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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > RAPOLOGIE : Les prédicateurs inconscients

RAPOLOGIE : Les prédicateurs inconscients

Personne ne saurait nier que le Rap puise sa source dans la contestation. Longtemps dénigré, le Rap est la projection d'une société, qui ne préfère pas se voir telle qu'elle est. Car si les Hotels de Ville arborent fièrement la devise Républicaine ("Liberté, Egalité, Fraternité"), les enfants de la Nation sont livrés à eux mêmes à quelques pas des centre-villes dans des quatiers guettos, où la Police ne rentre que pour rafler les plus téméraires. Le Rap rappelle à la France que derrière les monuments aux morts, ou les hommages aux hommes et aux femmes illustres, se cachent l'idée d'une société épurée des soubresauts primaires qui a plusieurs reprises l'ont fait perdre dans la division. C'est cette image du Rap qu'il faut retenir, loin des clichés absurdes véhiculés par la classe journalistique résumant le discours de ces tribuns d'un nouvel âge par "ouaich-ouaich yo-yo" (IAM - La fin du monde), et loin des stéréotypes que les Rappeurs d'aujourd'hui ont eux même façonnés, celle d'un individu guidé par l'argent et le sexe, avide d'expéditions punitives et de luttes armés contre un Etat qu'il n'a jamais défini. Les pionners du Rap ont imposé de nouveaux débats dans la sphère médiatique, mettant le doigt le plus souvent sur le problème du racisme et de la discrimination ; cela n'a pas permis aux Rappeurs "de faire saigner la droite extrème" ( Animalement votre - Kery James), qui compte aujourd'hui deux députés à l'Assemblée nationale. Mais si les politiques et les penseurs d'extrème droite justifient leurs discours nauséabonds en faisant mirroiter le spectre d'une France pillée et traumatisée par les envahisseurs étrangers, celle des invasions barbares, les Rappeurs ont eux aussi imaginé l'Apocalypse dans des singles quelquefois assez burlesques mais qui mettent en excergue la fonction du rappeur dans une société qui ne lui ressemble pas.

  Le premier single qui saute aux yeux lorsque l'on parle d'Apocalypse est celui de NAP "La fin du monde". Au lieu, de transfigurer le mythe de l'Apocalypse, et de faire tenir un rôle aux différents acteurs de la société moderne dans la fin des temps, Nap se contente d'énumérer les péchés de l'homme moderne et de décrire l'Apocalypse, en s'inspirant des textes sacrés. Autant dire, que le vieux single de Nap, présente un intérêt artistique assez limité, et quant à sa fonction politique, il est indéniable que le rappeur n'a pas à jouer le rôle de prédicateur dans une société qui a tué Dieu, il y a des années de cela. Le single ne fera pas grand bruit, et s'il présente un intérêt quand même, c'est qu'il démontre que le retour aux racines et à la religion, avait commencé bien avant que les journalistes ne parlent "d'islamisation des banlieues" :


NAP - LA FIN DU MONDE par C2L

 Prennant un ton plus brutal, moins religieux, et presque nihiliste, le groupe "La Cliqua" a également concocté une version de l'Apocalypse. "Tout détruire pour tout recommencer". La Cliqua met en scène une Apocalypse moderne où toutes les composantes malsaines de la société moderne prennent le dessus sur les composantes traditionnelles. La Cliqua ravive en quelque sorte les valeurs traditionnelles de l'amour et de l'amitié dans un Monde en chute libre. Ce single joue un rôle de révélateur. Car si les rappeurs de La cliqua n'attendent sans doute pas l'Apocalypse, ils adoptent une posture révolutionnaire et se positionnent donc au sommet de la contestation. Une posture qui se confirmera par la suite.


La Cliqua Un dernier jours sur terre par 94stylz

 Bien sûr, on ne pouvait occulter le rôle du grand groupe marseillais IAM dans cette thématique, car un titre dédié à l'Apocalypse en cours figure dans leur dernier album. Iam "attend la fin de leur monde", car comme Kery James dans "Hardcore", le groupe marseillais fait un inventaire des plus grandes injustices tout en légitimant des idées qui ne le méritent pas vraiment. Ce single est pur violence, et les images souvent accolées aux paroles sont insoutenables. L'Apocalypse a déjà commencé et nous sommes les temoins de ce monde en perdition.


IAM - La fin de leur monde (edit) par IAM

Donc d'un côté comme de l'autre, on attend l'Apocalypse. Les extrémistes nationalistes attendent les invasions barbares et les rappeurs attendent le déluge. Mais si la République embrasse la diversité, les rappeurs n'auront peut-être plus besoin de crier au Monde, et quelquefois de façon maladroite, que sa fin est proche.


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6 réactions à cet article    


  • Numero 19 Numero 19 21 juin 2012 14:28

    Rappeur ou pas, rat des villes ou rat des champs, de France ou d’ailleurs, ces auteurs restent de jeunes adultes, ou de vieux ados au moment d’écrire leurs chansons. En plus, ce sont des artistes, avec le carcan moral qui va avec. En résulte une tendance à sortir des platitudes politiquement correctes, de s’apitoyer sur la corruption de l’humanité, de donner des leçons au monde histoire qu’on a tout compris et pas les autres, conforter celui qui écoute dans l’idée qu’il est une personne éclairée dans un monde de moutons...

    Concernant le racisme, la quasi totalité des antiracistes sont incapables de sortir un seul raisonnement clair et argumenté pour étayer leur position (en mentionnant l’histoire des cultures, la génétique, des publications scientifiques, des statistiques...). En fait ces personnes ne se sont même pas intéressées à la question, mais se contentent de se prononcer afin de se sentir du bon côté de la barrière. Alors bien sûr que ça va partir en vrille. Quand on nie la réalité des différences, ça ressort inévitablement, à mots couverts, quand on martèle des mensonges et des illusions, le retour à la réalité aura des airs d’apocalypse, c’est certain.

    Ensuite, prôner l’unité d’un groupe en promouvant la diversité est particulièrement saugrenu. Fête de la musique oblige, si je veux entrer dans un groupe d’amis aux goûts musicaux divers (rap, rock, latino, classique par exemple), ça va être dur d’entrer en boîte en conservant l’unité du groupe...


    • AmaruKaShakur AmaruKaShakur 21 juin 2012 14:36

      Rappeur ou pas, rat des villes ou rat des champs, de France ou d’ailleurs, ces auteurs restent de jeunes adultes, ou de vieux ados au moment d’écrire leurs chansons.

      Rockin’Squat est actif depuis 1985, c’est loin d’être un adolescent attardé, surtout au vu de la diversité des sujets qu’il aborde ( http://www.youtube.com/watch?v=mTV6-Yl5SJo ). Idem pour Kery James qui pratique depuis 1992 (ses premiers textes mis à part).
      Votre vision du rap me semble donc bien étriquée... Pourquoi ne pas admettre tout simplement que certains sont de vrai artistes quand d’autres sont dépourvus de toute conscience ? Mettre toute une catégorie musicale dans le même panier c’est faire preuve de peu d’ouverture d’esprit.

      D’ailleurs le mouvement hip-hop à la base est un mouvement de contestation sociale et de contre-culture, tout texte sortant de ce contexte ne devrait même pas être appelé rap, mais il s’agit là d’un autre débat.

      Bonne fête de la musique à vous !


    • Numero 19 Numero 19 21 juin 2012 15:49

      Pensez-vous que ces personnes, en tant qu’artiste à diffusion publique non restreinte, ont la liberté de dire ce qu’ils pensent ? Si je pense que la démocratie est un mauvais système et que je souhaite sa fin, aurai-je la liberté de le dire ? Non. Le seul discours que je puisse tenir est un discours convenu qui caresse mon audience dans le sens du poil. Cela inclut le discours du « fuck la police ». Le premier qui me sortira que la police devrait avoir plus d’autorité et de pouvoir physique parce que le citoyen qui fout le bordel est en général inapte à vivre en société et n’a pas les moyens de vivre normalement ; et que par conséquent on doit lui fournir un cadre moral et intellectuel plus strict, hé ben je le félicite sincèrement. Ah oui, c’est plus compliqué que de dire que les flics sont des salauds, ou dire que le monde est pourri, ou dire qu’il faut faire ses devoirs.

      Ces artistes n’ont aucune liberté de parole ou de pensée, leur réflexion n’est pas suffisante et contestataire, et quand elle l’est ils ne peuvent pas l’exprimer (sous peine de perdre leur auditorat et leurs SOUS).

      Le système en lui-même est antilibertaire, et la contestation usuelle des codes de la société environnante n’est qu’un reflet inversé de cette société même. Je suis gothique parce que je conteste le conformisme de la société (bande de moutons). Comme tous mes potes gothiques.

      Donc non, leur discours est celui d’un étudiant idéaliste qui lutte contre les vieux croûtons vendus et conformisés.

      "Ils traitent souvent de problèmes politiques et sociaux. Ainsi, Rockin’Squat parle de divers sujets comme l’esclavage moderne 3, l’écologie4, les prisonniers politiques 5, le droit des femmes 6, le racisme 7, le nouvel ordre mondial8, la conspiration maçonnique9 ou encore la guerre de l’eau10 ainsi que le « pillage de l’Afrique » 11 ou la prostitution12. Mais il développe aussi tout un côté philosophique et spirituel 13 où l’on retrouve dans ses écrits des notions de « nagualisme » inspirées notamment par l’œuvre de Carlos Castaneda, par exemple, dans la chanson Final Touch d’Assassin [réf. nécessaire]. Il développe aujourd’hui des thèses conspirationnistes qui lui permettent d’expliquer les guerres et autres problèmes par la présence d’une société secrète, les Illuminatis.

      Il se revendique, à l’instar d’autres rappeurs (comme Chuck D ou KRS-One dont il se réclame), d’un hip-hop positif et combatif, lié à l’« émancipation des masses » par la connaissance, la réflexion, le partage, l’amour."

      Si c’est pas des positions de hippie progressiste qui nie tout pragmatisme...

      Je préfère éviter d’écouter ce genre d’artiste, ils sortent tant de mièvreries et tellement de lèche que c’est à en vomir. En plus de montrer leur manque évident de réflexion. Le racisme : Faites quelques recherches sur la documentation scientifique et statistique à ce sujet + les corrélations qui en découlent. Impact de la culture, de l’hérédité, de la religion sur l’échec ou la réussite de groupes entiers ? L’exploitation de l’afrique : Pourquoi ce peuple et pas les autres ? La politique, le NWO, les positions libertaires : définissez la liberté, et demandez-vous quelle est l’essence même de la loi.

      Question hip hop, je préfère les groupes plus développés musicalement et sans les paroles de premier de la classe avec un balai dans le cul. Hocus pocus est plus proche du jazz, avec des sonorités assez tranquilles, les paroles le sont aussi. Les artistes coréens et japonais que j’ai pu écouter sont plutôt RnB pop que rap pur, mais les mélodies et les sujets sont plus variés.


    • AmaruKaShakur AmaruKaShakur 21 juin 2012 16:41

      Prôner des valeurs humaines dans un système tel que le notre, j’appel cela résister. Vous appelez cela des positions de hippie progressiste qui nie tout pragmatisme... 

      Chacun sa définition, la vôtre me fait froid dans le dos.

      En plus de montrer leur manque évident de réflexion. Si vous aviez écouté rockin’squat depuis ses premiers albums jusqu’à maintenant vous sauriez que c’est faux. Mais vous vous êtes contenté de lire (et de recopier) sa fiche wikipedia. Preuve qu’il y a un monde entre la description faite par un média et la réalité des faits.

      Le racisme : Faites quelques recherches sur la documentation scientifique et statistique à ce sujet + les corrélations qui en découlent. Impact de la culture, de l’hérédité, de la religion sur l’échec ou la réussite de groupes entiers ? L’exploitation de l’afrique : Pourquoi ce peuple et pas les autres ? La politique, le NWO, les positions libertaires : définissez la liberté, et demandez-vous quelle est l’essence même de la loi.

      Vous posez beaucoup de questions mais vous n’allez jamais au bout de votre raisonnement, c’est dommage.

      Pensez-vous que ces personnes, en tant qu’artiste à diffusion publique non restreinte, ont la liberté de dire ce qu’ils pensent ? Si je pense que la démocratie est un mauvais système et que je souhaite sa fin, aurai-je la liberté de le dire ?
      Rockin’Squat n’est pas à diffusion publique non restreinte, grâce à notre cher CSA ses albums ne sont quasiment jamais passés en radio malgré sa popularité dans le monde du hip-hop. Il y a une différence entre liberté de faire un album et liberté d’être diffusé par les médias.

      Maintenant si vous souhaitez continuer à débattre sur ce sujet précis, écoutez sa discographie et nous partagerons nos impressions :)


    • AmaruKaShakur AmaruKaShakur 21 juin 2012 14:28

      Bonjour et tout d’abord merci, ça fait plaisir de voir un article de hip-hop de temps à autre !

      Concernant le contenu je suis assez d’accord avec l’intro mais moins avec la fin. Les MC auront toujours quelque chose à dire étant donné que le rap sert à dénoncer les injustices, que ce soit en France ou ailleurs... Quant à leur vision je dirais qu’elle est malheureusement plus réaliste (tout dépend du rappeur bien sûr) qu’apocalyptique. Les thèmes abordés se basent le plus souvent sur des faits. La fin de leur monde est trash c’est vrai mais c’est aussi bien réel.
      Par contre j’ai du mal à croire que les sujets abordés aient créés de nouveaux débats au sein des médias, il suffit de voir comment ils sont censurés, que ce soit des anciens comme Rockin’Squat (actif depuis 1985) ou Médine qui est plus contemporain.

      J’ai publié deux articles sur Kery James et Assassin/Rockin’Squat si tu es intéressé :
      http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=117083
      http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=117829

      Peace


      • Roli 22 juin 2012 11:20

        Bonjour Numéro 19. Pourquoi donner son avis sur un sujet si vous préférez ne pas écouter ce genre d’artistes ? Votre point de vue ne sera pas éclairé et véhiculera donc vos clichés...

        A défaut d’écouter lisez au moins l’ensemble des textes de l’album d’ASSASSIN « L’homicide volontaire ». 

        Assassin - Où va se diriger ton stylo ?

        Je pourrais partir dans un texte plein de style.
        Dire que je suis en studio entouré de plein de tcheubi .
        Dealer des loki de teuchi,
        Descendre les kems manquant de respect à mon posse .
        Le caïd est intouchable
        Quand c’est écrit dans une fable,
        Entre les lignes j’ ai déjà descendu 7 keufs, dont 3 gendarmes .
        Je pourrais te dire que dans mon quartier c’est moi qui est le plus d’armes.
        Et que tout le monde me respecte car j’ ai aussi les balles.
        Mais si là était ma position,
        Je ne pense pas que j’ aurais le temps de le traduire en chanson .
        Et si par bonheur j’arrivais à le trouver ce serait dommage,
        Qu’un jeune homme de mon âge
        Ne saisisse pas le présage ;
        Que la musique nous amène quand elle se propage.
        Tu as l’ occasion de prendre le micro,
        Tu es dans la position de parler à tes soeurs et tes fréros.
        Ho ! Où va se diriger ton stylo ?

        Je n’ai pas d’afro en stéreo c’est un gringo
        Qui jongle avec les mots ,
        L’eau qui coule est un ruisseau, pas celle d’ un caniveau.
        Depuis longtemps les cartouches de mon stylo
        Sont noires, rouges, bleues selon l’ influx nerveux
        Qui transparaît à l’arrière plan des lettres qui prennent feu.
        C’est un choix, devant sa feuille tous le monde est roi ;
        C’est à toi de savoir où tu veux aller mon gars.
        Ho ! Où va se diriger ton stylo ? La facilité voudrait que je fasse le nigaud.
        Un frère de plus bouffé par la machine des collabos.
        La mine s’effrite quand elle véhicule les stéréotypes,
        Trop de types aimeraient que l’on perde notre ligne de conduite.
        Mais le flow reste lourd, gardant comme base le tambour ;
        L’aigle s’élève quand viennent les vautours.
        Qui contrôle son stylo devrait contrôler son ego ;
        Qui contrôle son ego ne s’envole pas pour des jeux de mots,
        Ho ! Où va se diriger ton stylo ?

        Le vécu du stylo n’est pas toujours celui de l’écrivain,
        Je vois énormément de contradictions au sein des miens.
        360° de l’artistique à la réalité.
        Souvent la plume glisse sur le papier mais après
        Plus rien n’est contrôlé,
        La plupart se rangent dans les tranchées.
        Creusées spécialement pour les néophytes de ce marché.
        Plus le rap vantera les louanges de la décomposition des quartiers,
        Plus les structures en place apprécierons ce phrasé.
        Alors fais ton choix, tu nous écoutes, je sais,
        Mais sache que nous aussi nous sommes à l’écoute
        Quand tu commences à t’exprimer.
        Ho ! Fréro, où va se diriger ton stylo ? 


        etc.

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