoppe pas sur cette vérité.
Je ne vous suis pas dans cette croyance.
Nuance.
Vous croyez (et avez donc besoin de tenir pour une évidence) que « le fait d’être un sujet pensant défini instantanément l’altérité »
là où moi je vois seulement un double mystère (le sujet pensant) dont on aurait la prétention de tirer instantanément la définition d’un autre mystère, l’altérité.


-Que cette altérité est radicale en ce qu’elle défini une béance entre le moi et le toi.


Je vois là seulement une posture ou une « profession de foi » de votre part.
Malgré ou à cause de son habillage psychanalytique, elle apparaît d’emblée comme une tentative désespérée d’en appeller à l’évidence première et (ce qui semble le plus important pour vous) inquestionnable de l’altérité entre les êtres. Tout cela me porte à penser que, décidément, vous ne voulez pas penser l’altérité de peur d’avoir à remettre en cause vos croyances.


-Vous argumentez sur la question de la différence et du semblable, sans même voir que la question de l’altérité n’a strictement rien à voir avec ces questions.


Là, je vous en demande pardon (peut-être même apparaîtra-t-il que c’est complètement à tort ?), mais c’est moi qui ai souri.
-L’altérité est radicale, même avec mon frère jumeau le plus proche et le plus similaire possible.


Oui, comme je vous l’ai déjà expliqué, cette altérité absolument radicale, est là même que celle qui existe entre deux matricules.
Prenez chacun des i-phones sortis d’une chaine de production d’Apple, ils sont tous RADICALEMENT AUTRES car ils sont porteurs d’un numéro différent.
Cela ne change rien au fait qu’ils sont RADICALEMENT semblables.

Je ne nie donc pas l’altérité, j’essaie de vous pointer le fait qu’elle est et restera triviale tant que vous resterez à la considérer comme une donnée première, évidente, qu’il est inutile de questionner dans sa... genèse.


-Vous dites qu’avec l’altérité il n’y a pas de gradation, ce qui est faux et l’exemple de JMLP le montre bien : les cercles concentriques de ses affinités définissent bien une gradation, et ce n’est pas parce que l’altérité est radicale que cette gradation n’est pas manifeste.


Voilà le moment fatidique.
Ici, tel que je le vois, vous vous êtes pris les pieds dans le tapis.
Les choses sont très simples : ou bien j’arrive à vous le faire voir, ou bien il ne me restera plus qu’à admettre mon échec et à clôre cette discussion.

Vous dites :
« les cercles concentriques de ses affinités définissent bien une gradation »

la question qui vient de suite est : laquelle ?
Une gradation d’altérité ?
Vous avez bien senti la difficulté et vous vous dépêchez de l’enterrer en affirmant :

« ce n’est pas parce que l’altérité est radicale que cette gradation n’est pas manifeste »

Là encore, c’est votre argument habituel : le simple appel à l’évidence ou au manifeste.
Mais désolé, ça ne marche pas car s’il y a UNE chose qui est manifeste dans l’exemple donné par JMLP c’est bien la problématique du semblable.

On comprend en effet que soeur, cousine, voisine, étrangère se situent sur un gradient semblable/dissemblable dont JMLP (et toute sa descendance) occupe(nt) l’origine.
J’ai des difficultés à imaginer que quiconque puisse chercher à nier cela.
La seule chose que je puisse anticiper c’est que, comme avec l’image du verre à moitié plein ou à moitié vide, on me dise que "non, non il ne s’agit pas d’un gradient de similitude mais... d’altérité".
C’est ce que je devine derrière vos écrits.

Toutefois, je ne vois pas que vous puissiez adopter cette position car n’est-ce pas vous-même qui avez écrit, juste au dessus, que « l’altérité n’a strictement rien à voir » avec « la question de la différence et du semblable »   ?

Si vous voulez donner un gradient à l’altérité, ce ne peut être que celui de la ressemblance/dissemblance (la différence n’est qu’une dissemblance entre deux entités qu’on essaie d’as-similer l’une à l’autre).

Il n’y a pas plus de sens à parler de gradient d’altérité indépendant de la dimension ressemblance/dissemblance qu’il n’y en a à concevoir des gradients entre les « identités » imprimées dans l’annuaire téléphonique ou entre la liste des i-phones sortis des chaînes d’Apple.

Ces derniers, en tant que produits industriels, sont, pour sûr, « radicalement autre » l’un de l’autre, mais outre que ça n’a déjà aucun sens de penser ça, ça en a encore moins de se demander si l’altérité d’un i-phone avec le précédent est plus ou moins forte que celle avec le suivant.
Pas de gradient d’altérité qui vaille quand la similitude est garantie maximale.

Bref, il n’existe pas de gradient d’altérité qui ne soit un gradient de similarité.


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