Objectif Louvre
Souvenez-vous de cette polémique si française... D’éminents spécialistes emmenés par l’ancienne directrice des musées de France, Françoise Cachin, s’étaient indignés de la création d’un Louvre à Abu Dhabi dans les émirats arabes. Ils criaient au vol des œuvres, au pillage du patrimoine français, à la dilapidation mercantile de notre culture... accusant l’Etat et la nouvelle direction du Louvre de ne penser qu’à l’argent au détriment des œuvres.
C’est donc aujourd’hui que le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres (interview dans Le Figaro) doit signer à Abu Dhabi
l’accord entre Etats qui entérine l’usage du nom du plus grand musée
français, pour une durée de trente ans et six mois. Il est vrai que le
Louvre devrait toucher 300 millions d’euros pour cet accord, 175
millions tout de suite, le solde versé à l’agence internationale des
musées de France en cours de création. Cela fait plus d’un an que
l’opération est en cours, dans le secret d’abord, avant d’être rendue
publique et de déclencher la fameuse polémique.
Que craignent les opposants à ce Louvre d’Abu Dhabi
? D’abord ils disent que c’est une façon de brader le nom « Louvre »
qui ne devrait pas sortir de France. Ensuite, que l’on dilapide les
œuvres qui ne seront plus visibles par le public français et qu’il
s’agit donc d’un préjudice patrimonial. Enfin, que l’art d’Etat ne doit
pas être mercantile mais uniquement tourné vers la conservation et la
restauration.
Dans cette affaire, il s’agit surtout du rayonnement
de la France à l’étranger, de montrer les œuvres du patrimoine culturel
au cœur d’une région en plein essor, qui attire Arabes, Asiatiques,
Américains, Russes... Autant d’amateurs d’art potentiel qui peuvent
ensuite vouloir d’autant plus faire le voyage en France.
Plus de moyens, plus d’œuvres exposées
L’argent ? On reproche trop souvent à l’Etat français de laisser partir
hors de France (et souvent définitivement) des œuvres essentielles,
faute de moyens financiers. Les grands musées français ont du mal à
rivaliser dans les ventes aux enchères prestigieuses avec les musées
étrangers ou les grandes fondations. Le prêt du nom « Louvre » et de
ses collections pourra permettre de garder en France plus d’œuvres,
est-ce un problème ? Ensuite cet argent sera utilisé très vite :
création d’un centre de stockage en banlieue pour se protéger contre une
crue de la Seine, création d’un centre de restauration et de recherche,
disponibilité du pavillon de Flore... pour exposer plus d’œuvres.
Les
prêts d’œuvres à Abu Dhabi seront limités à deux cent pièces sur une
période n’excédant pas deux ans, et le cadre des échanges limité dans
le temps, dix ans maximum. Il ne faut pas oublier que les réserves du
Louvre et des grands musées croulent sous les œuvres et qu’on ne peut
jamais tout exposer, loin de là. Il sera certes difficile aux Français
d’aller admirer une œuvre à Abu Dhabi, mais au moins celle-ci ne
restera-t-elle pas confinée dans une réserve. La vraie raison ne
serait-elle pas que certains auraient rêvé de conclure une telle
opération ?
On touche là le monde picrocholien de la culture, avec
ses chapelles et ses rancoeurs. L’intérêt général n’est pas considéré,
seuls les règlements de comptes mesquins interviennent. Ouverture du Louvre d’Abu Dhabi dessiné et réalisé par Jean Nouvel, en 2012 ou 2013. D.A.
(photo ateliers Jean Nouvel)
28 réactions à cet article
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Ce point de vue est tellement outrancier et caricature avec tant d’excés les arguments des opposants qu’il est franchement sans intérêt. Il démontre une méconnaissance totale du dossier et des enjeux soulevés par cette opération purement mercantile.
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C’est votre commentaire qui est outrancier... Et si vous avez des arguments concrets liés à votre « connaissance » du dossier, énoncez-les plutot que de brandir l’anathème.
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Je n’irais pas jusqu’à dire que ce point de vue est outrancier. Il démontre une méconnaissance du sujet.
Pour que le point de vue soit complet il faudrait présenter les arguments des opposants et prouver point par point qu’ils ont tort... Voici le lien vers un texte intéressant à lire et qui essaie de rétablir une vérité sur certains points évoqués par les partisans du projet du Louvre à Abu Dhabi. http://www.latribunedelart.com/Editoriaux/Editoriaux_2007/Editorial_Non_507 .htm
« Cela fait plus d’un an que l’opération est en cours, dans le secret d’abord, avant d’être rendue publique et de déclencher la fameuse polémique. » C’est faux : c’est grâce à la pétition que l’opération a été révélée au public, sinon toutes les négociations se seraient faites discrètement et nous n’en aurions entendu parler qu’après coup. Cette pétition a révélé l’opération et a permis la création de l’agence internationale des musées de France. Cette agence va permettre de surveiller toutes ces transactions...pardon tous ces « échanges culturels ».
Enfin un petit texte paru dans libération « Un Louvre pour l’île du Bonheur » qui ne manque pas d’esprit
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L’article de Libé est effectivement excellent et met en avant, ce qu’a oublié l’auteur ici, le fait que ce nouveau Louvre ne sera qu’un argument de choc pour attirer les riches dans cette île dorée... au moins gageons qu’il n’y aura pas de queue à l’entrée !
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Milla 17 avril 2007 11:18@ l’auteur
je vous rappelle quand même qu’il y eu accord pour la mondialisation de la culture...
quand au Louvre, je l’ai visité la semaine dernière, la momie est toujours à la vue du public ainsi que toutes les richesses égyptiennes...
sans omettre les peintures dont la « Monalisa », qui sont bien entendu notre patrimoine.
vous ne trouvez pas que c’est un échange assez enrichissant non ?
Milla
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C’est une occasion pour la France de rayonner dans le monde arable tout en alimentant les caisses.
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« C’est une occasion pour la France de rayonner dans le monde arable »
Le monde arable. Mais où est José Bové quand on a besoin de lui ?
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tout à fait d’accord avec le commentaire précédent(qui n’était ne rien outrancier. le rayonnnement cuturel de la france ne se fera pas par l’opération mercantile du louvre abu dhabi (surtout qaund le même gouvernement a réduit drastiquement les crédits des centres français à l’étranger). Au contraire, tant aux etats-unis et que dans les émirats, nombreux sont ceux qui considérent que la france est tombée bien bas pour « vendre » ainsi son patrimoine, que l’état et la dette sont dans un état tellement grave qu’ils sont contraint à faire ce qu’aucun autre état civilisé ne fait.
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Mais la France ne vend pas son patrimoine ! Au pire elle loue des oeuvres, dont certaines ne voient jamais le jour dans les musées nationaux. Et la France n’est pas la seule à le faire pardon. Les collections anglaises du British Museum, ou américaines, sortent également contre rétribution de leurs musées nationaux.
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Lettre ouverte de Jean-René Gaborit à Monsieur Jack Lang
Paris, le 12 janvier 2007 « Telle n’est pas la réalité : depuis la réalisation du Grand Louvre (dont vous avez été l’un des promoteurs), il n’y a plus, dans les réserves qu’un nombre restreint d’œuvres susceptibles d’intéresser le public, tout juste ce qu’il faut pour assurer le « remplacement » des très nombreux prêts aux expositions et permettre de faire des dépôts dans les musées de région. Le reste relève des collections d’étude, dont l’intérêt est certain, mais qui ne sont pas ce que recherchent le musée d’Atlanta et encore moins le futur musée d’Abou Dhabi. »
Je pense que Jean-René Gaborit Conservateur général honoraire du Patrimoine Anciennement chargé du département des Sculptures du musée du Louvre sait de quoi il parle quand il dit ça...
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non, vous raisonnez sur des idées fausses, il ne s’agit pas d’oeuvres qui dorment dans les réserves qui vont être importées. lisez les arguments des conservateurs (ce qui peuvent parler) ; cet accord s’est fait au dessu d’eux par matignon et l’élysées pour vendre des armes et des airbus, la culture n’est qu’un prétexte.Il ne s’agit pas d’un débat d’arière-garde , de conservateurs frileux (les partisans du oui à la constitution européenne disait la même chose, et on connait le résultat) : dans les deux cas, il s’agit d’un problème de mondialisation, de savoir si nous devons céder nos principes républicains et annuler toute déontologie devant l’argent-roi et le libéralisme (puisqu’il s’agit bien de louer à prix d’or le patrimoine des musées français). on plaint parfois les peuplades indigènes qui se seraient fait « voler » par les colons leur patrimoine, mais la situation est inversée et c’est la france qui se couche devant les pétrodollars et lache son patrimoine à quelques touristes richissimes du golfe. Qu’on viennent pas nous faire croire qu’il s’agit de démocratie culturelle. la pétition lancée par le site latribunedelart.com pour l’intégrité de smusées français est toujours ouverte pour tous ceux qui souhaite s’opposer à ce sinistre projet
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Vous passionnez ce débat à outrance... On ne « vend » pas le patrimoine... On le loue, nuance. Et ce n’est pas parce qu’un ancien conservateur nous dit que les réserves des musées sont vides (« de pièces intéressantes » dit Gaborit, quels sont les critères de cet intéret ?) qu’il faut absolument le croire. Il s’agit d’un affrontement politique autour de la culture, c’est stupide. Et visitez donc les réserves du Louvre, vous verrez si elles sont vides d’oeuvres intéressantes...
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Le débat est passionnant surtout lorsque ce sont ceux qui connaissent le sujet qui parlent. Qui mieux qu’un conservateur, acteur du « Grand Louvre » sait ce qu’il y a dans les réserves ? qui mieux qu’un conservateur sait quel intérêt à une oeuvre ? L’histoire de l’art est un domaine scientifique à sa manière ... personne n’osera jamais remettre en question les propos d’un médecin. Ce que l’on lit sur le sujet tient malheureusement beaucoup du propos du café du commerce !
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Nul besoin d’être un expert pour savoir qu’il y a 35000 oeuvres au Louvre et que le prêt initial porte sur 300 d’entre elles. Il suffit de prendre la peine de se renseigner.
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Le Louvre reçoit environ 8.6 millions de visiteurs par an qui viennent parfois de loin pour voir les 35 000 oeuvres exposées. Les conservateurs font en sorte, lors de prêts d’exposition, de restauration, de remplacer les oeuvres par d’autres de façon à ce que le public n’admire pas des bons de déplacement. Promenez vous dans les salles et vous verrez que certaines vitrines ont déjà des petits papiers à la place des oeuvres ... Il n’y a pas une telle richesse dans les réserves. Et nombreux déjà sont les visiteurs qui se plaignent de ne pas avoir retrouvé telle ou telle oeuvre qu’ils souhaitaient voir en vrai !
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http://www.lexpress.fr/mag/arts/dossier/louvre/dossier.asp?ida=437751&p=1
Dans cet article on peut mieux comprendre de quoi sont constituées les réserves du Louvre. Il y a beaucoup de pièces archéologiques, des séries d’objets, des dessins qui par leur fragilité ne peuvent pas être exposés, des tessons de céramiques, des oeuvres trop abimées pour être exposées... Il ne faut pas croire que dans les réserves se trouvent des chefs d’oeuvre de Raphaël et de Poussin. Je suis sûre qu’on y trouve quelques oeuvres inconnues qui mériteraient qu’on s’y intéresse mais ce n’est pas la majorité. « Henri Loyrette assure qu’il n’y a rien de capital qui ne soit pas exposé »... mais ce n’est qu’un conservateur, il doit se tromper...
De toutes façons le problème n’est pas de savoir ce qui se trouve en réserve car ce que veut Abu Dhabi, ou d’éventuels autres partenaires, ce sont les oeuvres les plus connues, celles qui sont dans les salles. Et que dire des musées de province ? Ont-ils eux-aussi des réserves inépuisables ? Jusqu’où sera respecté le « volontariat » ? Est-on certain qu’ils ne subiront pas de pressions pour prêter leurs oeuvres ?
D’accord ou pas les Français avaient le droit d’être informés de ce genre de négociations.
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le budget de la culture est si ridicule qu’il serait idiot de se priver de rentrées d’argent bienvenues en ces temps de vaches maigres ! et abu dhabi n’est pas un pays de sauvages comme j’ai vu plus haut , c’est devenu un haut lieu du shopping pour ceux qui ont trop de fric ! en plus c’est l’occasion de faire admirer l’art français et de faire rayonner notre culture plus utilement qu’en vendant des canons et on a assez pillé les chefs d’oeuvre du monde entier pour le remplir notre louvre pour faire les mesquins aujourd’hui .
Merci l’auteur pour ce sujet qui nous change des sempiternels sarkosego
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Voilà autre chose, nous avons pillé les chefs d’oeuvres du monde entier pour créer le Louvre... renseignez-vous avant d’écrire n’importe quoi ! Il existe de très bons ouvrages sur l’histoire des collections du musée... le Da Vinci Code ou autres romans du même accabit ne sont pas des sources scientifiques !
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Milla 17 avril 2007 11:23@ LE CHAT
bravo le Chat, toi au moins tu vois notre intérêt, les sites ne s’entretiennent pas indéfiniment sans pécule, qui s’en soucie ?
Milla
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On peut s’interroger évidemment sur la localisation de ce mini-Louvre. Mais elle est malheureusement adaptée à ses futurs visiteurs.
L’article de Libé est drole et met le doit là où ça fait mal. Mais son auteur pense t’il que les ouvriers phillipins ou les femmes de ménage indonésiennes viennent à Abu Dhabi y passer leur temps libre ?
Comme on le voit l’argument marche dans les deux sens.
« Paris s’engage à prêter des pièces pendant dix ans, qui peuvent venir de tous les musées, nationaux ou régionaux, sur la base du strict volontariat. Au cours des deux premières années, 300 oeuvres seront présentées aux visiteurs du »Louvre-Abou Dhabi« . Elles resteront sur place de »trois mois à deux ans« . Le nombre de prêts décroîtra tous les deux ans jusqu’à devenir nul au bout de dix ans. » [http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-853826,0.html?xtor=RSS-3208 lien], Article du Monde
On peut constater que le nombre d’oeuvres est faible. 300 oeuvres, c’est peu comparé aux 35 000 oeuvres éxposées au Louvre. De plus les oeuvres prêtées ne viendront pas exclusivement du Louvre et les prêts seront volontaires.
Au regard de ces éléments on peut quand même penser que le visiteur du Louvre français sera peu pénalisé.
Je ne prétend pas être un expert du louvre mais j’y suis allé de nombreuses fois sans pouvoir affirmer avoir vu l’ensemble des pièces !
Il est évident que des précautions doivent être prises concernant la préservation des oeuvres mais c’est déjà le cas lors des prêts de durée plus courte. Donc rien d’insurmontable.
Au final cette opération me parait plutot positive. Si la musique adouci les moeurs, quelques chefs-d’oeuvres culturels ne peuvent qu’avoir un impact positif sur la société émiratie peu réputée pour son ouverture.
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On peut, bien sûr, être favorable à l’opération du Louvre à Abu Dhabi. Encore faut-il connaître le sujet, et ne pas utiliser des arguments approximatifs, voire faux. Votre article est à la fois outrancier, mal informé, et de mauvaise foi. Je vais expliquer ci-dessous pourquoi, point par point :
Votre introduction d’abord, est outrancière. Nous (lorsque je dis nous, j’inclus les auteurs de l’article paru dans Le Monde) n’avons jamais « crié au vol des oeuvres » et au « pillage du patrimoine français ». Je vous mets au défi de trouver ces termes et ces idées dans un seul de nos écrits. Nous avons, en revanche, effectivement dénoncé une dérive mercantile du Louvre et du Ministère de la Culture.
Dire que nous craignons que ce projet soit « une façon de brader le nom « Louvre » qui ne devrait pas sortir de France » ne veut pas dire grand chose et prouverait, si nous avions écrit cela, que notre style est franchement mauvais. Nous disons simplement que le Louvre n’est pas une marque. Encore ce point n’est-il pas l’essentiel de notre opposition. S’il était uniquement question de louer le nom « Louvre », je n’aurais certainement pas lancé une pétition. Nous n’avons jamais écrit que l’on « dilapidait les œuvres ». « Dilapider » signifie (dictionnaire de l’Académie) « Dépenser inconsidérément, gaspiller ». Cela ne voudrait strictement rien dire dans ce contexte. Nous n’avons jamais parlé « d’art d’Etat » (je ne sais même pas ce que cela veut dire). Nous n’avons jamais dit que l’art devait être uniquement tourné vers la conservation et la restauration, d’abord car cela ne veut, une fois de plus, rien dire (relisez-vous), ensuite car nous avons toujours affirmé être favorable aux prêts d’oeuvres d’art, qui n’ont rien à faire avec la conservation et la restauration.
Je vous mets une fois de plus au défi de trouver des textes où nous affirmerions ce que vous dites. Vous avez reformulé nos arguments que, manifestement, vous n’avez pas bien compris.
Vous affirmez qu’il s’agit surtout du rayonnement de la France à l’étranger. Si ce « rayonnement » était la préoccupation première de notre gouvernement, il ne fermerait pas, un à un, les centres culturels français un peu partout dans le monde comme les journaux en rendent compte régulièrement. L’opération d’Abu Dhabi ne fait pas rayonner la France à l’étranger. C’est le seul point que je ne pourrai pas vous prouver ici, mais je peux vous affirmer, par exemple, que les conservateurs de musée américains considèrent ce projet avec beaucoup d’ironie, et qu’ils pensent que louer ses collections au plus offrant n’est pas réellement très glorieux. Quant à affirmer, comme vous le faites dans une réponse à un commentaire, que les américains le font, c’est encore une fois parfaitement faux. Si le Guggenheim pratique cette politique, il est le seul.
Le budget du Ministère de la Culture ne cesse d’augmenter d’année en année (ce dont se vante Renaud Donnedieu de Vabres) et on veut nous faire croire que tout à coup il n’y a plus d’argent pour les musées ? Le mécénat, qui s’est beaucoup développé ces dernières années grâce à une fiscalité favorable, donne des moyens considérables aux musées français, que bien des pays nous envient. Le Louvre, puisque l’on parle de lui, est loin d’être pauvre. Encore faut-il bien utiliser son argent. Que pensez-vous d’un musée qui s’apprête à refaire ses salles d’Antiquités Grecques et Romaines, qui sont en parfait état et avaient été déjà rénovées il y a un peu plus de vingt ans ? Que pensez-vous d’un musée qui s’apprête à créer un Centre de Restauration et de Recherches, alors que ce centre existe déjà, pour tous les musées français, y compris le Louvre (il s’agit du C2RMF, qui se trouve dans l’enceinte du Louvre et qui est reconnu par tous). Seulement, ce centre de restauration n’a qu’un défaut : la direction du Louvre ne le contrôle pas. On s’apprête donc à dépenser beaucoup d’argent pour créer un second centre de restauration. On imagine le gaspillage que cela va occasionner.
Quant aux réserves du Louvre, ce mythe est décidément increvable. Il n’y a pas que Jean-René Gaborit, ancien conservateur en chef du département des sculptures qui affirme le contraire. Il y a aussi Michel Laclotte, ancien directeur du Louvre (dans Libération). Il y a aussi Olivier Meslay, le conservateur du Louvre actuellement en charge des projets de Lens et d’Atlanta, qui n’est pas soupçonnable de soutenir les pétitionnaires. J’ai participé, en sa compagnie, à un débat à la Sorbonne. Il a confirmé à cette occasion que les réserves ne conservaient pratiquement rien d’exposable, et qu’à Lens, ce seraient 500 à 600 œuvres actuellement accrochées au Louvre qui seraient montrées, en permanence et par roulement, les objets restant au maximum deux ans (comme à Abu Dhabi). Le mythe des réserves remonte à l’époque d’avant le Grand Louvre et d’avant Orsay, qui tous deux se sont constitués en sortant les œuvres qui étaient à l’époque nombreuses à ne pas être montrées, faute de place. Il reste dans les réserves beaucoup d’objets qui sont souvent utiles pour les chercheurs, mais pas pour le public. Le seul musée français ayant réellement des chefs-d’œuvre dans ses réserves est Beaubourg, qui mériterait de s’étendre dans davantage d’espace plutôt que de s’exporter. Quant aux musées de province, certains ont des réserves très importantes, avec des œuvres intéressantes, mais aucun chef-d’œuvre. Ceux-ci sont évidemment exposés dans leurs salles. Ne vous trompez pas, demain, ce seront ces chefs-d’œuvres qui partiront à Abu Dhabi, pas les œuvres de réserves.
Tous ces arguments sont « concrets » et liés à ma « connaissance » du dossier. J’attends vos contre arguments qui ne déformeront pas les miens. Quand, demain, le Louvre aura déposé 500 à 600 œuvres à Lens (la région de France qui compte déjà le plus de musées), qu’il aura envoyé des chefs-d’œuvre à Abu Dhabi (sans oublier l’organisation des expositions dans ces deux antennes), il y aura forcément des trous dans les collections. Ce que Troll fait remarquer justement : il y a déjà beaucoup d’œuvres parties qui ne sont pas remplacées sur les cimaises, à commencer par le Jeune mendiant de Murillo envoyé à Atlanta.
Je terminerai sur le « volontariat ». Compte-tenu du nombre de directeurs de musées de province qui ont signé la pétition, et de ceux qui ne l’ont pas signé mais qui sont tout de même opposés à ce projet (j’en connais plusieurs), pour des raisons diverses (par exemple pour ne pas aller contre leur maire, ou parce qu’ils ont un projet en commun avec le Louvre...), je ne sais pas bien où ils iront chercher leurs volontaires. Bien évidemment, ce sont les maires, donc les hommes politiques qui prendront les décisions, et qui auront bien du mal à résister à l’appel des millions d’euros. Les conservateurs n’auront qu’à s’exécuter. Pensez-vous, d’ailleurs, qu’un maire qui aurait reçu quelques millions d’euros en échange de la location des chefs-d’œuvre de son musée, et qui les aurait reversé à celui-ci, ne sera pas tenté de diminuer ses dotations les années suivantes ?
Faire passer cette opération purement mercantile et diplomatique pour un modèle d’opération culturelle participant au rayonnement de la France dans le monde est la seule réussite exceptionnelle que je reconnais à ses promoteurs. Qu’elle soit décidée, sans réel débat, à sept semaines des élections, par un ministre qui devrait expédier les affaires courantes et qui engage la France pour trente ans (et six mois - sic) prouve par ailleurs la dimension peu démocratique de ce projet. Il est vrai que La Tribune de l’Art est entièrement censurée à Abu Dhabi, alors, la démocratie...
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Voici une réponse claire, argumentée qui clôt non le débat mais la polémique. Merci pour ce travail pédagogique et qui, à sa manière, met en lumière les enjeux réels de cette actualité. Cela dépasse évidemment le contexte des directeurs de musée. Comme je suis peu éclairé sur la nature même de ce contrat pouvez-vous nous renseigner sur la maîtrise artistique du projet. Qui choisit les oeuvres exposés ? Peut-on craindre une censure « théologique » autour de femmes dénudées, de représentation du christ... ? La question peut sembler naïve mais dans le cas où une clause de ce type existe, ce seraient nos principes les plus fondamentaux qui seraient mis à mal. C’est avec un grand plaisir que j’ai lu ce commentaire, qui redonne une tenue évidente aux réactions provoqués par des articles.
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Voici une réponse claire, argumentée qui clôt non le débat mais la polémique. Merci pour ce travail pédagogique et qui, à sa manière, met en lumière les enjeux réels de cette actualité. Cela dépasse évidemment le contexte des directeurs de musée. Comme je suis peu éclairé sur la nature même de ce contrat pouvez-vous nous renseigner sur la maîtrise artistique du projet. Qui choisit les oeuvres exposés ? Peut-on craindre une censure « théologique » autour de femmes dénudées, de représentation du christ... ? La question peut sembler naïve mais dans le cas où une clause de ce type existe, ce seraient nos principes les plus fondamentaux qui seraient mis à mal. C’est avec un grand plaisir que j’ai lu ce commentaire, qui redonne une tenue évidente aux réactions provoquées par des articles.
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Monsieur, une fois encore l’outrance et l’analyse spécieuse sont de votre coté.Vous avez le droit de défendre un point de vue. Moi aussi. M’attaquer sur le style est une pratique imbécile bien que très facile et très répandue. Quand à vos longs arguments, copié-collé d’un de vos articles, je vous y répondrai directement par mail pour éviter d’encombrer ce site... Mais pour l’essentiel, vous défendez bien une conception conservatrice (!) de l’art, et de l’art d’Etat en effet, vous refusez l’ouverture au monde, sauf si cette ouverture est contresignée par quinze experts, et vous refusez qu’une logique marchande puisse accompagner une logique muséale. Encore une fois c’est votre droit, mais beaucoup d’amateurs d’art pensent différemment. Ce n’est donc pas nécessaire de leur jeter l’anathème. Mais j’ai lu sur votre site, souvent excellent dans les critiques d’art, que vous attaquiez également le Monde et bien d’autres journalistes ou experts, coupables de ne pas avoir le m^^eme avis que vous... Vous ^^etes manifestement le seul à détenir la vérité, heureux homme...
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Monsieur,
Lorsque l’on décide de s’exprimer publiquement, comme vous l’avez fait (ou comme je le fais), il faut accepter d’être critiqué. Juste un mot (je répondrai par ailleurs à votre mail) : on ne peut m’accuser tout à la fois d’avoir besoin de la signature de quinze experts et de penser être le seul à détenir la vérité. Il y a là une contradiction.
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Milla 17 avril 2007 11:30@ D. Artus
totalement d’accord avec vous, le type confond l’Art et les us de ce pays, n’importe quoi... l’Art n’a si sexe, ni corps, ni politique, c’est l’Art point...qui permet en effet l’ouverture au monde, de l’esprit, cet idiot n’a pas du lire les « comptes des mille et une nuit » et toute sa symbolique, la poésie d’antan de ces pays qui justement mettait en relief « la femme »...« la liesse du vin »...
Milla
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Je ne connais pas encore les détails du contrat. Je pense que les oeuvres seront choisies par la déjà fameuse Agence Internationale des Musées de France qui va être créée, avec l’accord des musées concernés. Quant aux nus et aux scènes religieuses, il est clair, d’après le Ministre de la Culture, que certains nus et certaines scènes religieuses ne pourront être montrées. Une autocensure aura lieu avant même que les oeuvres soient proposées à Abu Dhabi, sans doute pour éviter des rejets qui feraient mauvais genre. Refuser une partie des nus et de l’art religieux est effectivement une curieuse manière de s’ouvrir à l’art occidental...
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Je trouve que cette article est vraiment trop pro-Donnedieu et oublie un peu trop le principe généreux du prêt gratuit comme cela à été le cas depuis toujours. Pourquoi ne pas faire des musées universel à Alger, Dakar, uniquement car il n’y as pas d’argent pour la culture dans ce genre de pays (ils ont d’autre dépense plus vitale). Le vrais nœud du problème est là l’argent... les grands établissements français sont obligés depuis là loi sur les musées et la large autonomie financière accordée par l’état de chercher de l’argent par tout les moyens et de se transformer en pompe à fric pour subvenir à leur besoin élémentaire....la disneylandisation du Louvre est en marche. Nous pourrions croire que « louvreland » s’intéresse (et que l’etat l’encourage) à faire accéder les classes populaire notamment de banlieue à la culture pour créer un lien sociale et national fort, malheureusement « louvreland » n’est pas dans la cela. Louvreland n’as plus qu’un objectif les touristes asiatiques et américains qui on des devises. Nous pourrions même se demander si le ministère de tutelle ne devrait pas être le tourisme au lieu de la culture. C’est cela Abu Dhabi c’est un nouvelle esprit moins tourné vers le monde culturelle que vers l’industrie du tourisme.
Cyheb Paris 17 Avril
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