Qui lit de la poésie aujourd’hui ?
Qui lit de la poésie aujourd’hui ? Personne ou presque, une poignée d’individus passionnés, souvent poètes eux-mêmes. C’est le Printemps des Poètes 2008 et les médias vont encore donner une vision arbitraire de la poésie contemporaine, en soulignant l’importance « médiatique » du slam, au moment où sort le deuxième album de Grand Corps Malade, en évoquant quelques poètes célèbres comme Philippe Jaccottet, Yves Bonnefoy ou Bernard Noël, entre autres, qui écrivent et publient depuis très longtemps et qui sont heureusement soutenus par de grands éditeurs. Mais est-ce que le Grand Public les connaît ?
Faites un sondage dans la rue et posez la question suivante : citez-moi un poète contemporain vivant ? On vous répondra par des noms de disparus : Prévert, Aragon ou Eluard, dans le meilleur des cas, et on ne saura pas répondre exactement à votre question. Mais qui connaît Ariane Dreyfus ou Jacques Ancet ? Mais quid de tous les milliers de poètes de France et de Navarre, qui n’ont pas de lecteurs parce que les grands médias ne s’intéressent pas à la poésie, de toutes ces revues menacées de disparaître, parce que les institutions ont décidé de baisser ou bien de supprimer les subventions ? Cela touche même les « poètes célèbres et soutenus par de grands éditeurs ».
Aujourd’hui Poème est en passe de mourir. Le Nouveau Recueil n’existe plus sur support papier et survit grâce au Net. Des revues d’importance moyenne, des revues plus petites encore, des maisons d’édition avec des auteurs moins prestigieux mais tout aussi talentueux disparaissent, des associations n’ont plus le droit de tenir un stand au Marché de la Poésie, place St-Sulpice, à Paris, en juin, par faute de non-rentabilité : voilà ce qu’est la poésie aujourd’hui ! Depuis 2007, des associations comme le Club des Poètes de Champigny-sur-Marne (médiathèque Jean-Jacques Rousseau), regroupant des amateurs de poésie, des enseignants ou des professionnels de la culture comme les bibliothécaires, ne peuvent plus demander un stand alors qu’elles ont les moyens de le payer ! Au Marché de la Poésie, il n’y a plus que des éditeurs et certaines revues (ce qui est normal pour un Marché), mais plus d’associations !!!
La Poésie en France ? Elle est moribonde ! Et le slam est un écran de fumée qui cache l’essentiel.
Je soutiens évidemment toutes les manifestations du Printemps des Poètes mais je pense qu’il faut être vigilant et surtout s’inquiéter de la disparition de certaines revues et de certains éditeurs.
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