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Accueil du site > Culture & Loisirs > Le fada de l’Estaque...

Le fada de l’Estaque...

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Pour qui connaît un peu Marseille, ses habitants et le parler de Provence, le mot "fada" est souvent utilisé, dans le sud, comme un terme à la fois familier et sympathique...

 

Ce mot peut, d'ailleurs, à Marseille ou à l'Estaque, se décliner sous une autre forme : "espèce de fadasse !", pourra-t-on dire, parfois, à quelqu'un qui raconte des bêtises ou des fadaises.

 

Ces termes "fada, fadasse" méritent, comme il se doit, d'être prononcés avec l'accent du cru, en insistant sur la voyelle "a", pour donner encore plus de poids à ces insultes plutôt bienveillantes et même chaleureuses.

 

On peut, aussi, entendre, à Marseille, cette atténuation affectueuse : "fadoli !", et dans ce cas, l'accent se fait plus insistant sur la voyelle "o"...

 

Le "fada", c'est le simple d'esprit, le fou... mais, comme il est d'usage à Marseille, d'exagérer et d'amplifier nombre d'expressions, il ne faut pas vraiment prendre le mot au pied de la lettre.

Il s'agit, en fait, souvent d' une appellation pleine de tendresse...

 

Ce terme pourrait, ainsi provenir du latin "fata", "la déesse de la destinée", à rapprocher du nom de la "fée", issu d'un verbe "for, fari" : "dire, parler", la fée étant celle qui dit et dicte les destins par avance.

 

Le "fada" peut donc désigner celui qui est touché par les fées, à l'origine, un simple d'esprit, celui qui regarde le monde avec un oeil naïf et nouveau.

 

Cette relation avec les fées rend le "fada" plutôt aimable, attirant et sympathique.

 

Le fada sort du lot, il se démarque, c'est un original... "la maison du fada", c'est ainsi que les marseillais ont appelé l'immeuble construit par Le Corbusier, entre 1947 et 1952, un immeuble futuriste, pour l'époque.

 

Les Marseillais et les provençaux cultivent, ainsi, un langage savoureux, des expressions souvent amusantes et pleines de charmes.

"Feignasse, frotadou, balèse, ballèti, bancaou, barjaquer, bisquer, main de pâti, malon", autant de mots savoureux à découvrir...

 

Des mots qui sont, pour moi, des mots d'enfance puisque je suis née à Marseille, plus précisément à l'Estaque, petit port de pêche, si pittoresque, connu de tous.

 

Des mots simples, des mots de tous les jours...

 

Des mots qui rayonnent, qui évoquent le soleil, la lumière, la mer, ses embruns, ses couleurs changeantes et moirées, des paysages du sud, des collines parfumées de thym, des senteurs marines toutes proches...

 

Des mots qui chantent la langue du sud, qui nous font entendre des accents chaleureux, pleins de bonhommie et de tendresse...

 

 

Ressource :

 

Le lexique du parler marseillais :

http://parler.marseillais.overblog.com/lexique-du-parler-marseillais

 


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17 réactions à cet article    


  • Clark Kent Séraphin Lampion 10 mars 2020 18:06

     

    En occitan la signification « sot, niais » du mot « fada » a été contaminée par le verbe fadá «  ensorceler » et ses dérivés enfadá « enchanter », enfadat « féerique, merveilleux » qui proviennent en effet du mot latin fata « fée » à l’origine «  déesse de la destinée » qui est devenu  fado, fada en occitan, mais l’homonyme qui concerne cet article a une toute autre origine.

    Fadá au sens de « simplet, niais » est un dérivé du latin fatuus + aceus adj. et subst. qui avait les deux sens : « sot, niais » mais aussi « fade, sans goût ».

    Ce même mot a d’ailleurs donné en francien (la langue d’oil) le mot « fat » qui, avant de signifier « imbu de soi » à partir du 17ème siècle, avait auparavant le même sens qu’en langue d’oc : « sot, niais » et a donné aussi « fadaise », chose insignifiante.


    • Aristide Aristide 10 mars 2020 18:47

      @Séraphin Lampion

      Et pour plagiat vous avez une idée de son origine,....

      Rendons donc à Robert Geuljians ce qui lui appartient : c’est là :

      "Fadá « simplet, niais » est un dérivé du latin fatuus + aceus adj. et subst. qui avait les deux sens : « sot, niais » mais aussi « fade, sans goût ».

      En occitan la signification « sot, niais » a été contaminée par le verbe fadá « ensorceler » et ses dérivés enfadá « enchanter », enfadat « féerique, merveilleux » (Alès) qui proviennent du mot latin fata « fée » à l’origine « déesse de la destinée » qui est devenu fado, fada en occitan . Les dérivés sont très répandus en provençal et languedocien, comme fadegear « badiner »(S). Le sens « fade » par contre est inconnu dans le Midi. Le caractère créatif des mériodionaux est illustré par la grande quantité de dérivés qui sont crées à partir d’un mot comme celui-ci : fadenc, faduc, fadel, fadaou, fadat, fadourlaud, fadouilho, fadoli, fadade, et j’en passe.

       

      Du mot pour mot ....


    • Clark Kent Séraphin Lampion 10 mars 2020 18:55

      @Aristide

      on ne « plagie » pas un usuel, on l’« utilise », c’est fait pour ça.


    • Aristide Aristide 10 mars 2020 19:08

      @Séraphin Lampion

      On l’utilise ? moi, je nomme cela de la simple copie, et on cite l’auteur du texte c’est un minimum ...


    • rosemar rosemar 10 mars 2020 19:39

      @Aristide 

      Quelle richesse de mots expressifs dans cette langue du sud !



    • Fergus Fergus 11 mars 2020 09:50

      Bonjour, rosemar

      Ce mot se retrouve ailleurs en pays de langue d’oc.
      Ainsi dans mon Auvergne peut-on admirer le viaduc des Fades qui franchit la Sioule. Le nom se rapporte-t-ils aux fadas constructeurs de pont ou aux fées de ces parages ? Nul ne le sait ! (lien)


    • Clark Kent Séraphin Lampion 11 mars 2020 12:00

      @Fergus

      Ce n’est pas le seul toponyme portant ce nom

      Le dolmen des Fades, près de Pépieux, devrait au site dédié aux fées son nom aux fées. A vérifier.


    • Fergus Fergus 11 mars 2020 15:18

      Bonjour, Séraphin Lampion

      « Ce n’est pas le seul toponyme portant ce nom »

      En effet, je connais d’autres lieux-dits en Occitanie  cette région prise au sens large  qui portent le nom de « Fades ». Un nom en général attribué aux fées et aux légendes qui se rapportent à ces créatures.


    • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 11 mars 2020 11:26

      @rosemarseillaise

       Donc résumons !

       rosemar alias... Roro la Nîmoise :

       nez aquilin , bouche moyenne

       - ha peuchère ! mais pas du tout ! objecta Roro

       - née à Marseille ,Bouches du Rhône smiley

       


      • Loatse Loatse 11 mars 2020 12:38

        ah Marseilleuuuu, c’est particulier.. Pour le varois le marseillais, c’est un « estranger » (enfin disons le peuvent pas se piffrer... bon c’est vrai qu’ils conduisent comme des fadas (ici dans le var, connaissent pas le clignotant, à marseille c’est tout le code de la route qui est à revoir... :)

        Sous des dehors bonnasses, le marseillais est un sacré numéro, un rien roublard, braillou mais pas plus que le varois mais bon quand on vit dans le sud faut s’adapter à ces natures exhubérantes, à tendance irrascibles certes, mais aussi attachantes..

        Fifille qui y a vécu deux ans, en a gardé un bon souvenir... enfin excepté les moments ou il fallait se planquer derrière les voitures quand ca défouraillait à la kalach dans son quartier ou quand elle s’est retrouvé projetée par terre tandis que des crapules lui arrachait des mains son portable...

        Mais ca, c’est un phénomène que l’on retrouve partout, particulièrement dans les grandes villles, helas !

        M’enfin il est regrettable aussi que cette cité qui a un potentiel énorme, et une histoire si riche, sombre dans la bordille et la misère.

        La bonne Mère a du boulot avé tous les jobastres (fadas dangereux) qui lui font aujourd’hui si mauvaise réputation... au point qu’on oublie tout ce qui fait son charme : les calanques, les marchés colorés, sa gastronomie et sa luminosité et cet accent chantant qu’on ne trouve nulle part ailleurs...


        • rosemar rosemar 11 mars 2020 23:25

          @Loatse

          MERCI pour ce joli commentaire avec l’accent, en plus !


        • bebert bebert 11 mars 2020 16:14

          La diversité de population dans cette ville lui font effectivement une bien mauvaise réputation bien méritée et qui d’ailleurs ne fait que s’amplifier , mais j’aime beaucoup l’accent de ses habitants : https://www.youtube.com/watch?v=nv8d5wHVWM8


          • Fergus Fergus 11 mars 2020 16:35

            Bonjour, bebert

            En règle générale, les Marseillais  de souche si j’ose dire sont des gens très sympathiques. Mais également amusants par leur côté hâbleur et leur goût bien réel pour la provocation et la « galéjade ».

            Un jour que j’embarquais sur une navette  caméra en main pour aller crapahuter sur l’île Pomègues et me baigner dans l’anse de la Crine, un vieux Marseillais resté à quai m’a interpellé en voyant le bateau chargé à la limité de la jauge : « Ce rafiot va couler, filmez-le avant le naufrage ! » m’a-t-il dit. A quoi je lui ai répondu que je coulerai avec, ainsi que ma caméra, ce qui n’avait aucune chance d’aider les enquêteurs. Nous avons ri tous les deux. Deux jours plus tard, j’ai rencontré cet homme en bas du Panier, à deux pas de la chambre d’hôtes où j’étais logé. Il a tenu à m’offrir un pastis au Bar des 13 coins, pastis que je lui ai évidemment rendu. Un excellent souvenir. 


          • Jjanloup Jjanloup 11 mars 2020 17:50

            À Marseille, la « maison du fada » désigne la Cité radieuse, une oeuvre de Le Corbusier, architecte surdoué et visionnaire.

            Bien que Toulonnais (c’est-à-dire n’ayant rien à voir avec ces estrangers du dehors), j’envie les Marseillais d’avoir bénéficié des constructions de ce génie...


            • Esprit Critique 11 mars 2020 19:36

              Et mes panisses ?

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