Le travail est mort, vive la paresse !

Les sociologues de tout poil tentent d’expliquer la raréfaction du travail, mais si l’on s’interrogeait plutôt aux solutions pour s’en sortir ?
Comme le disait Christian Bobin dans son ouvrage, « la part manquante » (édition Gallimard 1989) : « C’est çà l’industrie régnante, la grande aventure de l’industrie : c’est ne plus savoir ce qu’on fait et que cela ne mérite pas le temps de le faire, et c’est persuader les autres qu’il faut le faire encore et plus, huit heures par jour, huit siècles par heure ». lien
La recherche de travailleurs moins payés, et la délocalisation des entreprises sont en partie les responsables du chômage national.
Les patrons sont donc montrés du doigt, accusés qu’ils sont de chercher de la main d’œuvre meilleur marché, afin d’augmenter leur marges. Lien
Mais il y a d’autres réponses.
La robotisation de la production a fait d’énorme progrès depuis le siècle dernier, multipliant la raréfaction de l’emploi.
Il y a un siècle, il fallait 14 étapes pour faire une voiture, et 3 ou 4 ouvriers par étape.
Le montage à la chaine avait pour but de diminuer le plus possible de main d’œuvre, tout en spécialisant les taches, et donc en principe en améliorant la qualité du produit fini. lien
Grace aux robots, aujourd’hui, il faut pour produire 150 000 véhicules par an, 2000 travailleurs, et 250 robots. lien
Demain, il faudra encore moins de travailleurs, et encore plus de robots, entraînant une raréfaction accrue du travail.
Etymologiquement le mot robot vient de langues slaves et signifie « esclave »,
L’ancêtre du robot est l’automate dont l’un des premiers (un joueur de flute traversière) fut réalisé en 1738 par le Dauphinois Jacques de Vaucanson. lien
Ce fut d’ailleurs aussi le précurseur de l’automobile : il avait conçu un carrosse avec 4 roues motrices.
Mais revenons à nos robots.
Les robots ménagers font aujourd’hui presque tout, bouilloire, mini four, plaque chauffante, tout çà dans le même appareil. (lien), d’autres font le ménage : ils débarrassent la table, chargent les machines à laver, nettoient le sol, (lien) mais les chercheurs tentent aujourd’hui de faire un robot capable de se reproduire, ce qui ouvre des horizons illimités.
Ce robot révolutionnaire se compose d’une série de cubes modulaires, les « molécubes ».
Ils sont tous identiques et contiennent le logiciel de duplication.
Les « molécubes, munis d’électro-aimants s’assemblent ou se séparent à l’infini, constituant chaque fois un nouveau robot, capable de se réparer tout seul. lien
HP vient de lancer son imprimante Designjet 3D qui permet de fabriquer en 3D des objets qui ont été dessinés. Elle vaut aujourd’hui plus de 10 000 €, mais bientôt, fatalement, elle sera à la portée d’un large public. lien
Voici aussi venu le temps des Earth Boats, robots militaires, capables de se nourrir, y compris de chair humaine, afin d’en utiliser l’énergie pour assurer sa mission.
Les constructeurs, CPT (Cyclone Power Technologie Inc.) et RT (Robotic Technology), craignant des complications juridiques, limiteraient les sources énergétiques du robot à la seule consommation de végétation. lien
Des chercheurs des universités de Herfordshire et de Plymouth ont même mis au point un robot capable de développer et d’exprimer des émotions, de s’attacher à son maître. lien
En attendant que le robot miniature, de la taille d’une mouche puisse servir à localiser des rescapés dans une zone sinistrée, (lien) des chercheurs japonais on présenté en 2007 un robot ouvrier infatigable capable de travailler par tous les temps, et sur tous les terrains. lien
Un autre robot, prochain habitant de « la maison du futur », outre ses taches ménagères, se déplacera pour faire entrer le plus de soleil possible dans une pièce. lien
L’imagination des chercheurs ne connait pas de bornes : des robots capables de plier des serviettes, (lien) aux robot capables de nettoyer 3000 m2 à l’heure (lien) en passant par Eporo, le robot capable de se déplacer en groupe sur une route sans jamais se percuter, (lien) ou même des robots qui font du Taekwondo (lien) nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
Sur ce lien, un vaste tour d’horizon de ce qu’ils sont aujourd’hui capables de faire.
Tout ce travail enlevé aux humains génère fatalement toujours plus de chômage.
Or ces machines produisent toujours plus de produits à consommer, et nous avons vocation à consommer : « je dépense donc je suis ».
Même s’il faudra toujours des ingénieurs, et des chercheurs pour fabriquer ces robots, le « champ de l’emploi » va donc se réduire toujours un peu plus et le chômage se développer.
Même s’il faudra toujours des artistes, des écrivains, des penseurs, des philosophes, les « champs de travail » seront fatalement limités.
D’ailleurs les robots se glissent depuis peu dans le domaine artistique. (lien) comme ces « robots danseurs », participants à une chorégraphie. (lien) ou vous invitant à danser avec eux. Regardez-les sur cette vidéo.
Le robot Asimo peut même diriger un orchestre symphonique. lien
Mais si nous n’avons plus de travail, nous n’avons plus les moyens de consommer.
De là a supprimer les machines, il y a un pas qu’il n’est peut être pas nécessaire de franchir.
Il faut faire une exception pour les machines à voter : tous les états américains ayant décidé de les supprimer après s’être aperçu d’une fraude massive, et en France, le 8 juillet 2007, tous les partis, sauf l’UMP, se sont déclarés contre les machines à voter. lien)
Mais revenons à nos chômeurs, ou plutôt nos vacants.
Il suffirait que l’entreprise qui n’en a plus besoin, puisqu’une machine l’a remplacé, continue de le salarier, afin qu’il puisse rester consommateur.
Car, enfin de compte, les robots ne seront pas des consommateurs, au titre que nous utilisons généralement.
Bien sur l’entreprise peut proposer au travailleur devenu inutile des emplois inutiles : faire par exemple, des cocottes en papier…ou de « jolis bracelets » avec des attache-papier.
La solution du partage du travail n’est qu’une solution provisoire.
Un journaliste Suisse, Frank Brunner, propose dans ce texte un tour assez complet de la question.
Le travail tue, et c’est une punition, s’il faut en croire la Bible qui dit dans la Genèse : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » punissant ainsi l’homme d’avoir « cueilli le fruit défendu de l’arbre de la connaissance ».
Aujourd’hui, il tue plus directement. Le « plan d’urgence » décrété par Xavier Darcos, et sa liste rouge des entreprises montrées du doigt, est morte et enterrée. lien
Alors les suicides continuent : dans le monde du travail, on en recense, depuis 20 ans, 12 000 chaque année. lien
Et les morts consomment encore moins que les chômeurs.
Puisque les robots vont pouvoir nous remplacer dans toutes les activités pénibles, et qu’ils n’ont pas besoin de salaire, juste de consommer de l’énergie, énergie qu’ils peuvent produire, pourquoi ne pas réserver à l’être humain les seules activités que l’on puisse vivre avec passion ou vocation ?
Un nouveau parti politique vient de naitre : « le parti des objecteurs de croissance », et compte parmi ses membres Paul Ariès.
Dans son livre « La Décroissance », (éditions Golias). Paul Ariès renvoie dos à dos gauche et droite, dénonçant le productivisme sans avenir, et le « toujours plus ». Il décrit dans son livre les manœuvres des milieux d’affaire qui profitent de la raréfaction du travail pour faire payer aux pauvres la facture environnementale, et les soumettre toujours plus aux exigences patronales.
Bien avant lui, Léon Paul Fargues avait écrit « le droit à la paresse » (éditions Allia) et il définissait ainsi la paresse : « habitude de se reposer avant la fatigue ».
Il faut lire aussi cette réflexion d’un internaute pleine de bon sens, et propre à ouvrir un débat passionnant. lien
Au lieu de travailler pour vivre, si nous tournions définitivement la page du travail, en décidant de vivre et de faire ce qu’il nous plait, sans l’obligation de rendre ces activités « rentables », commercialisables ?
Si nous décidions de ne plus rien faire sans que la notion de plaisir y soit associée ?
Si le travail pouvait ne plus être une punition, et seulement effectué par vocation, par envie ?
Bien sur, il faudrait pour cela que les responsables d’entreprises admettent cette philosophie, mais, un jour ou l’autre, ils n’auront guère d’autres alternatives.
Car comme disait mon vieil ami africain :
« Les vielles utopies sont les réalités d’aujourd’hui ».
Au lecteur : mon tout premier article sur ce site évoquait déjà ce thème, avec d’autres axes de réflexion. C’était le 27 décembre 2006.
L’image illustrant l’article provient de geekygirl.fr
108 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON