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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Les livres sans chaînes

Les livres sans chaînes

Le livre libre est pour l'instant le parent pauvre de la littérature. Mais l'inégalité est loin d'être aussi significative qu'il n'y paraît. Tout ce qu'il manque à ce puissant vecteur d'idées, c'est uniquement la reconnaissance des lecteurs. Sur ce point, il est inutile de compter sur un quelconque miracle, c'est à l'auteur lui-même de réaliser la promotion de son art. Non seulement parce que cela le fait progresser, mais aussi et surtout parce que c'est lui le mieux placer pour en expliquer toutes les subtilités. Alors une fois n'est pas coutume, je vais m'exercer à l'autopromotion.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, une question s'impose. Qu'est-ce qu'un livre libre ? Étant donné que Google et Wikipédia ne m'ont fourni aucune réponse, je suis assez tranquille pour en délivrer une définition. Alors voilà, un livre libre c'est un ouvrage placé sous licence Copyleft ou Creative Commons dans un esprit de partage et de réactivité. Il ne faut donc pas confondre avec l'autoédition qui correspond bien souvent à une démarche désespérée pour tenter de se faire une place dans la jungle littéraire.

Partant de là, est-ce que l'on peut imaginer qu'il puisse un jour exister des éditeurs d'un nouveau type ? Je n'irai pas par quatre chemins, la réponse est non. Pour la bonne et simple raison que le but du jeu est justement de se passer de toute contrainte éditoriale. Ce qui a pour effet de créer un lien direct entre le littérateur et son lectorat qui peut tout à fait s'exercer dans le cadre d'un collectif de plumitifs regroupés de façon collégiale.

Alors oui, c'est vrai, il y a de gros inconvénients par rapport aux publications traditionnelles. Notamment celui de travailler seul et sans aucun filet. Pas de relecteur, pas de correcteur, pas de service de presse. Mais en définitive, avec beaucoup de pugnacité on arrive à s'en passer. Et puis au pire, s'il reste une ou deux coquilles, ce n'est pas non plus un drame. Cela se rectifie très vite grâce aux observations des lecteurs. Quant au service de presse, ce n'est pas un souci non plus quand on n'a pas franchement l'envie d'aller se pavaner dans des médias que l'on ne désire pas. C'est un point important que de pouvoir gérer sa promotion comme on l'entend. Cela évite de souiller son œuvre en allant prostituer son esprit chez ceux que nous dénonçons comme étant les fervents promoteurs d'une pensée unique basée sur le léchage de bottes et la marchandisation de la culture.

Il faut bien le dire aussi, ce mode de publication ne rapporte strictement aucun rond pour ce qui représente au final de très longues heures de travail. Mais dans le fond, est-ce que l'écriture est forcément synonyme de travail ? Cela m'est arrivé de nombreuses fois de gagner ma vie avec ma plume, mais je ne considère pas que l'argent puisse être un moteur pour produire. Sinon ce serait très grave. Il vaudrait mieux passer à autre chose. Le littérateur libre écrit avant tout par passion. C'est ce qui fait la force de ses ouvrages et c'est ce qui permet par la même occasion de rappeler qu'il n'y a pas que l'argent dans la vie. L'art se porte tout de suite mieux dès qu'il est débarrassé de tout aspect mercantile. Tout simplement parce qu'il est par essence un partage. Rien ni personne ne pourra changer cela. Le temps se chargera de renvoyer très rapidement dans les oubliettes de l'histoire tous ces produits de consommation qui ornent aujourd'hui les têtes de gondole.

Pour bien assimiler le principe, il faut au préalable s'affranchir des clichés. De nombreux lecteurs potentiels reculent encore instinctivement devant un livre libre. Ils se disent que si l'écrivain n'a pas d'éditeur, c'est tout simplement parce qu’il est nul. Alors si en plus le livre est gratuit, c'est forcément que ce doit être une calamité ! Ce n'est donc même pas la peine d'y jeter un coup d'oeil. Pour celles et ceux qui franchissent le pas, leur première réaction est souvent de dire qu'ils vont donner un avis sur le style. Ce qui revient à penser de l'auteur qu'il est un débutant qui cherche à se faire connaître. Ce qui au demeurant serait un biais assez risqué pour quelqu'un qui veut faire carrière que de s'exposer de la sorte. Il ne faut pas se faire trop d'illusions, pour se lancer dans ce genre d'aventure il faut beaucoup de métier et aussi beaucoup d'abnégation.

A partir de là, il n'est pas question de jouer la petite fille aux allumettes. Rédiger un livre c'est forcément du temps et de l'effort. Mais on peut en dire autant de quelqu'un qui fait une heure de course à pied tous les matins. Chacun ses loisirs. Personnellement je n'ai pas la télévision parce que je trouve que cela rend con, ce qui me laisse du temps pour exercer ma plume. J'ai aussi fait un choix de vie qui me permet de me consacrer à des activités autrement plus épanouissantes que de m'abrutir au travail. Ce qui me laisse encore un créneau supplémentaire pour penser et tenter de renforcer mon esprit.

Maintenant, pour ce qui est des plaisirs de ce mode de publication, je peux dire qu'ils sont tout simplement inégalables. Le fait d'entretenir une relation saine avec le lecteur permet d'aller beaucoup plus loin que dans un livre produit de consommation. Imagine un instant un livre traitant d'anarchisme avec un ISBN, une date de dépôt légal, un prix fixe et un code barre... Achète ton évolution pour seulement 10 euros toutes taxes comprises et surtout n'oublie pas ton ticket de caisse. Ce ne serait ni honnête, ni sérieux. Pour ce domaine précis en tous cas. Après, ce qui est vraiment sympathique c'est la rapidité avec laquelle l'on peut diffuser son œuvre. A peine bouclée et c'est déjà en ligne. Mais ce qui est de loin le plus exaltant, c'est l'interactivité que l'on peut avoir avec son lectorat au travers des commentaires en ligne et du courriel. Cela crée une complicité extraordinaire qui est grandement renforcée par cette notion de partage. En bref, il en ressort un respect mutuel. Je peux le ressentir à chaque fois lors d’événements où j'éprouve toujours une grande joie à pouvoir rencontrer celles et ceux qui ont parcouru mes pages.

Si tu doutes encore que cette démarche soit viable à long terme, je vais te faire partager mon expérience personnelle pour te prouver le contraire. J'ai sorti mon premier ouvrage libre en 1997. C'était le tout début de la démocratisation d'internet et donc très avant-gardiste pour cette période. Parallèlement à cela, je distribuais aussi ce livre sous forme papier et sur support disquette à prix libre. Cette démarche me valut de perdre des contrats à compte d'éditeur. J'étais considéré comme une sorte de traître à la cause littéraire. Un sous-écrivain à jeter au rebut. Pourtant, je n'ai jamais rien lâché. Sans avoir fait de publicité, j'estime la diffusion à largement plus de dix mille exemplaires. Je ne parle pas en téléchargement ou en départ papier, mais bel et bien en nombre de lectures réelles. Bizarrement, malgré son succès, cette expérience n'a pas fait grand bruit en France. A part un bel article dans Nova Magazine et quelques sites internet importants, pas grand chose à signaler. Mais c'est quelque part plutôt rassurant de n'être pas assez aux normes pour l’intelligentsia parisienne qui se permet l'outrecuidance de croire qu'elle fait la pluie et le beau temps sur la culture nationale. Alors au final, c'est de l'étranger qu'est venu la reconnaissance. Notamment aux états-unis et en Finlande. Va savoir pourquoi ? Peut-être que l'offre en surréalisme anarko-punk fait défaut sur ces territoires... Mais toujours est-il que c'est comme ça et que je trouve cette pirouette amusante. Suite à cette démarche, l'édition classique m'a boudé pendant deux années durant lesquelles mon lectorat s'était très fortement agrandi. Et comme par hasard, j'ai pu être publié à nouveau avec une facilité déconcertante. J'ai même réussi à travailler sur commande avec avaloir à la clé. Depuis cette époque, j'ai régulièrement alterné livre traditionnel et livre libre sans que cela nuise à qui que ce soit, bien au contraire. Et si je dois faire un bilan, je peux affirmer sans l'ombre d'une hésitation que mes plus grandes satisfactions sont venues de la démarche du partage.

Bien évidemment, rien n'est jamais parfait. Il peut parfois manquer cette grande émotion que l'on ressent lorsque l'on découvre son ouvrage tout droit sorti de chez l'imprimeur. Cette immense fierté que l'on peut avoir en constatant que l'on est rayon à la FNAC. Comme beaucoup, je suis passé par là. C'était sans doute une étape nécessaire pour prendre de l'assurance. Mais à bien y réfléchir, tout cela n'est au fond que du narcissisme à l'état brut car le dernier mot doit toujours revenir à la plume. Le microcosme du livre est en train de muer. Les libraires et les bons éditeurs disparaissent peu à peu. Je ne peux rien y faire hélas. Nous rentrons dans une autre époque avec d'importants combats à la clé. A l'heure des liseuses électroniques et du tout numérique, les flibustiers qui ont souillé allègrement le secteur avec leurs millions vont se prendre une sévère déculottée. Leur avidité sans limite les balayera de la même manière qu'ils ont écrasé toute tentative de talent depuis des années. Je serai toujours de ce combat tout en restant aux cotés de l'édition à visage humain pour certaines parutions.

Si tu penses encore que cette aventure est de la même veine que celle de don Quichotte avec ses moulins, je vais t'aider à te détromper. Avec le livre libre, non seulement le nombre de lecteurs a de quoi faire pâlir de jalousie n'importe quel gros éditeur, mais en plus de cela il y a une réelle influence dans la vie courante. Certes, il n'est pas toujours facile de quantifier avec précision. C'est même impossible. On ne peut que faire une estimation à partir des téléchargements initiaux. Après, le livre vit sa vie. Il se balade de courriel en courriel. Il se retrouve en téléchargement sur d'autres site. Sous forme papier dans des infokiosques... Et puis au bout d'un moment on commence à avoir du retour. Des amis boivent l'apéro sur une terrasse en refaisant le monde. Le débat s'enflamme et une voix s'exclame : Un jour j'ai lu un truc dans un bouquin, l'idée n'était pas conne... Et comme par enchantement, on la retrouve sur des forums. Ces subtiles suggestions influencent l'action sans pour autant que l'on sache qu'à l'origine elles étaient contenu dans un livre qui ne demandait qu'à être ouvert. C'est en cela que réside le métier d'écrivain libre. Planter un maximum de graines d'idée en faisant en sorte qu'une majorité puisse germer. A chacune et chacun de s'en emparer. C'est à ce seul prix que l'esprit fait des progrès.

Si tu doutes encore, voici un bel exemple. En 2004 j'ai sorti un opuscule technique sous pseudonyme pour expliquer aux galériens comment remplacer le pétrole par de l'huile végétale. Rien de farfelu là dedans. Cela fonctionne à merveille. Après avoir bien testé le principe, il me fallait donc partager cette expérience le plus largement possible. Le fait que le livre soit libre et gratuit lui a permis d'être traduit en douze langues en l'espace de moins de 6 mois et ainsi de toucher un large public dans des pays en voie de développement dont les populations hélas nécessiteuses n'ont carrément pas les moyens de fréquenter une librairie. C'est du concret, c'est du réel. Cet esprit de solidarité qui a fait que l'ouvrage ait pu être traduit et largement diffusé est très nettement supérieur en efficacité à la sclérose du monde marchand. L'important dans cette histoire, c'est que le vecteur ait pu toucher sa cible avec le maximum d'efficacité. Et des exemples comme celui-ci, j'en ai beaucoup. Je suis loin d'être le seul et pas toujours bon porte-drapeau. Il y a aussi des collègues qui font un travail remarquable qui ne demande qu'à être découvert. Je leur rends un vibrant hommage car j'ai plus grandi à travers eux qu'avec n'importe qu'elle autre soupe commerciale. Ce JE que j’exècre dans mon art, remercie chaleureusement toutes celles et ceux qui ont su partager leur talent et leurs expériences. Tout cela n'est pas nouveau, je n'ai strictement rien inventé. J'ai simplement vu une belle lumière, alors je suis rentré pour voir. Sans jamais vraiment en ressortir.

Avant de conclure, il me semble important de rajouter que le livre libre possède un atout inégalable. C'est celui de prendre son temps. De nombreuses œuvres n'ont jamais pu toucher le public qu'elles auraient dû enchanter, tout bêtement parce qu'au nom de la rentabilité il fallait qu'elles dégagent du rayonnage pour laisser la place à d'autres produits plus aguicheurs. Un beau gâchis. Le pilon s'en réjouit. Je maudis cordialement ce cruel sort car je considère que tout écrit mérite une vraie chance. Mais l’ordre naturel fait bien les choses. Tant que tu peux trouver des relais et de l'hébergement, c'est que ton ouvrage le mérite. Sinon tant pis, ce sera mieux la fois prochaine fois. Contrairement à ce que s'acharne à penser les imposteurs du livre, le talent ne se décrète pas. Quoi que l'on y fasse, il n'y a que les lecteurs pour en jauger la pertinence.

En conclusion, je ne demande aucune indulgence. Une simple compréhension de la démarche est amplement suffisante. C'est parce qu'une plume n'a pas de prix que j'ai décidé de ne pas lui en donner. En conséquence de quoi, le livre libre n'est pas une sous-catégorie. Loin de là, car ce n'est jamais que l'esprit du livre par excellence. Merci de ton attention et à bientôt sur des écrits sans dieu ni maître.

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Voici un exemple à télécharger : en cliquant ce lien


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6 réactions à cet article    


  • fredleborgne fredleborgne 10 mars 2012 14:34

    Un article très intéressant, malheureusement reprenant trop de thèmes d’un coup pour un néophyte. Ce texte mériterait d’être aéré, avec des tête de chapitre donnant l’idée principale etc. etc.
    Oui, l’auteur libre va au devant des lecteurs et non pas vers une simple réussite pécuniaire.
    non, l’auto-édition n’est pas qu’un moyen désespéré de se faire connaitre. L’auteur libre peut y avoir recours pour proposer à des lecteurs numériques une version papier disponible.
    Pour moi, les sites les plus représentatifs des éditeurs en ligne pour auteurs libres sont www.inlibroveritas.net et www.atramenta.net.
    Sur ces sites, les auteurs mettent en ligne des oeuvres complètes, lisible en ligne, ou téléchargeables pour ceux qui lisent dans le métro sans 3G+
    Les auteurs communiquent entre eux, commentent les textes des autres, s’aident (rapports de fautes) et les webmasters proposent des solutions d’auto-edition à moindre prix et un catalogue de livre papier à la demande.
    Des projets de recueils fleurissent, et ces recueils bénéficient d’une correction accrue et d’un soin particulier.
    Pour ceux qui veulent s’améliorer malgré un ego qui risque une grosse déception, il y a des sites qui font atelier d’écriture. Scryf est de ceux-là, avec une animation de passionnés.
    Au final, le gagnant, c’est aussi le lecteur. Il peut lire gratuitement, après repérage des auteurs « sûrs », de nombreux écrits inédits et créatifs indépendants des « canons » de l’édition traditionnelle, car les auteurs restent eux-mêmes, et écrivent sans rechercher un « large public ». Certains sont très attachés à la qualité et leurs oeuvres sont bien supérieures à des écrits payants de signatures bankables.
    Merci donc pour cet article qui défend l’auteur libre. Ce que je souhaite, c’est que lorsque les premiers auteurs seront repérés par les éditeurs traditionnels, ceux-ci ne deviennent pas comme les musiciens qui ont été ainsi « récupérés » sur la toile, de vulgaires suppôts d’un système fermé, industriel, massacreur de talents car hégémonique.
    Et bonne chance à vos écrits


    • Robin Brousse Robin Brousse 10 mars 2012 17:13

      Tu as raison Fred, cet article n’est pas tout à fait à la portée d’un néophyte. Mais néophyte sur quel sujet ? Pas spécialement la littérature. Il s’adresse plus globalement aux différents acteurs du libre qui sont tous plus ou moins passés par les mêmes dilemmes.

      Ce que je n’ai pas précisé dans le texte, c’est qu’il s’agit en réalité d’une synthèse. Quand je suis rentré de périple fin janvier, je me suis beaucoup questionné. Faut-il faire un livre libre, un livre papier, contacter un éditeur, quoi écrire ?... et puis j’ai discuté par le biais d’internet avec des collègues de talent, dont quelques vieux routiers. après plusieurs avis contradictoires, j’ai laissé passer du temps pour savoir ce que je voulais vraiment. Et ce n’est pas facile tu peux me croire.

      On n’en parle pas assez, mais par exemple l’informaticien qui crée un logiciel efficace et qui décide de le publier en open source. C’est une sacré démarche car il aurait pu gagner beaucoup d’argent pour son travail. De mon coté, publier un livre de façon traditionnelle, ça représente une belle somme d’argent aussi. Et il ne faut pas jouer les hypocrites. On se pose forcément les questions, pourquoi, comment... ?

      Au premier abord, on pourrait dire que l’on a cette démarche dans le but d’augmenter notre notoriété alors qu’en fait cela ne change strictement rien pour un auteur confirmé. Pour faire augmenter sa notoriété le plus simple et de loin le plus efficace c’est de passer par un éditeur qui est en place. tu as des médias partout et plein de critiques élogieuses. avec le libre on risque plutôt de se bruler les ailes qu’autre chose. Donc la vérité est ailleurs. et cette vérité c’est d’avoir envie de partager dans un bon esprit.

      Donc c’est clair, au même titre que les logiciels libres ont besoin d’utilisateurs, les livres libres ont aussi besoin de lecteurs. partant de ce constat, je pense que cet article est loin d’être si technique qu’il n’y parait. Je n’ai pas encore eu vraiment de retour sur Agora, mais sur Facebook j’ai reçu quelques bonnes critiques qui ne venaient pas que de mes amis auteurs.

      Quant à l’autoédition, c’est une toute autre démarche. Par rapport aux aspirations des auteurs qui choisissent cette voie, ceux qui sont bons devraient s’obstiner à chercher un éditeur parce qu’ils en trouveront forcément un. Si je dis ça c’est parce qu’un écrivain n’est pas fait pour gérer des stocks, des dépôts-vente, de la promo, de la comptabilité... il vaut mieux qu’il se concentre sur son art. Et puis pour ceux qui sont moins bons, il faut se dire qu’à force de pratiquer on progresse. Les écrivains sont comme le bon vin, ils s’arrangent en vieillissant. il ne faut pas voir de médisance dans ce propos. c’est juste une réalité qu’il est sage de regarder en face. je ne méprise pas l’autoédition, loin de là. je considère que c’est une démarche très courageuse. mais ce n’est pas le même sujet qu’une personne qui est déjà éditée et qui fait le choix du don. d’un coté tu n’as rien à perdre et de l’autre tout à y perdre. c’est à ce niveau que se situe la nuance.


      • La râleuse La râleuse 10 mars 2012 17:50

        En tant qu’auteur de deux romans unanimement rejetés par les maisons d’Éditions - ce que j’ai attribué à un manque de talent de ma part - j’ai trouvé beaucoup de réconfort à lire cet article.
        Merci Monsieur Robin Brousse


        • Robin Brousse Robin Brousse 10 mars 2012 19:05

          Merci pour le compliment smiley

          >En tant qu’auteur de deux romans unanimement rejetés par les maisons d’Éditions - ce que j’ai attribué à un manque de talent de ma part

          pas forcément. il y a beaucoup de choses qui passent entre les mailles. mais bien souvent, les petites maisons d’édition laissent une critique sur la qualité du manuscrit. c’est plutôt à ce niveau là qu’il faut se faire une idée. ce sont en général des amoureux du livre et de bons professionnels. ce qui est important, c’est de savoir faire le deuil de ces premiers écrits et de pouvoir être bien conseillé pour progresser.


        • volt volt 10 mars 2012 18:50

          très instructif merci.
          vous ne dites pas que l’éditeur peut ou doit disparaître, mais vous posez presque cette idée comme un horizon ; or tout bon livre, c’est connu, est d’abord une bonne opération éditoriale - en somme il s’agit de devenir éditeur avant même d’être auteur, CQFD.
          Mais comme l’édition ne se réduit pas à la pub ou à la correction de coquilles, cette opération, de par l’évolution technologique (sans parler de celle des mentalités), cette opération retrouve quelques siècles plus tard son caractère éminemment politique.
          Rien ne sert d’écrire si ce n’est une révolution, et dans cette perspective, qu’un vrai livre se doive de se reconnaître comme révolutionnaire avant même d’avoir été rédigé, voilà qui change les conditions même de l’acte, qui les ramène à leur source. Rien là de nouveau sinon que la sonnerie du réveil ayant retenti, on se retrouve à l’époque de Montaigne, avec la même fraîcheur des grands commencements.


          • Robin Brousse Robin Brousse 10 mars 2012 19:38

            Le problème de l’éditeur, c’est surtout sa position actuelle. A la base, je ne suis pas anti éditeur. Le problème c’est que j’ai vu le secteur du livre changer à vitesse grand V. En rachetant et en monopolisant tous les circuits de diffusion et de distribution, les gros groupes ont complètement flingué la diversité. Aujourd’hui on est dans le moule ou bien on reste sur la touche. Ceci dit, il reste encore quelques petites maisons qui valent le détour. Quand la relation écrivain/auteur fonctionne, c’est un bon tandem pour porter un ouvrage. Mais c’est de plus en plus rare.

            Pour ce qui est d’une évolution/révolution, c’est clair qu’internet nous facilite grandement la tâche et change grandement la donne. Beaucoup d’auteurs commencent d’ailleurs à s’intéresser aux nouveaux modes de publication. Mais c’est encore trop tôt pour en tirer une synthèse. On sera vraiment fixé quand les liseuses à encre électronique se seront démocratisées. A partir de là c’est les lecteurs qui décideront de l’avenir du livre. Les écrivains ne demandent pas mieux que d’être libre. Sur mon dernier ouvrage publié chez un gros éditeur on me laisse gracieusement 80 centimes soumis à CSG sur un prix de vente de 10 euros. C’est de l’arnaque. Mais d’un autre coté, ma réflexion pousse à me demander si j’aurais pu écouler plus de 20000 exemplaires sans la logistique de l’éditeur. C’est là que l’on voit où le bât blesse. Un auteur sera en règle générale toujours très mauvais vendeur pour son oeuvre. la promotion c’est un vrai métier. Les éditeurs le savent très bien et ils en profitent. Alors dans le futur il y aura certainement le camp des auteurs indépendants que les lecteurs choisiront en toute objectivité et le camp de ceux qui seront portés par des éditeurs à grand renfort de média. Tout ça pour dire que cette révolution, cette libération de la culture, c’est les lecteurs qui la feront... ou pas. Pour nous autres écrivains, c’est facile. Un traitement de texte suffit. S’il y a bien un art qui peut facilement échapper à la logique marchande c’est celui ci avant tous les autres. ça tombe bien parce que c’est aussi de loin le plus subversif.

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