Les grands lézards chauds des feux du midi...
Pour le plaisir des mots : le lézard !
"Sous les noirs acajous, les lianes en fleur,
Dans l'air lourd, immobile et saturé de mouches,
Pendent, et, s'enroulant en bas parmi les souches,
Bercent le perroquet splendide et querelleur,
L'araignée au dos jaune et les singes farouches.
C'est là que le tueur de boeufs et de chevaux,
Le long des vieux troncs morts à l'écorce moussue,
Sinistre et fatigué, revient à pas égaux.
Il va, frottant ses reins musculeux qu'il bossue ;
Et, du mufle béant par la soif alourdi,
Un souffle rauque et bref, d'une brusque secousse,
Trouble les grands lézards, chauds des feux de midi,
Dont la fuite étincelle à travers l'herbe rousse.
En un creux du bois sombre interdit au soleil
Il s'affaisse, allongé sur quelque roche plate ;"
C'est ainsi que Leconte de Lisle évoque le jaguar, sa silhouette sombre et imposante qui fait fuir soudainement les lézards, dans un poème intitulé Rêve de jaguar...
Le lézard nous fait admirer ses formes sinueuses, au coeur de l'été : un corps fuselé et marqueté de marbrures et de motifs variés....
Le lézard surgit soudain d'une roche et nous surprend par sa rapidité ét sa vivacité car il est prompt à s'évanouir, aussi vite qu'il est apparu...
Beau reptile qu'on aimerait observer plus longuement, belle marqueterie de fins réseaux entrelacés...
Le mot aux sonorités de sifflante "z", de gutturale "r" semble montrer à la fois beauté et inquiétude, douceur et rudesse.
Le lézard évoque des animaux primitifs et lointains, des monstres originels qui fascinent et terrorisent.
Le lézard, un mur qui se lézarde, un mur en ruines qui s'écroule...
Le lézard suggère aussi cette menace, cette déchirure...
Le mot fait surgir les chaleurs lourdes de l'été, lorsqu'on aperçoit, au détour d'un chemin, sa longue silhouette, ses mouvements vifs, sa cambrure élégante.
Vision fugitive, éclats de lumières sous le soleil accablant de Provence, alors que les cigales répercutent leurs voix redoublées et intenses sur les paysages...
Vision éblouissante qui s'évanouit...
Ombre légère sur les pierres, le lézard fugitif laisse les empreintes de son image : des teintes de gris, de verts, des fuseaux subtils qui ondoient et disparaissent.
Il s'attarde, parfois, sur les murs embrasés des feux de l'été : il se laisse dorer par le soleil, devient bijou de lumières.
Le mot "lézard", venu du latin "lacertus" a des origines anciennes. Le poète Virgile utilise ce nom dans les Bucoliques : on voit, ainsi, dans un extrait de cet ouvrage, un lézard rechercher l'ombre des ronces pour échapper à la lourde chaleur qui enflamme les paysages....
Le lézard est associé au sud, à la Méditerranée, il aime les éboulis de pierres, les calanques.
Le lézard nous séduit par ses formes, ses couleurs, ses danses ondoyantes et légères, ses mosaïques surprenantes.
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2016/07/les-grands-lezards-chauds-des-feux-du-midi.html
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