L’architecture autrement
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH175/maison_simon_dale-886b5.jpg)
Par ces temps de pénurie et de cherté des logements, l’imagination monte au créneau et nous propose des solutions novatrices et facilement réalisables, à condition que les règles de l’urbanisme et de la construction le permettent.
De tout temps, des architectes ont aimé à jouer la carte de l’originalité, comme par exemple cet immeuble de bureaux en forme de panier que l’on peut découvrir à Newark dans l’Ohio, ou ce Bunker de luxe en forme d’œuf, cette maison en forme de soucoupe, la maison sculpture crée par le peintre et architecte Robert Bruno, cette maison tortue, cette maison totalement transparente, cette maison flottante, ou encore cette maison en forme de chien, mais il y a mieux.
Dans les hauteurs de Cannes, Pierre Cardin a conçu le « Palais Bulles » une résidence tout en douceur et arrondis, afin d’accueillir des évènements (lien) prenant le parti de la courbe, puisque dans la nature, elle est beaucoup plus fréquente que la ligne droite, et l’angle dur.
C’est le moment de découvrir les maisons organiques de l’architecte suisse Peter Vetsch : ressemblant à des cavernes, elles s’intègrent dans le décor naturel, telles des maisons troglodytes.
L’architecte, qui les a créées à la fin des années 70 s’était donné 3 règles de base : respecter le site naturel, être économe en énergie, ainsi qu’avec les matières premières nécessaires à la construction. lien
C’est peut-être dans cet esprit que Simon et Jasmine Dale, un couple de jeunes Gallois et leurs 2 enfants, viennent de construire pour 3500 euros une maison étonnante, et pas chère, tout en courbes et douceur, sans produits nocifs, ou cancérigènes, afin d’y vivre en harmonie avec la nature sur un terrain de 7 hectares qu’ils ont acquis.
Il leur a suffit d’environ 1500 heures de travail pour mener à terme la construction.
Toutes les étapes de leur construction sont sur cette courte vidéo.
Les paramètres qu’ils s’étaient imposés sont de plusieurs ordres : intégrer la maison au paysage, en la creusant dans une colline afin de diminuer l’impact visuel, mais aussi utiliser des matériaux bon marché, et efficaces.
Il s’agit aussi d’un projet auto-suffisant, puisque qu’ils ont des animaux, un jardin, un étang, mais aussi de vivre en relation directe avec la terre dans un souci de limiter au maximum l’impact de leur vie sur la nature environnante.
Ils ont donc utilisé des pierres pour assurer une bonne fondation à l’habitation, et des balles de paille pour le plancher, les murs et le toit, afin d’assurer une bonne isolation de la petite maison, et d’en faciliter la construction.
Sur le toit, une feuille de plastique, recouverte de boue, puis de gazon ont permis la réalisation d’un toit solide, et étanche.
Les murs ont été enduits de chaux, laquelle a le mérite de permettre aux murs de respirer, ce que le ciment ne permet pas.
Ils ont aussi beaucoup fait appel à la récupération pour la plomberie, la menuiserie, l’électricité…et ont prélevé le bois dans leur forêt.
Le chauffage a été rendu possible grâce à un poêle à bois performant, et l’électricité est fournie par des panneaux photovoltaïques.
L’eau qui ruisselle sur le toit est récupérée pour l’arrosage du jardin, et des toilettes sèches ont évité « la cabane au fond du jardin ». lien
Le projet total comporte outre la maison, une crypte, un atelier, et une grange
Le projet, lancé en 2003 a été inauguré récemment. lien
Au Canada, on cogite aussi pas mal, et la compagnie Ecopods donne dans l’utilisation du containeur, en l’utilisant comme matériau de construction.
Le plancher est à base de déchets végétaux recyclés, et l’isolation à base de soja. La toilette à compostage s’y est invitée, et lorsque l’on décide de partir en vacances, l’un des cotés qui sert habituellement de terrasse, se referme, rendant le bâtiment totalement hermétique. lien
Mais quittons le Canada et retournons en France, en Normandie pour être précis, afin de découvrir le village totalement autonome que Tomas Novince a décidé de bâtir.
Lui aussi, comme Jasmine et Simon Dale, s’est centré sur le respect de l’environnement, et sur 6 hectares de terrain il construit un village au lieu dit « hameau Bouet », en éco-matériaux, bien évidemment.
Lui aussi fait appel à l’énergie solaire, photovoltaïque et thermique, mais aussi a une petite éolienne, pour produire son énergie, et visant l’autosuffisance tant pour la nourriture que pour la production d’énergie. lien
Lui aussi a utilisé des ballots de paille enduits, en s’inspirant de la technique GREB.
Cette technique permet de construire avec de la paille, en intégrant celle-ci dans des structures en bois, puis en complétant le tout avec un mortier à la sciure, qui sera coulé derrière des coffrages. lien
La petite famille est aussi investie dans un projet d’échange avec d’autres producteurs, voire de procurer fruits et légumes contre services rendus, dans une logique de SEL. lien
A terme, l’idée c’est de refaire vivre le hameau qui comporterait une douzaine d’habitations, et si vous êtes intéressés, vous pouvez le contacter à cette adresse.
Et puis, il ne faut jamais oublier qu’il existe tant de hameaux abandonnés, qui ne demandent qu’à être habités.
Il suffit d’en demander la liste. lien
Pourtant il reste quelques difficultés, car en France, les règles qui déterminent la construction de maisons ou d’immeubles sont assez strictes, (lien) et il sera sûrement compliqué à ceux qui voudraient s’inspirer de l’exemple donné par la famille Dale de réaliser des maisons du même genre…cette règlementation sévère laisse pourtant se construire des maisons hideuses, implantées parfois en rase campagne au mépris de toute logique d’urbanisation, et très éloignées du style régional architectural.
Il est probable que construire une maison toute en courbe aura peu de chance d’être acceptée par l’administration… à moins de s’appeler Pierre Cardin…ou d’avoir des amis influents.
Et ne parlons pas des cités d’immeubles en tour, ou en barre, qui n’entrainent pas un enthousiasme délirant. photo
Fort heureusement, les règles évoluent, et on ne désespère pas de voir un jour se réaliser en France des citées comme celles que l’on peut voir au Canada (photo), au Japon (lien) et ailleurs. photo
Nos voisins italiens viennent de proposer un hôtel troglodytique et écolo annonciateur peut-être d’une nouvelle façon de construire et d’habiter. lien
La ville de Bordeaux vient de couronner d’un prix Agora architecture des logements pour le moins originaux, laissant espérer un changement assez radical. lien
L’architecte visionnaire suisse, Pascal Haüserman, qui nous a quittés en 2011, avait conçu en 1967, en plein cœur des Vosges, à Raon l’Etape, un motel composé de 9 bulles qui méritent le détour.
Il se serra battu toute sa vie contre le conformisme et les règles administratives rigides, en proposant une autre architecture, et un hommage mérité lui sera rendu en 2014.
Des nombreux ouvrages qu’il a réalisés, bon nombre étaient en train de sombrer dans l’oubli, et à Raon l’Etape, son motel, lieu unique au monde, est passé du stade d’abandon à celui de la restauration, grâce à la vigilance d’un groupe d’amis. lien
Il vient d’être référencé dans le très prestigieux guide « 1000 Européan Hotels » lequel recense le meilleur des établissements hôteliers européens. lien
Tout espoir n’est donc pas perdu.
Comme dit mon vieil ami africain : « une pierre donnée par un ami vaut une pomme ».
L’image illustrant l’article provient de « beingsomewhere.net ».
Merci aux internautes de leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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