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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > C’est l’éditeur qui fait le livre

C’est l’éditeur qui fait le livre

Hé ben on est mal barrés les gars.

Savez-vous qui a dit ?

« L'éditeur a un rôle éminent dans le processus de création (…) quand on écrit, chez soi, on a besoin d'avoir le regard d'un éditeur, pour venir sanctionner, dans le bon sens du terme. C'est-à-dire, donner le jugement d'un professionnel, sur le texte que l'on est en train de rédiger. Et sans cela, même si on se publie soi-même, et que l'on peut toucher un public au travers des réseaux, on n'a pas cette reconnaissance de se sentir écrivain. L'écrivain ne naît qu'au travers du regard de l'éditeur. Et moi je l'ai ressenti en tant qu'auteur : j'aurais pu écrire le même livre que celui que j'ai rédigé… si je n'avais pas eu Jean-Marc Roberts [NdR : patron de la maison Stock, filiale du groupe Hachette], le résultat n'aurait pas été le même. »

Elle s’appelle Aurélie Filippetti.

Alors autant je suis d’accord pour dire que c’est bien le boulanger qui fait le pain (même s’il lui arrive aussi de vendre des aspirateurs sans sac et des laves linges à hublot), mais quand même, dire que c’est Gallimard qui fait la littérature ou Pascal Nègre la musique, faut peut-être pas exagérer (même si je suis sûr que Pascal Nègre doit bien se débrouiller au pipeau).

Elle enfonce même le clou : « Mais surtout, on a besoin de cette médiation, pour se reconnaître, soi-même, comme auteur, et pour savoir que son texte est vraiment un livre.  » 

Carrément.

Exit les artistes incompris qui rament tout seul dans leur coin et laissent des œuvres magnifiques et inconnues dans leur tiroir.

Exit les John Kennedy Toole. Il n’est devenu écrivain qu’une fois mort. C’est ballot (surtout pour avoir son article sur Wikipedia me direz-vous. Surtout pour payer les factures vous répondrais-je).

Argh. Seuls les éditeurs savent ce qu’est un livre.

J’imagine bien, en plus, le sous-entendu : seuls certains éditeurs.

Ben oui, on va quand même pas mettre Gallimard et, je sais pas moi, le Diable Vauvert au même niveau sur l’échelle du bon goût. Les torchons, les serviettes, les choux, les carottes, tout ça.

Bon soyons honnêtes, quand j’ai lu ça, j’ai failli tomber de ma chaise. Quid de l’auto-édition ? Quid du développement de la diffusion numérique ? Quid de la rentrée littéraire, chaque année plus consternante, et qui est pourtant bien remplie de livres publiés par ces fameux éditeurs si fabuleux pourtant ? Quid des prix littéraires bidon qui ne sont que copinage et compagnie entre gens bien élevés mais qui ont déjà un pied dans la tombe de la création ?

Tout cela n’est rien. Car seules quelques personnes en France savent ce qu’est un livre. De même que (j’imagine) seuls quelques cuisiniers étoilés savent ce qu’est un vrai flan au pruneau, ou quelques commentateurs de France 2 reconnaissent un bon revers lifté.

Madame la Ministre considère donc que les milliers d’écrivains en herbe qui ont un vrai talent mais ne trouvent pas d’éditeurs (il doit bien y en avoir quelques-uns en fouillant longtemps) ne font pas de littérature.

Compte tenu du fait que c’est le marché (et sa capacité d’absorption, i.e. pour faire simple le nombre de livres que les gens sont prêts à acheter) qui détermine la quantité de livres que les éditeurs publient, on peut donc déterminer le nombre de vrais écrivains en France. Dans le monde d’Aurélie, c’est magique, c’est le marché qui créé l’art !

Il nous reste à trancher quelques épineux débats : Joseph Macé-Scaron et Patrick Poivre d’Arvor sont-ils écrivains ?

Le nègre est-il un écrivain (pas Pascal, l’autre) ?

Le monde germanopratin de l’édition littéraire classique est en train de mourir de son enfermement sur soi, de son manque d’ouverture, de ses réseaux, de sa suffisance et du fait qu’il croit détenir la seule vérité.

Ce monde vient de trouver son fossoyeur en chef.

Merci Madame la Ministre.

 

Je laisse la parole à Kafka pour finir (encore un faux écrivain) :

« Voici, mon bien cher Max, ma dernière prière : Tout ce qui peut se trouver dans ce que je laisse après moi (c'est-à-dire, dans ma bibliothèque, dans mon armoire, dans mon secrétaire, à la maison et au bureau ou en quelque endroit que ce soit), tout ce que je laisse en fait de carnets, de manuscrits, de lettres, personnelles ou non, etc. doit être brûlé sans restriction et sans être lu, et aussi tous les écrits ou notes que tu possèdes de moi ; d'autres en ont, tu les leur réclameras. S'il y a des lettres qu'on ne veuille pas te rendre, il faudra qu'on s'engage du moins à les brûler. À toi de tout cœur. »

— Franz Kafka

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Retrouvez mes articles sur le monde de l’édition : http://www.jean-fabien.fr


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45 réactions à cet article    


  • AmaruKaShakur AmaruKaShakur 4 juillet 2012 12:52

    Cette femme n’a rien compris à l’art, ses propos sont hideux.


    • Fabienm 4 juillet 2012 12:55

      c’est clair, ça fait peur !




      • alinea Alinea 4 juillet 2012 22:21

        Voxagora : vous ne crachez pas sur Amazon ? j’ai obtempéré, on en reparlera ! Merci !!


      • voxagora voxagora 5 juillet 2012 09:22

        Je ne comprends pas la remarque d’Alinea, ce n’est pas grave.

        J’ai trouvé cet article, compte tenu du sujet qu’il traite -le livre et dc la culture- expéditif,
        un peu à coté de la plaque (mais pourquoi pas, une tribune est une tribune c’est valable pour moi aussi)
        et ai donc cherché à en savoir plus, d’où les liens.
        Je comprends mieux ce qui m’a gênée : il semble que l’auteur soit musicien,
        qu’il en veuille à Aurélie Filipetti et aux politique pour leur politique concernant plutôt la musique,
        et qu’il a trouvé ce biais du discours d’A.F. d’une part pour dénoncer, mais surtout pour faire peur.
        A part ça mes souhaits de lectrice boulimique sont que les monopoles n’empêchent pas l’expression, que ce que les gens ont à dire soit diffusé le plus possible, sur tous les supports possibles.
        J’aime les livres et je regrette qu’ils soient si chers, ce pourquoi je n’achète pratiquement que des livres de poche et des livres d’occasion, que je ne peux rien dire sur les best-sellers, et que je télécharge sur Kindle les classiques gratuits : avec Alexandre Dumas, L’Iliade et l’Odyssée, Jane Austen et Charles Dickens, le pataouet des pieds-noirs et l’Histoire de France de Michelet je suis assurée de ne jamais manquer de lecture.
        Je trouve formidable qu’Internet permette qu’on écrive et qu’on lise, tout cela étant, y compris les commentaires, littérature.
















      • Fabienm 5 juillet 2012 09:30

        Hello,
        mince tu t’étoufferas pas dans ta perspicacité toi (un souci de moins).
        J’ai écrit plusieurs livres et ai été édité (à compte d’éditeur), donc je connais le milieu. Je connais aussi le milieu de l’édition musicale, car cela fait plus de 10 ans que je manage un groupe (et des contrats, j’en ai signé à la pelle avec tout un tas d’éditeurs, de labels, etc.).
        Mon article est effectivement expéditif, car il n’avait aucune vocation à être exhaustif ou profond (je plaide donc coupable), c’était juste « l’humeur du jour » en réaction à ces propos débiles de la ministre qui est venue faire de la lèche aux grands éditeurs germanopratins.
        Voili, voilou


      • voxagora voxagora 5 juillet 2012 12:31

        Ceci est tout à fait anecdotique, mais quand même :

        pourquoi me tutoyer trois fois (tu, t’, toi) ?
        .

      • voxagora voxagora 5 juillet 2012 13:16

        quatre fois : tu, t’, ta, toi.

        Pas si anecdotique finalement.

      • Fabienm 5 juillet 2012 14:13

        Tu as raison, j’aurais dû m’arrêter à trois (arggh, je replonge).
        Plus sérieusement et bien que l’intérêt de cette épineuse question soit limité, tentons plusieurs hypothèses. Je t’ai tutoyée parce que :
        1 - tu m’es sympathique
        Mmmmh... Non pas trop crédible

        2 - je tutoie tou le monde
        Non plus, hier encore j’ai vouvoyé ma connasse de voisine qui me demandait de baisser chérie fm.

        3 - tu es forte en math et ma formation d’ingénieur nous rapproche
        Non plus, j’essaye de refouler cette partie de mon cv !

        3 - j’ai écrit sans réfléchir (et on s’en fout)
        Là je crois qu’on tient quelque chose !


      • Leo Le Sage 4 juillet 2012 14:05

        @auteur
        Quand on est un député et même si on n’y connait rien on te courtise.
        Si il le faut on t’offre une pipe [le sens n’importe pas] et un bon fauteuil pour être certain que tu n’iras pas siffler ailleurs.
        Bref, on te bichonne...

        Elle ne sait évidemment pas de quoi elle parle...
        çà m’étonnes pas d’elle.
        Il est vrai qu’il y a pire...


        • Fabienm 4 juillet 2012 14:09

          on pouvait espérer mieux de quelqu’un qui a écrit des livres (en tout cas, c’est ce que sa biographie dit)


        • Leo Le Sage 4 juillet 2012 16:22

          @auteur
          Vous dites : « on pouvait espérer mieux de quelqu’un qui a écrit des livres »
          Diriez vous que lorsque Monica Lewinsky écrit un livre elle en a dans le ciboulot ? Je pense pas...


        • Fabienm 4 juillet 2012 16:27

          la différence, c’est que dans le cas de Monica, on a assez peu de doute sur la présence d’un nègre littéraire


        • Leo Le Sage 4 juillet 2012 17:29

          Vous dites : « la différence, c’est que dans le cas de Monica, on a assez peu de doute sur la présence d’un nègre littéraire »
          Un nègre littéraire qui écrit mal si mes souvenirs sont bons...

          Objectivement la construction d’un livre ne se fait pas tout seul.
          Il y a des conseils, souvent même des références [même pour les romans], un gros travail de recherche...
          Lorsqu’il y a des personnes qui pensent qu’il suffit de pondre un livre pour pouvoir le vendre j’en ris.
          Il y a bien sûr les vrais artistes talentueux qui eux savent pondre quelque chose de qualité, mais c’est rare.
          C’est comme en musique : certains ont du succès pour une seule chanson qui devient un tube (« Born to Be Alive »), puis plus rien, et, d’autres qui sont très doués comme Wolfgang Amadeus Mozart.

          PS : Par prudence je précise pour ceux qui ne connaissent pas qu’un nègre littéraire n’est pas un noir cultivé, c’est la personne qui en gros écrit pour vous.
          On ne m’a jamais traité de raciste mais sait-on jamais...


        • ZEN ZEN 4 juillet 2012 14:22

          Si je puis me permettre...

          Demain, y aura-t-il encore des éditeurs ?
          A Montebourg ne se pose pas la question apparemment...


          • Fabienm 4 juillet 2012 14:33

            merci pour cet article édifiant...


          • Clouz0 Clouz0 4 juillet 2012 15:25

            Faudrait savoir, vous niez la qualité d’éditeur en même temps que vous semblez regretter leur prochaine disparition ???


            Globalement pas d’accord avec cet article.
            Un éditeur, un éditeur digne de ce nom, dans un travail suivi avec un auteur, peut à la fois être une aide morale, financière, un « facilitateur », un correcteur, un conseiller voire un accoucheur.
            Il peut soumettre des idées, favoriser des rencontres, insérer un auteur au sein d’une collection plus vaste, présenter graphiquement un ouvrage mieux que ne le ferait quidam lambda, s’occuper évidemment des réseaux de distribution ...
            Bref c’est tout simplement l’aide et l’interlocuteur indispensable de beaucoup d’auteurs.

            L’édition à compte d’auteur c’est finalement tout ce que souhaite Amazon ... et consorts.

          • Fabienm 4 juillet 2012 15:34

            Je suis pour une approche multiforme et qui mette la littérature au centre, pas le marché qui va avec.
            Les éditeurs sont utiles en un sens, mais ils ne peuvent être suffisants. Il n’y a jamais autant de créativité que lorsque l’on libère les contraintes. Comme dans la musique, le monde littéraire va se réinventer avec l’arrivée du numérique, cela prendra un peu de temps peut-être, mais la révolution est déjà en marche.


          • Clouz0 Clouz0 4 juillet 2012 15:42

            ... La révolution en marche ...
            Vous enfoncez des portes ouvertes !
            Personne ne nie qu’elle marche, et même qu’elle courre, la révolution.
            Reste à savoir vers où elle va si vite, et si demain sera bien meilleur qu’aujourd’hui en termes de qualité et de création.
            Et ça ...

            Libérer les contraintes... Vouiii bien sûr dans un rêve d’absolu et dans une jolie vision idéalisée.


          • Fabienm 4 juillet 2012 15:52

            ha ha
            bon, on n’est pas d’accord.
            Je travaille depuis plus de dix ans dans la musique, et qu’elle marche ou qu’elle courre, la révolution va bousculer les règles du jeu aussi dans l’édition littéraire. Le fond même change avec le format. On en est au début. Que l’avenir soit meilleur ou pas en termes de qualité n’a aucune importance (tout cela est très relatif), il sera en tout cas différent !


          • Fabienm 4 juillet 2012 15:56

            Ce que vous trouvez de qualité ne l’est pas forcément pour un autre. C’est juste de nouvelles formes d’expression (le média ayant largement tendance à modifier le fond, cf. TV vs Ciné)


          • Fabienm 4 juillet 2012 16:01

            unanimité de quoi ?
            certains trouvent que Marc Lévy, c’est de la littérature (il vend d’ailleurs des millions de bouquins), rassurez-moi, j’ai le droit de trouver que c’est de la merde ? smiley


          • Surya Surya 4 juillet 2012 15:21

            Si les Ministres, les éditeurs etc... se préoccupaient vraiment de culture, ils commenceraient par faire baisser le prix des livres. Combien de fois ai-je renoncé à acheter tel ou tel ouvrage, parce que le prix était exhorbitant, et que j’avais par conséquent les yeux exhorbités en le voyant ?

            J’adore l’objet livre, mais s’il est trop cher, je télécharge la version kindle lorsqu’elle existe.

            Sinon, au sujet de cette déclaration, je dirai seulement que l’autoédition a toujours existé,et c’est tant mieux pour de nombreux grands écrivains qui se sont vus refuser leur manuscrit. Je voudrais pas dire des bêtises mais il me semble que Faulkner a commencé en s’autoéditant.

            Ca existe toujours et ça peut même être un choix, et non une obligation liée à une succession de refus. 

            Certains auteurs sont publiés par des éditeurs parce qu’ils sont déjà connus. Font-ils pour autant de la grande littérature ? Pas toujours, mais ils sont côtés sur les marchés de la culture, et ils vont rapporter de l’argent.

            Si les éditeurs se comportent comme de simples marchands cherchant à vendre leurs productions, qu’ils ne viennent pas ensuite critiquer Amazon et son kindle en prétendant qu’ils n’y connaissent rien à la culture, et la méprisent.

            En plus, faire imprimer des tonnes d’exemplaires pour ensuite les envoyer au pillon, ce n’est pas une approche très respectueuse du livre, je trouve...

            De toute manière, éditeurs ou pas, la vraie « sanction » vient des lecteurs eux-mêmes.


            • Fabienm 4 juillet 2012 15:35

              absolument d’accord : )


            • alinea Alinea 4 juillet 2012 22:24

              Proust aussi a commencé par l’auto édition !


            • Deneb Deneb 5 juillet 2012 07:35

              Savez-vous qu’en russe, auto-edition se dit samizdat. On devrait s’inspirer des dissidents soviétiques qui ont ainsi pu contourner l’étanche censure pour exprimer les critiques envers le système soviétique. Soljenitsyne avait-il un éditeur pour publier les oeuvres qui lui ont valu des années de camp de travail dans les conditions inhumaines ?


            • Leo Le Sage 5 juillet 2012 09:19

              @Par Deneb (xxx.xxx.xxx.73) 5 juillet 07:35

              Vous dites : "On devrait s’inspirer des dissidents soviétiques qui ont ainsi pu contourner l’étanche censure pour exprimer les critiques envers le système soviétique"

              Effectivement...
              Je suppose que pour quelques uns ce qui vient de Russie c’est forcément de la m... ?


            • alinea Alinea 4 juillet 2012 15:24

              Vous le dites vous-même dans votre citation ; l’éditeur fait le livre ; et cela est vrai.
              Il ne fait pas le talent, il fait le livre.
              Un manuscrit et un livre, ce n’est pas le même objet !
              Ça vous parait suspect de donner un petit coup de pouce aux éditeurs, par les temps qui courent ?
              Par ailleurs, je suis bien d’accord avec vous, les éditeurs, pour bouffer ou s’enrichir, publie n’importe quelle merde pourvu que l’auteur soit connu !
              Et n’ont plus le temps de dénicher les « trésors cachés ».
              De toutes façons, il y a trop de livres et pas assez de littérature.
              Mais ce ne sont peut-être pas les mêmes éditeurs...


              • Fabienm 4 juillet 2012 15:36

                vaste débat...
                comme dans l’industrie du disque, si les éditeurs restent frileux et enfermés sur eux-mêmes, ils crèveront les uns après les autres...


              • Fabienm 4 juillet 2012 15:41

                Dans la musique, et c’est bien tout le problème, c’est bien le label qui produisait financièrement la plupart des artistes. La disparition récente de pas mal d’entre eux a créé un déséquilibre qui a modifié l’économie de l’industrie du disque. Je ne suis d’ailleurs pas bien sûr de savoir ce qu’il en sortira.
                Pour le livre, il n’y a pas de « production » à proprement parler (entre produire financièrement un disque et un livre, l’argent nécessaire n’est pas comparable). Il y a un travail éditorial (qui s’apparente plutôt là à la production ’artistique’ et non ’financière’ d’un disque), puis un travail de correction, mise en forme, packaging relativement léger (faut pas non plus exagérer). L’éditeur proche de l’écrivain me fait un peu marrer, vu que même chez les gros éditeurs, seuls certains écrivains sont réellement suivis, les autres sont dans la masse, pas mieux traité que dans une petite maison. Je rappelle enfin que la proportion de nouveaux auteurs dans la rentrée littéraire est en chute libre tous les ans, ce qui est symptomatique d’un modèle en fin de vie.


              • Fabienm 4 juillet 2012 16:26

                oui, j’ai compris après avoir posté ma réponse (mais allez rattraper un post déjà posté....)


              • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 4 juillet 2012 19:00

                Sans être en désaccord avec l’essentiel de votre propos, un éditeur bienveillant et professionnel aurait certainement conseillé à l’auteur du livre dont vous faites l’éloge de choisir une couverture moins laide et maladroite. L’emballage n’est pas tout, mais c’est ce qui donne envie ou pas d’aller au contenu !


              • Dominique84 Dominique84 4 juillet 2012 19:36

                On peut lire les propos de la ministres sous plusieurs angles, d’où les contradictions.

                Tout éditeur (de littérature ou de musique) qui fait son travail est un aide précieux pour l’auteur. Recul sur le texte, aide la l’équilibrage du roman, etc, financement, promotion…
                D’où mon accord avec les propos tenus, surtout si on le place dans le monde de l’édition indépendante.
                Là où ça plombe complètement, c’est quand on le rapporte aux industriels du livres qui vendent leurs livres comme des palettes de yaourts, avec une date de péremption à respecter. Heureusement, il sort encore d’excellents romans de chez ces mastodontes financiers, mais le choix est de plus en plus difficile à faire, à cause du nombre.


                • Fabienm 5 juillet 2012 08:36

                  Oui, d’ailleurs je crois que la moyenne de durée de vie des livres en librairie est de à peine 1 mois


                • Deneb Deneb 5 juillet 2012 06:56

                  Merci @ l’auteur d’oeuvrer pour la bonne cause.
                  Que les dérnières volontés de Kafka n’aient pas été respectés, est-ce un chance ou une calamité ? En effet, Kafka avait son éditeur, il vivait de sa plume, mais les écrits publiés de sa vie ne font pas le poids à côté de ses oeuvres dont il avait certainement honte et qu’il écrivait plutôt pour se défouler. Que dirait il, s’il savait que c’est justement ces délires que lui-même considérait comme inappropriés et non-publiables, de surcroit inachevés, soient devenus des oeuvres fondatrices de la littérature moderne ?
                  Sinon, la ministre de la culture, à quoi elle sert ? Gardienne du patrimoine culturel ? Ou plutôt le dernier support des dinosaures qui n’ont pas encore compris que l’astéroïde Internet est tombé et que la rareté dans l’immatériel, qui faisait le pain béni de tous ceux qui se gavaient en parasitant les artistes, c’est bel et bien terminé.


                  • Fabienm 5 juillet 2012 08:38

                    je suis assez fasciné à la vitesse à laquelle ce nouveau gouvernement est tombé dans la main des lobbys et compagnie. Le fait qu’Aurélie F. vienne manger dans la main de Gallimard n’est qu’un épiphénomène dans ce bordel ambiant. Elle devrait défendre toutes les formes de littérature et aider les petits éditeurs à survivre plutôt qu’aller faire des ronds de jambe à ces mastodontes vieillissants !


                  • PascalR 5 juillet 2012 10:15

                    Ecrivain amateur, je souscris pleinement à ce terrifiant constat.
                    Je constate que les éditeurs privilégient le business et le gain, au détriment du talent, et que se faire éditer relève du parcours du combattant avec son lot d’humiliations en tout genre.
                    Combien d’oeuvres illisibles sont éditées car elles sont écrites par des peoples et autres sportifs, journalistes, politiques ...
                    Bien heureusement, le Web est là et permet aujourd’hui de créer des voies parrallèles au monde de l’édition classique, avec le défaut d’y voir un peu tout et n’importe quoi.
                    Mais peu importe, le bouche à oreilles « webien » peut marcher et faire connaître de réels talents d’écrivain (ou de musiciens également).
                    Il existe cependant un risque, la noyade. Face à une offre multipliée par 1000, le consommateur de culture y perd son latin.
                    Moi, je n’ai pas la solution entre ces deux maux.

                    Alors c’est sûr, Musso et Lévy me sont insipides et rélèvent du nouveau roman à l’eau de rose pour mémère en mal de sensations.
                    Alors, je fais quoi ? Le Web, je collabore (pas facile car ils doivent eux aussi vivre) avec des libraires encore passionnés de littérature, je fais ma promotion comme je peux.
                    Et si un jour je perce, et qu’un éditeur me propose un contrat, et bien ... on verra.


                    • Fabienm 5 juillet 2012 10:30

                      et on n’est pas encore amis sur Facebook ??? smiley


                    • PascalR 5 juillet 2012 13:10

                      @ Fabienm

                      Bizarrement, je n’utilise pas les réseaux sociaux type FB pour ma promotion, pas trop confiance, qqchose me dérange là dedans. Je changerai sans doute un jour ...
                      Tisser des liens avec des écrivains amateurs « sérieux » m’intéresse, mais comment ?
                      J’ai un site Web, mais je dois être noyé dans l’océan de la toile.
                      Suis également ingénieur à la base comme vous.

                      Paradoxalement, j’ai un copain éditeur qui est un puriste et ne publie que de la très belle littérature, mais qui ne gagne pas du tout sa vie. Un vrai passionné.


                    • Carl 5 juillet 2012 12:39

                      Je comprends la déception de ceux qui ont vu leur manuscrit refusé par un éditeur. J’espère que cet article leur apportera un peu de réconfort.


                      • ALasverne ALasverne 5 juillet 2012 19:38

                        On sent que la ministre a parlé en s’appuyant surtout sur son expérience personnelle. Et il est vrai qu’un auteur a besoin d’un « pair » pour valider la qualité ou pointer les défauts de son ouvrage.
                        De là à dire qu’un auteur n’est rien sans un éditeur, il y a loin. Avancer la proposition inverse et dire qu’un éditeur n’est rien sans les livres qu’il reçoit, serait plus juste sans doute.
                        Derrière cette controverse qui nous entraîne à des positions trop tranchées, se profile le Marché, la sanction de la publication, ou pas, qui donne une existence marchande et, socialement, une distinction qui fait passer le manuscrit au rang de livre et l’auteur à celui d’écrivain. Ce n’est pas rien, dans la société où nous vivons qui fait de la distinction une recherche perpétuelle.

                        Pour moi, un écrivain c’est quelqu’un qui est reconnu, aimé par certains qui aiment et connaissent la littérature, qu’ils soient connaissances, lecteurs critiques de qualité, éditeurs ou gardiens de phare pourvu que l’auteur les respecte dans leur jugement.
                        C’est aussi, et bien plus, un parcours de vie où la littérature s’est imposée non pas comme un jeu, mais une nécessité, une façon de compenser les difficultés de vie (résilence). Enfin, c’est de l’exigence, la capacité à reconnaître soi-même quand on se plante, l’amour de la langue et un peu de talent.


                        • Fabienm 6 juillet 2012 14:42

                          Je ne peux qu’approuver ces propos pleins de sagesse.


                        • ALasverne ALasverne 7 juillet 2012 09:53

                          Bon, pour le chèque on fait tjs pareil ?... ;)


                        • CHALOT CHALOT 8 juillet 2012 08:36
                          C’est l’occasion de discuter de ces questions lors

                          de la tenue du troisième salon littéraire de Vaux le Pénil

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