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Accueil du site > Culture & Loisirs > Victime de Louis XIV, Vermeer s’illustrera en France après une (...)

Victime de Louis XIV, Vermeer s’illustrera en France après une histoire en questions

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Après la fin des guerres de Trente ans et de Quatre-vingts ans, Louis XIV attaquera la Hollande en 1672, l'économie en souffrira et Vermeer aussi d’après ce témoignage et mourra ruiné 3 ans plus tard dans les conditions dépeintes par sa femme ; « Durant la longue et ruineuse guerre avec la France, non seulement il n’avait pu vendre aucune œuvre … étant donné la lourde charge que constituaient ses enfants… il en était arrivé à un tel état de ruine et de déchéance… que comme s’il était tombé dans une frénésie en un jour ou un jour et demi, il était passé de santé à trépas. »

Alors comment ce peintre du XVIIe disparu dans la misère, à la renommée modeste et confinée a-t-il pu s’imposer deux siècles plus tard aux mondanités de l’art et aux yaourts ?

Une histoire qui pose la question de la notoriété des peintres qui la cherchent sans la trouver, et qui s’impose à eux sans eux. Cézanne refusait à ses paires et confrères ".. le droit de le juger alors qu'il ne leur avait pas donné le droit de l'apprécier ".

Au début ce sont les œuvres qui ont un prix mais plus tard obéissant à la célébrité tyrannique, la signature du peintre prime. Avec Vermeer cette règle deviendra aussi une caricature.

Il produira trente-sept tableaux dont vingt seront vendus en 1696 lors de la succession du riche Van Ruyven prêteur d’argent à Vermeer. Si donc la moitié de sa production était la propriété d'une seule personne de Delft, on peut comprendre pourquoi sa notoriété restera confidentielle.

Conséquences, en 1864 le directeur de la National Gallery ne trouva pas éligible "Une dame debout au virginal ", en 1867 "Une dame jouant du virginal " était vendue 2000 francs, 25000 en 1882 (propriété aujourd’hui de la Nationale Gallery), quand en 1881 "La jeune fille à la perle " sera acquise pour 2 florins en salle des ventes… Doit-on en déduire que les amateurs d’art étaient ignares pendant ces siècles ? Au XVIIIe s. dans certains cercles on parlait encore du "..très bon peintre de Delft " avant l’hiver du peintre jusqu'au XXe s. 

Ces indices révèlent surtout un Vermeer peu couru, perdu dans la multitude d'œuvres produites par ses contemporains, subissant les péripéties de son temps avec finalement une spéculation de notre siècle qui a phagocyté sa peinture aussi.

Comment.

La hiérarchie des parleurs de peinture s’établit avec, les historiens de l'art, les experts et les connaisseurs ces personne rares investies dans la connaissance d'un peintre, capables de maîtriser les aspects historiques, scientifiques et techniques qui leur donneront autorité sur une œuvre. Une discipline difficile, « La belle princesse » attend toujours d’être attribuée à Léonard de Vinci par nos musées, quand elle l’est par d’autres en Italie…

Le cas Johannes Vermeer nous montre un dédale de fortunes diverses avec ses contemporains qui n’auraient pas su déceler le prodige découvert depuis, à moins que d’autres causes aient justifié une réputation discrète. Une certitude s’impose, le « siècle d’or » des Provinces-Unies (Pays-Bas) n’avait pas porté Vermeer au pinacle de sa peinture, alors que plus tard par un enchantement appelé Théophile Thoré-Bürger homme politique puis critique d'art français, il sortira de l’anonymat à la fin du XIXe s.

Une histoire improbable de plus que la peinture nous raconte avec ses imbroglios.

La Jeune Fille à la perle (ou au turban) – Vermeer 1665 Une de ses filles ou la recherche d'un idéal de Vermeer pour Le Louvre.

Même si un clin d’œil de cette jeune fille pourrait en faire chavirer certains, l’œuvre complète du peintre d’environ trente-sept toiles reste anormalement maigre pour un artiste qui vivait de sa peinture, même si on sait depuis Léonard que l’excellence ignore la quantité. Et ce n’est pas parce qu’on ne sait presque rien de la vie de Vermeer malgré les recherches bibliographiques d’Abraham Bredius (1920) et de JM Montias (1980), que cela empêche d’en parler beaucoup.

Comme souvent quelques informations éparses contribuent à s’en faire une idée sans certitude parce que trois-cent-cinquante ans plus tard. Les experts, critiques et autres historiens ont apporté leurs pierres, mais quand on sait ce qu’ils n’ont pas vu comme on le verra (*), chacun devient légitime à se forger une opinion jusqu’à preuve du contraire.

L’artiste vivait donc dans les Provinces-Unies réduites à sept au XVIIe s. avec de riches clients pour entretenir ces nombreux peintres prolifiques qui pouvaient en vivre très bien. Rembrandt son contemporain produira environ trois cents toiles et la période un ou trois millions dit-on. Un contexte propice et pourtant difficile pour Vermeer qui ne sera jamais riche, devenu démodé il finira pauvre comme Rembrandt.

Pourquoi Vermeer est-il passé à côté du succès avec une peinture de genre en vogue qui réussissait à d’autres ? Quelle est l’incidence de sa précarité sur le choix de ses peintures qu’il devait vendre pour nourrir sa famille ? Avec Vermeer ne célèbre-t-on pas l’artiste-producteur contraint par ses nécessités et celles de son environnement culturel, plutôt qu’un artiste libre de sa création ?

La technique du peintre avec sa maîtrise de la perspective aussi se conçoit difficilement sans une école ou un maître inconnu. Capable de minutie parfois avec des objets détaillés il s’inspire aussi des italiens du siècle précédent avec le sfumato éthéré de Léonard de Vinci notamment. Avec le pointillisme de sa « Vue de Delft » représentait il ce que sa vue (affectée ?) lui donnait à voir ou l’impression qu’il ressentait comme celle plus tard de nos impressionnistes ?

                               Vue de Delft Vermeer 1661 - (**) en 2024

Des toiles plus grandes auraient davantage révélé ce procédé à ses contemporains qui ne les auraient probablement pas plus appréciées que les français cornaqués par leurs caciques sous Napoléon III. En mal d'imagination les commentateurs soulignent en boucle le détail du "petit mur jaune" mentionné par Proust en 1923. Un détail survendu qui n'apporte rien à la réputation de l'œuvre qui nous donne principalement à bien sentir la ville au XVIIe s. Vermeer avait rompu avec ses prédécesseurs du XVe s formés aux enluminures et miniatures comme les extraordinaires van Eyck ou van der Weyden que le XVIe s. prolongera avec Bosch, Bruegel…

Le contexte qui suit pourrait-il alors nous faire regretter de ne jamais connaître ce que Vermeer aurait pu vouloir montrer ? Probablement.

Un climat religieux tendu d’entre-guerres.

Catholiques espagnols et protestants calvinistes des Provinces-Unies alimenteront aussi une guerre civile. Des protestants français comme les juifs portugais et d’Espagne s’étaient retrouvés dans les villes commerçantes de ces Provinces friandes d’immigration pour leur développement insolent, elles domineront le commerce mondial. Ni les juifs, ni les iconoclastes calvinistes qui dévastaient les cathédrales quelques décennies plus tôt ne semblaient pourtant des clients désignés pour le développement de la peinture dans ces villes.

Ravages de la cathédrale d’Anvers par les calvinistes

Né dans une famille de protestants, Vermeer se convertira à vingt ans et épousera une catholique aisée qui lui donnera quinze enfants. Une décision qui pourrait avoir pesé sur sa destinée artistique dans une Delft calviniste. Vermeer renégat catholique aurait-il subi l’opprobre de ces protestants rigoristes comme son contemporain Spinoza le herem, (exclusion de la communauté juive) pour être sorti du rang ? 

Avec le message à peine voilé de « l’Art de la peinture  » qu'il n'aurait jamais voulu ou pu vendre, Vermeer a-t-il exprimé le poids de son environnement ? En avait-il deviné la valeur dont on ne lui donnait pas le prix ?

A ses débuts il ne peindra que de rares toiles explicitant sa foi catholique comme « Jésus chez Marthe et Marie », ce qui était proscrit, même en dehors des temples. Il devait fréquenter l’église cachée des Jésuites juste à côté de chez lui.

 

« L’Art de la peinture » Vermeer (***)

Le costume ancien du peintre (Vermeer de dos ?) et la carte murale pliée à l'endroit de la nouvelle frontière, renvoient à une Hollande révolue des Dix-Sept Provinces alors catholiques, devenues sept protestantes. Le rideau espagnol relevé révèle un lustre hollandais symboliquement sans bougie, sans éclat.

Adepte de l’outremer et de ses nuances, Vermeer voulait-il avec ces bleus du lapis-lazuli, nous montrer un attachement dissimulé à la Vierge Marie qui en est habituellement habillée ? Comment expliquer cet attachement répétitif de « La femme en bleu lisant une lettre » jusqu’à l’abus avec le tablier criard de « La laitière » ? Depuis l’étendard d’Ur des sumériens et leurs statues votives aux yeux bleus et les voutes célestes égyptiennes de Nout, le lapis-lazuli se conjugue avec les spiritualités. Bien que rare et chère au XVIIe siècle, la pierre sera choisie par l’artiste indigent.

Ces expressions d'un nouveau converti qui avait épousé une catholique et sa foi, ne pouvaient pas plaire aux iconoclastes calvinistes intransigeants, une épine pour un renégat marchand aussi d’autres œuvres, chez les protestants.

Pourtant pendant ce temps, Rembrandt de mère catholique et de père réformé s’enrichira un temps avec la production de son atelier du quartier juif d’Amsterdam la nouvelle Jérusalem, dont nombre de ses portraits témoignent. « Les frères Goncourt qualifiaient ses œuvres religieuses de «  juiveries » (Le Monde).

La République des Provinces-Unies n'était pas égalitaire, les calvinistes dirigeaient sans partage avec les catholiques, les juifs ou même les luthériens. Les concepts religieux débordaient dans les universités. A Leyde l'idée catholique du libre-arbitre défendue par le remontrant Arminius s’opposera à celle de la prédestination absolue des calvinistes qui exécuteront des contestataires en 1623 à Leyde.

On mesure difficilement aujourd’hui les conséquences de ces affrontements violents entre les communautés, que les artistes subissaient nécessairement. Dans le même temps l'Espagne suivait un autre modèle de société avec la Limpieza de Sangre attribuée à Vélasquez après enquête pour vérifier que l'impétrant n'avait pas de traces dans sa généalogie de sang juif, maure ou de commerçant. Les expressions artistiques étaient soumises aux attentes de milieux aux antipodes. 

Un environnement de devenus très riches marchands.

Ces hollandais s’inspireront de l'aristocratie des puissances européennes et commanderont leur portrait. Sans appétence pour l’art religieux ou antique des intellectuels catholiques, ils préfèraient les représentations intimes de leurs intérieurs qui exprimaient leur richesse masquée par des façades semblables, les marines reflet de leur puissance, leurs campagnes et orientent ainsi la peinture de leur siècle. 

Les corporations de peintres s’organiseront pour accompagner les artistes jusqu’à la vente des œuvres avec des courtiers et des guildes qui se chargeront de la prospérité des artistes innombrables. Dans ces Provinces-Unies protestantisme et judaïsme développaient une société marchande. Le business de la peinture s’épanouissait au pays du commerce et de la spéculation, l'enrichissement des individus et des entreprises s'emballaient, la spéculation provoquera le premier krach boursier des tulipes en 1637. 

Marine Jan Porcellis

Pourquoi Vermeer devrait-il être plus illustre que ses brillants confrères ?

Parmi eux, Jan Porcellis célèbre peintre de marines produira plus de mille toiles et sombrera dans un quasi oubli comme Vermeer pourtant syndic de la Guilde de Saint-Luc à Delft, une marque de son implication dans son milieu. Metsu, ter Borch et d’autres étaient plus cotés que Vermeer, comment l’inversion s’est-elle produite ?

On sait qu’alors les peintres se recopiaient ou s’influençaient au gré des succès de leurs ventes auprès de la clientèle aisée. Vermeer était artistiquement proche de Pieter de Hooch considéré comme l’un des principaux maîtres des « scènes de genre » dont il n’aura pas la renommée. On attribuera longtemps au second, les toiles du premier. Alors pourquoi la cote de de Hooch ne tient-elle pas aujourd’hui la comparaison ? Van Dyck fréquentait lui les aristocraties et peignait dans les cours…

 

         « Les princes palatins - 1637 » van Dyck peintre flamand célèbre en Italie et en Angleterre

Alors comment et pourquoi l’artiste ressuscitera-t-il, ou plutôt sera-t-il découvert plus de deux siècles après sa mort quand des peintres ses contemporains auront eux, traversés les siècles avec leur célébrité (Rembrandt…) ? Aduler soudainement un Vermeer qui n'avait jamais existé ailleurs que dans sa ville de Delft relève d’une perspicacité rare après plusieurs siècles d'un anonymat total ailleurs.

Une opportunité pour un marché de l'art gourmand de matières premières ?

De bonnes raisons justifient sa renommée avec un argument quasi unanime chez les contemplateurs autorisés de Vermeer, son expression de la lumière. Indiscutablement Vermeer s’est affranchi des clairs-obscurs de ces intérieurs que d’autres reproduisaient scrupuleusement. Il a su flatter l’œil comme la lentille d’une caméra sensibilisée par un logiciel exhausseur de lumière. D’autres peintres ont plus trouvé le succès pendant le « siècle d’or » qu’aujourd’hui auprès de nos élites académiques. Doit-on suivre éblouis ce qu’elles nous montrent ou conserver l’indépendance de notre jugement ?

Voyons l’exégèse de critiques d’art autorisés et leurs arguments avec ce critère d’excellence chez Vermeer ; la maîtrise de la lumière, dont chacun trouvera sa préférence pour ce motif avec les toiles suivantes. Le rendu de la lumière par Vermeer doit-il surclasser les clairs-obscurs de ses contemporains ?

 

« La Femme en bleu lisant une lettre 1662 » Vermeer

 

« Femme lisant une lettre » ter Borch

Blaise Ducos a démontré pendant une présentation de son exposition au Louvre, les inspirations-recopies d'autres peintres reconnus et côtoyés par Vermeer notamment à Delft, mais à la réputation actuelle distanciée. On s’en fera une idée avec les toiles qui suivent de Metsu et Vermeer sur le même thème.

 

Homme écrivant une lettre - Femme lisant une lettre Gabriel Metsu

La célébrité de Vermeer a touché un apogée en 2023 avec carrément « l’exposition du siècle » qui l’a consacré s’il le fallait encore. Hors du cercle des savants qui l’y ont porté, la curiosité peut nous conduire à en chercher les causes.

Voyons encore.

Toujours sur le thème de l’excellence de « la lumière » chez Vermeer on parcourra donc les avis d’experts dévolus au peintre avec l’histoire de deux toiles largement commentées. Chacun en tirera sa conclusion.

Observations au rayon X et analyses chimiques, des outils d’appréciation artistique ?

Avec ce rebondissement, l’idée qu’une toile de Vermeer soit admirable par principe s’impose ici, avant ou après qu’on la transforme. Des éminences expliquaient pour « La laitière » que la lumière de Vermeer résultait du fond uniforme de son mur épuré, repeint par l’artiste pour masquer des objets suspendus. Une opinion qui ne sera pas une règle avec « La liseuse à la fenêtre » dont la Gemäldegalerie Alte Meister entreprend la restauration en 2017. Elle restituera l’éclat original des teintes, mais l’analyse chimique sera formelle, les composants qui recouvrent le Cupidon de l'arrière-plan n’ont pas 360 ans. La retouche est postérieure à la mort du peintre, on supprimera donc ce repeint trouvé admirable quelques mois plus tôt, pour faire réapparaître le cupidon masqué. Que devient le motif d'admiration pour "La laitière" débarrassée des objets révélés au rayon X sur le mur vide derrière elle pour "...faire éclater la lumière", cette caractéristique essentielle chez Vermeer ? Ce qui vaut pour l'une ne vaut donc pas pour l'autre, autant d'arguments vénérables fragiles, cette modification substantielle de l’œuvre n’a altéré pour personne sa réputation.

 "La liseuse à la fenêtre Vermeer", avant et après restauration

Avec "La jeune fille au verre de vin" on peut dire que l'essence de Vermeer s'est évaporée tant les nettoyages dévastateurs et les repeints ratés l'ont abîmée comme son visage niais refait et perdu. Cependant l'assurance qu'il s'agit à l'origine d'un Vermeer, lui conserve la reconnaissance des musées, pas forcément celle des visiteurs. 

Un dernier exemple pour plaider sa maîtrise de la « lumière », évoquée par un inconditionnel de Vermeer. L'argument d'un avocat soumis à son client ?

Deux œuvres sont juxtaposées pour cette démonstration quand elles n’ont en commun que les compétences astronomiques des sujets, l’un est présenté de jour (Vermeer) et l’autre la nuit (Gérard Dou). Deux intentions artistiques incomparables qui auraient produit une conclusion inverse si la performance recherchée avait été celle d’une ambiance nocturne réaliste.

« L’astronome » de Vermeer

« L’astronome » de Gérard Dou

Plutôt que de s’approprier les arguments de l'intelligentsia artistico-médiatique, un regard sur l'œuvre sera plus sûr pour rechercher une émotion.

Quant à la hiérarchie des peintres, l'exposition au Grand Palais "Picasso et les maîtres" (Vélasquez, Degas…) nous a instruits. Elle présentait les œuvres du peintre et celles dont il s'était inspiré ou moqué. Un exercice intéressant mais cruel pour l'espagnol mieux inspiré par l’art préhistorique. Comparer ne vaut que pour soit.

L’opinion est un sentiment fragile, surtout si c’est celle des autres.

« La Femme jouant de la guitare » a été admirée pour être de Vermeer jusqu’en 1927 quand elle sera désattribuée. Conséquence, sa valeur et l’intérêt porté en seront affectés, une démonstration du lien entre la qualité de l’œuvre et celle de sa signature. Certains voudraient la rendre à Vermeer quand la National Gallery of Art de Washington est d’avis contraire considérant sa proximité avec celle en sa possession « La jeune fille à la flûte qui est l’œuvre d’un des proches de Vermeer ». 

Gardiens d’art, contre marchands d’art ?

Pour s’en faire une idée, on ajoutera un épisode (*) à la saga Vermeer pour démontrer la fragilité de sa réputation auprès d’un public éblouis parfois davantage par la signature que par les œuvres.

 

 

(*) on abordera les manquements des experts contributeurs majeurs à la conscience artistique des foules.

 

                                   (**) Vue de Delft 2024

(***) Admirable tableau préféré à celui de « La jeune fille à la perle » dont ses promoteurs assomment les visiteurs à Delft avec leurs produits dérivés. Le succès des actions commerciales hollandaises pour cette « jeune fille » est mesurable avec l’organisation de son exposition du siècle qui avait réuni 28 tableaux de Vermeer et qui a dû se séparer d’elle pour cause d’incidence sur le tourisme à La Haye. Le musée Mauritshuis reprendra sa toile avant la fin de l'exposition.


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15 réactions à cet article    


  • La Bête du Gévaudan 30 mai 17:40

    intéressant... en effet, l’établissement à chaque époque nous sert son idéologie. Aujourd’hui il est de « bon ton » de mépriser les « zacadémismes » ... mais on nous ressert à plus-soif les poncifs éculés du modernisme d’il y a 100 ou 150 ans...et on pérore sur la « révolution » dans les académies, les salons et les cénacles subventionnés ! On ouvre une brochure, blasé, en sachant déjà à peu de choses près ce qu’on va y lire et ce qu’on est supposé en penser.

    Et puis il y a des gourous qui nous expliquent que nous ne pensons pas ce que nous pensons et que nous ne ressentons pas ce que nous ressentons et que nos idées ne sont que le fruit de notre milieu social etc. (comme si, à ce tarif, leur doctrine sur les « idées fruit du milieu social » n’était pas elle-même fruit de leur milieu social !). Evidemment, pour sauver nos âmes maculées de péché de domination, il nous reste de suivre ces Raspoutine dominateurs à genoux et les yeux bandés... le serpent idéologique se mord la queue...

    Il nous reste cependant encore au moins le loisir de contempler les oeuvres, tant que les néo-puritains ne les ont pas encore interdites de paraître à nos yeux. Alors, on en profite, et on partage nos avis et nos sentiments avec le cercle de ceux qui peuvent nous entendre. Et à chacun son cercle. Finalement, dans les apartés de cette société « éclatée », il reste de beaux lambeaux de liberté.


    • L'apostilleur L’apostilleur 30 mai 20:48

      @La Bête du Gévaudan
      « ..Il nous reste cependant encore au moins le loisir de contempler les oeuvres.. » 
      Voilà bien l’essentiel avec autant que possible un libre-arbitre inaltéré.
      La suite montrera un peu plus que le merchandising ne l’entend pas comme ça. 


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 30 mai 20:29

      La jeune fille au turban , puis à la perle après décrassage...que dire ...


      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 30 mai 20:36

        En accord que pour atteindre ce niveau , Vermeer a produit beaucoup plus que ce que nous connaissons de lui.


        • L'apostilleur L’apostilleur 30 mai 21:00

          @Aita Pea Pea
          Après avoir vu des reproductions de toutes ces toiles côte à côte et dans l’ordre chronologique, sans être grand clerc chacun peut suivre un artiste grandissant. 
          Quant à sa production elle a donné prétexte à une histoire extravagante aux retombées qui dépasseront Vermeer... à suivre.


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 30 mai 21:03

          @L’apostilleur
          Peut être. Mais suis amoureux de la jeune fille.


        • L'apostilleur L’apostilleur 31 mai 00:14

          @ Aita Pea Pea

          C’est une vraie question s’agissant de la jeune fille à la perle.

          Avec une photo vous auriez eu le même sentiment. 

          L’artiste tient-il donc son mérite d’avoir su imaginer un idéal ou d’avoir provoqué ce que vous ressentez par la maitrise de son art ?

          Le sujet ou l’objet ?


        • Et hop ! Et hop ! 31 mai 22:06

          @Aita Pea Pea : ... pour atteindre ce niveau, Vermeer a produit beaucoup plus... "

          Vous avez raison, l’auteur laisse entendre que Vermeer n’aurait peint que 26 tableaux, il a une conception anachronique de la peinture et de l’artiste.

          La peinture était une profession artisanale avec une corporation, elle s’apprenait dans une école de peinture (l’Académie de Saint Luc), et par un long apprentissage dans un atelier. Les tableaux étaient des productions collectives, il y avait une division du travail, certains peintres faisaient les fonds, les ciels, d’autres certains détails, les apprentis en faisaient aussi des parties. L’apprentis devenait compagnon, et continuait à travailler anonymement pour le compte du maître tant que son chef d’oeuvre n’avait pas été agréé par le jury, parfois pendant toute leur vie. Seul le maître de l’atelier avait le droit de vendre, il ne signait pas non plis mais c’était son oeuvre, il travaillait sur des commandes précises qu’il fallait ensuite réaliser, comme un menuisier, un jardinier ou un architecte. Ce n’était pas comme à l’époque contemporaine des oeuvres individuelles d’imagination qu’ils essayaient ensuite de vendre, les couturiers ne faisaient pas non plus de prêt-à-porter. La notion d’artiste individualiste et narcissique, qui s’exprime dans son oeuvre, est contemporaine, elle est apparue au XIXe siècles avec le romantisme puis le marché de l’art, auparvant les peintres se considéraient comme des artisans, il y en avait des bons, des moins bons et des excellents qu recevaient des commandes des princes, exactement comme chez les médecins, les avocats, les tailleurs et les cuisiniers. 

          Pour en reveir à Vermeer, il a contribué à des milliers de tablraux pour arriver à ce niveau de perfection ou de maîtrise.
          Son style plaît à l’oeuil contemporain des masses médiatisées, il ne corespondait par-être pas aux attentes, à la sensibilité et à la mode de l’époque qui le trouvaient peut-être trop cru ou autre chose.


        • Eric F Eric F 1er juin 10:23

          @Et hop !
          Prosaïquement, il n’aurait pas pu vivre, même pauvrement, en ne vendant dans toute sa vie qu’une poignée de tableaux pour une bouchée de pain chacun. Votre description explique le travail collectif en atelier, et certains compagnons devenaient des ’’petits maîtres’’ avec quelques oeuvres personnelles, à l’ombre des grands maîtres reconnus. La postérité peut changer la hiérarchie, ’’bonne affaire’’ pour les détenteurs de ce qui avait été longtemps considéré comme des oeuvres mineures.
          C’est vrai aussi pour les peintres plus récent, un tableau qui masquaient la fissure d’un couloir et vendu lors d’une liquidation peut, après expertise, passer d’une croute à un chef d’oeuvre.


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 1er juin 19:54

          @Et hop !
          Oui. Ce qui serait intéressant est de savoir ce qui l’a fait signer enfin ses oeuvres.


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 1er juin 19:58

          @Et hop !
          Bon . J’ imagine sa propre reconnaissance de son talent immense.


        • Et hop ! Et hop ! 2 juin 01:27

          @Eric F

          D’après wikipedia il était bien devenu maître après avoir été apprentis chez un maître et avoir suivi les enseignements de l’Académie de Saint-Luc de Delft dont il est devenu jeune le syndic, et expert judiciaire en tableaux. 

          Donc il signait certains tableaux, il a commencé par exécuter des scènes religieuses commandées probablement par des églises ou des religieux, puis il avait une clientèle bourgeoise qui les gardaient chez eux, mais pas de commande princière qui aurait mis ses tableaux dans une collection publique et les aurait fait connaître du public, il a fallu attendre 1908 pour qu’un premier tableau arrive dans un musée (préemption de la Laitière par le musée municipal de Delft).
          Les scène de genre et les vues intérieures avec des contre-jours étaient ce qui se faisait à l’époque, y compris en France avec les gravures d’Abraham Bosse, il y excellait et ses tableaux ont été vite très appréciés car ils se vendaient très cher dans les successions. Une curiosité est que ses scènes intérieures présentent plusieurs fois un mur avec une grande gravure de carte géographique connue qu’il reproduit minutieusement en peinture.

          Beaucoup de grand peintres ont été appréciés, ont vécu et son mort dans l’anonymat, ont été oubliés, et puis ont eu leur oeuvre découverte et leur biographie reconstituée plusieurs siècles après leur mort, par exemple George de La Tour.

          Il faut envisager les peintres de ces époques comme les horlogers, il y avait un apprentissage difficile, ils se connaissaient tous, certains étaient vraiments très au-dessus des autres, comme dans tous les métiers, mais peu de gens s’en apercevait, ils avaient une grande notoriété dans un public très restreint, ce qui était suffisant pour bien vivre, si ils n’ont pas eu une clientèle princière, toute leur oeuvre a pu être perdue.


        • riemann66 riemann66 31 mai 09:35

          « L’art n’a pas pour fin de créer des oeuvres que le temps ruine mais d’éveiller en chacun le génie endormi. » (Nietszche)

          Je me sens génial quand je regarde ces oeuvres. Le reste importe peu.


          • riemann66 riemann66 31 mai 17:48

            @eau-mission
            C’est vrai qu’il y a des artistes à Roland-Garros, qui peuvent réveiller le génie endormi dans le coude. Tes vignes se portent-elles bien ? smiley


          • Eric F Eric F 31 mai 09:47

            On peut faire un rapprochement entre la peinture et la musique, en ce sens que les grands artistes ont finalement ’’le style de leur temps’’, certains célèbres de leur vivant et d’autres ignorés alors. Les spécialistes des siècles suivants rebattent parfois les cartes de la célébrité (et désormais de la cote).

            Combien de musiques de ses contemporains résonnent ’’comme du Mozart’’, il n’a pas inventé du neuf mais l’a porté au sommet. D’autres peut être guère loin.

            La question de la réattribution d’oeuvre existe dans les deux arts, ainsi la ’’symphonie des jouets’’, attribuée à Léopold Mozart puis Josef Haydn (ou le contraire), serait en fait d’un moine inconnu.

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