Mangez-moi, mangez-moi... !

On se souvient de la chanson du groupe « Billy ze Kick » « mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi » dont les membres étaient manifestement accros à la consommation de ces étranges champignons qui font naître de drôles de rêves. Mais certains ont d’autres déviations culinaires.
L’un d’entre eux est le célèbre écrivain, Jules Verne, atteint d’une véritable boulimie, au delà de la goinfrerie, comme nous l’a expliqué le Samedi 2 juin dernier, François Angelier dans l’émission « on ne parle pas la bouche pleine » sur France Culture. lien
On sait que le légendaire conteur aimait à inventer des rencontres, et des voyages extraordinaires, de la Lune aux profondeurs de la Terre, en passant par les monstres des abysses, mais on sait moins qu’il était un énorme dévoreur, étant allé jusqu’à se fabriquer un fauteuil bas, en ayant fait scier les pieds de celui-ci, afin que sa bouche soit au niveau du haut de la table, facilitant ainsi l’ingestion des plats, pour ne pas dire leur engloutissement.
Au-delà du fait que l’écrivain a voyagé bien plus dans sa tête qu’en réalité, Verne avait effectivement un coté « ogre dévorateur ».
Ce bâfreur diabétique et angoissé ne cessait de manger, et en quantité, engouffrant dans un repas 6 énormes artichauts, attaquant parfois les repas avant l’arrivée des invités, allant même jusqu’à dévorer leur part, entraînant la légitime déception de ceux-ci, puisque la légende affirme qu’il pouvait, à lui tout seul, régler son sort à un gigot entier.
Dans son récit, de la terre à la lune, cette véritable passion pour la grande bouffe, transparait dans le récit, puisque dans le wagon obus qui va faire le tour de la Lune, les courageux astronautes se voient proposer autant au départ qu’à l’arrivée les plus grands vins, et les plus gargantuesques repas.
On peut découvrir ces récits dans « l’album Jules Verne » (la Pléiade) chez Gallimard, 2012. lien
On ne peut pas en dire autant des voyageurs interplanétaires d’aujourd’hui, réduits à ingérer des bouillies aux couleurs incertaines, au point de perdre quelques kilos, même si récemment, de grands cuisiniers, comme le chef Richard Philippi, ou Alain Ducasse, se sont donnés la main pour proposer de la nourriture gastronomiques aux voyageurs de l’espace : du « magret de canard confit », au « rôti de veau au miel », en passant par « l’espadon à la riviera », ou aux « petits flans à la farine de châtaigne », on ne s’ennuie plus dans l’espace, même si ces menus gastronomiques ne sont pas proposés chaque jour. lien
Mais Jules Verne nous ouvre la voie à d’autres pratiques culinaires, puisque dans son roman, « Le Chancelor », inspiré manifestement par un récit d’Edgar Poe, mais aussi par le drame du radeau de la Méduse, il évoque le cannibalisme et l’on découvre aujourd’hui que ces pratiques, sans remonter aux temps anciens, ou aux coutumes tribales de vieilles civilisations, se pratiquent toujours. lien
Comme l’affirme Walter Moser dans son étude sur le sujet : « ce qui distingue « anthropophagie » de « cannibalisme », c’est que ce dernier terme à partie liée avec le colonialisme européen et a été utilisé par les peuples dits policés pour parler des pratiques anthropophagiques des peuples dits primitifs et sauvages, en général avec rejet et indignation ». lien
Dans « le Chancelor », des naufragés, à l’image de ceux du « Radeau de la Méduse », en viennent pour survivre à se dévorer entre eux, nous rappelant l’aventure pas si ancienne, de ces rescapés d’un vol tragique, qui en étaient arrivés à ces extrémités pour survivre, déclenchant une polémique passionnée.
Le « vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya », s’était écrasé sur un glacier Andin, a la frontière entre l’Uruguay et le Chili, un certain vendredi 13 octobre 1972.
C’est cette triste aventure qu’à proposé Arté en 2008, proposant dans un documentaire fiction, l’histoire de la survie rocambolesque de ces rescapés anthropophages. vidéo
Il y eut 16 survivants, lesquelles durent leur vie sauve à la consommation, pendant les 72 jours de leur périple, des restes des rescapés du drame, ajoutant à l’horreur, la polémique. lien
La pratique du cannibalisme n’est pas une nouveauté, (lien) et l’on sait que chez nos ancêtres néanderthaliens, c’était l’occasion de grands festins : c’est ce qu’ont révélé des fouilles pratiquées dans la grotte d’El Sidron dans laquelle les ossements de 9 humains ont été exhumés prouvant qu’il y a environ 43 000 ans, ces derniers avaient été victimes de cannibalisme. lien
Au-delà de ces dérives discutables, il faut évoquer d’autres raisons qui expliquent les raisons de cette pratique : en effet, la faim n’en est pas la seule, et certains guerriers dévoraient les attributs virils de ceux qu’ils avaient combattus afin de s’attribuer les vertus des vaincus. lien
Et quid de l’auto-cannibalisme que nous pratiquons lorsque nous nous rongeons les ongles ?
On peut aussi s’interroger sur le sens caché de ces expressions que nous utilisons régulièrement laissant suggérer un cannibalisme de mauvais aloi : « boire des paroles, être mignonne à croquer, s’en mordre les doigts… ».
Nelson Pereira dos Santos, ce réalisateur brésilien, proposa en 1971, sous le titre de « qu’il était bon mon petit Français » un film racontant la mésaventure au Brésil d’un jeune français, qui s’étant intégré à la tribu cannibale des Tupinambas, sera finalement mangé par eux, son épouse en recevant le meilleur morceau. lien
Des tribus Papoues qui rôtissaient leurs prisonniers de guerre, aux Canaques de Nouvelle Calédonie, en passant par les Azandés du Congo, appelés aussi Niam-Niam, (ou homme à queue), ou par les Takous de Formose, voire même les soldats japonais lesquels commettaient des actes de cannibalisme sur leurs victimes parfois encore vivantes, le cannibalisme est plus répandu que l’on pense. lien
Plus près de nous, un nommé Armin Meiwes a publié en 2001 une étrange annonce : « cherche jeune homme bien proportionné pour le manger. Intérêt pour le cannibalisme et la tuerie demandé ».
Ce ne sont pas moins de 430 personnes qui vont répondre à cette annonce et Armin va porter son choix sur Bernd Brandes, un ingénieur allemand de 43 ans, un homme tranquille, avec un métier, qui venait tout juste d’être plaqué par sa fiancé, celle-ci ayant appris son homosexualité passagère. lien
Attention, âmes sensibles s’abstenir : après lui avoir fait ingurgiter nombreux schnaps, et quelques somnifères, il va avec l’accord de son invité, lui trancher le sexe qu’ils vont déguster ensemble légèrement relevé à l’ail, puis, l’homme amputé se glissant dans un bain chaud, perdant son sang à grands flots, va finir lentement ses jours.
Il sera découpé méthodiquement, placé dans un casier de congélateur, afin de pouvoir être mangé par étapes.
Comme la loi allemande ne punit pas le cannibalisme, et que l’acte aurait été consenti, la justice finalement ne le condamnera qu’à 8 ans et demi de prison sur le motif de « tué sur commande ». lien
Il a eu plus de chance que Jeffrey Lionel Dahmer, surnommé « le cannibale de Milwaukee » qui écopera de 957 années de prison pour avoir mangé nombre de ses victimes et qui sera à son tour assassiné en prison le 28 novembre 1994. lien
Et quid de Klara Mauerova, membre du mouvement du Graal, qui torturera ses propres enfants avant d’en donner des morceaux à manger aux membres de sa secte ?
On se souvient de cet étudiant chinois qui, en 1981 avait tué Tania, sa petite amie néerlandaise, l’avait mis en morceaux dans son frigidaire, pour la consommer petit à petit donnant un sens inapproprié au mot aimer. lien
Mais aujourd’hui les anthropophages ont d’autres profils, tel Luka Magnotta, ce psychopathe canadien de 29 ans, soupçonné d’avoir tué et dépecé un étudiant chinois à Montréal, et qui avait été aperçu le 2 juin en France, dans la région parisienne du coté de la rue des Batignolles. lien
Il vient d’être arrêté à Berlin dans un cyber café. lien
Mais combien reste-t-il de cannibales dans le monde de nos jours ?
Surement plus qu’on ne le croit puisque en avril 2012, la police chinoise a arrêté Zhang Yongming, un homme de 56 ans, suspecté d’avoir tué une vingtaine de jeunes gens, qu’il aurait vendu sur le marché sur l’appellation « viande d’autruche ». lien
Porté par un militantisme végétarien, cette vidéo d’un gout douteux, nous propose même d’acheter de la viande humaine.
Le mot de la fin revient à mon vieil ami africain : « la vie est un ballet qu’on ne danse qu’une fois ».
L’image illustrant l’article provient de »ptérodaxtyle.free.fr »
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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